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Mais d'où viennent-ils ?

Envoyé par Cassandre 
27 novembre 2009, 17:00   Mais d'où viennent-ils ?
Puis il propose de créer un "comité de prévention contre le racisme", pourquoi pas une police de la rue qui tabasserait à volonté les faciès de ceux qui ont l'air raciste ?* Qui l'est qui l'est pas ? (…) Harlem Désir parle des racistes exactement comme on parlait des "Israélites" avant-guerre… Ou plutôt comme sont présentés les "Envahisseurs" dans le feuilleton américain que Jean, Hélène et moi regardons tous les soirs ici :
« Les Racistes, ces êtres étranges venus d'une autre planète, leur destination : la Terre. Leur but : en faire leur univers. Harlem Désir les a vus. Pour lui, tout a commencé par une nuit sombre le long d'une route d'une route solitaire de campagne, alors qu'il cherchait un raccourci que jamais il ne trouvera. Cela a commencé par une auberge abandonnée et par un homme resté trop longtemps sans dormir pour continuer sa route. Cela a commencé par l'atterrissage d'un vaisseau venu d'une autre galaxie. Maintenant, Harlem Désir sait que les Racistes sont là, qu'ils ont pris forme humaine et qu'il lui faut convaincre un monde incrédule que le cauchemar a commencé. »
Extrait du journal de Nabe
27 novembre 2009, 17:59   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Bien plaisant, chère Cassandre. Encore qu' Harlem Désir soit, en un certain autre sens, l'homme de tous les raccourcis ( de celui qui mène au pouvoir notamment)
Utilisateur anonyme
27 novembre 2009, 22:02   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Marc-Edouard Nabe : il est brillant !, il est drôle !, il est vraiment "comme il ne faut pas" ! Quel dommage qu'il soit définitivement foutu médiatiquement.
27 novembre 2009, 23:53   Haine de Nabe
Comme cela ne vous suprendra pas, je déteste Nabe.

En fait, cela tient à ma lecture du texte qu'il a consacré à Pierre Loti, écrivain oublié mais de très grande qualité, texte qui était un tissu de méchancetés et de médisances (la vie privée de Loti n'était pas étalée sur tous les toits, et Loti ne fit jamais la morale à personne).

Quand un auteur suinte la haine à ce point, je m'en tiens éloigné.


Voici un extrait de la chose, afin que vous vous fassiez une idée :

Loti est resté dans ses frissons jusqu’au bout. Le nom d’Aziyadé tatoué sur sa petite poitrine, il est allé prolonger son rêve éveillé à Rochefort chez lui, dans son château des Charentes, ramenant la son butin de bric et de broc-à-brac... Il vivait dans le fourbi chic : c’est un fou! On le voit sur certaines photos, funèbre et délicate semi-tantouze, déguisé en pacha, ruisselant de fard, l’air hibou sur son pouf dans son patio en marbre, feuilletant des tapis, tirant de vagues taffes à la pipe à eau. J’allais oublier ses yeux magnifiques, des yeux qui ont l’air de supplier la vie de ne pas passer si vite.

Sacré Loti! C’était l’original du village! “Le Turc pour rire” qu’on croisait en ville en ricanant : il promenait à l’aise ses gros turbans ; dans une gerbe d’amendes amères et de galons, il déplaçait ses plumes de héron, encombré dans des cafetans compliqués, une poignée de yatagan au flanc. On aurait dit un vieux sultan dans sa mosquée sous les voûtes, parmi les catafalques, les cataplasmes. Il faut toujours imaginé Loti ainsi, soutenu par deux matelots dans sa vieille cathère de bois poli, emmiaulé par ses “moumouttes” sous les palmes. Blême ombre en slip japonais il luit là, avec son beau visage opale de Bosphore ; fabuleusement. A deux doigts de la mort, exorbité, trempé, pré-momifié, il bande encore pour Aziyadé, les tcharchafs, la Corne d’Or, les cypres, le Vieux Sérail et la Sublime Porte!...

Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 03:51   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Je crois Nabe meilleur à l'oral qu'à l'écrit.

Le peu que j'en ai lu me semble outré ; il cherche l'effet et le trouve parfois. Il a de belles trouvailles mais noyée dans une tel fatras.
Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 07:42   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Très beau texte, merci Jmarc.
28 novembre 2009, 09:20   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Citation
Comme cela ne vous suprendra pas, je déteste Nabe.

Nabe était né pour devenir un grand écrivain, un auteur aux dons exceptionnels mais dont les bonnes dispositions furent complétement anéanties par un manque total de caractère, par une tendance écoeurante à la provocation inutile et une méchanceté presque démoniaque.

Sa mégalomanie récurrente rend la lecture de ses journaux proprement insoutenable.
Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 09:50   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Sûrement l'écrivain le plus doué de sa génération.
Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 10:32   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Cher Jean-Marc, vous avez dit l'essentiel : c'est un méchant, même s'il a indéniablement un certain talent littéraire (un sous-Rebatet : comme lui foncièrement méchant, foncièrement sot au bout du compte).
Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 10:54   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Citation
Nabe était né pour devenir un grand écrivain, un auteur aux dons exceptionnels mais dont les bonnes dispositions furent complétement anéanties par un manque total de caractère, par une tendance écoeurante à la provocation inutile et une méchanceté presque démoniaque. Sa mégalomanie récurrente rend la lecture de ses journaux proprement insoutenable.

Le seul point sur lequel je vous rejoindrais, cher Rogemi, est sa mégalomanie trop présente et pesante à mon goût dans certains de ses livres. Pour le reste, je lui trouve un caractère bien trempé et une acidité de plume sublime.
28 novembre 2009, 11:22   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Je n'ai rien lu de Nabe, mais je ne trouve pas du tout haineux le texte sur Loti !
28 novembre 2009, 12:00   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Je n'arrivais pas non plus à voir en quoi le texte de Nabe suintait la haine, pour reprendre l'expression de Jean-Marc ; le message de Cassandre me conforte donc dans mon opinion.
28 novembre 2009, 12:11   Nabe, bis
La lecture de ce texte fut pour moi la goutte d'eau qui fit déborder le vase : Nabe écrit sur tous de cette façon !

Le texte à propos de Loti est spécialement indigne : son "il faut toujours imaginer Loti ainsi..." dépasse, à mon sens, les bornes.

Comme le dit Agrippa, un méchant qui a une bonne plume.
28 novembre 2009, 12:21   Re : Nabe, bis
Citation
Je n'arrivais pas non plus à voir en quoi le texte de Nabe suintait la haine, pour reprendre l'expression de Jean-Marc ; le message de Cassandre me conforte donc dans mon opinion.

Mais cher Olivier je ne parlais pas de ce texte sur Loti qui est assez méchant mais de l'oeuvre de Nabe en général qui a écrit par ailleurs des textes extraordinaires.
28 novembre 2009, 12:27   Re : Nabe, bis
Citation
Pour le reste, je lui trouve un caractère bien trempé et une acidité de plume sublime.

Certes mais il y a des tonnes de pose et de cabotinage chez Nabe et s'étant rendu partout détestable il a voulu jouer à l'écrivain maudit. Pitoyable !
28 novembre 2009, 13:08   Re : Nabe, bis
Cher Rogemi, je m'exprimais uniquement sur le texte cité par Jean-Marc, car pour le reste, je n'ai jamais lu Nabe (qui ne m'attire guère d'ailleurs).
28 novembre 2009, 13:10   Texte relatif à Loti
Bien cher Olivier,


Toute l'oeuvre de Nabe (du moins ce que j'en ai lu) est de ce style-là. Une page peut faire sourire, on peut apprécier le style. Dix pages, ont est lassé. Cent pages, on est écoeuré.
Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 13:20   Re : Nabe, bis
Comme le dit Agrippa, un méchant qui a une bonne plume.

Et alors ?, n'est-ce pas la définition même du pamphlétaire ??? - Nabe, puisqu'il est besoin de le rappeler, est un pam-phlé-taire !
28 novembre 2009, 13:31   Du pamphlétaire
Non, pas du tout : Victor Hugo a écrit bon nombre de pamphlets, il n'était pas pour autant méchant en général.

