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Ode à Clio : 2000 ans, 200 vers.

Envoyé par Éric Guéguen 
Jalonnée de progrès, de passions et conflits,
Notre belle nation, en ses vertes années
Tout en moi a nourri l’envie de vous conter
Humblement jusqu’ici ce que j’en ai appris…


Aux origines…

Avant même que soit Jésus de Nazareth
De Marie enfant-roi à sa crucifixion,
Un noble chef gaulois, déjà, se mit en quête
De peuples asservis obtenir une union.

Le plus grand dictateur que la Rome ait connu,
Bien avant qu’aujourd’hui le rang en soit honni,
Vint alors défaire l’Arverne son ami,
On le sait à présent pour le bien des vaincus.

Comme tout grand empire aux frontières barbares
Dont l’aura s’étiole, face aux Huns, face aux Francs,
Ce prestige romain en nos terres va choir
Devant chrétienne foi, son ultime assaillant.


Les Médiévales…

Premier de nos aïeux à avoir pris leçon
Du pouvoir éternel de telle religion,
Le voici couronné, baptisé, consacré :
Clovis s’est élevé et nous voilà français !

De force et de grandeur fit montre aussi Martel
Qui des Carolingiens fut solide tutelle,
Repoussant de l’épée les nuées sarrasines
Infestant le domaine d’horreurs intestines.

De dynastie sacrée la couronne dorée
Ceint ainsi l’Empereur dont la barbe fleurit ;
Cette Europe soudée dont il fut le nabi
Las, déclinera de vile postérité.

En nos siècles suivants, l’Auguste promoteur
D’un royaume bastion à l’image du Louvre
Sera d’un malheureux Cœur de Lion le dompteur
Que le peuple, devant lys de Bouvines, approuve.

Par le sang de son sang s’éveillera Saint-Louis
Homme lige de Dieu dès la Blanche régence,
Mais l’altruiste nature que légendes asphyxient,
Se perdra en coûteuses Croisades à outrance.

A dessein politique, le nouveau héros
Offrit à tout mérite d’égaler naissance ;
Ainsi trouvant appui en Etats Généraux,
Philippe le Maudit y spolia quintessence.

Le temporel occultant le spirituel,
On brûla Templiers, la milice papale…
Oeuvrant en fieffé politicien médiéval
Les biens de feus vassaux seront butin du Bel.


Valois et Bourbons…

Eu égard au Normand qui seul en pris la tête
Nulle âme ne parvint en territoire anglais ;
Notre fiel mutuel né d’esprit de conquêtes
En guerre de Cent Ans s’en vit dégénérer.

Séraphique pucelle au charisme divin
Menant hommes en troupeaux piétinant l’occupant,
A l’écoute des cieux, douce Jeanne est aux siens
Ce que fut Geneviève en Lutèce d’antan.

Son aveugle dessein de rosser le Saxon
L’enjoignit à hisser sur le trône un coquin :
La jetant en pâture à l’évêque porcin,
Il fit poindre Flamme de cendres et de tisons.

Vainqueur à Marignan, bâtisseur à Chambord,
François, premier du nom, figurant Renaissance
Se para des artistes en offrant résidence
Et obtint de ceux-ci un culturel essor.

Deux titans ne pouvant gouverner de concert,
Le monarque mécène cède au conquérant
Laissant à Charles Quint, outre succès probants,
L’attrayant Nouveau Monde des siens découvert.

Puisqu’il n’est de saison vouée à l’harmonie,
Celle-ci connaîtra son lot d’ignominies :
Par Luther et consorts autrefois chahutée
L’Eglise ne s’émut d’ouailles massacrées.

Rescapé, abjurant ses innées convictions,
Le bon Roi Navarrais satisfit les factions
Mais d’un Edit nantais qui se voulait arbitre,
Il se vit remercié en perdant vie et titre.

Officiant en régent d’un falot souverain,
L’intransigeant prélat en La Rochelle craint,
Autocrate intendant en sa pourpre royale,
Renvoya, dos-à-dos, obédiences rivales.

Commence alors pour tous un règne d’opulence :
Chérubin mis à mal par noble convoitise,
L’aplomb du jeune Roi scandera sa méfiance
A l’égard de Princes courtisant son emprise.


Révolutions…

Genèse de ce temps idoine au changement
Où nul onc n’opposa aux serviles courbettes
Ni de corps, ni d’esprit, de sensible argument,
La vitrine Versailles à l’agonie s’apprête…

Par jeu de Lumières sur la plèbe illettrée,
Despotisme éclairé plutôt que Roi-Soleil
Telle est vierge marotte en laquelle s’éveille
Poudré, bien établi, le philosophe aisé.

Prémices de révolte en âpre société,
Le tumulte des rues fit écho aux idées
Et pour Salut Public Robespierre jugea,
Décapita Capet… puis à son tour chuta.

De cette ère de troubles nos couleurs sont nées
Qui bientôt claqueront comme voile en tempête,
Présent paradoxal du commis La Fayette
Héros américain plus qu’il n’est des Français.

Mais jeune République du monde bannie
Ne peut trouver repos qu’après guerres finies :
L’Europe mercenaire de perfide Albion
Ainsi s’inclinera devant… Napoléon.

Aux combats, quels qu’ils soient, mûrit son ambition,
Exemplaire attribut de par les faits acquis :
Seule France aujourd’hui, dans un constant souci
D’auto-flagellation l’en blâme sans raison.

Même Paris, depuis, oubliant son mérite
Refuse polémiques ou débats d’opinion ;
Honte à mes congénères niant qu’ils en héritent
Car nul endroit présent n’en portera le nom !

