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l'Eglise n'est pas une communauté de « parfaits »

Envoyé par Gérard Rogemi 
Très pertinent. A lire


Pédophilie : l'Eglise n'est pas une communauté de « parfaits »

Par Patrick Kéchichian | Ecrivain et critique littéraire | 04/04/2010

Les révélations en cascades sur les affaires de pédophilie un peu partout dans le monde, et cette semaine encore en France, donnent lieu à un certain traitement par la presse -ou une partie de la presse.

De multiples affaires, en des lieux différents, à des dates diverses, à divers degrés de gravité, deviennent, sur le mode journalistique du feuilleton, UNE affaire : celle de la pédophilie dans l'Eglise catholique. Ce traitement est-il mesuré ? Prend-il en compte l'ensemble des données ? Fait-il justice à une réalité multiple ? Ecoute-t-on de la même oreille tous les protagonistes ? Assurément non.

A partir de ces affaires, beaucoup de commentateurs, relayés par des caricaturistes, ont-ils émis des jugements outrageants et péremptoires ? En ont-ils tiré des conclusions définitivement négatives sur l'Eglise catholique et sur son chef, le pape ? Assurément oui. Il ne s'agit pas de pointer les manquements ou les fautes de la presse en général : ce serait faire, en miroir, la même chose qu'elle : UNE affaire.

Il s'agit simplement, par la parole, une parole claire et mesurée, forte au milieu des invectives et des amalgames, d'en appeler à la vérité. C'est le sens de ce texte volontairement bref [l'« Appel à la vérité », ndlr] qui ne glose pas, qui dit en peu de mots, non pas l'appartenance à un parti, à une corporation, mais une confiance dans la foi et l'amour.

Ce ne sont pas les victimes qui crient le plus fort

Ce n'est pas à une institution que nous adhérons. De celle-là et de ses prêtres, nous savons bien la faillibilité, le péché. C'est à la foi et à l'amour dont l'Eglise, à nos yeux, est et demeure, par le Christ, la dépositaire.

Dire cette foi et cet amour à l'instant même ou s'affirme le scandale de la pédophilie -du non-amour absolu- et l'indignité de certains ecclésiastiques, est le défi que nous devons, dans la douleur, dans la compassion, mais pas dans le doute, relever.

Remarquons-le : ce ne sont pas les victimes qui crient le plus fort. Elles, elles demandent légitimement justice et réparation. Les cris et les invectives viennent d'ailleurs, de ceux qui s'improvisent accusateurs publics et rêvent de faire eux-mêmes justice.

Qualifier le procès d'expéditif est un euphémisme : on décrète une culpabilité forcément collective, conséquence directe de l'organisation hiérarchique de l'institution ecclésiale.

Mais dénoncer ces amalgames et cette négativité ne suffit pas. Il faut encore donner de la voix, ne pas la laisser recouvrir par la rumeur, la malveillance systématique, la brutale moquerie, l'appel au lynchage. Et en même temps, il faut refuser de se retrancher, loin de la plainte et de la souffrance des victimes, derrière les hauts murs d'une forteresse assiégée…

Car quoi qu'on dise, quoi qu'on répète à l'envi, l'Eglise est ouverte sur le monde, elle est à son écoute, plus qu'aucune autre institution humaine. Ses règles et ses lois, sa tradition, ne visent pas au maintien de quelque hégémonie ou pouvoir qui s'exercerait en sa propre faveur.

Conformément à l'enseignement de saint Paul, c'est sa faiblesse même qui est sa force. De même, elle ne prétend pas, sur le plan humain, à un savoir absolu, mais en revanche, elle sait que sa vocation est entièrement tournée vers le Bien, pas le sien mais celui de l'homme.

La comparaison avec l'antisémitisme n'est pas la position de l'Eglise

Elle sait sur quelle pierre elle est bâtie, selon quelle Révélation et selon quelle parole de vérité elle vit et agit. Cette vie et cette action ne sont pas à l'abri du Mal, sous toutes ses formes.

Pas non plus à l'abri des paroles hâtives, comme celle de ce prédicateur de la Maison pontificale, établissant un désolant parallèle entre les attaques contre l'Eglise dans les affaires de pédophilie et l'antisémitisme, dans son homélie lors de la messe de la Passion.