Nabe, lui, est capable d'écrire un pamphlet sur tout (un peu comme Jean-Edern Hallier).
28 novembre 2009, 13:31   Re : Haine de Nabe
Bien cher Jean-Marc, vous savez combien je répugne et déteste me trouver en désaccord avec vous. Ayant lu cet extrait, je dois pourtant me résoudre à vous le dire: Marc-Edouard Nabe a passé son examen "destruction de Pierre Loti" haut la main avec, en ce qui me concerne, félicitations du jury. Ce Nabe possède l'authentique méthode littéraire et le don et la veine de nous mettre en joie, ce qui devrait lui faire pardonner bien des incorrections de pensée. Croyez-m'en désolé.
28 novembre 2009, 13:38   Destruction
Bien cher Francis,

Le problème est que Nabe ne détruit pas que Loti : il détruit tout, est supérieur à tout. Qu'on n'aime pas Loti, je peux le concevoir. Je prenais le seul exemple de Loti car, comme écrivain inoffensif, on ne fait pas mieux, et Nabe transforme un homme estimable en pantin grotesque.
Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 14:02   Re : Destruction
comme écrivain inoffensif

Tiens ?!, j'ignorais jusqu'à l'existence de cette catégorie d'écrivain...
28 novembre 2009, 14:04   Re : Haine de Nabe
Quoiqu'il en soit, Bien chers amis, et si je m'arrête au court texte ci-dessus, le style de Nabe est tout à fait caractéristique d'une recherche d'originalité à tout prix - au prix de la décence, de la véracité, de la probité, de la sobriété, etc. -, recherche que l'on trouve assez couramment chez les auteurs qui n'ont rien à dire.
28 novembre 2009, 14:04   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Le peu d'extraits que je trouve ça et là de M.-E. Nabe semble indiquer que l'auteur est une bonne machine a malaxer la référence dans un beau foisonnement et un bon bricolage désordonné (ce "bricolage" que nous décrit L.S dans La Pensée sauvage). Cet auteur, passablement maudit par les médias, est évidemment inférieur à tous, et non supérieur puisque persona non grata à peu près partout. Je trouve néanmoins sa plume solide, riche en ressources; ses "destructions" (de Loti, de Duras, etc.) ne sont nullement gratuites, elles sont articulées, suivent un cours cohérent. Nabe a une vision insupportable des êtres qu'il aborde (et dont il use pour prétexte à se saborder), pourtant cette vision est irréprochable de cohérence. Je ne déteste ni ne méprise Loti (qui a sa stèle dans un temple shintoïste de Nagasaki figurez-vous), pourtant j'applaudis au traitement nabeïen de Loti, qui me ravit. Le personnage de M.-E. Nabe m'indiffère, est probablement insignifiant, ce qui est d'excellent augure pour un écrivain de bonne tenue.

Entre un D'Ormesson et Marc-Edouard Nabe, quel serait votre choix de notation cher Jean-Marc ? Moi, je donnerai tout d'Ormesson, tout Erik Orsenna pour deux pages de Nabe.
28 novembre 2009, 14:12   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Citation
Entre un D'Ormesson et Marc-Edouard Nabe, quel serait votre choix de notation cher Jean-Marc ? Moi, je donnerai tout d'Ormesson, tout Erik Orsenna pour deux pages de Nabe.

D'Ormesson et Orsenna n'ont pas un millième du talent de Nabe et je ne pense que sur ce forum les lecteurs de ces deux écrivaillons soient nombreux.

J'ai toujours eu l'impression mais sans jamais l'exprimer, cher Francis, que vous avez beaucoup lu Nabe car votre style s'en ressent.
28 novembre 2009, 14:18   D'Ormesson
Jean d'Ormesson fut pendant longtemps le directeur du Figaro, dans lequel il écrivit des choses très pertinentes (il fut l'un des seuls à faire preuve de lucidité quant à la guerre du Vietnam).


Je comprends qu'on puisse davantage s'amuser à la lecture de Nabe qu'à celle de d'Ormesson, mais je rappellerai à propos de Nabe que n'est pas Léon Bloy qui veut.
Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 14:22   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Publier Nabe répond à une sorte de necessité vitale. C'est une question d'équilibre ou, si l'on préfère, d'écologie. Il y a des espèces - ou des idées - en voie de disparition, à commencer par les idées fascistes (même si on nous rabâche le contraire). Les idées fascistes (Nabe serait fasciste ?) valent ce qu'elles valent, on en pense ce qu'on veut, mais, après tout, le fascisme a tué moins de gens que le marxisme, ou le christianisme.
Bon, maintenant le christianisme...


Vous oubliez les religions auvergnates...
Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 15:03   Méchant, mais il met parfois dans le mille
Marc Edourd Nabe le 25 février 2004, dans "J'enfonce le clou" :

Dieudonné est un pionnier. On en était venu à dire que par l’humour on pouvait tout faire passer, que c’était le moyen idéal pour exprimer les pensées les plus profondes, les plus vraies métaphysiquement comme politiquement. Grâce à l’affaire Dieudonné, les manipulateurs de l’humour ont tombé le masque. Ils disent maintenant que l’humour doit être avant tout une arme au service du combat contre l’antisémitisme. À la limite, faire rire c’est d’abord lutter pour Israël. Ça c’est de l’humour, de l’humour juif bien sûr, le plus drôle de tous !

Les moins virulents contre Dieudonné l’ont seulement accusé d’attiser l’antisémitisme alors qu’aujourd’hui la seule chose qui attise l’antisémitisme, c’est d’accuser tout le monde et n’importe qui d’antisémitisme.

On en a eu encore une preuve magnifique dans le genre boomerang avec l’affaire Chouraqui. Le très mauvais cinéaste Elle Chouraqui, tellement gentil avec sa tignasse de clown poivre et miel, a été pistonné par France 2 pour faire un reportage aussi mou que lui à Montreuil afin de dénoncer bien sûr l’antisémitisme des collégiens arabes qui importent sournoisement le conflit israélo-palestinien en France… Comme si le Proche-Orient, ça ne se situait pas aussi en France !

Chouraqui est allé se promener en pleurnichant dans sa banlieue soi-disant de naissance pour montrer du doigt les vilains gosses musulmans qui osent s’exprimer au sujet de leurs « frères » juifs. Il n’y a quasiment que lui qu’on voit non flouté à l’image. Toutes les têtes dans le brouillard, comme si les enfants étaient des criminels, et les passants aussi, et tout le monde. Sous couvert de dédramatiser un conflit banlieusard en France, il attaque aussi Mohamed Latrèche (qu’il dit être soutenu par la Syrie) et la chaîne du Hezbollah libanais Al-Manar. La bêtise et la laideur du propos sont telles que les ministres et le maire de Montreuil lui-même prennent la mouche, la mouche antisémite bien sûr puisqu’ils ont osé remettre en cause l’« objectivité » du reportage diffusé par les deux connasses d’Envoyé spécial. L’agneau Chouraqui se transforme alors en loup intentant des procès en diffamation ! Chouraqui se retrouve accusé, à juste titre, lui qui partait comme accusateur. C’est tellement ridicule que même Fogiel lui met ses petits points sur le i. Dieudonné a beau dire qu’il se torche avec tous les dra­peaux, pas seulement l’israélien, et qu’il trouve un peu gros que Bernard-Henri Lévy et ses valets appellent au boycott de son spectacle, rien n’y a fait. La presse continue à répéter qu’il a dit « Heil Israël ! », et la télé lui reste fermée. Un comité anti-Dieudonné s’est même constitué. Il y a un projet de spectacle contre lui avec tous ses ex-collègues humoristes prêts à sérieusement le démolir (avec « humour »). C’est son tour. En France, il faut régulièrement un symbole de l’antisé­mitisme. En 2004, il est tout trouvé. Ça monte jusqu’à l’an­nulation de son spectacle à l’Olympia, la direction du music-hall ne voulant pas assurer sa sécurité. Pendant des semaines, les menaces ont plu boulevard des Capucines pour faire savoir au directeur de l’Olympia que sa salle pourrait « exploser »… Des anonymes (suivez leurs regards) ont même promis d’ouvrir en deux les ouvreuses si le spectacle de Dieudonné avait lieu.

À combien ils s’y sont mis les « Juifs à fleur de peau », comme les appelle gentiment Alain Finkielkraut, pour envoyer deux cents à trois cents fax par jour et cent cin­quante coups de téléphone à l’Olympia jusqu’à intimider son directeur afin qu’il annule le spectacle de Dieudo ? Il n’y a pas de fumée sans casser des oeufs. Une telle non-fainéantise force l’admiration. En voilà des bosseurs ! Au moins, ils y croient. Ah ! ce ne sont pas les « Beurs » qui seraient capables de ça pour leur cause. Les Noirs pareil. Je vois mal une équipe de Sénégalais ou de Camerounais se mettre au boulot pour empêcher le premier music-hall de France de pro­grammer Michel Lebb dans son nouveau show « Le singe descend d’une Noire ».