Le courage en ces temps n’est plus vertu des Rois
Et le notre cavale au timbre du canon,
Se réfugiant à Gand où l’on se sent chez soi
Flanqué de ces ultras qui flattent les Bourbon.

La fessée en retour n’en sera que plus sèche
Car les jeunes valeurs versées aux quatre vents
Des mains du « diable Corse » sont aux masses mèche
Embrasant monarchique credo pour longtemps.

Le Tiers émancipé se risque alors au front,
Réclamant libertés, triplant Révolution
Pour marier encore Empire et République…
Faisant le jeu latent d’ambitions politiques.


L’essor politique…

Loin des trames bourgeoises au profit acharnées,
Loin du bouillant succès de nos sciences sur Dieu,
Notre réel progrès fut vœu de charité :
Gloire à toi, Ozanam, gloire au plus haut des cieux !

D’autant vont émerger les chantres du social :
Opposant toutes classes en éternelle lutte,
Ils maudiront avoirs, en espérant la chute,
Méprisant les ferments qui leur sont piédestal.

Misère et injustice en sont fonds de commerce
De là leur intérêt propre à les sustenter,
Car ces chers phalanstères dont les rêves les bercent
Mèneront au Goulag un peuple décimé.

L’anarchie voue alors à l’Empire ses maux
Comme les deux Victor mis en bières voisines,
L’un dévot de Brumaire, l’autre de Dessalines
Qui verront en Sedan le « petit » Waterloo.

Tels de féroces loups, de rage les victimes,
Convaincus de leurs droits, de leur manque d’estime,
La folie va gagner les furieux communards,
Preuve en est qu’en la tourbe… intelligence est rare.

Déjà entrebâillées, les portes de l’Ecole
Se verront éventrées par un certain Ferry
Qui par même béguin pour la pédagogie
Soumettra l’Africain aux lois de Métropole.


Le « vingtième »…

A la croisée des siècles, émaillés de rancoeurs,
L’hémicycle s’octroie du pouvoir moindre trace,
Au profit d’un Jaurès aux confrères acteurs,
Dont l’immense faconde assène coups de grâce.

Soit affaire Dreyfus en qui l’on vit Judas,
Soit laïcité que revendique l’Etat,
Tout parti disputé revêtit verbiage
Qui sera désormais tricolore apanage.

D’une plaie en Bosnie le sang va s’écouler
Jusque dans nos tranchées, par le « Tigre » comblées ;
Le Talion bat son plein, Rethondes attend sa belle,
Mais la vie, écoeurée, s’accorde bagatelles.

Truculent contraste entre pires ennemis :
France devint cigale et Allemagne fourmi ;
Folle victime d’un pacifisme outrancier,
La première en seconde ne vit les guerriers.

Dans un ultime élan de fierté surannée
Abusant la candeur du suffisant Français,
L’Etat met à sa proue un lénifiant patron :
Faute de s’imposer, courtisons le Teuton !

L’élu sera Pétain, vieille gloire d’antan,
De l’issue de Verdun principal artisan,
Mais repu de combats, sursitaire au trépas,
Le vieil homme choisit de n’agir en soldat.

L’en blâmer aujourd’hui est trait d’hypocrisie :
La gageure léguée par esprits non-violents
Etait de gouverner en dépit d’occupants,
Un peuple désarmé, hostile à tout conflit.

Il est certes moins vain, du reste plus habile,
Que l’on soit à Alger ou à Londres cagot,
De prôner résistance et ardeur en exil,
D’y séduire Moulin, Brossolette ou Malraux.

Mais vivre en Hexagone affranchi de tout camp
Fut luxe non exempt de bassesses humaines ;
Qu’il est dès lors aisé d’y porter jugement
Lorsque l’âme n’y a enduré toutes haines !

En l’absence du brun, le rouge est au zénith :
S’adjugeant de tout progrès social un mérite
La classe bien-pensante exerce son charisme
Faisant là preuve d’un cérébral onanisme.

S’engageant outre-mer en de sots compromis,
Grand Charles fut Pilate aux yeux de nos Harkis
Tandis que leurs bourreaux, en « porteurs de valises »
Aux vertus affectées, trouveront entremise.

Le strabique écrivain en est le souverain ;
Ce mandarin paré d’absolue vérité,
Nonobstant ses aïeux, vomira son venin
A la truffe nantie plus que tout abhorrée.

Se laissant investir un certain mois de Mai,
La jeunesse rentière, éprise d’idéaux ,
Privée de tous malheurs, en réclamant son lot
Du haut de son confort va scander mélopées.

De laïques dictées au voile autorisé,
Du colon tutélaire au mal impérialiste,
Tout parait cartésien aux yeux des humanistes
Conjuguant au présent verve de leurs aînés.

En cet étau d’antinomiques convictions,
Ils alimentent sélective tolérance,
Ne reniant nullement leurs funestes cautions
Récoltant colombins de putrides semences.


De luttes en acquis, de la base au sommet,
Notre Histoire façonne les mœurs de demain :
Ni bannière étoilée, ni Charia dévoyée
N’auront tel héritage un jour entre les mains.
Bravo pour ce beau tour de force !
Merci, chère Cassandre.
Ah oui, chère Cassandre, what a tour-de-force! Pétain en débonnaire vieillard et de Gaule en cynique à la fois "habile" et "sot"... C'est beau comme de l'antique.
J'avais écrit ça il y a quelque temps. Aujourd'hui, je changerais certaines petites choses, avec le recul de certaines lectures.
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