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Identité nationale: le crible des hommes et femmes illustres

Envoyé par Francis Marche 
Suger, Joinville, Bertrand du Guesclin, le chevalier Bayart, l'Hospital, Coligny, Sully, Jacques Coeur, Richelieu, Turenne, Duquesne, Colbert, le Grand Condé, Vauban, Jean Bart, Dugay-Trouin, Turgot, Bougainville, le Marquis de Montcalm, Duplex, Lapérouse, Kleber, Hoche, Desaix, Barra, Le Chevalier d'Assas, le sergent Triaire, l'Amiral Courbet, le Curé d'Ars, Savorgnan de Brazza, Lazare Carnot, Dumont d'Urville, Roger Salengro, Jean Jaurès, Georges Clémenceau, Louise Michel, Gustave Flaubert, Arthur Rimbaud, Guynemer, Gabriel Fauré, Marie Curie, Pierre Brossolette, Jean Moulin, Raoul Salan, Georges Bidault, Jacques Soustelle, Hervé Bazin, Marcel Dassault, Jean Cocteau, Albert Camus, Jacques Chaban-Delmas, Pierre Bérégovoy.

Si vous êtes capable de dire, en un français compréhensible et de forme acceptable, à brûle-pourpoint, sans lire vos notes, une phrase ou deux sur la vie ou l'oeuvre de tous ces hommes et femmes illustres, en donnant à votre interlocuteur le sentiment que vous êtes en sympathie avec eux, ou à défaut que le sens ou la nature de leur action ou de leur oeuvre ne vous échappent pas complètement, alors vous méritez d'être reconnu à 100% Français, quels que soient vos parents, grands-parents, votre couleur de peau ou de cheveux, votre lieu de naissance ou l'aspect de votre carte de séjour.
Terrible épreuve, cher Francis ! Selon vos critères, je ne suis pas Français. Aucun de ces noms ne m'est radicalement inconnu, la plupart m'est même familière mais je reste étonné de me trouver incapable de sortir vos deux phrases à propos la très grande majorité d'entre eux. Je remarque aussi que ma connaissance de ces personnages se réduit souvent au contenu de la parenthèse sous leurs noms apposés au coin des rues.
Utilisateur anonyme
09 décembre 2009, 18:40   Re : Identité nationale: le crible des hommes et femmes illustres
Pierre Bérégovoy ? Marcel Dassault ? Le sergent Triaire ?

C'est une blague ?
Comment ça ? Pourquoi une blague ?
Utilisateur anonyme
09 décembre 2009, 19:05   Re : Identité nationale: le crible des hommes et femmes illustres
Pour PB et MD : apport particulièrement remarquable à la France ?

Pour le sergent Triaire : pour recaler 99,99 % des candidats ?
Je savais bien que j'étais un imposteur !
Oh, vous, on le savait déjà...
Ben vous, peut-être, mais moi, il me fallait encore la confirmation...
Et Proust ? Non, même pas Proust ?
Le sergent Triaire est incontestablement le plus mignon du groupe. Il n'y a que pour Dugay-Trouin que je butte sur le test des deux phrases. « Dugay-Trouin était un marin du temps de Louis XIV. » Mais après ? « Il a fait beaucoup pour la gloire et la grandeur de la France sur les mers » ? « Il s'est battu contre les Anglais ».

Cela dit je récuse absolument la pertinence de ce test. Je ne vois pas pourquoi notre peuple n'aurait pas droit à des ignorants comme tous les autres. C'est toujours intellectualiser l'appartenance.
Ah bon, alors je peux quand même en être ?
09 décembre 2009, 21:00   C'te gueuse ed'liste
J'étions ben d'lavis du gars Renaud !
09 décembre 2009, 21:11   Quizz
Pour ma part, je n'arrive absolument pas à situer Dugay-Trouin (malgré son nom remarquable).

En ce qui concerne le sergent Triaire et Barra, je suppose qu'ils sont soit connus depuis l'enfance (ce qui est mon cas) soit inconnus, car je ne vois pas bien sinon quand on peut en avoir entendu parler.

Enfin, je trouve que Francis fait bien de l'honneur au néfaste Bidault.
09 décembre 2009, 21:57   La mort de Barra
Je reconnais bien là votre indécrottable hétérosexualité, monsieur Jean-Marc : le sergent Triaire est très apprécié dans certains milieux pour sa statue au Vigan, quant à l'enfant Barra, les représentations de sa mort au combat, que curieusement il livrait nu, l'ont rendu cher à tous les amateurs de chair (très) fraîche (il faudrait ici la reproduction d'un tableau célèbre, je ne me souviens plus de qui).
09 décembre 2009, 22:27   Tableau et statue
Pour le tableau, il s'agit d'une oeuvre de David, "la Mort du jeune Barra".