Depuis, le Vatican a précisé que ces paroles ne pouvaient en aucun cas définir la position de l'Eglise et l'auteur de ces paroles, le père Catalamessa, s'est excusé. Mais les lois de l'emballement médiatique sont rudes, intangibles : on retiendra à charge le faux-pas et on oubliera les mises au point…

Ce qu'on nomme la « sainteté » de l'Eglise se manifeste, comme le soulignait le père Varillon, en ceci qu'elle ne redoute pas d'être souillée par le contact des pécheurs. « Si elle les fuyait, si elle tendait à se constituer, loin d'eux, en communauté des prédestinés, elle ressemblerait plus aux Pharisiens qu'à Celui qui, pour cela même, les fustigea. »

L'Eglise n'est ni aveugle, ni naïve

Appartenir à l'Eglise du Christ, c'est savoir (apprendre) que cette Eglise n'est pas une communauté de « parfaits ». Et que d'ailleurs, elle ne s'est jamais prétendue telle.

L'Eglise est donc cet espace où le mal, en tous ses visages, en tous ses masques, est repéré, connu, reconnu, condamné. Le silence qui a pu prévaloir, en certains lieux, à certains moments, ce silence qui est si violemment et si clairement récusé par le pape (et par les évêques de France), contredit cette connaissance. De grâce, que l'on fasse crédit à l'Eglise de n'être ni sotte ni naïve, ni aveugle !

Patrick Kéchichian a signé cet « appel à la vérité », un texte « d'intellectuels, journalistes, artistes et personnalités de la société civile, chrétiens ou non chrétiens » invitant les médias à un traitement plus déontologique des affaires de pédophilie au sein de l'Eglise catholique.


La source i c i
Je pense que si l'Église parlait de Dieu plutôt que de morale, les journaleux n'auraient aucun plaisir à la prendre à son propre jeu, et à la voir s'emberlificoter en excuses insensées... Veille histoire, sans doute aussi veille que l'Église elle-même... Malheureusement, en son sein, on a toujours préféré les censeurs plutôt que les mystiques...
Voici un extrait d'article de Christian Authier sur ce sujet brûlant !

[www.lopinion.com]


POLITIQUE
Tartuffe chasse les pédophiles

L’église cathodique traque les pédophiles au Vatican et sur Internet. La protection de l’enfance et des bonnes mœurs fonctionne à plein régime…

Cette année, les liturgies pascales ont baigné dans un climat assez lourd. Alors qu’en Orient, au Moyen-Orient ou en Afrique, les conditions d’existence des minorités chrétiennes sont de plus en plus difficiles (quand elles ne tournent pas au massacre : environ 500 chrétiens ont été assassinés en mars au Nigeria où est appliquée la charia), c’est autour des polémiques sur les cas de pédophilie dans l’Eglise catholique que s’est focalisée l’attention mondiale.
Bûcher médiatique


Sur un mélange de faits avérés (souvent anciens et dont certains remontent à 1950), de soupçons et d’accusations non étayées (on peut appeler cela «rumeurs»), la dénonciation des abus commis sur des mineurs par des religieux s’est métamorphosée en procès de l’Eglise catholique et en véritable chasse au Pape. En Europe, et en particulier en France, un bûcher médiatique a été dressé, ravivant un vieux fond d’anticléricalisme et d’anticatholicisme qui ne demandait qu’à s’enflammer. Il suffisait alors d’ouvrir un journal pour se rendre compte que la délectation n’était pas feinte. Aucune autre religion ne serait attaquée avec une telle violence et un tel acharnement en démocratie. On peut d’ailleurs profiter de l’occasion pour saluer l’intégrité morale absolue des représentants de ces autres religions puisqu’elles n’ont jamais été mêlées à ce type d’affaires. Un vrai miracle.

Evidemment, Benoît XVI fut le bouc émissaire de cette vaste opération au cours de laquelle de nombreuses voix en appelèrent à sa «démission» – concept assez amusant qui confond le Pape avec un responsable de parti politique ou d’association. «Faut-il changer de pape ?», s’interrogeait de son côté Libération à la veille de Pâques – la réponse était évidemment «Oui» – tout en étant obligé de reconnaître à propos de Joseph Ratzinger : «aucun autre pape n’avait été aussi loin dans la dénonciation de la pédophilie dans l’Eglise.» Dès 2005, alors cardinal, il avait dénoncé dans des termes très durs les abus sexuels commis au sein de l’Eglise. Par la suite, il rencontra des victimes, exprima publiquement sa «honte» et exhorta le clergé à collaborer avec les autorités judiciaires en cas d’affaires de pédophilie… Récemment encore, son attitude face aux abus commis par certains membres de l’Eglise d’Irlande fut d’une fermeté absolue.

