Le site du parti de l'In-nocence

Une source de l'Eloge du paraître ou les grands esprits se rencontrent

Envoyé par Bruno Chaouat 
"It is only shallow people who do not judge by appearances. The mystery of the world is the visible, not the invisible."
O. Wilde
Mon anglais — et non seulement mon anglais — étant trop approximatif, mais bruno chaouat étant considérable, j'ai fait un coup de gougueule à la Agrippa et je suis tombé sur ce commentaire qui me donne à penser mais me prend aussi un peu la tête « Car, pour le sot, les apparences sont l'essence d'après laquelle il juge. Pour le sage, l'essence est dans l'apparence. Le premier croit en perfection de la chose, le second bénit l'imperfection de son image. »
Pour Oscar Wilde, il me semble que c'est tout le contraire : le mystère du monde, c'et le visible et non l'invisible. Seuls les gens superficiels ne jugent pas sur les apparences...
Et la bathmologie ?
Et l'idée de derrière la tête ?
Et l'ombre portée ?
Et les stratifications multiples du bâti du réel ?

Peut-être que la question n'est pas tant l'apparence ou l'apparaissant, mais la capacité plus ou moins térébrante du regard.
L'étant, lui, ne cesse de pouvoir reculer encore, de sorte qu'un invisible actuel n'est qu'un visible différé ou ce qu'apercevrait un regard mieux ajusté.
Monsieur Eytan, vous êtes bien trop sophistiqué pour moi... Je ne faisais que remarquer une ressemblance frappante entre Oscar Wilde et Renaud Camus, voilà tout. Pourquoi recourir une fois de plus au vocabulaire heideggérien ? Est-ce si indispensable ?
Cher Bruno Chaouat, je vous emboîte lâchement le pas...
Ce n'est pas indispensable, cher Bruno, mais l'est-ce davantage de l'éviter à tout prix quand il convient si bien à ce que l'on voulait dire d'autre part ?
Qui ne consistait pas à prendre acte d'une ressemblance en effet frappante, mais à questionner ce sur quoi elle portait.
Question d'orientation du regard, vous ai-je dit...
Mais il s'agit, chez Wilde, d'un simple bon mot, profond, comme tout mot d'esprit, certes, mais en rien abscons ni ésotérique. Certaines règles d'herméneutique nous invitent à respecter tout de même un minimum le ton, l'humeur d'une parole, et de ne pas en étouffer la lecture sous des catégories conceptuelles dont ladite parole ne relève en rien.
Mais cher Bruno, vous me faites là le coup du vice de forme, qui interdirait qu'on touchât au fond, au prétexte qu'il n'y en aurait pas vraiment de surcroît !
Faudrait-il s'abstenir de débattre d'une question métaphysique posée par une phrase quelconque, au motif que la forme de la phrase excluerait d'emblée, par je ne sais quelles règles d'herméneutique de concordance des genres, tout autre type de discours ? Ce serait étonnant.
Or, à mon sens, quoi que vous en ayez, cette assertion selon laquelle "le mystère du monde, c'est le visible et non l'invisible", est tout sauf une boutade plaisante et paradoxale sans conséquence, mais exprime bel et bien une interrogation profonde sur le monde et la nature de notre rapport à lui.
Après, c'est peut-être affaire d'humeur : vous pouvez préférer ne caresser que la surface, et décréter gravement que les règles de bienséance imposent qu'on laisse la chose parfaitement en l'état (surtout ne touchez à rien !), ou bien éprouver l'envie de vous rafraîchir les mollets en mettant un pied dans l'eau.
18 novembre 2009, 10:50   L'abscons et l'abstrus
Le poumon, le poumon, vous dis-je...
18 novembre 2009, 11:43   Re : L'abscons et l'abstrus
Francmoineau, vous semblez grippé...
"La tablée de philosophes et de politiciens, prenant feu, se met à batailler autour des deux termes ; infini et indéfini, faisant sonner de grands mots ayant l'air d'idées, mais qui ne sont que des sonorités vides et retentissantes, notre dîner du XIXe siècle est en train de ressembler à une moyenâgeuse école de la rue du Fouarre, débagoulant et logomachant de la scolastique." (Goncourt, Journal, 1885, p. 449).
18 novembre 2009, 20:32   Re : L'abscons et l'abstrus
Francmoineau, je ne sais que vous dire, sinon qu'il n'en faut apparemment pas beaucoup pour vous obscurcir l'esprit.
Vous me rappelez un peu ces lecteurs qui époussètent un livre en soufflant dessus, et en sont d'emblée découragés par la poussière ainsi soulevée.