[www.repro-tableaux.com]


Barra est en général représenté plus âgé, dans ce style Weerts :

[www.1st-art-gallery.com]

Il existe une statue de Bara qui serait actuellement scandaleuse, celle de Peynot.
09 décembre 2009, 22:31   Toiles
La mienne est plus grosse que la vôtre, cher Jean-Marc (si je puis me permettre)...
09 décembre 2009, 22:36   Marseillaise
Un liseur saurait-il si Bara (Barra ?) a un rapport avec la statue de Rude ?
Le test est intéressant, même si quelques noms très chers manquent à l'appel: Chrétien de Troyes, Montaigne, Pascal, Vauban, Louvois, Racine, La Fontaine, Barbey d'Aurevilly, Jules Vallès, Maurice Ravel, Marcel Proust, Louis Ferdinand Céline, etc
09 décembre 2009, 23:16   Grand absent
Pour ma part, je ne vois qu'un absent vraiment significatif : Colbert.
Voici mes réponses à brûle-pourpoint et sans consulter de sources. Je vous donne ma parole d'in-nocent que je n'ai pas triché (ce qui apparaîtra bien à la lecture, je crois).
Suger. Moyen Âge. Ministre de quelqu'un.
Joinville. Historiographe de Saint Louis. Lu cela en pléiade autrefois. Très impressionné. Un type qu'on aurait eu plaisir à connaître.
Bertrand du Guesclin. Prenait d'assaut les châteaux-forts en se déguisant en porteur de fagots (source : les tableaux d'expression orale de l'école primaire des années 1960).
Le chevalier Bayart. Toujours cru qu'il s'orthographiait Bayard. Sans peur et sans reproche. A donné son nom à un célèbre groupe d'édition catholique, initialement appelé La Bonne Presse, mais qui a adopté le nom de l'excellent illustré pour garçons qu'il publiait dans les années 1950.
L'Hospital. ??
Coligny. Presque certainement l'amiral de quelqu'un.
Sully. Ministre d'Henri IV. « Labourage et pâturages sont les deux mamelles de la France et véritables mines du Pérou », ou quelque chose comme cela. Mercantiliste.
Jacques Coeur. Riche bourgeois. Habite à Bourges (d'où provient le mot bourgeois), à l'hôtel Jacques Coeur.
Richelieu. Ministre de Louis XIII ou peut-être bien Louis XIV.
Turenne. Officier de Louis XIV (ou XV ?), construit des casernes.
Duquesne. ??
Colbert. Ministre de Louis XIV. Evitait les dépenses excessives. A fait planter la forêt de Tronçais pour faire les navires à voile du XXe siècle. Mercantiliste.
Le Grand Condé. Souvent cité par Mme de Sévigné. Quelque chose à voir avec Louis XIII (ou peut-être XIV). Frère, cousin, neveu, ami de la famille ?
Vauban. Construit des forteresses pour Louis XIV (ou XV ?)
Jean Bart. Corsaire pour Louis XIV.
Dugay-Trouin. Corsaire pour Louis XIV. Ou XV. Ou XVI. Immortalisé par les petites bandes dessinées en accordéon introduites comme primes dans les boîtes de La Vache qui rit au début des années 1970.
Turgot. Ministre de quelqu'un, vers ces époques là. Excellent gestionnaire.
Bougainville. Grand navigateur du XVIIIe siècle. A fait le tour du monde à la voile et a publié une relation de son voyage. A inspiré Denis Diderot qui a fait de l'humour facile sur la sexualité des sauvages.
le Marquis de Montcalm. Père du Canada français.
Duplex. A construit des casernes pour Louis XIII, XIV ou XV (ou XVI ??).
Lapérouse. Grand navigateur du XVIIIe siècle. A fait le tour du monde à la voile et a publié une relation de son voyage.
Kleber, Hoche, Desaix. Généraux d'Empire.
Barra. A refusé de se découvrir au passage du Saint Sacrement et on lui a arraché la langue avec des tenailles rougies au fer. (Je suis presque sûr que je confonds avec le chevalier de la Barre. En fait, Barra, connais pas. Sauf si c'est un dessinateur de BD, auteur de Max l'explorateur.)
Le Chevalier d'Assas. A fondé une célèbre faculté de droit. Refusait de se prosterner au passage du... non, je confonds.
le sergent Triaire. ??
l'Amiral Courbet. Frère du peintre ?
le Curé d'Ars. Père et modèle de tous les curés. Confessait jusqu'à 48 heures par jour. A obtenu un jour la grâce de se voir tel qu'il était, s'est enfui en hurlant, et n'a plus été après cet épisode que l'ombre de lui-même.
Savorgnan de Brazza. Grand explorateur de l'Afrique. Fondateur de Brazzaville. Son prénom m'évoque vaguement une pâtisserie, mais je suis à peu près sûr que je confonds.
Lazare Carnot. Il faut pas confondre le révolutionnaire Lazare Carnot, dont je ne sais rien, avec le président de la République Sadi Carnot, dont je sais seulement qu'il a été assassiné par un anarchiste.
Dumont d'Urville. Grand navigateur du XIXe siècle. Explorateur des mers australes.
Roger Salengro. Homme politique français.
Jean Jaurès. Autre homme politique français. A été assassiné parce qu'il ne voulait pas faire la guerre de 14.
Georges Clémenceau. Homme politique français. A fait la guerre de 14. L'a gagnée. Citation : « Politique étrangère : je fais la guerre ; politique intérieure : je fais la guerre ; je fais toujours la guerre. » Surnommé le Tigre.
Louise Michel. Communarde et pétroleuse. Pendant la Commune, voulait absolument mettre le feu au Louvre. Déportée en Nouvelle Calédonie. Personnalité très chagrine. Un trait positif : aimait beaucoup les chats.
Gustave Flaubert. Lui, ça va.
Arthur Rimbaud. Lui, ça va aussi.
Guynemer. Aviateur de la Grande Guerre. Fondateur de l'escadrille des cigognes. L'as des as. Le génie tutélaire de Tanguy et Laverdure.
Gabriel Fauré. Lui, ça va.
Marie Curie. Elle, ça va.
Pierre Brossolette. Grand résistant.
Jean Moulin. Autre grand résistant. Trahi à Caluire. (J'ai triché, j'ai vérifié l'orthographe de Caluire.)
Raoul Salan. Général.
Georges Bidault. Homme politique.
Jacques Soustelle. Grand américaniste, spécialiste des antiques Toltèques, mais plutôt de tendance Algérie française.
Hervé Bazin. Lui, ça va. Refeuilleté Vipère au poing cet été dans une bouquinerie. Je ne me souvenais pas que c'était aussi mauvais.
Marcel Dassault. Avionneur et fondateur de Jours de France.
Jean Cocteau. Lui, ça va.
Albert Camus. Lui, ça va.
Jacques Chaban-Delmas. Résistant. Maire de Bordeaux. Premier ministre.
Pierre Bérégovoy. Premier ministre de Mitterrand. Sorti du peuple. Dépressif. S'est suicidé.
Même score, Cher Eric. Grâce à des gens comme nous, la France ne sera jamais un peuple d'érudits - Dieu soit loué !
Bravo, Chatterton ! Et plein d'humour.
Cher Jean-Marc, nous avons mal lu, Colbert et Vauban y étaient. Je suis en train de combler une lacune importante, les mémoires du Cardinal de Bernis, un vrai plaisir.
En tant qu'Auvergnat, je suis tout de même vexé de l'ignorance chattertonnienne de Michel de l'Hospital. Mais le poète se rattrape en attribuant la fondation de la faculté d'Assas à l'auteur immortel de « À moi Auvergne ! ».
Les réponses de Chatterton sont géniales. Beaucoup plus amusant (et peut-être même beaucoup plus instructif) qu'une encyclopédie.
Il ne s'agit nullement d'apport mais d'iconographie.
10 décembre 2009, 03:29   Le sergent Triaire
Superbe Chatterton, as des as du test qui tue. Vous êtes bon pour le service. Vous pouvez vous rhabiller. Vous recevrez votre corps d'affectation cet après-midi. Suivant !
I C I

