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Vers la disparition des transports en commun ?

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
28 avril 2010, 21:47   Vers la disparition des transports en commun ?
Suite à des agressions, les transports en commun perturbés dans plusieurs villes
LEMONDE.FR avec AFP | 25.04.10 | 15h27 • Mis à jour le 25.04.10 |


Après les dégradations de plusieurs bus à Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis, les transports en commun de plusieurs villes ont été la cible de délinquants.

A Orléans, le trafic des bus et des tramways a repris dimanche 25 avril après une journée d'interruption. Vendredi, un chauffeur a été agressé par deus jeunes qui ont pris la fuite, alors que le bus circulait dans un quartier sensible de la ville. "Il n'y a pas qu'en région parisienne qu'il y a des problèmes. Nous voulons nous faire entendre", a indiqué dans un communiqué Patrice Gérard, syndicaliste CFTC, justifiant ainsi le blocage des dépôts samedi.

Dimanche 18 avril, quatre jeunes ont poursuivi avec un sabre japonais un conducteur de tram de Nice avec lequel ils avaient eu la veille au soir une altercation alors qu'ils empêchaient la fermeture des portes. Trois d'entre eux ont été interpellés le jour même par la police municipale, puis remis en liberté dans l'attente de l'identification du quatrième individu. Selon les syndiacts la bande est revenue vendredi et samedi soir au centre opérationnel du tramway à la recherche du conducteur en proférant des menaces, ce qui a conduit les chauffeurs à faire jouer leur droit de retrait.

"Je demande aux autorités compétentes de mettre définitivement hors d'état de nuire des gens qui menacent les conducteurs et sont désormais récidivistes", a martelé le maire de la ville etministre de l'industrie Christian Estrosi.

Deux bus ont été caillassés à Sevran, en Seine-Saint-Denis, vendredi soir. Les chauffeurs ont fait valoir leur droit de retrait à partir de samedi midi. Les incidents se sont déroulés peu avant 22 heures alors deux bus desservant les lignes 610 et 618 qui traversaient la cité des Beaudottes ont été la cible de de différents projectiles, a indiqué la police.

"Les caillassages de bus ne sont pas un phénomène nouveau mais on a un peu le sentiment qu'il y a actuellement un phénomène de mode qui fait tâche d'huile. Pour certains, c'est un processus de défi vis-à-vis de la société" a expliqué Stéphane Gattignon, le maire de Sevran.
Excellente explication de M. le maire.
Utilisateur anonyme
29 avril 2010, 01:03   Re : Vers la disparition des transports en commun ?
... un maire qui n'a toujours pas l'impression d'être entré dans l'avant-guerre.
Citation
... un maire qui n'a toujours pas l'impression d'être entré dans l'avant-guerre.

Mais c'est tout l'occident qui refuse bec et ongle d'admettre le fait que nous sommes entrés dans l'avant-guerre !
L'Avant-Guerre, ce serait un bon titre, pour un volume de journal. Ou Notre avant-guerre...
Cher Maitre
Je vous signale que le titre a déjà été en partie utilisé par Eric Werner avec son livre "L'Avant-guerre civile" paru aux Editions de l'Age d'Homme.
29 avril 2010, 17:11   "Notre avant-guerre"
Lui aussi est pris...
Comme le temps passe
29 avril 2010, 18:30   Longue haleine
"L'Avant-Guerre, ce serait un bon titre, pour un volume de journal."

Encore faudrait-il compter avec l'éventualité de devoir composer plusieurs volumes, années après années. De quand datent, déjà, les émeutes de Vaux-en-Velin ? Celles de 2005, avec état d'urgence, rien moins, ont déjà cinq ans...
Citation
Rogemi
Citation
... un maire qui n'a toujours pas l'impression d'être entré dans l'avant-guerre.

Mais c'est tout l'occident qui refuse bec et ongle d'admettre le fait que nous sommes entrés dans l'avant-guerre !

Au train où vont les choses, je n'envisage pas vraiment une guerre car étant donné la propention, sans cesse plus grande, de l'Occident à faire preuve de contrition, de reniement de soi et de volonté d'apaisement à n'importe quel prix, il est bien plus probable qu'il y ait une sorte de capituation sans combat, une étrange défaite en quelque sorte...
Utilisateur anonyme
29 avril 2010, 20:45   Re : Vers la disparition des transports en commun ?
"Ce qui régit la réalité historique, ce n'est pas l'idéal, la bonté ni la morale, mais bien la résolution, l'énergie, la présence d'esprit, les dons pratiques. Ce n'est pas à force de plaintes et de tribunaux de morale qu'on se débarrasse des faits. Tel est l'homme, telle est la vie, telle est l'histoire."