Au reste, puisque Wilde et Chaouat m'en ont donné prétexte, j'en profite pour donner le lien de téléchargement du Visible et de l'invisible.
18 novembre 2009, 20:38   Le vu et l'invu
"L'unique but des images est de nous rappeler l'Invisible."
Saint Jean de la Croix - La montée du Carmel
18 novembre 2009, 20:55   Le Visible et l'Invisible
Merci, Alain Eytan, mais comment est-ce possible ? Merleau-Ponty est mort en 1961, il faut donc encore au moins deux ans (et aux States, pas en Europe), pour qu'il soit dans le domaine public... Comment peut-il être en téléchargement gratuit ? (J'ai fait, dans le temps, un mémoire de licence en philo sur cet auteur que j'aime beaucoup. Pour moi, il était encore presque vivant... Comme le temps passe !)
18 novembre 2009, 21:27   Re : L'abscons et l'abstrus
Cher Bernard, peut-être est-ce une mise en ligne pirate. J'ai été moi-même fort surpris de trouver ce texte si facilement, il y a quelques semaines de cela.
En tout cas, et j'espère en être d'accord avec vous, Merleau-Ponty mérite bien qu'on se compromette pour lui.
18 novembre 2009, 22:31   Re : L'abscons et l'abstrus
Il m'est resté en mémoire une phrase de lui, probablement tirée de Humanisme et terreur car c'est le seul de ses ouvrages que j'ai lu en entier (je cite de mémoire) :

« Parmi les raisons que l'on peut avancer de ne pas être communiste, il en est quelques-unes qui ne sont pas déshonorantes. »

Replacé dans son contexte, la terreur intellectuelle exercée en France par les écrivains germanopratins, compagnons de route du communisme menés par Sartre, c'est plutôt bien, n'est-ce pas ?
A propos, la dernière page de la préface du Gai Savoir de Nietzsche fait l'éloge des Grecs, superficiels par profondeur.
18 novembre 2009, 23:41   Re : L'abscons et l'abstrus
C'est très certainement une publication pirate : le fichier est un "pdf image", sans possibilité de chercher dans le texte, avec des pages mal centrées... De plus, ce n'est pas l'édition originale, mais une republication dans cette fichue collection Tel. (Le dernier Tel que j'ai acheté a vu sa table des matières se détacher à la première ouverture. Voilà ce qu'est devenue l'édition française en général, et Gallimard en particulier...)

En tout cas, cher Alain, nous sommes bien d'accord dans l'admiration de Merleau-Ponty, et ce livre inachevé est certainement son écrit le plus troublant.

À propos de l'édition française, sait-on que De près et de loin (entretiens avec Claude Lévi-Strauss par Didier Eribon), réédité en 2008 (oui, l'an dernier !), était déjà épuisé avant la mort de l'écrivain ? Chapeau, l'édition française !
Utilisateur anonyme
18 novembre 2009, 23:45   Re : L'abscons et l'abstrus
Merci, cher Alain, pour cette ressource documentaire et le logiciel UseNext qui l'accompagne. En ce qui me concerne, la recherche dans le texte fonctionne bien.
19 novembre 2009, 03:58   Re : L'abscons et l'abstrus
My pleasure.
Chez moi aussi la recherche fonctionne...
19 novembre 2009, 08:48   Re : L'abscons et l'abstrus
» Chez moi aussi la recherche fonctionne...

En effet, vous avez raison. Je n'avais même pas essayé, en voyant qu'il s'agissait d'images. Adobe peut le faire !
Utilisateur anonyme
19 novembre 2009, 21:38   Eloge du disparaître
Où est le Chinois caché dans cette photo ?




Eloge du disparaître
19 novembre 2009, 23:15   Re : Eloge du disparaître
Agrippa, vous êtes un cador !
21 novembre 2009, 08:33   Re : Eloge du disparaître
Coup de théatre ! il y en a deux...
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