Au passage, et pour ce faire une idée de la manière qu'avaient ces Français de se dresser en affirmant leur identité face à l'"autre", sans craindre nul comparatisme, on lira cette petite correspondance d'un mousse à sa famille en France, qui lui décrit son séjour dans l'île de Formose, remplie de notes pertinentes et justes sur les autochtones:
I C I
Texte en ligne (en pdf) I C I

Extrait de l'introduction, rappelons que nous sommes en 1880 :


Le patriotisme, sans exclure le bien-être, ni les légitimes jouis-
sances, ni l'exercice des droits, commande avant tout l'accomplis-
sement du devoir et le sacrifice. Au lieu de la discorde et de la
haine entre citoyens, il prescrit la modération, le respect des opi-
nions et des croyances d'autrui, la paix.

L'histoire démontre avec la plus complète évidence que le
patriotisme seul a fait les grands peuples.

Aussi loin que nous puissions remonter dans le passé, nous
voyons que les nations puissantes ont été celles où chaque citoyen
était pénétré du sentiment de ses devoirs envers la patrie. La
décadence de la Grèce et de l'empire Romain n'a pas eu de cause
plus efficace que la diminution du patriotisme.

En des temps plus rapprochés du nôtre, ce même sentiment a
inspiré une foule d'actions héroïques.

Montagnards suisses luttant au moyen-âge contre les empereurs
d'Allemagne ou contre le puissant duc de Bourgogne, Charles le
Téméraire ; Hollandais conquérant leur indépendance à force d'hé-
roïsme, et faisant reculer devant leurs milices inexpérimentées
les troupes réputées invincibles de Philippe II ; Polonais vingt fois
écrasés et relevant vingt fois le drapeau de leur unité nationale ;
Américains arrachant à l'Angleterre, au prix de leur sang, une
paix qui leur donnait l'indépendance; Français, enfin, met-
tant quatorze armées sur pied pour résister à l'Europe conjurée.

Toutes ces grandes choses, l'amour de la patrie pouvait seul
permettre de les exécuter. Est-il donc rien de plus respectable
qu'un sentiment pareil, rien de plus sain qu'une passion qui dans
tous les temps et chez tous les peuples a fait accomplir des mira-
cles d'abnégation et de dévouement?

Il semblerait que tout le monde dût être d'accord sur ce point.
Il n'en est malheureusement pas ainsi. Certains hommes préfèrent
à l'amour de leur patrie, sentiment viril et source des dévoue-
monts sublimes, un sentiment nuageux et vague : l'amour de
l'humanité. Ils sont cosmopolites, c'est-à-dire citoyens du monde,
avant d'être Français, Anglais et Espagnols.