Décidément, si l’Eglise et le Pape avaient voulu «étouffer» ou «relativiser» ces affaires, elles n’auraient pas pu plus mal s’y prendre. En France, les évêques, à la suite de leur assemblée annuelle qui s’est tenue en mars, ont adressé une lettre à Benoît XVI dans laquelle ils dénoncent «les actes abominables perpétrés par certains prêtres et religieux.» Selon l’épiscopat, une trentaine de prêtres sur un total de 20 000 en activité en France auraient été reconnus coupables de pédophilie ces dernières années – soit un délinquant sexuel pour environ 700 prêtres. C’est intolérable, mais cela ne reflète pas l’image médiatique d’une Eglise où prolifèreraient les pédophiles.
Citation
Évangile de Marie
Après avoir dit cela, le Bienheureux les salua tous, en disant : « Paix à vous. Que ma paix s’engendre en vous. Veillez à ce que personne ne vous égare en disant : “Le voici” ou “Le voilà” car c’est à l’intérieur de vous qu’est le Fils de l’Homme. Suivez-le. Ceux qui le chercheront, le trouveront. Allez donc et proclamez l’Évangile du Royaume. N’imposez aucune règle hormis celle que je vous ai fixée et ne donnez pas de Loi à la manière du Législateur afin que jamais vous ne soyez dominés par elle. »

Cet évangile est apocryphe, c'est à dire expulsé du "canon" dès les premiers siècles. On le range parmi les écrits "gnostiques". Comme ces textes indésirables ont été positivement persécutés, ils ne nous sont parvenus, pour la plupart, que fort abîmés, donnant du fil à retordre aux paléographes, philologues et philosophes. D'autres textes de la même époque, en voyant le chemin que prenait l'Église dès les premiers siècles, ont même prédit des scandales sexuels...

Beaucoup de ces précieux textes sont maintenant traduits et publiés dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Utilisateur anonyme
09 avril 2010, 13:10   Re : l'Eglise n'est pas une communauté de « parfaits »
Remarquons-le : ce ne sont pas les victimes qui crient le plus fort

En quoi cela ôte-t-il quelque chose à la monstrueuse véracité de tels actes ?
Citation
monstrueuse véracité

Monstrueuse rien que cà.

Sacré Zendji, vous me ferez toujours rire. Tiens prenez cette pierre et si vous n'avez jamais péché allez la jeter sur le parvis de Notre-Dame.
Ça me rappelle cette histoire:

-- Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre, dit Jésus devant la femme adultère.
Il n'a pas fini sa phrase que celle-ci reçoit un cailloux entre les deux yeux et s'écroule. Jésus se retourne et dit:
-- Maman, il y a des jours où c'est difficile avec toi !
Voici la chronique pertinente d'Eric Zemmour du 17 mars 2010 sur l'église catholique et la guerre médiatique actuelle.




Citation
Bernard Lombart
Je pense que si l'Église parlait de Dieu plutôt que de morale, les journaleux n'auraient aucun plaisir à la prendre à son propre jeu, et à la voir s'emberlificoter en excuses insensées... Veille histoire, sans doute aussi veille que l'Église elle-même... Malheureusement, en son sein, on a toujours préféré les censeurs plutôt que les mystiques...

Censeurs et mystiques sont nécessaires et pour tout dire inséparables dans toute religion. Personne depuis une quarantaine d'années n'aime à endosser le costume du râleur qui rappelle à tous les fondamentaux moraux de la vie en société, et ceux qui le font doivent presque s' en excuser ; on comprend que l'on préfère dans ces conditions être un visionnaire béat prêchant un amour désincarné...

Pourtant, s'il y a bien un domaine qui est un champ d'action et de réflexion légitime de toute religion depuis la fondation du monde, c'est bien la question de la morale - c'est à dire la question de la loi ou des principes à inculquer aux hommes pour contenir la violence qu'ils sont éminemment susceptibles de déchaîner.

