Il est très bien, cet article du Monde. Ces gens donneraient des leçons de propagande à la Pravda.
Dans le papier original de l'Obs, le sondage commandé à l'Observatoire LH2 est présenté ainsi (je résume) :
• Une majorité de Français (55%) juge le débat "pas nécessaire"
• 40% pensent le contraire (débat nécessaire)
(et donc 5% ne pensent rien).
Par ailleurs :
• 42% pensent que ce débat public prend actuellement une tournure "plutôt négative"
• 9% décèlent une tournure positive.
• 44% estiment qu'elle n'est ni positive, ni négative.
(et donc 5% ne pensent rien).
Conclusion personnelle : NEUTRALITÉ AXIOLOGIQUE DE 44 % (SOIT UNE MAJORITÉ RELATIVE) DES SONDÉS. MAJORITÉ ABSOLUE (44 + 9 = 53 %) DES SONDÉS SANS INQUIÉTUDE SUR LA TOURNURE DU DÉBAT (QUI TOURNE BIEN OU NE TOURNE NI BIEN NI MAL).
Dans Le Monde, cela devient :
• « seulement 40 % des Français considèrent que le débat sur l'identité nationale souhaité par le Nicolas Sarkozy est "tout à fait" ou "plutôt nécessaire"... »
=> On insiste bien sur la minorité des partisans du débat, c'est de bonne guerre (ils sont effectivement en minorité). Mais on a oublié d'indiquer le pourcentage de ceux qui ne pensent rien, et par conséquent le lecteur est amené à surévaluer le pourcentage de ceux qui jugent le débat "pas nécessaire" (un lecteur naïf ou distrait pourrait penser qu'ils sont 60 %).
• « ... et, de façon plus tranchée, 42 % des personnes interrogées jugent qu'il a pris une tournure "plutôt négative". »
=> On a l'air de dire que parmi la majorité qui trouve le débat pas nécessaire (60 % ?), 42 % se montrent virulents ("de façon plus tranchée"), et trouvent que le débat prend une tournure "plutôt négative", ce qui constituerait à l'évidence une validation par l'opinion publique de l'argumentaire de la veine "débats nauséabonds", "périodes les plus noires" et autres "boîtes de Pandore". C'est la technique de l'entonnoir, en somme. Une majorité (non spécifiée) trouve que c'était une mauvaise idée ; et dans cette majorité, 42 % trouvent carrément que ça commence à sentir mauvais. Seulement ici, on est dans la désinformation pure et simple, parce que, en face des 42 % de bien-pensants qui pensent que ça sent mauvais, ils sont 44 % à ne rien penser de la sorte.
Et Le Monde finit sur le faible chiffre de ceux qui trouvent que ça sent bon (en se trompant sur le chiffre, du reste, les 9 % deviennent 14 % parce que le journaliste a encore oublié les 5 % qui ne pensent rien).
C'est bien joué. C'est de l'excellente propagande.