(...)

Il y a des gens dont le boulot est de dénicher toute critique d’Israël et de l’extraire comme une dent pourrie des grandes gueules qui ont osé l’ouvrir, et de la brandir pleine de sang en hurlant à l’antisémitisme. Les boucs émissaires de l’antisé­mitisme sont les nouvelles chèvres de monsieur Seguin. Au début, elles sont éprises de liberté d’expression, et puis bien sûr elles se font bouffer par le grand méchant loup. Ils ont tellement peur que Dieudonné devienne l’idole de la banlieue. Mais c’est fait. Comme Ben Laden, d'ailleurs, dont le charisme n'avait pas échappé au Noir jadis marrant. Ces jeunes, qu'on traite toute la journée de victimes manipulées par d'obscurs imams aux prêches tendancieux, sont en vérité les seules consciences politiques du pays. Seuls les voyous réactifs qui vivent la politiquesur le terrain ont le droit de parler aujourd'hui. Même s'ils s'expriment par des insultes, par des clichés. Tout est bon face à l'énorme et amorphe bien-pensance qui pousse le vice aujourd'hui jusqu'à se faire passer pour “subversive”.
Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 15:06   Re : Léon Bloy, où êtes-vous ?
Le christianisme serait-il donc, lui aussi, inoffensif ... ?
28 novembre 2009, 16:11   Re : Mais d'où viennent-ils ?
L'article proposé par Agrippa n'est pas très convaincant non plus. Quelques saillies percutantes, une poignée de jurons, un zest de provoc attendue, et pour enrober le tout, un style parlé-canaille qui ne trompe personne. Peut mieux faire, j'en suis sûr.
À la limite, faire rire c’est d’abord lutter pour Israël.

Mais oui, Agrippa, on a compris, ok d'ac !
28 novembre 2009, 16:26   Re : Léon Bloy, où êtes-vous ?
N'empêche que je trouve le passage sur Loti sans complaisance, caustique, mais je n'y ressens pas de haine et, au bout du compte, pas si dévavorable que ça pour cet auteur.
28 novembre 2009, 16:45   Re : Mais d'où viennent-ils ?
J'aime Loti et ne connais pas Nabé, mais je suis de l'avis de Cassandre, et je trouve cette caricature assez bien envoyée...
Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 17:41   Re : Mais d'où viennent-ils ?
La caricature de Loti est en effet assez brillante et ne suinte pas la haine, mais voici un extrait de la cruauté dont fait parfois preuve le fils de l'interprète de Tu veux ou tu veux pas. Comme à chaque fois, le style est brillant, mais la violence de l'ensemble dessert la constuction de la démonstration (qui mériterait pourtant d'être froidement développée, tant elle parait originale et sérieuse). L'alcool du fils Zanini est trop fort en degrés pour que les saveurs salées et poivrées puissent se goûter agréablement, avec toute l'ampleur qu'elles mériteraient. Céline, Bloy, Huysmans savaient ne pas aller trop loin dans l'exorbitance de la violence et de l'outrance.

Extraits :

"Le combat de Chantal restera longtemps dans la mémoire des bons vivants: « Je veux mourir! Et au plus vite! Tuez-moi si vous avez un cœur, bande de salauds !» supplie-t-elle à tous ceux qui croisent son regard de batracienne en souffrance."

(...)

"Chantal Sébire est finalement morte. Mais de quoi ? On l’a euthanasiée en douce ? Elle a succombé à sa maladie ? Elle a eu une crise cardiaque en se regardant dans la glace ? Mais non ! Elle a été violée, bien sûr. Il y a tant de pervers. Un type a dû être excité de la voir se trémousser toute la journée dans sa télé, surgir dans son appart’ et l’étouffer avec un coussin après lui avoir fait une éjac’faciale. Une euthanasie comme une autre. Portrait-robot du tueur ? La même gueule qu’elle !"


(...)

"Il parait que Chantal Sébire avait beaucoup d’humour. C’est à voir. J’aurais bien voulu qu’elle lise ce texte avant de crever."



Le Ridicule Tue
28 novembre 2009, 17:45   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Je souscris à l'avis d'Olivier concernant le texte proposé par Agrippa. J'ignorais jusqu'à l'existence de l'auteur mais je trouve le morceau choisi pénible, ambigu et sans grand talent, bref pas très convaincant.
Citation
N'empêche que je trouve le passage sur Loti sans complaisance, caustique, mais je n'y ressens pas de haine et, au bout du compte, pas si dévavorable que ça pour cet auteur.

Mais, chére Cassandre, Nabe est un très très grand écrivain et je peux vous assurer que l'on pourrait mettre ici des dizaines de textes de lui qui couperaient le souffle à tout le monde.

Si j'ai arrêté de lire Nabe c'est parce qu'il a écrit en 2001 un livre sur le 11 sept. complétement à côté de la plaque suivi en 2003 d'un livre assez excentrique pour ne pas dire plus sur la guerre en Irak et parce qu'il a dans son journal La Vérité publié des articles rédigés par Carlos depuis sa prison.

Il y a, à mes yeux, des limites à ne pas dépasser ...
28 novembre 2009, 18:01   La cruche à l'eau...
Bien chère Cassandre,


Je souscris totalement à ce que dit Rogemi : il est évident que Nabe sait écrire, mais d'excès en excès il s'est rendu infréquentable...

De la même façon, un sketch de Dieudonné peut faire rire (celui sur les terroristes aériens de l'islam est excellent). Dieudonné pris dans son ensemble est lui aussi insupportable...

On a parlé plus haut de Céline : il a certes écrit des pamphlets, qui à mon sens brillent plus par leur bêtise que par leur méchanceté, mais il a aussi écrit des choses remarquables, et a su voir ce que ses pamphlets avaient d'ignoble (alors même qu'à la fin des années cinquante il n'était plus menacé par rien). Notez aussi que sa veuve et compagne de toute sa vie, titulaire du droit moral, s'est toujours opposée à la republication.

Nabe écrit bien, soit. Je vous dirai alors qu'il prostitue son talent à son plaisir de déplaire, dont il abuse.
Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 18:03   Re : Léon Bloy, où êtes-vous ?
Il me fait penser à Laurent Tailhade, polémiste d'une violence comparable, qui applaudissait quand un attentat anarchiste déchiquetait les convives d'un restaurant parisien, et qui, par une cruelle ironie du sort, eut un oeil crevé à cause d'un attentat anarchiste (ce qui ne fit que le renforcer dans ses outrances).

« Qu'importe de vagues humanités pourvu que le geste soit beau ! » disait le bougre !
28 novembre 2009, 18:05   Re : La cruche à l'eau...
« Qu'importe de vagues humanités pourvu que le geste soit beau ! »
On dirait un extrait du manifeste du surréalisme.
28 novembre 2009, 18:13   Dans le genre
De mon côté, je penserais plutôt, en lisant Nabe, à Urbain Gohier.

Même plume acérée, même facilité pour les images, même méchanceté, même haine du juif (plus masquée chez Nabe).

Pour donner une idée de la "pensée Gohier" à ceux qui n'auraient pas eu l'occasion de trouver chez des bouquinistes des exemplaires de la "Vieille France", revue qui paraissait avec une couverture bleu horizon, un comble pour un antimilitariste.

