L'article, Rogemi, est intéressant, mais il tourne autour du Pape, et je crois que le Pape n'est pas le fond du problème, bien au contraire. On cherche à l'atteindre comme la personne la plus éminente de l'institution, cela va de soi. De plus, étant donné ses positions doctrinales, il est une cible idéale. Je crois, Didier, qu'une « poussée névrotiquement répétitive de la "haine de soi" », même si ce facteur muraysien existe certainement, ne suffit pas à expliquer le phénomène – et il est inutile, à mon avis, Ostinato, malheureusement, de se consoler avec quelques cérémonies de baptème ici et là. Le fait est qu'il n'y a plus grand monde pour défendre l'Église (on me démontrera le contraire par des exemples épars), et que les églises se vident ostensiblement, et les prêtres sont importés de pays en voie de développement, tout heureux de l'occasion qui se présente à eux (surtout en un pays comme le mien, où ils sont payés par l'État).
Mon idée est la suivante. En dépit des efforts de son représentant le plus éminent, l'Église ne remplit plus sa mission. Regardez autour de vous : la religion catholique se confond désormais avec une morale. Dernière manifestation en date : remise en cause de la possibilité de recourir à l'avortement ; il y a eu l'histoire du préservatif, etc., etc. Les chaires de théologie se muent en chaire d'éthique. Quoi de plus normal, dans ces circonstances, que l'on tente par tous les moyens de prendre l'Église à son propre jeu de parangon de la morale ! Or la morale ne suffit pas au religieux, tant s'en faut (et pour ceux à qui elle suffit, l'islam remplit mieux cette fonction). Ceux qui, comme moi, ont déserté les églises au moment où l'esthétique elle-même les a fuies sont toujours étonnés, lors des cérémonies auxquelles on ne peut socialement se dérober, de la laideur des rites actuels. Et ceux qui pratiquent un peu les textes anciens le voient sans doute, je suppose : la figure du Christ est méconnaissable, et tout simplement inintéressante, telle qu'elle est présentée actuellement. Ce qui manque ? La mystique, au lieu de leçons de déontologie. Mais c'est une veille histoire...