On peut se demander si l'heure est bien choisie pour professer
de pareilles maximes. Hélas! non. La fraternité des peuples est
un beau rêve, une chimère généreuse, digne de séduire quelques
nobles esprits ; mais les temps ne sont pas encore venus où l'hom-
me cessera de s'armer contre l'homme. Bien des années, bien des
siècles peut-être s'écouleront avant que l'humanité puisse goûter
tranquillement le bienfait de la paix universelle. Qu'on ne vienne
plus nous parler de la fraternité des peuples, à nous qui avons si
cruellement expié le tort de nous être laissé séduire par cette dan-
gereuse chimère !

Les désastres de la dernière guerre ont été pour nous une leçon
cruelle. Il nous appartient de la rendre salutaire. Aimons notre
patrie comme il convient de l'aimer, c'est-à-dire d'une affection
grave, virile, clairvoyante ; et nous serons alors un grand peuple,
avec lequel tout le monde devra compter.
Dugay-Trouin. Corsaire pour Louis XIV. Ou XV. Ou XVI. Immortalisé par les petites bandes dessinées en accordéon introduites comme primes dans les boîtes de La Vache qui rit au début des années 1970.

C'est à des anecdotes de ce genre que l'on peut constater que l'on a changé d'époque.
10 décembre 2009, 11:01   Quel quizz amusant !
Le Grand Condé : voir oraison funèbre de Bossuet. Sur un esquif qui menaçait de sombrer, rassura ses compagnons (tous sodomites) en leur rappelant qu'ils avaient tout à craindre du feu (la peine prévue pour ce penchant était le bûcher), mais rien de l'eau.

Michel de l'Hospital : chancelier de Catherine de Médicis. Inventeur de la séparation de l'église et de l'état grâce au premier édit de tolérance accordé aux protestants.

Richelieu : ministre de Louis XIII ou bien fondateur d'Odessa. Fut l'éminence du Père Joseph, ou bien "l'homme de France qui connaît le mieux la Crimée" (propos tenus lors de sa nomination comme chef du gouvernement de Louis XVIII).

La Pérouse : des archéologues méditent sur des ossements retrouvés à Vani Koro où il fit naufrage, et sur les restes d'un campement de fortune. A la veille de son exécution, Louis XVI demandait encore de ses nouvelles.

Sans notes, je me suis amusé à compter les noms qui ne me disaient rien (comme Bidault, Savorgnan de Brazza et quelques autres) : il y en avait 21.
Quelqu'un ici a dit que l'on a changé d'époque, d'autres de peuple. Vous savez cher Henri, à quoi cela se mesure ? Et bien au fait que de tous nos parents ou grands-parents nés avant 1939, dont la plupart, en fait de statut d'intellectuels, ne pouvaient guère s'enorgueillir de posséder pour bagage académique plus que le certificat d'études (c'est par exemple, le cas de ma mère, "à cause de la guerre"), la majeure partie étaient capables de vous rédiger une demi-page sur chacun de ces personnages, au pied-levé, vous récitant les dates les yeux fermés, comme s'ils les lisaient sur la face interne de leur os du front (c'est par exemple le cas de ma mère née en 1930). La nation France, et le peuple français, alors, existaient.
Une demi-page !? Au moins, au moins...

Ma grand-mère, née en 1928 d'un milieu des plus modeste, et qui a obtenu son certificat d'études, serait bien incapable d'une telle performance... et vous la feriez bien rire si elle apprenait que d'aucuns, à votre manière, font d'une telle ignorance le symptôme de la déchéance de la nation française ! Excusez une telle banalité, mais croyez-vous que le paysan poitevin du XVIIIe siècle était moins français que vous parce qu'il ignorait tout de l'Histoire naturelle, n'avait jamais entendu parler de Rameau, de Sedaine ni de Pixerécourt ? Soyons raisonnables, tout de même. Jamais la France n'a été un peuple d'intellectuels.

J'aurais même tendance à dire que cette idée - que tout le monde, que tout vrai Français, devrait être capable de citer au moins deux stances du Cid, ou que sais-je - a une origine purement démocratique et idéaliste. C'est jeter un peu vite aux orties le concept de classe culturelle dont on peut difficilement se passer, malgré les efforts qu'est dûment censée déployer la République pour réduire son influence. Croire que tous les hommes ont la capacité, ou le désir d'accéder à la Beauté est se fourvoyer (je ne dis pas, évidemment, qu'il ne faille pas, qu'on ne doive pas se fonder sur un tel postulat pour instaurer l'égalité des chances : mais déduire de l'incapacité réelle de tous les Français à écrire une demi-page sur les personnages en question, la faillite de la Nation dans son ensemble, c'est aller un peu vite en besogne).
"Croire que tous les hommes ont la capacité, ou le désir d'accéder à la Beauté est se fourvoyer."

Il n'est, pour s'en convaincre, que de visiter une "expo" parisienne.
Nous ne sommes pas sur la même longueur d'ondes du tout cher S. Bily. Les "paysans poitevins" (va pour les "paysans poitevins") du temps où TF1 ou Canal Plus n'existaient pas, avaient ces personnages, Barra, Du Guesclin, plus tard Guynemer, garnissant une iconographie mentale, avec le curé d'Ars et Saint-Martin et Saint-Vincent-de-Paul, acquise sur les bancs d'école ou au cathéchisme, icônes qui furent bien plus tard remplacées par Ardisson, Denizot ou Karl Zéro. Cette iconographie n'était nullement le signe d'une "vie intellectuelle", mais elle était là.