Voici un passage :

Pendant la guerre, M. Davidet ou Daoudet, dit «Daudet», fit une campagne violente contre les hommes que Barrès avait appelés «la canaille du Bonnet rouge». Deux Juifs de cette troupe, Goldschild dit Goldsky et Landau, furent condamnés par le Conseil de guerre à huit années de bagne et à la relégation pour intelligences avec l’ennemi; en langue vulgaire, pour trahison. M. Davidet n’avait laissé passer aucune occasion de les accabler de
son indignation patriotique. Mais, étant juifs, ils sont Maç\ Le père de Goldschild préside une Loge parisienne. Un mot d’ordre maçonnique a passé. M. Davidet a rendu un public hommage à la gentilhommerie des «traîtres» qu’il s’était vanté d’envoyer au bagne. L’Action Française cite fréquemment avec éloge le journal de l’un d’eux (Agence technique (!) de la Presse). Même palinodie cynique, sur intervention maçonnique, dans l’affaire du dramaturge juif Bernstein, hier «escroc et déserteur», subitement mué en Français de première zone par ses accusateurs de la
veille.
Lorsque M. Davidet, fugitif à Bruxelles, éprouva le besoin de rentrer en France, on vit M. Herriot et M. Daladier, les deux pontifes du radicalisme, qui sont aussi deux Éminences maçonniques, se précipiter ensemble, au milieude la nuit, chez le chef du gouvernement, pour exiger la grâce de leur client. M. Eile Buré a relaté dans l’Ordre cette intervention révélatrice. Les FF\ Chiappini-Mecklembourg n’avaient eu qu’à faire le «signe de détresse»
maçonnique:



Pour les non-initiés, j'indique que ce Davidet (ou Ben Daoud, suivant les humeurs de Gohier), ce Davidet philosémite et Franc-maçon est Léon Daudet.
Utilisateur anonyme
28 novembre 2009, 18:22   Re : Dans le genre
Dans un de ses premiers Apostrophes, celui à l'issue duquel, je crois, il reçu un poing dans la figure de la part de G-M Benamou, il dit de lui-même ceci (en substance) : Je ne suis pas celui que vous aimerez haïr, je suis pire ! Je suis celui que vous haïrez aimer.

C'est assez vrai je trouve.
28 novembre 2009, 18:30   Re : Dans le genre
Citation
Je ne suis pas celui que vous aimerez haïr, je suis pire ! Je suis celui que vous haïrez aimer.

Oui son talent est tellement supérieur qu'il est presque impossible de ne pas aimer ce qu'il écrit mais il a aussi tendance à jouer au martyre et là il tombe dans la facilité ...
28 novembre 2009, 22:58   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Nabe est un morveux, sa lecture des auteurs est assez superficielle, toutefois je garderais quelques pages de son livre sur Billie Holiday.
Utilisateur anonyme
29 novembre 2009, 07:07   Re : Mais d'où viennent-ils ?
il a certes écrit des pamphlets, qui à mon sens brillent plus par leur bêtise que par leur méchanceté, mais il a aussi écrit des choses remarquables,

Ses pamphlets sont également remarquables, me semble-t-il. Il faut les lire.
29 novembre 2009, 09:58   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Non je n'ai vraisemblablement pas lu Nabe plus que vous; seulement un volume ou deux qui ont dû me passer entre les mains chez des amis il y a des années. Mais vous savez, il faut croire ce que disent certains: un certain cratylisme, marseillais ou méridional, je ne sais trop, doit nous apparenter lui et moi. C'est un auteur qui m'est profondément sympathique, un peu comme si je le connaissais de loin, sans qu'il soit nécessaire de nous rapprocher pour autant.

Cratylisme méditerranéen, "nature méridionale", cette chose indéfinissable qu'une Anglaise un jour, dans son parler maladroit exprima ainsi: vous, les gens du midi, vous êtes un peu les Indiens de la France: vous ne pouvez pas écrire autrement qu'en profusion fleurie.

L'écriture nabéenne doit beaucoup au jazz. C'est une écriture jazzistique, hard be-bop. Son style est coltranien. Or le jazz reste une de mes passions, et il est probable que ma façon personnelle de m'exprimer s'en ressente, ce qui a pu contribuer à faire naître en vous cette association, cher Rogemi.
29 novembre 2009, 10:17   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Ah, si ! je me souviens à présent. J'ai lu de lui, un livre évoquant Lucette, la femme de Céline, que mon mari et moi avons un peu connue par Jean Pommery qui était le vétérinaire des animaux du couple et l'ami de celui-ci ainsi que notre ami. Il est d'ailleurs, lui-même, assez souvent évoqué dans le livre.
Ce livre de Nabe ne m'a pas paru un chef d'oeuvre, mais je l'ai lu avec plaisir.
29 novembre 2009, 10:42   Re : Mais d'où viennent-ils ?
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Utilisateur anonyme
29 novembre 2009, 11:17   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Il joue le rôle de l'épouvantail assez bien, comme un Coluche inversé, grâce auquel la Licra et SOS racisme peuvent continuer à fabriquer leur fausse monnaie.

"Tu n'aurais pas eu Coluche sans Céline" !
29 novembre 2009, 11:36   Re : Mais d'où viennent-ils ?
En tout cas, j'ai beaucoup moins envie de le lire après l'avoir vu sur le plateau de Ruquier...
29 novembre 2009, 13:41   Marc-Edouard Nabe et la mort
On sait que M. E. Nabe, dans le pâle paysage littéraire français actuel qu'éclaire des lampadaires sphériques, omnivalents qui ont nom d'Ormesson ou Orsenna, brille comme un soleil, ce qu'on ignore, parce que c'est gênant à admettre, parce qu'il ne convient pas de l'admettre, est que M. E. Nabe est aussi peut-être le dernier humaniste de cette sale époque. Ici, un texte d'avril 2008, suite à la mort de Chantal Sébire, un tract qui vaut appel à l'insurrection contre la moche, la triste, l'insultante fin de vie des petits légistes de la seringue, à qui le sens que peut donner à sa mort un homme ou une femme conscient de sa fin font souiller la culotte de trouille. L'euthanasie actif est une proposition qui découle non pas de la trouille de la mort mais de la peur métaphysique qu'elle puisse être porteuse d'un sens que ce sens puisse éclairer la vie qui l'aura précédée.


"Une grenouille piquée par des frelons? Non. Une citrouille passée sous un camion? Non plus. Chantal Sébire, voyons! Une institutrice de Plombières (Côte-d’Or) atteinte d’une tumeur rarissime qui lui défonce le nez, lui boursoufle les paupières, puis la gueule tout entière devenue une sorte de sculpture inachevée, mauve et verdâtre. Son cruel cancer déformant en a fait une extraterrestre, mais une extraterrestre avec les pieds bien sur terre...

Pendant des semaines, ce spectacle pénible nous a été infligé. Une prof condamnée s’exhibant elle-même avec la complicité faussement culpabilisée des médias comme un phénomène de foire, et pas de n’importe quelle foire. La foire de la mort! Je croyais que la mère Humbert était la reine de l’acharnement antithérapeutique pour son fameux fils, Vincent, mais là, elle vient d’être dépassée par Chantal Sébire, un monstre, si j’ose dire, de volonté. Toute petite, maigre, dans son pull en V violet, elle avance comme un mannequin vers les caméras et les micros du monde entier, avec à peine la force de supporter son énorme tête d’où sortent par on ne sait quel trou (la bouche, le nez, les oreilles?), et d’une voix coupante, des arguments si fermement assénés qu’on aurait pu les croire justes.

Le combat de Chantal restera longtemps dans la mémoire des bons vivants: «Je veux mourir! Et au plus vite! Tuez-moi si vous avez un cœur, bande de salauds!» supplie-t-elle à tous ceux qui croisent son regard de batracienne en souffrance. Pour Chantal, la «fin de vie» n’est pas assez légiférée en France. Qu’est-ce que c’est que cette manie de vouloir toujours être encadré par la loi? Pour chaque moment de sa vie, l’homme du XXIesiècle a besoin qu’on lui donne la permission de le vivre. Même pour mourir il ne veut pas être hors la loi.

La quinquagénaire défigurée ne veut pas être hospitalisée, elle ne veut pas qu’on atténue sa douleur physique mais qu’on obéisse aux caprices de sa douleur morale! Son trip, qu’on la pique comme une chatte à bout de force. Elle tape du pied pour qu’on s’aligne sur la Suisse ou les Pays-Bas qui pratiquent l’euthanasie «active». La «passive» ne lui suffit pas! Le Leonetti qui l’a mise en place en 2005 est, à ses yeux tuméfiés, un de ces empêcheurs de crever en rond qui sévissent dans ce pays arriéré qu’est la France... Chantal ne veut pas être plongée dans un coma artificiel et qu’on la laisse mourir à petit feu, mais que la loi et la médecine, main dans la main, la tuent d’un seul coup. Et puis quoi encore? Gourmande, va! On lui donne une euthanasie passive et elle veut un suicide assisté! Et ici! Dans son pays qu’elle place décidément bien haut pour le traiter si mal...Incapable de se rendre à Bruxelles ou à Amsterdam pour se faire piquer puisque là-bas c’est admis. Non, il faut que la loi plie; mais elle ne pliera pas, bien sûr, c’est mal connaître la loi. Chantal ne veut pas faire comme la comédienne Maïa Simon qui a discrètement pris son dernier train pour Genève et est allée mourir sans se montrer, sans en foutre partout, tout le contraire de l’instit’ autoritaire de Plombières.

