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Peut-on penser l'immigration en termes de coût et bénéfice ?

Envoyé par Antoine de Falveras 
C'est demain soir dans l'émission Du Grain à moudre, sur France Culture. Avec Michèle Tribalat, à 18h20.
Michèle Tribalat vient de publier un livre sur l'immigration : Les yeux grands fermés.

Voici le quatrième de couverture :

Un regard sans tabous ni idéologie sur la question ultrasensible de l immigration en France.


L immigration étrangère est généralement présentée comme ayant un effet positif sur l économie. Elle serait nécessaire pour favoriser la croissance, occuper les emplois dont les Français ne veulent plus, pallier le vieillissement, alléger la charge des inactifs et payer les retraites. Ces arguments sont devenus des postulats au nom desquels les organisations internationales et communautaires, les ONG, la plupart des médias font pression en faveur d une libéralisation accrue de la politique migratoire. L économie et les bons sentiments marcheraient main dans la main.
Du même coup l impact global, économique et humain de l immigration n est plus étudié. Les rares études françaises sur la question sont prudemment étouffées, y compris par leurs commanditaires. L impact sur le peuplement des territoires, en particulier, n est guère étudié, car il risque de révéler l ampleur de bouleversements dont il faudrait bien finir par parler et qui pourraient conforter les réticences à la politique du fait accompli.
Pourtant, en dehors de l Hexagone, les débats scientifiques sont vifs, aux États-Unis notamment. Les études réalisées sur l impact économique, en termes de production de richesses, de répartition, d emploi et de finances publiques ne confortent pas le postulat français d une contribution indispensable de l immigration. Mais l écho de ces débats n a guère franchi nos frontières.
En France, les inquiets sont désavoués, suspectés au mieux d ignorance, au pire de racisme. Dans cet ouvrage, Michèle Tribalat apporte des éléments de connaissance le plus souvent évités. Évoquant les aspects bénéfiques mais aussi négatifs, elle dresse un tableau objectif du phénomène et démontre que le débat sur l immigration ne se résume pas à une affaire de bons sentiments.
Biographie de l'auteur
Michèle Tribalat est démographe. Elle est directrice de recherche à l Institut national d études démographiques (INED). Elle a publié depuis quinze ans de nombreux ouvrages, depuis Faire France : une grande enquête sur les immigrés et leurs enfants (La Découverte, 1995) jusqu à La République et l'islam : entre crainte et aveuglement (avec Jeanne-Hélène Kaltenbach, Gallimard, 2002).
Dans un entretien que Michèle Tribalat avait accordé à Riposte Laïque en 2009, on apprend que "Les Yeux grands fermés" devait être le titre d'un précédent ouvrage de la démographe au sujet de l'islam, qui s'est finalement intitulé "La République et l’Islam, entre crainte et aveuglement".

Entretien avec Michèle Tribalat
18 mars 2010, 13:13   Tribalat
Vous avez intitulé votre livre Les Yeux grands fermés. Pourquoi?

Ce titre suggère que l'on s'évertue à ne pas voir. Attitude qui concerne les flux migratoires, mais aussi les populations immigrées et leurs descendants. En matière de flux migratoires, les seules informations dont dispose la France portent sur les entrées d'étrangers en provenance d'un pays hors de l'Espace économique européen [EEE]. Nous ne disposons d'aucun chiffre sur leurs sorties. Et nous ignorons tout autant les entrées et sorties de Français ou d'Européens de l'EEE. De la même manière, nous sommes dans l'incapacité de connaître le niveau éducatif des arrivants sur une base régulière. Le chiffre le plus couramment avancé pour parler d'immigration est celui du solde migratoire, qui est censé faire la balance entre toutes les entrées et toutes les sorties et qui provient d'une estimation "au doigt mouillé". Il a l'avantage d'être de petite taille par rapport au flux d'entrées d'étrangers, dont on parle ainsi de manière indirecte.