Dans le livre que j'ai mis en lien sur ce fil ("Panthéon, etc..") on voit, dans la guerre de 1870, un régiment de Dordogne qui vient combattre "les Bavarois" sur la Loire, à Chateaudun. Aucun des habitants de Chateaudun n'entend leurs chants, leurs exclamations qui sortent des poitrines "en patois". Pourtant, ils sont là, ces "paysans poitevins" puisque vous les nommez ainsi, prêts à verser leur sang pour les habitants de Chateaudun, ville qu'ils n'avaient jamais vue, dont la plupart ignoraient l'existence, pour ne rien dire de l'histoire. Quelle force intime les portait au combat ? Pour moi, c'est celle de quelqu'unes de ces icônes susnommées, qu'ils s'étaient appropriées, comme leurs ancêtres, après tout, s'étaient approprié saint Denis pour des fins semblables, et sans que cette appropriation ne relève chez eux, bien entendu, d'un quelconque intellectualisme.

Ce test n'est pas sérieux aujourd'hui, il va sans dire; je n'avais pas anticipé que l'un d'entre nous le prenne au pied de la lettre et à cet égard votre réaction me surprend un peu. Il a cependant l'intérêt de mettre en relief, disons, le passage du temps. Je maintiens que les jeunes gens qui, par exemple, prenaient les armes contre l'occupant entre 1940 et 1944, contre l'avis de leurs aînés, et quels que soient leur milieu, avaient en leur coeur (je ne dis pas "en l'esprit") le sentiment d'une identité nationale à perpétuer, et dont la grandeur s'incarnait en certains de ces personnages que je nomme, et dont ils connaissaient les hauts faits, l'aura, sinon l'exacte biographie.
Ce qui est gênant, cependant, cher Francis, dans votre liste dont j'entends bien qu'elle se veut drolatique, c'est le mélange des genres : que viennent faire Flaubert ou Cocteau, par exemple, comme références de coeur des Résistants de 40, j'entends pour ceux qui n'avaient pas quitté l'université pour le maquis ?
"Ce test n'est pas sérieux aujourd'hui" : ni aujourd'hui, ni même hier, serais-je tenté de dire. Au fond nous sommes tout-à-fait d'accord sur tout cela, Francis Marche. Non, ce qui me gênait un peu dans votre précédent propos, c'était cette phrase sur les titulaires du certificat d'études : " la majeure partie [d'entre eux] étaient capables de vous rédiger une demi-page sur chacun de ces personnages, au pied-levé, vous récitant les dates les yeux fermés, comme s'ils les lisaient sur la face interne de leur os du front (c'est par exemple le cas de ma mère née en 1930). La nation France, et le peuple français, alors, existaient."
Flaubert parce que toute personne capable de lire un livre avait lu, ne serait-ce que des extraits, Madame Bovary. Les taulards, les marins, avaient lu Madame Bovary. Madame Bovary, la Dame au Camélia, les Trois Mousquetaires, garnissaient les bibliothèques des prisons. Cocteau, parce que tout le monde connaissait, de vue, de réputation, le prince des poètes étique le pli au pantalon tiré comme un fil à plomb, qui décorait les chapelles provençales de son coup de crayon inimitable, tutoyait (enfin, "tutoyait", non, Cocteau ne tutoyait pas, il n'était pas Karl Zéro) les stars de Cinémonde et produisait des films où sa nature d'épouvantail grave, mythologique et pétrifié frappait les foules respectueuses et effrayait les jeunes enfants. On pouvait être parfaitement analphabète et reconnaître en Cocteau, quelqu'un.

(Tout à fait par ailleurs, Cocteau, en dépit d'être Jean Cocteau, était un authentique et très grand, très merveilleux poète)
En effet, mon cher Francis, votre test a cette vertu de rendre sensible le passage du temps, ainsi que l'oubli où sont tombées les images (vous parlez justement d'iconographie) qui faisaient la cohésion mentale d'un peuple. D'autres les ont remplacées qui n'assument pas cette fonction.
Merci, cher Henri de ramasser ainsi mon propos, qui en avait bien besoin, visiblement.

On a même oublié ce qui fait l'essentiel: le pouvoir des images, et le goût des images à pouvoir icônique, aujourd'hui absorbés par la télévision et le multimédia, existaient tout aussi fort quand ces instruments n'avaient pas encore été inventés: à l'école, au catéchisme, on récompensait les enfants méritant par des images. Les premiers livres d'histoire étaient des livres d'images. Et bien souvent, chez les "paysans poitevins" de S. Bily, il n'y aurait, de toute la vie, plus aucunes autres images que celles-là, données primitivement en nourriture à leur esprit d'enfant ou d'adolescent.