Madame Sébire veut faire de sa mort une cérémonie, au milieu de tous les siens, comme la Vierge Marie en dormition entourée de ses apôtres. D’abord une teuf pré-euthanasie toute la nuit, champagne et cotillons, danse des canards, et puis à l’aube, épuisée de rire et de bonheur, elle se ferait piquer par son toubib. Aïe et adios! Une piqûre douce comme un baiser, de ceux qui transforment un crapaud en princesse charmante, car c’est comme ça qu’elle se voit, Chantal, morte : ressuscitée en quelque sorte, comme au bon vieux temps d’avant son cancer!

Oui, mais ça ne marche pas comme ça, la vie, Chantal... Encore moins la mort ! Tant qu’il y a de la vie il y a du désespoir. Personne au fond ne veut mourir, pas même Chantal. Se balader dans tous les médias comme une Miss France à l’envers est une façon de se raccrocher à la vie, de repousser finalement cette stupide évidence qu’elle s’est, ou qu’on lui a plutôt, mise dans la tête: qu’elle doit disparaître parce que trop moche et «incurable». Évidemment, elle refuse qu’on l’opère, et soigne son cancer du nez à coup d’Aspégic! Tu m’étonnes qu’elle souffre!

Chantal Sébire est d’une vitalité, d’une conscience exceptionnelles, mais tant pis. Elle veut qu’on la crève. Elle en mourrait, sinon... C’est avec une poigne incroyable pour un petit bout de femme pareil qu’elle a relancé le débat sur l’euthanasie. Elle ne réclame pas qu’on la fasse mourir, mais qu’on autorise un médecin à lui donner des médicaments qui lui permettraient de partir dans la dignité. L’euthanasie, c’est le règne de l’euphémisme... Pour ses partisans, la définition de «mourir assassiné» c’est donc: «Partir dans la dignité.» Comme on part aux Seychelles? Aucune mort n’est un départ (ce serait plutôt une arrivée) et encore moins dans la «dignité». Personne n’est jamais mort dignement, à part certains condamnés à mort...Saddam Hussein ou Charlotte Corday, oui, sont morts avec dignité.

Maurice Pialat disait: «Je suis contre l’euthanasie, parce que pour moi la vie c’est tout compris». Depuis quand il ne faut pas souffrir pour vivre, et encore moins pour mourir? Beaucoup de malades veulent se faire euthanasier, simplement parcequ’ils craignent de ne plus être les mêmes, comme si on arrivait sur Terre avec un patrimoine physique et moral qu’il s’agirait de ne pas entamer pendant son existence ! Mais depuis la naissance, et parfois avant, on n’est «plus les mêmes». On verra bien ce que la vie va faire de ce corps. Jusqu’au bout. Tout plutôt que se faire tuer avec la bénédiction de l’administration dans un lit d’hôpital aseptisé, bien proprement, bien mortellement... Comme si l’euthanasie était une baguette magique qui guérit de tout. Le plus fort, c’est que Chantal n’est pas la seule à penser ainsi. C’est une épidémie, un cancer ! L’euthanasie est devenue une tumeur morale de la société, il faut la détruire.

«Passive» ou «active», l’euthanasie, c’est une horreur. Le cœur des pro-euthanasie est mille fois plus répugnant que la tête de Chantal Sebire. Ils le cachent d’ailleurs, de peur qu’on s’en rende compte, au fond de leur «humanité». Facile, la charité quand il s’agit de tuer quelqu’un qui ne vous a rien fait d’autre que souffrir. Ils appellent ça un «geste d’amour». D’entendre ça, l’amour doit se retourner dans sa tombe.

C’est toute la racaille anti-métaphysique qui incite à se faire euthanasier. Ils présentent ça comme un droit. Le droit de mourir se confond avec celui de tuer. Pour les connasses de Elle du genre Dorothée Werner, le droit du malade à se faire assassiner en toute légalité est dans la droite ligne des droits de la femme à avorter en toute liberté. L’euthanasie comme progrès social: celui de pouvoir disposer de son corps. Puisque les femmes ne s’avortent pas elles-mêmes, il n’y a pas de raison que les malades se tuent sans assistance! Logique absurde appuyée «philosophiquement» par quelques «intellos», il faut le dire vite (et entre guillemets). Tout un tas de laïcs dépressifs, un ramassis d’anti-chrétiens et d’anti-musulmans (c’est pareil), des anti-vie terrestre et anti-vie éternelle (c’est pareil aussi), comme ce con de Comte-Sponville, ou bien cette salope de Michel Polac...Qu’est-ce qui pousse toutes les crapules hypocritement libérales à tenir tant que ça à abréger les souffrances d’autrui par la mort donnée?

La peur, évidemment. La peur de l’avenir. Aveuglés narcissiquement par l’image qu’ils se font d’eux-mêmes, ils se projettent dans celle des gens diminués. La déchéance leur est insupportable. Sous couvert de lutter pour plus de charité et de compassion entre les êtres, les militants de l’euthanasie encouragent un rencentrage répugnant sur soi, son petit cas, sa mesquine névrose de vouloir disparaître en fonction de son paraître. Bientôt on parlera de cette «intervention de fin devie» comme d’une opération de chirgurgie esthétique, pas plus...

Ça commence: une autre pro-euthanasie vient de demander qu’on l’exécute! Ça va être «la porte ouverte à toutes les fenêtres» comme écrit dans Le Monde Carla Bruni-Sarkozy citant Gad Elmaleh dans La vérité si je mens. Clara Blanc est une névrosée qui réclame qu’on la tue alors qu’elle apparaît à la télé parfaitement normale, disant qu’elle anticipe sur l’évolution de sa maladie. Refusant de se voir dans un fauteuil roulant dans dix ans, elle prévoit sa dépendance, alors autant la suicider tout de suite! Et si on lui propose l’euthanasie passive, elle rejette ce pis-aller d’un geste de la main. Mépris! Pas assez hard pour les candidats à l’exécution, les assoiffés d’émotions fortes, les addicts de potion létale!

Le seul geste d’humanité, maintenant, c’est d’assassiner quelqu’un qui souffre! De l’euthanasie considérée comme un des beaux-arts... Si elle avait été mise en pratique à la grande époque, je n’aurais pas donné cher de la peau des condamnés d’avance par le destin: les Lautrec, les Chick Webb, les Roland Kirk et autres Django...Vous imaginez si en 1930 un «comité éthique» de sinistres toubibs avait accepté que, puisque le Manouche Jean-Baptiste Reinhardt, après son terrible accident, ne pourrait plus jouer de guitare à cause de sa main gauche atrocement brûlée, il serait mieux pour abréger ses souffrances qu’on le pique au Penthotal un matin, dans sa roulotte?...

Je croyais que l’euthanasie, c’était mal vu depuis que les nazis, et le docteur Morell en particulier, l’avaient pratiquée avant la guerre sur des handicapés, ce qui d’ailleurs a donné l’idée plus tard à Franck et à Himmler d’étendre le concept à d’autres couches de la population. Je vais plus loin: la société a décrété que le nazisme était le mal absolu pour mieux le refouler et le régurgiter sous d’autres formes bien cachées sous la couche de fausse démocratie dans laquelle on nous oblige à vivre. Sous le désir d’euthanasier légalement les «volontaires», il y a encore la bonne vieille pulsion meurtrière des SS qui ne demandaient pas leur avis aux «déchets» de la société pour les liquider.

Pourquoi veut-on absolument que les malades soient supprimés? Parce que l’extermination manque, il y a une nostalgie de la civilisation post nazie pour le Troisième Reich où les forts euthanasiaient les faibles sans sourciller. Déjà des médecins s’en chargeaient. Avec l’État derrière et la Justice...Tout ce que la pauvre Chantal a essayé de secouer sans s’apercevoir qu’elle ne faisait que jouer le jeu du pouvoir social !

