Le site du parti de l'In-nocence

Tout ne serait, donc, pas perdu ?

Envoyé par Cassandre 
13 novembre 2009, 18:45   Tout ne serait, donc, pas perdu ?
A l'émission "C dans l'air" un participant a dit qu'un sondage Ifop sur l'identité nationale fait par le journal Ouest France donne aux deux questions : "Voulez -vous que vos enfants apprennent la Marseillaise à l'école ?" et "Vous sentez-vous fiers d'être français ?" la réponse "Oui" pour 77 pour 100 des sondés.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2009, 19:06   Re : Tout ne serait, donc, pas perdu ?
Moui... cependant il faudrait tout de même leur demander, à tous ces sondés, pour quelle(s) raison(s) ils se sentent si fiers d'être français... (?) - La Sécu ?, la Poste ?, les congés payés ?, la SNCF ?, les soins médicaux ?... Une chose est sûre, ils se sentent privilégiés socialement - mais fiers, ça, c'est une autre histoire.
Pour ma part, je suis persuadé qu'une forte majorité de nos compatriotes ne partagent ni l'idéologie de l'immigrationnisme à tout crin, ni celle du déclin inéluctable et de l'aigreur systématique, et qu'ils sont fiers d'être Français.

On peut très bien appeler son fils Brandon, aimer les variétés et être fier d'être Français. L'ennui, c'est que certains trouvent que ce genre de Français, le beauf, le blaireau, n'est pas digne d'estime et Super-Dupont devient le repoussoir.

On vient de célébrer l'armistice de la Grande Guerre. Je suis persuadé qu'il y avait davantage d'amateurs de java et de littérature de gare qu'il n'y avait d'amateurs d'opéra et de belles-lettres parmi ceux qui moururent à Verdun.

Le parti de l'In-nocence est, à mon sens, confronté à une importante question. On a dit, à juste titre, qu'on devait aimer la France ou la quitter. De la même façon, on doit aimer le Peuple français comme il est et non comme il devrait être, avec autrefois son PMU et aujourd'hui le poker en ligne, avec autrefois les radio-crochets et aujourd'hui les émissions avec éliminations de chanteurs.

Prenez Proust, relisez Proust, et vous verrez que Françoise est sans doute proche des personnes d'aujourd'hui qui aiment la télé-réalité. C'est une autre face de Saint-André-des-Champs.
13 novembre 2009, 20:46   Re : Cela dépend de la question
Cher Jean-Marc, je vous remrcie de tout mon coeur pour ce message.
Pour ma part, je suis persuadé qu'une forte majorité de nos compatriotes ne partagent ni l'idéologie de l'immigrationnisme à tout crin, ni celle du déclin inéluctable et de l'aigreur systématique, et qu'ils sont fiers d'être Français.

Bien sûr, cher Jean-Marc, c'est bien pour ça qu'il ont élu Sarkozy. On n'a guère l'impression qu'ils en aient été jusqu'ici récompensés comme ils espéraient l'être, en tout cas sur le front de l'immigration, de la sécurité et de l'école. Cependant, Ivan Rioufol pense qu'il se passe quelque chose d'important avec ce débat sur l'identité française.

Quant au reste, je n'ai pas l'impression que le parti de l'In-nocence se distingue par une hargne particulière à l'égard du véritable peuple français : le peindre sous les traits des beaufs, Dupont-Lajoie et autres caricatures haineuses n'est pas vraiment le genre de la maison, même si on y déplore souvent la déculturation qui le frappe en profondeur.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2009, 21:39   Re : Cela dépend de Proust.
Le Temps, l'action destructrice du Temps mon cher BCJmarc... et de votre France-qui-va-si-bien, de votre France si fière d'elle-même, ainsi que de votre bel optimisme, il ne reste déjà plus rien.

"... une raison plus grave expliquait mon angoisse ; je découvrais cette action destructrice du Temps... "


Le Temps retrouvé, p. 930.
13 novembre 2009, 23:30   Le parti et le peuple
Bien cher Marcel,

Mon message est en effet ambigu : je ne reproche pas au Parti d'être haineux, loin de là.

En revanche, je lui ferai un reproche : c'est celui de ne pas soutenir cette classe populaire, "le populo", qui n'est pas la bourgeoisie boboïsante. Cette classe-là a toujours un peu, dans la mentalité française, "fait tâche".

Que le Parti s'élève contre de prétendus intellectuels qui écorchent le français en faisant une faute toute les deux phrases, qu'il vilipende ceux qui, nantis d'un patrimoine, le saccagent, je le comprends et je soutiens tout à fait cette attitude.

Entendons-nous : pour moi, le bobo est odieux. En revanche, le "Français moyen" qui appelle sa fille Samantha n'a pas à être critiqué plus que celui qui appela sa fille Marcelle en 1930 ou son fils Elvis en 1970.

Ce peuple a de grandes qualités, et il est l'objet d'une triple attaque, celle de l'immigration, celle des bobos qui le laissent volontiers face aux immigrés et en plus lui font la leçon, et celle de gens comme nous qui en soulignons les travers. Je ne connais cela dans aucun autre pays, du moins à ce point.
Bien cher Zendji et bien cher Justin,


Je ne suis plus tout jeune et cela fait des décennies que j'entends que les Français sont des branleurs, que les fonctionnaires ne foutent rien et que le pays plonge dans l'abîme. Cela fait des décennies que le "Trou de la sécu" est sans fond, que les intermédiaires se sucrent, etc, etc...