Oswald Spengler, Ecrits et pensées.


NB : c'est moi qui souligne.
Il n'y a de résolution que celle qui consiste à vouloir changer un état de choses donné. Le critère en fonction duquel on se déterminera à agir et à orienter l'action ne se trouve pas dans les faits eux-mêmes, puisqu'il s'agit précisément de les vouloir modifier dans un sens particulier.
Quoi qu'on en ait, on ne peut faire abstraction de l'idéal, le reste n'est que modalités opératoires.
Utilisateur anonyme
29 avril 2010, 22:01   Re : Vers la disparition des transports en commun ?
Intellectualité, spéculation intellectuelle, discussion et conscience (ou plutôt hyper-conscience) des problèmes sont autant de freins à l'action décidée. La décision est centrale. Le primat accordé à la décision élimine les problèmes ou, plus exactement, les problématisations inutiles, retardatrices, figeantes. Il n'y a plus de problèmes, il n'y a que des faits qui n'ont pas encore été décidés. Lorsque la violence des "cpf", alliée au chaos économique, aura balayé les illusions bourgeoises et progressites, les "Français de souche" replongeront volens nolens dans l'élémentaire, le tumulte de l'histoire, de la nécessité, de la précarité et de la misère : ils redeviendront vrais et se regrouperont dans une communauté nationale qui saura faire front à l'adversité. Cependant, le scénario décrit plus haut par Félix ("Au train où vont les choses, je n'envisage pas vraiment une guerre car...") me paraît on ne peut plus réaliste, hélas.
» La décision est centrale. Le primat accordé à la décision élimine les problèmes ou, plus exactement, les problématisations inutiles, retardatrices, figeantes. Il n'y a plus de problèmes, il n'y a que des faits qui n'ont pas encore été décidés

J'en conviens volontiers. Cependant un idéal (au sens large) précédant les décisions, déterminant les faits qu'on se propose d'établir, énonçant les buts à atteindre et constituant leur raison d'être même, n'en est pas moins un idéal, de quelque autre nom qu'on le veuille nommer.
Je ne crois pas qu'on puisse jamais se résoudre à agir à partir d'un vide idéologique ou axiologique.
Utilisateur anonyme
29 avril 2010, 23:40   Re : Vers la disparition des transports en commun ?
Je ne crois pas qu'on puisse jamais se résoudre à agir à partir d'un vide idéologique ou axiologique.

Oui Cher Alain, vous avez raison, mais j'avais surtout en tête la "situation exceptionnelle" - situation qui, par sa nature même, est imprévisible, aussi bien politiquement que juridiquement : elle nait spontanément du cours des choses, à l'exemple d'une capitulation par suite d'une guerre malheureuse. Quel idéal peut-on invoquer dans ce cas ? ou bien quel texte juridique, non seulement pour amener la volonté politique à la décision, mais tout simplement pour l'éclairer ?
Cher Kostas, l'"idéal" au sens large que j'évoquais comprend certaines valeurs au nom desquelles on se définit. Je laisse ouverte la question de savoir dans quelle mesure ces valeurs, comme "théorie de soi", entrent en jeu dans l'élaboration même de certains mécanismes élémentaires de défense, tropismes, idiosyncrasies. Tout au moins je tends plutôt à croire que cette mesure n'est pas nulle.
Mais c'est justement le pronostic de Félix, avec lequel vous semblez d'accord, qui m'incite à penser que l'idéologie, toujours elle, joue un rôle capital dans l'appréciation même du niveau d'urgence qu'il convient d'attribuer à ces situations imprévisibles dont vous parlez.
Imprévisibilité certes, mais le jugement selon lequel sera évaluée la réaction à apporter comme réponse, et s'il conviendra de "ne plus penser" mais d'agir, enclenchant des mécanismes supposés réflexes de survie, ce jugement-là dépend me semble-t-il de la façon dont on s'apprécie, soi et sa vie, et les circonstances rendant celle-ci acceptable ou non — c'est à dire en fin de compte de l'"idéal".
"(...) la façon dont on s'apprécie, soi et sa vie, et les circonstances rendant celle-ci acceptable ou non (...)"