Pour moi, qui ne suis pas un ancêtre, Joffre est resté le type à képi rouge, à uniforme bleu horizon un peu boudinant, à grosse moustache, qui visite encore fièrement les soldats appuyés sur le bord des tranchées, leur casque pâle de la forme des chocolats de noël, dans la vignette de mon premier livre d'histoire, à quelque page de la fin du livre, qui coïncide pour le coup avec la fin de l'histoire. Il faut concevoir que, pour ceux dont l'essor intellectuel était stoppé au certificat d'études "à cause de la guerre" (et il y avait toujours des guerres !), Joffre, Du Guesclin, Guynemer, Dumont D'Urville, étaient les Harry Potter, Goldorak, Laura Croft (Jeanne d'Arc), et qui sais-je, des héros de la sous-culture médiatique d'aujourd'hui.
10 décembre 2009, 20:24   Querelle de Brest
Pour ma part, je suis assez de l'avis de Francis : la liste, à quelques exceptions près, me paraît devoir correspondre à ce que beaucoup d'écoliers savaient.

J'ai essayé de répartir cela en deux listes, l'une qui me semble effectivement correspondre à notre "in-conscient national", l'autre étant composée de noms à mon sens moins connus.

Les personnages à mon sens connus des écoliers sont en caractères habituels, ceux inconnus sont en gras (c'est une opinion). Je n'ai pas pris en compte les personnages récents :

Suger, Joinville, Bertrand du Guesclin, le chevalier Bayart, l'Hospital, Coligny, Sully, Jacques Coeur, Richelieu, Turenne, Duquesne, Colbert, le Grand Condé, Vauban, Jean Bart, Dugay-Trouin, Turgot, Bougainville, le Marquis de Montcalm, Duplex, Lapérouse, Kleber, Hoche, Desaix, Barra, Le Chevalier d'Assas, le sergent Triaire, l'Amiral Courbet, le Curé d'Ars, Savorgnan de Brazza, Lazare Carnot, Dumont d'Urville, Roger Salengro, Jean Jaurès, Georges Clémenceau, Louise Michel, Gustave Flaubert, Arthur Rimbaud, Guynemer, Gabriel Fauré, Marie Curie


Remplacez Suger par Buridan, mettez un peu moins de marins et quelques généraux (Maurice de Saxe, par exemple), et vous aurez une liste que tout le monde aurait connue.
10 décembre 2009, 20:32   Le grand Ferré
Et le grand Ferré de la guerre de Cent ans alors ? Je ne l'ai jamais oublié (moi qui ne suis pas plus ancêtre que Francis (et même un peu moins, crois-je.))
« Pour moi, qui ne suis pas un ancêtre,[...] »

Prouvez-le !
L'amiral Courbet, connu des écoliers ???? Il m'est familier de longue date, ne serait-ce que par son monument près du Ney de Rude et face au Crous. Mais il me semble tout de même un des plus obscurs du lot, nonobstant les jonques tonkinoises. Les vingt-et-un inconnus d'Henri Bès m'étonnent beaucoup.
11 décembre 2009, 09:59   En gras, Courbet !
Bien cher Maître,

C'est pour cela qu'il est en gras : les personnages en gras sont pour moi les moins connus, et sont largement maritimes (sauf Turgot, à une lettre près).
11 décembre 2009, 10:46   Laënnec
Ah oui, pardon, j'avais pris la chose à l'envers. Vous avez raison : les marins sont ceux qui sont le plus sortis de l'imaginaire collectif. J'avoue que je distingue mal Duquesne de Dugay-Trouin. Encore heureux qu'il n'y ait pas Tourville ! J'imagine que leur popularité (onomastique) date d'une époque où la France n'avait pas encore tout à fait renoncé à être une puissance maritime.

Quelqu'un aurait-il souvenir (comme moi) d'un gros livre qui s'appelait Cent Grandes Figures françaises ? Il m'a durablement marqué (on y voyait Laënnec inventer le... le... le quoi, le stétoscope ?, en buttant sur une poutre que gratouillaient deux enfants.
Utilisateur anonyme
11 décembre 2009, 11:11   Re : Laënnec
ICI (cf aux trois quart de hauteur de la page).


Suger, personnage considérable, régent de France surnommé par Louis VII le Père de la Patrie.
11 décembre 2009, 13:42   Francis le Moko
Je crois que cette attirance maritime tient au fait que Francis est sans doute de Toulon (il nous parle beaucoup du Var).
11 décembre 2009, 13:43   Suger et Joinville
Bien cher Florentin,


Sans méconnaître les qualités de Suger (et le fait que les kebabs aient aussi agi pour sa réputation, vu le quartier dans lequel la rue Suger se trouve), je pense que Joinville était connu des écoliers grâce à Saint Louis.
11 décembre 2009, 13:51   Amiraux
Il y en a de plus connus que d'autres : prenez Darlan ou de Grasse, je les pense réputés.

Vous noterez que Francis, qui nous bombarde d'amiraux, a été méchant avec moi : le seul amiral à avoir eu notoirement des moeurs intéressantes, à savoir Joyeuse, n'est pas cité.