Est-ce bien catholique? Vouloir maîtriser sa mort alors que c’est le job de Dieu. Même le suicide est encore une volonté divine, car c’est Dieu qui a inoculé dans l’âme du suicidaire la force (ou la faiblesse, on peut en discuter) de vouloir se tuer soi-même. Dans l’euthanasie, c’est le médecin (misérable ersatz de Dieu!) qui administre dans le simple corps du patient une vulgaire dose de poison mortel. Dans un cas, la personne est consciente tout en dépendant d’une force qui la dépasse; dans l’autre, elle se croit consciente parce qu’elle remet, pour ne pas dire trahit, son destin entre les mains d’autres hommes qui l’ont influencée. Ils l’assistent pour l’assassiner. C’est de l’ "assassistance"!

Quand on souffre trop, il n’y a que deux façons de mourir: ou bien attendre la mort naturelle (quels que soient le temps et les souffrances que ça prendra) ou bien se supprimer. Ceux qui veulent vraiment mourir se cachent, comme les animaux, rois de la dignité... Chantal était «violemment hostile» au suicide. Ce qui peut paraître absurde. Elle attendait qu’on lui donne la permission de mourir ! Mais il fallait la prendre. Les falaises d’Étretat ne sont pas faites pour les chiens...

Le suicide fait encore partie de la vie, pas l’euthanasie qui fait partie de la mort. Voilà pourquoi l’une a si bonne presse et l’autre est toujours tabou. Se faire euthanasier, c’est mourir avec plus de dignité que se suicider? Première nouvelle. Dans l’histoire, il ne doit pas y avoir eu beaucoup de Japonais qui demandaient l’euthanasie! Je vois mal un samouraï atteint d’une tumeur en train de supplier l’empereur de lui faire hara-kiri à sa place? Je ne parle même pas des grands esprits qui depuis la nuit des temps ont élevé le suicide au rang de l’art. De Socrate à Guy Debord, les exemples pullulent. L’euthanasie est un suicide au rabais.

Chantal Sébire est finalement morte. Mais de quoi? On l’a euthanasiée en douce? Elle a succombé à sa maladie? Elle a eu une crise cardiaque en se regardant dans la glace? Mais non ! Elle a été violée, bien sûr. Il y a tant de pervers. Un type a dû être excité de la voir se trémousser toute la journée dans sa télé, surgir dans son appart’ et l’étouffer avec un coussin après lui avoir fait une éjac’faciale. Une euthanasie comme une autre. Portrait-robot du tueur? La même gueule qu’elle!

Il parait que Chantal Sébire avait beaucoup d’humour. C’est à voir. J’aurais bien voulu qu’elle lise ce texte avant de crever. Ceux qui n’en ont aucun, à coup sûr, c’est le trio sinistre qui l’accompagnait partout: le président de l’ADMD, un gras politicard séropositif autoproclamé; le vice-président del’association, devenu son avocat pour plaider une cause qu’il savait perdue d’avance; et son petit médecin traitant, puceau larmoyant qui se caressait la seringue au fond de sa poche...Tous les suppôts de la société dans la bande à Chantal ! Tous alléchés par la bonne cliente grande gueule que Chantal représentait pour leur petite boutique morbide, ils lui ont fait croire qu’elle était foutue, et qu’elle devait «bardir dignebent » comme elle le répétait en parlant du nez, si on pouvait encore appeler ça un nez... On aurait pu lui éviter une fin aussi tragique si les croque-morts de l’Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité et Autres Conneries ne lui avaient bourré le mou.

On l’a convaincue de reporter la laideur de sa situation sur l’État qui ne l’autorisait pas à se faire tuer, alors que la laideur, elle était dans l’acharnement des euthanazis qui la poussaient à exiger cet automeurtre.Tous ont fait mijoter Chantal et ses trois enfants dans l’espoir qu’elle obtiendrait satisfaction. Jusqu’à Kouchner qui s’en est mêlé et qui a dit qu’il allait peut-être autoriser pour elle une exception... Malgré son état de fatigue, elle est allée au tribunal de Dijon «soutenue» par sa garde rapprochée d’ordures, presque aveugle, canne blanche plus épaisse que ses jambes, elle a même fait une hémorragie dans lavoiture.

Putain! Il fallait s’attendre à ce que Chantal perde les pédales, jour et nuit les vautours la harcelaient, les journalistes l’appelaient, lui rendaient visite comme au zoo. Elle était d’ailleurs devenue méchante avec ces voyeurs faussement compatissants. Ah,qu’est-ce qu’ils ont pris dans la gueule les journalistes! Elle les insultait, piquait des colères, les cassait, les infantilisait, à la fin plus personne ne pouvait la voir en peinture. Pourtant dans la pénombre, sur son canapé, elle avait encore quelque chose de pictural: le Francis Bacon le plus soutinien n’a pas de plus belles nuances. Les derniers jours, ça s’était aggravé. Coque ficelée sur l’œil, pansements, éponge suintante sur les coquards de la paupière... Ce n’est plus une femme, c’est une installation!

C’est la médiatisation bien sûr qui l’a tuée. Exactement comme Jean-Dominique Bauby, mort au moment exact de son apothéose médiatique. Son «Bouillon de culture», il ne l’a jamais vu... Enterré la veille! Hasard? Mon œil! Ou plutôt, son œil! Exploitant son fantasme d’être enfin reconnu comme un «écrivain», on lui a fait faire un livre dicté à la paupière, on en a préparé le lancement, Jean-Jacques Beinex est allé le filmer à l’hosto, l’enfermant dans des images d’une indécence puant l’exhibo-voyeurisme, tout ça sous couvert d’apporter un témoignage pudique, bouleversant etc. (on connaît les médias!). «Jean-Do» a même eu le temps de préparer ses réponses au questionnaire de Bernard Pivot...Tout était stratégiquement calculé, un plan média au poil, sauf qu’il ne lui restait plus qu’à mourir pour que les ventes triplent, quadruplent, s’envolent comme des papillons qu’on libère de leur scaphandre...

Bauby (je l’ai connu moi, Bauby, et en forme!) est mort parce qu’il a voulu absolument revenir de Bercq à Paris pour jouir de son triomphe. Puni! L’image de soi qu’on accepte de donner aux médias en échange de leur faux amour est fatale aux fragiles. Chantal a poussé loin le don de sa personne aux chaînes déchaînées, France3 et M6 surtout. Elles n’avaient pas assez de mots durs et indignés pour se scandaliser que la «société» n’accorde pas à la Sébire ce qu’elle demandait. Sale société! Mais la société,ce n’est pas seulement ceux qui l’ont frustrée de se faire euthanasier, c’est aussi ceux qui ont tout fait pour lui faire croire qu’elle pourrait y parvenir. D’ailleurs, les pro-euthanasie reprochent maintenant à ceux qui ont refusé à Chantal le droit de mourir de l’avoir assassinée! En refusant de l’assassiner, ils l’auraient incitée au suicide ! Ça devient le pire des crimes de ne pas vouloir tuer son prochain !

Chantal voulait finir sa vie dans le respect et la dignité, mais en se médiatisant pour soi-disant montrer l’exemple, elle a perdu tout respect et toute dignité. Elle a fini par le comprendre à la toute dernière minute, en récupérant un peu d’elle-même tant jetée en pâture, en se rassemblant dans un dernier effort pour s’euthanasier elle-même, c’est-à-dire se suicider, enfin, lapauvre!...

En bonne maîtresse d’école, madame Sébire a voulu punir la collectivité de ne pas lui avoir laissé le droit de mourir autrement. François Hollande a osé dire qu’elle avait «rendu service à toute l’humanité», une Christ, en somme, à qui on aurait tendu une éponge de vinaigre, mais pan! dans l’œil, comme si le Romain avait mal visé! Chantal a eu un moment de clairvoyance et a décidé de se supprimer. Elle a eu la révélation que des bonnes âmes dégueulasses l’avaient ridiculisée en l’exhibant comme une clownesse déglinguée. Médias, justice et médecine n’ont même pas eu besoin de la tuer eux-mêmes. Oui, l’euthanasie est un meurtre, même quand le malade s’en charge seul... Au départ, Chantal n’était pas pour le suicide, mais à l’arrivée elle s’y est résolue en prenant des barbituriques à faire crever les chiens.