Vaste question. Pour ma part, la direction prise par nos sociétés depuis, disons, l'après-guerre, ne me parait humainement acceptable ni en soi, ni pour soi, ni dans l'étant, ni par devant, ni par derrière, ni vue de près ou de loin, à ne considérer que la simple nécessité de passer de nombreuses heures dans des transports en commun, justement, ou individuels, ce qui n'est pas mieux, pour simplement se rendre à son travail.

Cette contrainte me semble extraordinaire et je n'ai jamais compris comment la population, et spécialement la population française, avait pu s'y soumettre depuis tant d'années ; dans le cadre de mes valeurs et de ma civilisation d'origine, une foule compacte en train d'attendre un RER pendant des décennies ou coincée deux fois par jour dans un embouteillage m'a toujours paru un terrible mystère, un mystère humainement inacceptable et, pour ma part, je préférerais crever la bouche ouverte que de mener une existence pareille plus de trois mois. J'observe cependant une acceptation majoritaire de la part de la population (légèrement soutenue par un dopage médicamenteux tout de même), ces conditions de vie sont tolérées, il faut donc que je les considére comme tolérables, appréciables même, mais si je le fais - alors que j'ai la conviction ferme qu'elles ne sont pas acceptables, qu'elles ne conviennent pas à l'existence humaine - alors oui, je peux me dire que n'importe quoi d'autre peut être trouvé acceptable, n'importe quel autre joug, abrutissement, perte de liberté.

En d'autres termes, et pour en revenir à l'achoppement du moment, croiser une femme bâchée cornaquée par son barbu ne m'indispose et même me révolte qu'autant que je me sente à peu près libre mais si je suis au beau milieu d'un embouteillage ou agglutiné dans une rame de métro, avec la perspective que demain il en sera de même et après-demain encore, je dois avouer que je m'en tape, de la bâche et du barbu.
30 avril 2010, 10:11   Chicken Chikan
Bien cher Orimont,

Francis vous expliquera que ce mode de transport a ses adeptes :

[upload.wikimedia.org]
Je crois que ce que vient de relever Orimont est très important: la mise en convoi, le convoyage (con de voyage) effectué sans que jamais ne soit accordé à l'individu de choisir qui le cotoye, est la condition sine que non de l'asservissement, voire (dans la Shoa), de l'abattage de masse. Le transport public (ou "en commun" comme on disait au siècle dernier), en lots d'humains ne se choisissant pas, est bien la phase un du mouvement vers le communisme, vers l'instauration du goulag et généralement du camp de travail. L'embouteillage automobile est une bien triste torture qui opère dans un paradoxe et une forme de perversion subtile: celui qui y progresse est sans aucune liberté de s'en extraire, certes, comme le voyageur en train, mais qui plus est, il est soumis à une sorte de clause de responsabilité civile quant au matériel roulant où il est enfermé ! Il est entouré de monstres, ses co-automobilistes co-convoyés sur un tapis roulant qui ne roule pas et qui ne lui pardonneront rien, et cependant, il ne peut fermer les yeux et s'abstraire de sa condition par l'évasion mentale, la méditation ou le sommeil comme tout convoyé en commun peut le faire: de ce damné, de ce claustré en commun, on requiert une vigilance constante et une sur-responsabilité vis à vis de tout (les siens, les autres damnés dont il peut mettre la vie en danger, la société en général dont la police veille et enfin son matériel dont il est le machiniste et dont la couverture d'assurance est sujette à malus, à pénalités, à sanctions) !

Pourquoi, si ce n'est peut-être quelque inventeur fou que personne n'entend, il ne s'est pas encore trouvé d'ingénieur, en 2010, pour concevoir un système de mouvement (le mass transit) qui feraient se déplacer ensemble des individus qui se choisiraient, ou à qui l'on offrirait la possibilité de se discriminer non en classes mais en individus tout en les exonérant de la conduite du matériel ?

Je crois de plus en plus que la raison est politique: le transport en commun est une monstruosité politiquement juste, payante, une souffrance à la fois méritée et rédemptrice, un bon moyen de conditionnement à l'esclavage, à l'acceptation de son sort politique et social.
30 avril 2010, 11:04   Covoiturage
Vous avez les tentatives en ce sens, voyez comment les parkings de covoiturage se développent près des échangeurs autoroutiers...
Sans train, pas de Shoa.

Tous les trains conduisent à des camps, toujours -- camps de travail, camps de vacances des congés payés, campings de plage, etc.