Vous noterez que les amiraux avaient de forts jolis surnoms :

Darlan = Slow zob
D’Harcourt = Short Zob
D’Arvieux = Old Zob
Dard = Tout court
Villecourt = Zob le bref
Villevieille = Pine l’ancien / zob l’antique
Tutenuit = Ote ta main d’ta poche
Montrelay = Fais les voir / Chiche !
Gempp = J’peux pas
Decoux = Pan pan
Lestapis = Ne te b…. pas
Pinelli = Tout un programme
Serbource-Goguel = Pince-couilles

Dans un autre registre, comme vous êtes angliciste :

Turquet de Beauregard = Dindonneau du bel œil
11 décembre 2009, 14:00   Re : Suger et Joinville
A ce propos, j'ai revu "Fanfan la tulipe" un film que j'avais admiré dans mon adolescence. Je l'ai revu avec plaisir. Il me semble qu'il dégage quelque chose de très français : de la gentillesse, de l'enjouement, de la joliesse, du panache, de la "gynophilie", ainsi qu'une satire légère et spirituelle de la monarchie sous Louis XV . Le meilleur du cinéma populaire.
Utilisateur anonyme
11 décembre 2009, 15:23   Gérard Philipe
"Fanfan la tulipe" est toujours un film culte dans de nombreux pays du monde, notamment en Russie.
Merci des 100 Grandes Figures, Grippe. Je crois que je vais craquer.
12 décembre 2009, 00:28   100 Grandes Figures
Mon Dieu ! j'ai lu ce livre !
14 février 2010, 00:50   Re : 100 Grandes Figures
"M. Julien Benda a écrit une Esquisse de l'histoire des Français dans leur volonté d'être une nation pour démontrer que la France s'est faite toute seule, qu'elle est parce qu'elle a voulu être, que ses gouvernements, ses politiques n'ont été que les instruments de cette volonté, et, par voie de corollaire, que, si elle cessait de persévérer dans l'être, il n'y aurait ni héros, ni institutions capables de la sauver.

Presque toutes les pages de ce livre nous ont fait penser à un fait historique peu connu que nous tenons de Victor Bérard, mort sénateur du Jura, radical et jacobin comme on sait. Victor Bérard, qui savait le passé, nous apprenait un jour que, longtemps, les Francs-Comtois s'étaient fait enterrer face contre terre pour protester contre la réunion de leur pays à la France. A la longue, il n'en était resté qu'une sorte de rite dont le sens originel avait été oublié.

C'est évidemment une des choses qui manquent à la thèse de M. Julien Benda. Si les hommes qui composent aujourd'hui le peuple français avaient été animés de la volonté de vivre ensemble et si celle volonté suffisait à expliquer la formation de l'unité française, pourquoi aurait-il fallu recourir à des "réunions" dont quelques-unes sont encore blâmées ? Comment expliquer que Lille soit le chef-lieu d'un département, et que les Liégeois, dont les sentiments français s'étaient si souvent affirmés au cours de l'histoire, soient restés de l'autre côté d'une frontière qui enregistre les résultats de longs conflits politiques ? Les Liégeois, aujourd'hui "veulent-ils" être autre chose que ce qu'ils sont ?

A moins qu'il n'y ait eu, chez les Belges aussi, la volonté d'être une nation et que la Flandre, dont une portion est devenue française, n'ait été partagée entre ces deux volontés. Tout cela ressemblerait beaucoup à de la mythologie. Mais l' "esquisse" de M. Julien Benda "transcende" l'histoire à tel point qu'elle en devient un miracle d'insensibilité. C'est bien le contraire de Michelet. Cependant la connaissance la plus élémentaire du passé enseigne que les Français ont peiné, souffert pour devenir une nation. S'ils cessaient de vouloir en être une, est-ce que le prix n'aurait pas été trop élevé ?"

Jacques Bainville - Lectures (1932)
14 février 2010, 09:48   Re : Amiraux
Vous savez que nous avons à Toulon, dressé sur le quai de la rade, qui pointe le large (l'Algérie, donc) d'un doigt défiant et comme accusateur, un apollon musculeux, à la fesse de bronze nerveuse comme celle d'un cheval, aux muscles des mollets outre-saillants, un certain Cuverville vert-de-grisant dans l'air marin qui, le dos ainsi tourné à la cité que Bonaparte empêcha d'être anglaise par sa batterie des Hommes-sans-peur, porte magnifiquement son nom.

C'est non loin de là, aux plages et abris en eaux profondes du Mourillon que s'embarqua, sous Charles X, une véritable armada, la première ayant pour mission d'aller apprendre aux Barbaresques d'outre-méditerranée, les bonnes manières en matière de commerce et de civilisation.

A propos de ce qui devait rester dans l'histoire comme l'Expédition d'Alger du 25 mai 1830 et la plaque commémorative du Mourillon, lire par exemple, cet article, paru dans un bulletin de la LDH locale, soit une émanation de la franc-maçonnerie de cette région, qui rend compte de la manifestation qui s'est tenue sur ce site en 2006.I C I
Il manque un Suffren, amiral que même les Anglais classent parmi les plus grands marins de tous les temps ! (et que les marins, les chevaliers de Malte et les membres de la famille prononcent "suffrin" et non "suffrène", comme les incultes du 7e).
Utilisateur anonyme
14 février 2010, 15:06   Re : Identité nationale: le crible des hommes et femmes illustres
Comme Jean-Marie le Pin.
Utilisateur anonyme
23 juillet 2010, 10:30   Re : Identité nationale: le crible des hommes et femmes illustres
Une jolie petite charade pour replonger dans l’histoire :

Mon premier sert à faire l’amour
Mon deuxième est un jeu
Mon tout est un Général
Je connais quatre solutions :