Cela fait exactement cinquante-trois ans que Poujade remporta le succès qu'on sait avec les arguments qu'on sait.
Cher Jean-Marc, votre voix sur ce forum, m'est devenue nécessaire. Durez. Que cette nuit vous soit douce.
Agrippa à la manœuvre.
Je suis entièrement d'accord avec Jean-jacques, mais aussi en partie, hélas, avec Marcel Meyer. Le peuple français quintessentié en "populo" lequel n'a rien à voir avec le lumpen -prolétariat des nos banlieues africaines, avait sa noblesse. Méprisé par la plus grande partie du corps enseignant, qui lui refuse la grande culture dite "bourgeoise", il est désormais la proie de la "culture" médiastique et particulièrement télévisuelle pour laquelle "noblesse" est devenu un gros mot. Sous son influence envahissante, le peuple français est en passe de n'être plus qu'une caricature de lui-même.
14 novembre 2009, 11:27   Re : Tout ne serait, donc, pas perdu ?
"Méprisé par la plus grande partie du corps enseignant, qui lui refuse la grande culture dite "bourgeoise", il est désormais la proie de la "culture" médiatique..."

Absolument.

L'autre jour j'écrivais ceci dans mon carnet -- je ne vous en ferais part si vous n'aviez pas écrit cela :

"Ce n’est pas méprisable d’écouter les autres penser et leur permettre de le faire, pas plus que faire le ménage ou ramasser les poubelles qui sont même quelques unes des rares et dernières actions honorables.

C’est laisser croire aux gens qu’ils peuvent faire ce qu’ils ne savent pas qui est méprisant et méprisable car cette masse d’ignorants discutant bruyamment couvre les quelques voix sages qui auraient pu les sauver.

Laisser les ignorant se prononcer sur toute chose, c’est prononcer, à l'ex-mode pédagogique, leur éternelle ignorance en toute chose, c’est leur permettre de participer au fameux débat public tout en leur retirant le pouvoir intellectuel de décider de leur sort puisqu'un problème ne peut être résolu par celui qui ne comprend pas l’énoncé et qui refuse qu’on le lui explique et qui, passionné d’égalité, se laisse alors entrainer, comme l’a dit Tocqueville, par la force comptable de l’opinion, etc."

Voilà rien de nouveau mais ce que vous écriviez m'y a fait penser.

Une anecdote : un samedi après-midi, je montrais quelques poèmes de Ronsard à ma soeur cadette de dix-sept ans qui lit de la littérature -- grâce à moi et c'est ma fierté -- quand l'école le lui permet mais qui ne connaissait pas ces poèmes-là, comme la plupart des autres évidemment, à l'instar de son frère...
Feuilletant le florilége, dans le salon à côté de notre mère regardant TF1, sa fille s'arrête par hasard sur le cas d'école qu'elle n'avait jamais vu : "Mignonne allons voir si la rose..." Et ma mère d'enchainer : "Qui ce matin avait déclose..."
Ma mère qui, forcée, quitta l'école avant ses quatorze ans...

J'aurais voulu l'inventer.
Citation
Zendji
Moui... cependant il faudrait tout de même leur demander, à tous ces sondés, pour quelle(s) raison(s) ils se sentent si fiers d'être français... (?) - La Sécu ?, la Poste ?, les congés payés ?, la SNCF ?, les soins médicaux ?

Oui, cela fait certainement partie des raisons pour lesquelles je suis fier d'être français. Voulez-vous dire que la vraie France serait plus à Vichy que dans le Conseil National de la Résistance?
Jean-Marc et Cassandre ont raison pour ce qui concerne le peuple français et les coutumes immémoriales du petit peuple (l'amour des variétés, etc.) ; mais la critique que fait le Parti de l'In-nocence de la déculturation, selon moi, ne vise point tant à incriminer en eux-mêmes ces goûts et ces pratiques (bien qu'il ne renonce pas au jugement esthétique sur ce point, et juge légitime la hiérarchisation des goûts), qu'à déplorer que ces goûts soient désormais la seule monnaie d'échange dans toutes les classes de la société, et qu'ils soient devenus un socle commun auquel on ne puisse plus échapper.
Mais il y a aussi une hiérarchie dans les cultures populaires. Il me semble que l'éradication de la chanson populaire européenne par la variété industrielle internationale fait partie de la déculturation.
Utilisateur anonyme
14 novembre 2009, 13:26   Re : Tout ne serait, donc, pas perdu ?
Fichte, contrairement à nous, pouvait dire : "Nous avons tout perdu, mais il nous reste l'éducation."
La noblesse du peuple consistait , entre autres , en ce que, sans s'en laisser compter, il reconnaissait volontiers, dans tous les domaines , y compris dans les relations humaines, l'excellence, bourgeoise ou non, et s'inclinait devant elle. Le plus grand compliment qu'un homme du peuple adressait à quelqu'un qu'il savait supérieur dans la maîtrise de sa spécialité et dans l'élégance morale qui consistait à ne pas la ramener pour autant, était : "c'est un Monsieur".
Aujourd'hui , au nom de l'Egalitarisme et du "non élitisme", on a "petit-embourgeoisé" tout le monde en l'alignant sur le plus bas niveau de la soi-disant culture populaire, qu'il serait plus juste de nommer culture "médiatique" car elle vient rarement du peuple lui-même et n'est plébiscité par lui qu'à force de matraquage par les médias qui ne lui laissent guère d'autre choix.
Je suis d'accord avec Marcel Meyer : il s'agit, en fait, d'une déculturation du peuple.
15 novembre 2009, 11:48   Et la musique
Bien chère Cassandre, le peuple disait qu'il y avait la musique, et la "Grande Musique".

On lui a expliqué que non, dans les deux sens : pour les amis du désastre, une seule musique, incluant tout, pour les autres une seule musique, excluant celle qu'aimait principalement le peuple.
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