Lorsque je jette un coup d'oeil à la liste des Pères de l'Eglise, j'avoue y voir moult théologiens et mystiques, mais bien peu de censeurs. Je dois aussi ajouter que le rigorisme moral que l'on impute souvent à l'Eglise était bien plus souvent le fait de courants minoritaires en nombre mais fort influents, comme le jansénisme en France, lequel a commis beaucoup de dégâts, malgré tous les mérites individuels de certains de ses champions (Pascal, etc.)

Enfin, allant à la messe chaque dimanche depuis un an et fréquentant occasionnellement un catéchisme pour adultes, je peux dire que si j'y entends parfois parler de morale, j'y entends bien plus souvent parler de Dieu....
12 avril 2010, 22:37   Rigorisme
Bien cher William,

Je ne suis pas certain que les courants rigoristes aient été, historiquement, minoritaires, ou du moins très minoritaires.

Prenez le cas du puritanisme dans le Royaume-Uni : il avait une très forte assise. De même, le jansénisme était majoritaire, a priori, dans un milieu spécifique et influent, celui des robins. Il est considéré, traditionnellement, comme héritier du vieux et solide substrat augustinien.

Par ailleurs, vous nous parlez des Pères de l'Église. S'agit-il d'eux, exactement, ou plutôt des Docteurs de l'Église ?
Attention : quand vous évoquez le puritanisme anglais, vous évoquez un phénomène anglican pour le coup. Je ne répondais que sur la question du rigorisme catholique. Quant au jansénisme, vous ne faites qu'appuyer mon propos : je disais bien que c'était un mouvement minoritaire à l'échelle de tout un pays mais influent.

En revanche, vous faites bien de me corriger sur un point : je voulais parler des Docteurs de l'Eglise ! Quoique le même constat puisse être fait à l'égard des Pères, me semble-t-il...

L'Eglise traine encore cette image doloriste héritée du XIXème siècle, mais, vraiment, les choses ont largement changé.

Sur la question de la morale, je ne saurais que trop conseiller la lecture édifiante de la Petite histoire du couple et de la sexualité de Michel Rouche. On y apprend, entre autre, que le puritanisme que l'on prête au christianisme puise en fait ses racines dans le puritanisme stoïcien et néo-platonicien - et que cette rigueur représente une sorte de tentation à laquelle l'Eglise résiste et cède suivant les époques. L'auteur s'y livre à une histoire très claire et synthétique de l'évolution de la morale sexuelle dans le monde occidental.
Citation

Sur la question de la morale, je ne saurais que trop conseiller la lecture édifiante de la Petite histoire du couple et de la sexualité de Michel Rouche. On y apprend, entre autre, que le puritanisme que l'on prête au christianisme puise en fait ses racines dans le puritanisme stoïcien et néo-platonicien. L'auteur s'y livre à une histoire très claire et synthétique de l'évolution de la morale sexuelle dans le monde occidentale.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus, s'il vous plaît ?
12 avril 2010, 23:59   Puritains
J'avais, bien cher William, pris Église au sens large. Je ne pense pas que William Laud et l'Église d'Angleterre de son temps aient été aussi éloignés que cela de l'Église catholique, mais c'est un point annexe.
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Antoine de Falveras
Citation

Sur la question de la morale, je ne saurais que trop conseiller la lecture édifiante de la Petite histoire du couple et de la sexualité de Michel Rouche. On y apprend, entre autre, que le puritanisme que l'on prête au christianisme puise en fait ses racines dans le puritanisme stoïcien et néo-platonicien. L'auteur s'y livre à une histoire très claire et synthétique de l'évolution de la morale sexuelle dans le monde occidentale.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus, s'il vous plaît ?

Mieux encore : pourquoi ne pas laisser parler Michel Rouche lui-même ?

[www.canalacademie.com]

Bien sûr, son ouvrage contient bien des idées et des faits que cette émission n'évoque pas ou ne fait qu'effleurer...
M'est avis que l'on a intérêt à sortir un peu du canon, si j'ose dire, et à voir un peu comment s'est constituée l'Église et, justement, le canon des écrits, c'est à dire par la censure et le remodelage des textes des premiers chrétiens eux-mêmes, censure opéré par leurs "épiscopat" que nous appelons "pères de l'Église". Nous avons maintenant tous les outils pour le faire, ce que n'avaient pas nos parents. L'on peut commencer par ceci, qui ne coûte pas cher (6 euros en livre de poche : moins, en tout cas, que les 7 volumes de la Pléiade, qui ne comprennent d'ailleurs pas ce texte, et pour cause), et qui est une référence sérieuse, de la plume d'un de nos meilleurs savants. Et par cette émission du même Canal académie. Il nous reste, pour ne parler que de cet aspect de la chose, un Jésus célibataire, des apôtres exclusivement mâles, et une doctrine misogyne, on pourrait même dire misogame.

