A l'intention des chercheurs de raisons

"(...) chercher les raisons pour lesquelles il ne faut pas marcher sur la figure d'un homme, c'est accepter qu'on lui marche sur la figure."

Simone de Beauvoir - La force des choses

Ce qui ne laisse guère le choix qu'entre la muette offuscation ou la guerre.

Par la force des choses...

Je ne suis pas sûr qu'il soit plus difficile de convaincre une brute de la justesse d'un principe avec de mauvais arguments que d'imposer son point de vue par la force si l'on est moins doué dans l'usage dicelle.

Il faut écouter et réécouter le diagnostic d'Alain Finkielkraut sur les émeutes de 2005, qui reste tout à fait d'actualité. Dix minutes d'analyse brillante contre les Amis du Désastre.

Malheureusement, je crois que du "pourquoi" il ne faut pas marcher sur la figure d'un homme, on glisse irrésistiblement vers le "pourquoi" on lui a marché dessus et, de proche en proche, on arrive au "syndrome du noctilien", c'est-à-dire à l'acceptation.

Je crains, cher Orimont, que cette pragmatique de l'indicible ne soit que l'indice du fait que l'on soit dans l'incapacité de trouver d'indiscutables raisons de ne pas marcher sur la figure des hommes.
S'il y en avait d'indéniables et de valables pour tous, on les produirait.
Entretemps tous les moyens me semblent bons pour préserver le plus de figures possible, même à l'occasion des raisons controuvées...

Que cette pragmatique de l'indicible ne soit que l'indice du fait que l'on soit dans l'incapacité de trouver d'indiscutables raisons de ne pas marcher sur la figure des hommes. Il n'y en a peut-être pas, en effet, mais c'est un point de doctrine assez rarement discuté par l'homme sur la figure duquel on marche, individu généralement porté à un pragmatisme radical qui se passe de toute explication.

Il va de soi qu'en discutent ceux dont le visage est pour l'instant épargné et qui cherchent à ce qu'il le reste le plus longtemps possible, par la méthode leur semblant la plus idoine et qui est précisément l'objet de la délibération : tchatche, muscu, ou un peu des deux pour être paré à toutes les éventualités.