Le dernier jour de l’hiver, toute seule dans son salon, Chantal Sébire s’est couchée par terre, au milieu de ses fauteuils et de son divan qu’elle avait emmaillotés de housses comme des fantômes, pour éviter qu’ils ne s’abîment, avec le temps."
On se souviendra que le cas Chantal Sébire avait alimenté fin mars 2008, un débat particulièrement animé sur ce Forum, débat dans lequel je m'honore d'avoir défendu des positions proches de celles de M. Nabe, dont j'ignorais tout du "tract" ci-dessus, il va sans dire:
I C I
29 novembre 2009, 14:34   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Il faut reconnaître que ce texte, pris dans son ensemble, a du brio, et qu'il est un puissant réquisitoire contre l'euthanasie (un "sucide au rabais" - voir les saisissantes contributions de Francis à l'époque).
Le portrait des "euthanazis" est particulièrement pertinent. Dommage, cependant, que Nabe se laisse aller à des considérations répugnantes sur l'apparence physique de C. Sébire.

Un Léon Bloy hardcore, je dirais.
Utilisateur anonyme
29 novembre 2009, 14:35   Entre Choron et Sade...
Lu dans une revue révisionniste en ligne :

"Qui, depuis le divin Marquis, a été aussi loin dans l’abîme ? qui a exploré par les mots de tels gouffres et mis en valeur la toute-puissance de l’Art avec un tel éclat ? Nabe l’a bien compris et toute sa virulence, ses outrances, ses dérapages haineux, son « fascisme » ne sont QUE littéraires (comme les tableaux sadiques de Sade !) Tout est affaire de style chez lui, et là, on peut parler de régal. Sa prose est volcanique, de la lave en fusion ! Qu’il parle de jazz ou des femmes, de Bloy ou de ses parents ; nous sommes emportés dans un flot tumultueux et splendide, noyés sous une profusion d’images, de sensations, fracassés par les adjectifs haineux, les épithètes révoltants, les jugements inquisiteurs. On ne sort pas indemne d’une telle lecture ! ça secoue !

Autobiographie, virulent pamphlet dans la lignée de Bloy et Céline, cri de révolte totale et chant d’amour désespéré, manifeste artistique, Au régal des vermines est un peu tout ça et bien plus encore. Toute l’oeuvre de Nabe et son invraisemblable générosité (eh, oui !) est déjà en germe dans ce premier opus. Voilà un écrivain qui se donne corps et âme à l’Art avec un panache qui, en ce qui me concerne, n’a pas d’égal aujourd’hui. Seulement il faut faire fi des préjugés pour l’apprécier et ne pas avoir peur de se brûler aux mots en se plongeant dans cet immense volcan en constante éruption. Le jeu en vaut la chandelle, croyez-moi…"
Utilisateur anonyme
29 novembre 2009, 17:10   Re : Entre Choron et Sade...
Beau texte. De quelle revue s'agit-il ?
Utilisateur anonyme
29 novembre 2009, 17:36   Re : Entre Choron et Sade...
Le texte existe ailleurs : [drorlof.blogspot.com]

Tout de même, quel gâchis que de dépenser son talent aussi bêtement, il aurait pu être une arme redoutable contre les amis du Désastre. Peine perdue, il se préfère en écrivain maudit... Perdu pour la cause politique, gagné pour la littéraire peut-être...
02 décembre 2009, 02:06   Entre éructations et inepties...
Texte inepte.
Éructations sur le dos d'une personne de la souffrance de laquelle il ne peut avoir la moindre idée, ce qui rend le discours vain , n'en soulignant que la grossièreté et l'absence totale de simple compassion.
Qu'il vive et meure comme il veut, en postillonnant s'il lui plaît, mais foute la paix aux autres.
Malgré un petit talent, quel connard...
02 décembre 2009, 04:59   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Désaccord complet avec vous cher Alain. Son discours n'est pas vain du tout. Il existe un précepte chrétien fondamental, en soi tout à fait charitable, qui s'énonce en trois mots: Chacun sa croix., qui est pour moi l'expression même de la décence. Chantal Sébire a violé ce principe de décence et s'est comportée avec des millions de personnes comme si celles-ci étaient responsables, voire coupables de son mal. Elle reçoit en retour le miroir que lui tend Nabe ("éjaculation faciale par un monstre semblable"). En Orient, le miroir sert à cela: à être tendu aux monstres pour en repousser les agressions. Elle méritait toute la compassion du monde mais si son choix était de mourir rien ne l'autorisait à emmerder l'univers pour autant, lequel supporte sans rien dire son lot de souffrance. Si rien ni personne dans son entourage ne pouvaient la soutenir ou la réconforter ou l'empêcher de commettre l'irréparable, si aucun médecin n'avait pu entrevoir pour elle une voie de sortie ou de guérison, il lui restait la solution de passer à l'acte sans éclabousser l'univers d'une souffrance inutile, une souffrance de plus. Tout ce qu'on peut espérer pour elle est qu'elle se soit en fin de compte rendue à ces raisons en se supprimant comme elle a fait. Jusqu'au bout, cette femme aura été la nocence incarnée.
02 décembre 2009, 09:04   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Accord complet avec vous, cher Alain. Francis, Alain dit son fait à ce Nabe, vous lui répondez sur le cas Sébire.
02 décembre 2009, 09:16   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Cher Francis, dans la catégorie miroirs et monstres, nous avons, bien sûr, Persée et Méduse
02 décembre 2009, 09:41   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Oui bien sûr, Persée et Méduse. C'est au Fong Shui que je pensais ici, cet art de l'in-nocence: en Chine (à Macau, à Hong Kong, à Taïwan) quand vous avez un voisin ou un vis-à-vis nocent, vous suspendez un petit miroir serti à votre façade qui renvoit à votre voisin son image, sa monstruosité, et qui le neutralisera.

Nabe a écrit un grand texte de neutralisation du monstre qui s'impose et impose sa face monstrueuse au monde. Le plaidoyer pour l'assassinat joyeux est une monstruosité; et c'est pour moi ce plaidoyer qui rendit cette face monstrueuse. J'avais écrit à l'époque que la vision que cette femme avait d'elle était une vision sociétale de soi et qu'il n'appartenait qu'à elle (avec l'aide de ses proches et de tout volontaire prêt à l'aider) de s'en débarrasser pour se regarder autrement. Au lieu de cela, elle s'est lancée bride abattue dans une campagne de "miss France à l'envers", pour reprendre les termes de Nabe, qui n'a fait qu'ajouter à l'horreur générale: en infligeant aux autres (toute la collectivité nationale s'il vous plaît) ce qu'elle percevait comme une horreur, un phénomène de foire, elle en a naturellement recueilli l'illusoire confirmation.

Je comprends très bien que notre ami Alain Eytan déteste le personnage et le personnage-auteur Nabe, il reste que ce texte est valide; sur un plan philosophique, et de philosophie politique, il est parfaitement pertinent, juste et sage.
Utilisateur anonyme
02 décembre 2009, 11:25   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Madame Sébire n'a pas demandé à mourir parce qu'elle était devenue un monstre. Elle a demandé à être euthanasiée parce que les soins palliatifs étaient impuissants à lui éviter d'endurer des douleurs insupportables et permanentes causées par une tumeur incurable.

En France, l’assistance au suicide et l’euthanasie sont d’ores et déjà pratiquées, dans l'ombre, si le patient bénéficie de la compassion de ses proches et de l’équipe médicale. Toutefois, ce sentiment d’humanité ne prévaut pas toujours sur la crainte du risque pénal. Dans ce contexte, Mme Sébire a eu la dignité de tenter de faire avancer le débat avant de se suicider.

Une réforme tendant à reconnaître et à organiser l’euthanasie active serait la bienvenue et se situerait dans le prolongement des législations destinées à reconnaître le droit de refus thérapeutique. En Belgique, comme au PaysBas et tout récemment au Luxembourg, l’euthanasie est autorisée, sous conditions de souffrance psychique et physique constante et insupportable. Le Danemark, la Grande Bretagne, la Catalogne, le Québec et l’Ontario ont aussi œuvré pour traiter ce problème avec efficacité et humanité.