Pour en revenir à l'Église moderne (mais vous ne m'ôterez pas l'idée que le tropisme était là dès l'origine, et que les mystiques sont les mal aimés – voyez le sort réservé à Maître Eckart pour ne citer que lui), j'écoute simplement, en observateur, ce qu'en disent ses représentants officiels. S'il leur arrive de parler de Dieu, c'est comme du garant d'un comportement accepté ou non par la doctrine officielle. Cette Église-là, je le crains, n'a plus beaucoup de raison d'être. Voilà, à mon sens, le fond du problème. Je vois aussi, dans la même mouvance, fleurir les chaires universitaires d'éthique, et se fermer, les unes après les autres, celles de philologie des langues anciennes... S'il faut aller avec son temps, l'Église ne peut que se dissoudre dans le temps, c'est d'ailleurs l'avis de Benoît XVI, et, je crois, la raison de la détestation que le siècle lui porte.
Il faut rappeler que le mouvement puritain, né sous Élisabeth I, ne militait pas principalement pour la pureté des mœurs, mais de la doctrine. Le puritanisme est un désir de retrouver la pureté doctrinale originelle des Évangiles, dans les grandes choses comme dans les petites (querelles du surplis, de l'agenouillement, etc). La définition du puritanisme comme attitude répressive dans les mœurs, est tardive et dérivée, ce qu'il faut garder présent à l'esprit quand on parle de la Réforme anglaise.
Citation
Cette Église-là, je le crains, n'a plus beaucoup de raison d'être.

Pour faire simple on peut dire que cette l'Eglise qui depuis vatican II se contorsionne pour entrer dans le moule de la modernité et malgré tous ses efforts desespérés n'y parvient pas, n'a aucune raison d'être.

L'Eglise a besoin d'un bain purificateur, d'un passage dans les catacombes pour renaitre de ses cendres.
Citation
c'est à dire par la censure et le remodelage des textes des premiers chrétiens eux-mêmes, censure opéré par leurs "épiscopat" que nous appelons "pères de l'Église".

Cher Bernard,

La soif de la modernité de prouver par tous les moyens que les évangiles sont des faux est récurrente et la liste des théologiens (surtout protestants) qui s'essayèrent dans cette tâche est trés longue.

Ce brave Kasser n'est qu'un des derniers de la liste et ses tentatives, que je crois sincéres car il a une bonne tête, de jeter le doute sur la véracité des évangiles, n'aboutiront à rien.
Cher Rogémi, autant j'approuve votre message précédent, autant je réprouve celui-ci. Kasser n'est pas "ce brave Kasser", c'est un grand philologue et paléographe qu'il est difficile de snober, et, pardonnez-moi, si vous l'aviez lu, vous sauriez qu'il ne veut EN AUCUN CAS montrer que les quatre évangiles "canoniques" sont des faux – on pourrait même dire le contraire, et ce n'est pas son problème. Cette question n'aurait même pas de sens en philologie, puisqu'ils sont bel et bien attestés, et solidement. Mais, et c'est là le point, d'autres le sont aussi, et ont été persécutés et éliminés par l'orthodoxie.

D'ailleurs, de se constituer une légitimité n'est-il pas inhérent à toute institution ? Et, il va sans dire mais mieux en le disant, nous sommes loin des fantaisies de Dan Brown...

Notez aussi qu'il faut lire Kasser, et non ce qu'on écrit un peu partout à des fins plus ou moins partisanes à partir de son travail. L'essentiel tient d'ailleurs en peu de pages. Mais je ne saurais trop recommander le travail qui a été réalisé par toute une équipe pour la collection de la Pléiade.
Citation
Notez aussi qu'il faut lire Kasser, et non ce qu'on écrit un peu partout à des fins plus ou moins partisanes à partir de son travail. L'essentiel tient d'ailleurs en peu de pages.