- La Motte Piquet
- Condé

- Pinochet
- Vagin-jeton (Washington)
23 juillet 2010, 11:42   Si Diane il y a
Mon premier est à voile et à vapeur
Mon second a mal entendu
On peut, parait-il, si mon troisième est là
Mon quatrième est sans appareil
Mon tout ne bizute pas.
Bravo. Renversant. Si vous existez, Diane, croyez-m'en tout vagin-jetonné, comme au premier jour de ma vie.
23 juillet 2010, 14:22   Le crible
"Mais ce qu'on appelle expérience n'est que la révélation à nos propres yeux d'un trait de notre caractère qui naturellement reparait, et reparait d'autant plus fortement que nous l'avons déjà mis en lumière pour nous-mêmes une fois, de sorte que, le mouvement qui nous avait guidé la première fois se trouve renforcé par toutes les suggestions du souvenir. Le plagiat humain auquel il est difficile d'échapper, pour les individus (et même pour les peuples qui persévèrent dans leurs fautes et vont les aggravant), c'est le plagiat de soi-même."

Oncle Marcel.
Et Gaule-Dé, Diane a oublié le général Gaule-Dé , z'y va eh.
Je propose de remplacer l'expression la langue de Molière par la langue de Marcel.
Utilisateur anonyme
23 juillet 2010, 17:56   Re :
Fanfan La Tulipe est le type même du film convenu de cap et d'épée. Mortellement ennuyeux.
Lui reprocheriez-vous, bien cher Côme, de ne pas faire assez de place aux acteurs issus de la diversité ?
Utilisateur anonyme
25 juillet 2010, 23:23   Re : Identité nationale: le crible des hommes et femmes illustres
Certes pas, cher Jean-Marc. Je lui reproche d'être convenu en se cantonnant dans un genre pauvre qui ne connaît que trois modalités : une scène d'amour, une scène de passe d'armes, une scène de cavalcade, dans le désordre et dans l'ordre ad nauseum jusqu'à une fin évidemment heureuse : un gros bisous entre le héros et l'héroïne. C'est ennuyeux comme un western classique. Quant à Gérard Philippe, il était tellement meilleur lorsqu'il jouait des drames.
Alors, là, cher Côme, je ne suis pas, mais alors pas du tout, d'accord avec vous, s'agissant de Fanfan La Tulipe ou de Gérard Philippe. Je persiste dans l'opinion que j'ai émise plus haut dans le fil.


"Lui reprocheriez-vous, bien cher Côme, de ne pas faire assez de place aux acteurs issus de la diversité ?"

Votre remarque, cher Jean-Marc, mérite réflexion, non au sujet de Fanfan la Tulipe, mais d'un spectacle que j'ai regardé hier soir sur Mezzo. Il s'agissait d'un gala donné à Lyon, il y a deux ans, par les ballets russes. J'y ai découvert une troupe de danseurs et de danseuses magnifiques largement du niveau de ceux de l'opéra de Paris , mais surtout un danseur absolument extraordinaire, supérieur encore, à mon avis, au meilleur Noureev , dont il a la panache et le brio mais en plus aérien . Je n'ai jamais vu de danseur de ce niveau. Or il est passé , et l'évènement avec, absolument inaperçu et pas un média ne s'est intéressé à lui ( quant au public de Lyon, au lieu de réserver une ovation à ce danseur, il s'est contenté d'applaudissements juste au-dessus du poli ). Je me suis aussitôt demandé ce qui expliquait ce désintérêt des médias. Sont-ils obsédés à ce point par la " diversité" pour ne plus voir les merveilles occidentales qu'ils ont sous les yeux ?
26 juillet 2010, 11:47   Le temps d'un soupir
Etes-vous au courant, bien cher Côme, du drame familial de Gérard Philipe ?
Utilisateur anonyme
26 juillet 2010, 13:00   Re : Le temps d'un soupir
Vous voulez parler des engagements politiques du père, cher Jean-Marc ? Il semble que le fils était aussi "entier" dans ses convictions de l'autre bord, soit communistes en l'occurrence, et que celles-ci l'ont amené à refuser de serrer la main à M. Camus (non pas Renaud qui n'était alors qu'un aimable marmot), sauf erreur après la parution de L'homme révolté. Beau, beau et ....., comme disait Brel.
Utilisateur anonyme
26 juillet 2010, 13:11   Re : Ballet et Fanfan
Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette troupe de ballet, chère Cassandre ? Je ne dispose pas de Mezzo, mais j'aimerais bien pouvoir visionner ce spectacle ou un extrait de celui-ci, peut-être sur Youtube ou ailleurs. Quant à mon appréciation de Fanfan, que j'ai également revu récemment, peut-être étais-je dans un mauvais jour ou bien ne suis-je, en tant que critique, qu'un cheval de l'un de ces carrosses qui s'écrasent à l'avant-dernière scène du film !
Heureusement qu'il y a Mezzo, le reste est plutôt pauvre. Je constate que plus il y a de chaines, moins on a le choix.
Cela n'est pas dû au nombre de chaînes, cher Florentin, bien entendu, mais au monopole de Canal+, qui a racheté TPS et supprimé ce qu'il considére comme des doublons...
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