Bien chers amis,
Nous sommes tous d'accord, je pense, pour dire que le niveau moyen des diplômes s'est effondré, et que le baccalauréat ne représente plus rien.
Je me suis posé une question sur les résultats obtenus dans l'enseignement supérieur, pour la raison suivante.
Depuis quelques années, je participe, pour le compte de notre Gouvernement, a des réunions internationales, et je suis, dans ces réunions, cerné par des PhD, des "dottore", des "Dr Dr" (les collègues Allemands sont souvent "doubles docteurs"). Quant à moi, je me présente comme M. B..., simple particulier.
Pourquoi cela ? hé bien, parce qu'en France on ne collationnait un doctorat d'Etat, dans la pratique courante, qu'en médecine (et disciplines voisines) et éventuellement en droit, et non ès lettres ou ès sciences si on ne se destinait pas à la carrière universitaire.
J'ai donc posé, à quelques semaines d'intervalle, la question du niveau des étudiants au-delà de la maîtrise à des personnes qui m'inspirent confiance.
Premier cas, dans le domaine scientifique. J'ai interrogé un ami, chercheur, directeur d'un important organisme, ce monsieur étant proche de la retraite, lui-même docteur d'Etat (obtenu malgré le fait qu'il soit très brillant à trente-cinq ans) et médaille d'argent du CNRS (ce qui n'est pas rien). Il est très satisfait des jeunes chercheurs ("thèse en trois ans") et autres post-doc.
Deuxième cas, dans le domaine littéraire. J'ai interrogé une amie de ma mère. Cette dame qui n'est plus toute jeune (baccalauréat obtenu en 1945) est sévrienne et agrégée de philosophie, ce qui n'est pas rien non plus. Elle avait choisi, par amour, d'enseigner près de son mari, en lycée, et n'a donc collationné son doctorat (une vraie somme) qu'à cinquante ans. Elle s'est re-convertie au catholicisme à cinquante-cinq ans, a appris alors l'hébreu pour pouvoir lire les Textes et a obtenu tous les diplômes concevables en la matière. Actuellement, afin de meubler ses loisirs, elle assure des vacations quant à l'exégèse de textes au bénéfice de l'enseignement catholique supérieur (essentiellement correction à distance de devoirs d'exégèse à partir de textes en hébreu, je n'en sais pas plus). Elle est très satisfaite quant au niveau de ces étudiants (à de nombreuses défaillances orthographiques près).
Plus généralement, la lecture assidue de "La Jaune et la Rouge" depuis presque quarante ans ne me laisse guère entrevoir une baisse du niveau de ceux qu'on nommait, en des temps politiquement incorrects, les "premiers sujets", et je serais curieux d'avoir des lumières sur ce qu'Alain Finkielkraut pense du niveau des polytechniciens d'aujourd'hui.