Demain, c'est déjà le
Far West...
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Deux fourgons de CRS escortent le bus 303
Vendredi 30/10/2009 | Posté par Kahina Mekdem. Bondyblog.
Un coup de feu aurait été tiré contre l’un des véhicules de cette ligne reliant Bobigny à Bondy Nord, secteur en « conflit » avec Bondy Sud. Témoignage.
Samedi dernier, à la station Bobigny Pablo Picasso, aux alentours de 17h30. J’attends mon bus, le 134. Mais c’est un autre bus, le 303, à l’arrêt, qui attire mon attention. Deux fourgons remplis de CRS l’entourent. Je me renseigne sur la raison de cette présence policière. « Ah, je sais pas », me dit un monsieur. Trois jeunes gens, eux, semblent savoir. « C'est toujours comme ça », dit l’un. Je n'y avais jamais fait attention. On se croirait revenu à l’époque des émeutes urbaines d’il y a pile quatre ans. Quand on a vécu des troubles d'aussi près, on en est marqué à vie !
Le jeune homme qui me renseigne a des choses intéressantes à dire. Ses deux amis, un brin suspicieux d’abord, se joignent à notre conversation. Ils doivent être rassurés, je ne mords pas. Celui qui parle habite la cité Les Sablières, à Bondy Sud.
« Les quartiers nord et sud de Bondy se livrent une guerre sans merci », dit-il. « Ça peut partir à cause d'un mauvais regard, mais le plus souvent, à cause d'une fille. Quand une fille du sud sort avec un gars du nord, ça se passe mal si ça se sait. »
Il y a quelques mois de cela, le bus 303, reliant Bobigny Pablo Picasso à Noisy-le-Grand-Mont d'Est RER, aurait était le théâtre d'une fusillade, d’après le récit que me font les trois jeunes gens.
« Un soir, racontent-ils, un groupe de jeunes de Bondy est monté dans le 303 avec notamment des haches. Le chauffeur a poursuivi sa route. En arrivant aux Sablières, là où d’autres jeunes savaient ce qui les attendait, l'un d'eux, à l'aide d'une arme à feu, a tiré sur le bus. »
Personne n'aurait été blessé. Mais les passagers du bus, ce jour-là, ont eu leur quota annuel de peur bleue. Depuis cet incident, le bus 303 est accompagné d'une escorte de deux fourgons de CRS. « Et on peut pas les caillasser :
un responsable de la RATP est venu nous voir à la cité, il nous a dit que si on s'en prenait aux CRS, les bus 303 ne passeraient plus du tout à la cité », rapportent les trois jeunes gens. Mine de rien, ce « deal » a fonctionné, les paroles de cet agent de la RATP a réussi à capter l’attention – et la raison – de jeunes prêts à en découdre pour un oui pour un non. Les CRS, on n’y toucherait donc pas, au quartier.
Le 134 mettant du temps à arriver, j'ai pu constater à deux reprises qu’effectivement, le 303 était à chaque fois accompagné d’une cohorte de deux fourgons de CRS. Un des trois jeunes gens, habitant des Courtillères, à Pantin, affirme que le 134, lui, ne passe plus du tout dans sa cité en soirée.
Kahina Mekdem