Chacun sa croix oui, mais quand un innocent en porte une de trois tonnes, il me paraît charitable que la République fasse preuve d'un peu humanité, et tant pis pour Chrisine Boutin.
02 décembre 2009, 11:44   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Suis-je le seul à voir une dangereuse perversion dans le désir d'entraîner un ou plusieurs tiers à embrasser Thanatos sur la bouche avec soi quand il est toujours possible, comme elle l'a d'ailleurs montré, de faire ça tout seul ? Le cas Imbert, ou d'autres patients immobilisés, paralysés, totalement invalides est bien différents sachant que seuls les malheureux n'y fussent parvenus ? Cette dame, si ses souffrances étaient telles qu'elles ne souhaitât plus les endurer, qu'avait-elle donc à vouloir à tout prix qu'on l'assassine ? N'est-on pas en présence d'un véritable désir d'euthanasie par lequel l'acte n'est plus aucunement envisagé comme un pis aller mais bien exalté idéologiquement comme ont pu exalter la mort donnée les nazis ou d'autres adeptes de Viva La Muerte!, ainsi que fait bien de le rappeler Nabe, par un jeu de mot certes un peu facile mais adéquat au message (euthanazi) ?
Utilisateur anonyme
02 décembre 2009, 13:04   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Non, cher Francis, vous n'êtes pas seul à penser cela. Le suicide doit rester un choix et un acte individuel. Souhaiter sa prise en charge par l'État et sa mise en œuvre par le personnel médical va à l'encontre de leurs missions respectives.

J'ajoute que le cas Imbert, dont la maladie sera peut-être curable dans une dizaine d'années, n'est pas fondamentalement différent selon moi.
02 décembre 2009, 13:28   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Non, cher Francis, vous n'êtes pas le seul à craindre la dangereuse perversion que vous pourfendez si bien. C'est le ton de Nabe à l'égard de cette pauvre femme qui est difficilement supportable. Mais sur l'imposture intellectuelle du prétendu droit à mourir dans la dignité comme sur le risque de dérive gravissime de toute légalisation de l'euthanasie, je vous suivrai volontiers. La loi Léonetti est bien équilibrée. Il faut, à mon sens, que cette transgression suprême soit préservée en tant que telle, même si l’on doit fermer les yeux sur certains choix individuels et familiaux qui s’en affranchissent en secret.
02 décembre 2009, 15:10   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Merci de me rejoindre ainsi MM. Phix et Veron; face a ce flot d arguments et d exemples de pays qui ne sont pas arrieres, eux, comme eut dit Corto, qui tous plaident pour un assassinat dans la dignite je me dis qu il va falloir bientot etre courageux pour affronter ces arguments.

Mme Sebire disait, selon ce qu en rapportait la presse: "Faisons la fete puis tuez moi je vous prie". Pour que pareil programme s accomplisse il faut que quelqu un y reponde comme l echo: "Oui, faisons la fete puis tuons-la!" Or qu est ce que tel programme ? Qu est-ce que le programme qui se nomme "Faisons la fete puis tuons cette femme"? Et bien tout simplement le plus vieux programme, le plus ancien programme du monde comme pourrait le qualifier Rene Girard, celui du rite sacrificiel. Voila, en fait d opposition entre arrieration et modernisme, ou nous conduisent les ardents apotres du mourir dans la dignite!Au culte sacrificiel paien de la nuit de la civilisation.

Pardon pour l absence de signes diacritique et pour le style sous la jambe du message precedent que je ne peux corriger. Allez dans la paix et que les croyants parmi vous fassent une courte priere a Mme Sebire. Je suis tres serieux. Bonne nuit a tous et a la semaine prochaine.
"N'est-on pas en présence d'un véritable désir d'euthanasie par lequel l'acte n'est plus aucunement envisagé comme un pis aller mais bien exalté idéologiquement (...)"

Et comment ! L'étape suivante pourrait bien être la promotion pure et simple du suicide assisté, en dehors même de toute pathologie, ou plutôt, au nom d'une souffrance psychique quelconque (qu'on songe, déjà, à l'extraordinaire reconnaissance dont bénéficie, dans le monde du travail, le "trouble mental", en vérité seul viatique qui autorise la mise à l'écart et le versement d'une rente à vie) ou une évidence sociale (on se sent "de trop"), un peu comme l'imagine Houellebecq dans La possibilité d'une île.

Pour déguiser le cauchemar qu'elle couve, l'euthanasie dispose d'un repoussoir hors pair : l'acharnement thérapeutique, qui fait dresser les cheveux sur la tête des braves gens, et, sans doute, à juste titre (à ce propos, Agrippa évoque la reconnaissance du "droit de refus thérapeutique". Je ne comprends pas très bien : est-ce à dire que se faire soigner est une obligation ?)
Utilisateur anonyme
02 décembre 2009, 20:05   Re : Soyez responsables, faites-vous suicider
Le problème posé concerne la possibilité, pour le médecin, de passer outre le refus de soins du patient dans certaines conditions. Un arrêt du Conseil d’Etat en 2002 a précisé que le médecin pouvait passer outre la volonté du patient (d'arrêter les soins) à condition d’avoir tout mis en oeuvre pour convaincre le patient et de s’assurer que l’acte est indispensable à sa survie.

Les médecins peuvent donc, sans commettre de faute, pratiquer des actes indispensables à la survie du patient, même sans consentement de l’intéressé à condition qu’existe un danger immédiat pour la vie du patient.
Utilisateur anonyme
02 décembre 2009, 21:12   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Vous ne croyez pas si bien dire, cher Orimont. Voici venir l'euthanasie comme instrument de régulation économique :

« Dès qu’il dépasse 60-65 ans l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte cher à la société. La vieillesse est actuellement un marché, mais il n’est pas solvable. Je suis pour ma part en tant que socialiste contre l’allongement de la vie. L’euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures. »

Jacques Attali, Une brève histoire de l'avenir.
02 décembre 2009, 22:34   Re : Mais d'où viennent-ils ?
La question de l'euthanasie est essentiellement affaire de choix, un choix axiologique : à quoi accorde-t-on plus d'importance, à l'obligation d'abréger les souffrances de qui le réclame, ou aux répercussions hypothétiques qu'une telle décision pourrait avoir sur le plan social à l'avenir ?
Or un tel choix de valeur ne s'explique pas (à mon sens bien sûr), ni ne peut se fonder sur aucun argument rationnel susceptible d'être débattu ou critiqué.
On ne peut que prendre une décision et agir conformément à elle. C'est pourquoi toutes les considérations d'idées, le terme de philosophie politique a même été prononcé, m'indiffèrent totalement en l'occurence.
Pour ne rien dire de l'exacerbation égologique.
Utilisateur anonyme
03 décembre 2009, 01:30   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Vos alternatives ne sont valables que dans le cas individuel, en marge de la loi. Or le débat sur l'euthanasie concerne le cas général, c'est-à-dire la légalisation du meurtre à l'hôpital pour tous.
03 décembre 2009, 02:28   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Cher Phix, que le débat porte sur le général ou le particulier, c'est toujours en se fondant sur des valeurs, que l'on juge prioritaires individuellement, que le choix s'opère.
L'euthanasie n'a pas attendu les prophéties grotesques du grand marabout socialiste.
Utilisateur anonyme
05 décembre 2009, 00:15   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Citation
Cher Phix, que le débat porte sur le général ou le particulier, c'est toujours en se fondant sur des valeurs, que l'on juge prioritaires individuellement, que le choix s'opère.
Vous avez raison, cher Alain, mais je tenais à rappeler que la portée de ce choix individuel était collective. En effet, se donner la mort est aujourd'hui un choix individuel, alors qu'avec la légalisation du meurtre médicalisé s'imposant à chacun, qu'elles que soient ses valeurs, la décision de notre mise à mort deviendrait demain collégiale (famille, experts), nous dessaisissant ainsi d'une part fondamentale de notre liberté.
Utilisateur anonyme
05 décembre 2009, 09:25   Re : Mais d'où viennent-ils ?
On ne demande pas son avis au principal intéressé avant de le faire naître, ou de l'évacuer.

Parallélisme des formes...
06 décembre 2009, 00:25   Re : Mais d'où viennent-ils ?
» nous dessaisissant ainsi d'une part fondamentale de notre liberté.

Vous voulez dire, criant de douleur et suppliant qu'on vous achève, étant dans l'impossibilité de le faire soi-même, votre liberté sera donc respectée en n'accédant pas à votre demande, et vous livrant pieds et poings liés à votre impuissance insupportable ?
Utilisateur anonyme
06 décembre 2009, 12:30   Re : Mais d'où viennent-ils ?
Le cas extrême que vous décrivez n'est absolument pas représentatif. Cela suffit à l'écarter comme motif pour faire une loi d'intérêt général.

Cela dit, et pour répondre tout de même à votre question, si je devais subir un jour l'épreuve que vous décrivez, alors j'espère que j'aurais le courage de continuer à vivre.
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