D'accord et je vais commencer par écouter son intervention sur Canal-Académie !
Oui. Malheureusement, il parle mal, il a parfois même de la peine à se relire... Le petit livre qu'il a fait avec d'autres savants (6 euros dans les éditions de poche) contient, outre la quinzaine de pages de restitution du texte, beaucoup de choses passionnantes. Nous sommes loin, disais-je de Dan Brown, mais la réalité dépasse la fiction, et Indiana Jones peut aller se rhabiller...
Bien cher Rogemi,


Je confirme tout ce que dit Bernard : l'oeuvre de Kasser est du plus grand intérêt, et il me semble fort honnête.

Pour Henri, vous avez effectivement raison de replacer le puritanisme dans sa perspective historique : de la suppression de tout ce qui rappelle Rome à la rigueur.
Sur le question de la primauté de Judas, telle qu'elle semble être établie dans l'évangile gnostique éponyme, je ne peux m'empêcher de me faire la réflexion suivante : cette idée n'est-elle pas la démonstration que le christianisme est vainqueur dans les esprits jusque dans l'absurde, victoire qui repose sur le fait qu'il démonte le mécanisme diabolique qui mène les hommes à rejeter le bouc émissaire, et les rend ensuite extrêmement sensible à ce phénomène, ce qui peut tendre jusqu'à l'absurde, c'est à dire à exonérer un authentique coupable par peur de l'accabler - voire à en faire une espèce de héros.

Toute ressemblance avec des phénomènes qui nous sont contemporains est bien évidemment fortuite...
On voit William que vous avez lu notre cher René Girard. Bravo !
Eh bien oui ! Sa lecture fut pour moi une révélation, loin d'être étrangère à ma conversion...

Amusant, au même moment où vous écriviez votre commentaire, je conseillais la lecture de Girard à Rimbus sur un autre sujet...
Citation
Eh bien oui ! Sa lecture fut pour moi une révélation, loin d'être étrangère à ma conversion...

Un trés grand nombre de gens se sont convertis ou sont retournés à la religion de leur enfance par la lecture de l'oeuvre de René Girard dont l'approche cependant n'est pas une sinécure.

Pour ceux qui veulent découvrir une oeuvre puissante je leur conseille de commencer par lire "Quand ces choses commenceront... (1994), entretiens avec Michel Treguer.
Mais non. Les personnages de Judas, de Jésus, ou de Marie-Madeleine, qu'il s'agisse d'écrits "canoniques", "gnostiques", ou "apocryphes" (ces termes n'ayant d'ailleurs pas la même signification selon les chapelles) sont très construits, très élaborés, de manière à signifier quelque chose – mais il faut être un peu philologue et paléographe pour s'en rendre compte. Il s'agit de mystique et de spiritualité, non de réalisme ou de psychologisme.
Citation
Bernard Lombart
Mais non. Les personnages de Judas, de Jésus, ou de Marie-Madeleine, qu'il s'agisse d'écrits "canoniques", "gnostiques", ou "apocryphes" (ces termes n'ayant d'ailleurs pas la même signification selon les chapelles) sont très construits, très élaborés, de manière à signifier quelque chose – mais il faut être un peu philologue et paléographe pour s'en rendre compte. Il s'agit de mystique et de spiritualité, non de réalisme ou de psychologisme.

Cette évacuation du réel, c'est typiquement un point de vue gnostique, non ? Vous avez le droit de l'avoir, tout comme moi j'ai le droit de lire les évangiles comme des récits réalistes et spirituels : je ne néglige pas la symbolique riche que l'on peut en tirer, mais je ne réduis pas le texte à une simple allégorie.
13 avril 2010, 11:49   Concordance
William, nous sommes d'accord.
Citation

Cette évacuation du réel, c'est typiquement un point de vue gnostique, non ?

Le point de vue gnostique est précisément de retrouver le réel, celui qui est en vous, et non le personnage élaboré dans des textes divergents.

Citation

j'ai le droit de lire les évangiles comme des récits réalistes et spirituels : je ne néglige pas la symbolique riche que l'on peut en tirer, mais je ne réduis pas le texte à une simple allégorie.

Faites.
Girard dit que les Evangiles sont une science du sacrifice, ainsi le Christianisme n'est pas une religion ordinaire.
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