Par quel moyen serait-il possible d'établir une estimation plus rigoureuse?

Les pays du nord de l'Europe disposent de bons registres de population. C'est un système coûteux à mettre en place et pas forcément très populaire. La question a été débattue au Royaume-Uni, où l'estimation des flux est fondée sur une enquête aux frontières jugée insatisfaisante. Le coût de l'opération, notamment, semble dissuasif. A la question des flux s'ajoute celle de la mesure et de l'étude des populations d'origine étrangère. Si l'on fait la comparaison avec les pays du nord de l'Europe, dans lesquels l'immigration étrangère est un phénomène beaucoup plus récent, de faibles efforts ont été réalisés en France, et très tardivement. Les outils utiles ne sont pas forcément développés comme ils devraient l'être. L'accessibilité des données, lorsqu'elles existent, est réduite. Prenons un exemple: un rapport du Conseil d'analyse économique [CAE] sur l'impact économique de l'immigration, rédigé par Gilles Saint-Paul, a été remis en mai 2009 à Eric Besson dans le silence le plus complet. Cette étude comporte un texte sur l'évolution des concentrations "ethniques" en France dont la date la plus récente est... 1990! Parallèlement, Bernard Aubry et moi-même avons publié une évolution des concentrations entre 1968 et 2005, sans beaucoup plus d'écho, à partir d'un fichier nommé Saphir (ici en pdf), développé par Bernard Aubry à l'Insee Alsace. Qui connaît l'existence du fichier Saphir en France?

On chercherait donc à rassurer les Français en leur cachant les vrais chiffres de l'immigration?

Pouvoirs publics, médias, experts n'inventent pas des chiffres, mais ils privilégient les instruments qui relativisent l'immigration et présentent ses effets sous un jour favorable ou, lorsque ce n'est pas possible, qui mettent les immigrés ou leurs descendants en position de victimes. Dans notre pays, on semble plus préoccupé par l'effet de l'information que l'on diffuse que par la réalité qu'elle recouvre. Un climat antiraciste joue, qui incite à la prudence: on cherche à éviter d'alimenter les craintes des Français et à améliorer leur opinion sur l'immigration. Dans notre époque mondialisée, l'immigration apparaît comme une fatalité. Autant la présenter sous un jour favorable.
Pourtant l'immigration est, selon de nombreux observateurs, utile à notre économie?
C'est ce que l'on nous martèle de tous côtés, mais je n'ai pas lu beaucoup d'études traitant de la question en France. Cette insistance contraste avec le silence assourdissant qui a accueilli le rapport du CAE, silence qui montre le peu d'intérêt pour la réalité, ou tout au moins pour un diagnostic éclairé. Et les études qui sont disponibles, souvent réalisées aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, ne mettent pas en avant une augmentation décisive du produit intérieur brut [PIB] par habitant due à l'immigration. Que le PIB s'accroisse avec le nombre de travailleurs (au moins en période de croissance) n'est pas une grande nouvelle. Mais très peu semble revenir aux natifs et aux immigrés déjà présents.

La suite ici
18 mars 2010, 19:00   Quelle déception !
Michèle Tribalat complètement atone face à une idéologue délirante. Incompréhensible !
Pas tout à fait de votre avis, Antoine. Mme. Tribalat m'a semblé très claire et m'a paru faire entendre ses idées. Le dernier mot a été, en effet, pour l'idéologue, mais c'est pour dire qu'on ne pouvait pas faire confiance aux opinions publiques... Le masque est tombé.
Très claire, oui, peut-être, mais avouez qu'elle n'a pas dit grand-chose. Il a longuement été fait état de problèmes de spécialistes des statistiques, ce qui est un point évidemment nécessaire au débat, mais pas suffisant. N'y avait-il rien à répondre à ce discours halluciné qui, comme vous le faites remarquer, a éclaté à la fin de l'émission en une fusée très éclairante, trop ? Je reste sur ma faim.
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