Lénine, parfaitement lucide, ne s'y était pas trompé: "un train socialiste est un train qui arrive à l'heure", disait-il. Le train, le troupeau regroupé dans des voitures attachées, c'est déjà le communisme.
Superbe, cher Francis. J'ai toujours évité les transports en commun. Excepté il y a deux semaines où un concours de circonstances m'a obligé à prendre le train... Je précise que je n'ai jamais gagné au loto ni à aucun jeu de hasard.
Citation

Tous les trains conduisent à des camps, toujours

Vous... vous êtes sûr ?
à peu près, oui. Les trains acheminent des cargaisons humaines vers des camps de concentration ou de répartition que sont les dépôts et les gares, j'ai oublié seulement de mentionner ceux situés au pied des pistes de ski. Le voyage en train, que par définition l'on ne peut interrompre comme l'on pouvait interrompre le voyage en diligence en gueulant un ordre au cocher, qui s'effectue parmi des inconnus dont la présence et la nocence nous sont imposées, induit une forme de soumission mélancolique préparatoire à la soumission à tous les sévices du labeur aliéné, de la contrainte et de la brimade collective. Il fut, en transportant des marchandises, le véhicule d'induction du capitalisme industriel; puis il devint, en transportant des hommes comme du bétail, le point de départ du communisme et de ses camps, ou du nazisme et de ses plans d'extermination.

Ce moyen de locomotion induit la mélancolie jusque dans les régimes économiques et politiques dont il a irrigué les plans. Il devait annoncer toutes les grandes expériences politiques mélancoliques du XXe siècle, transport de troupes y compris. Et si le secteur du rail reste encore dans certains pays, dont le nôtre, le dernier refuge pour des modes d'action syndicale dont le levier principal est une certaine mélancolie haineuse qui s'exprime envers les citoyens et de manière indiscriminée et châtimenteuse -- la grève au moment des "grands départ" --, il ne faut nullement y voir le fruit du hasard.
"[...]

Evitons ces chemins. - Leur voyage est sans grâces,
Puisqu'il est aussi prompt, sur ses lignes de fer,
Que la flèche lancée à travers les espaces
Qui va de l'arc au but en faisant siffler l'air.
Ainsi jetée au loin, l'humaine créature
Ne respire et ne voit, dans toute la nature,
Qu'un brouillard étouffant que traverse un éclair.

On n'entendra jamais piaffer sur une route
Le pied vif du cheval sur les pavés en feu ;
Adieu, voyages lents, bruits lointains qu'on écoute,
Le rire du passant, les retards de l'essieu,
Les détours imprévus des pentes variées,
Un ami rencontré, les heures oubliées
L'espoir d'arriver tard dans un sauvage lieu.

La distance et le temps sont vaincus. La science
Trace autour de la terre un chemin triste et droit.
Le Monde est rétréci par notre expérience
Et l'équateur n'est plus qu'un anneau trop étroit.
Plus de hasard. Chacun glissera sur sa ligne,
Immobile au seul rang que le départ assigne,
Plongé dans un calcul silencieux et froid.

[...]"

Vigny, Les Destinées, "La maison du Berger".
Merci bien, S. Bily. J'ignorais ces vers, aujourd'hui délicieusement décalés.
30 avril 2010, 22:42   Le pompon
Les transports en commun, c'est comme le reste, il faudrait ne les pratiquer qu'hors nécessité, heures de pointe, et même destination bien arrêtée. Par pur plaisir et curiosité de la flânerie dans l'enclos humain, le commun du transport se transformant alors en luxe du superfétatoire, et même recherche d'un certain type d'agrément, voire de plaisir.
Francis épinglait, avec raison dans ce contexte, la torture de la promiscuité contrainte, le communiste asservissement des déplacements dans l'imposition de l'absence du choix des co-déplacés, double peine donc, puisqu'à l'obligation de se rendre à un lieu de travail (le camp) — en fait, pourquoi s'arrêter en si bon chemin, et ne pas considérer que l'inacceptable est le fait qu'il faille gagner sa vie, ce pour quoi les transports de masse obligés ne sont qu'un moyen d'acheminement — s'ajoute celle de ne pouvoir choisir ses compagnons d'infortune, et de subir l'affront d'odeurs corporelles non sollicitées ; c'est en effet insupportable.
Mais il n'est point de situations absolues, dont la valeur serait indépendante du type de regard qui se porte sur elles : considérez le wagon ou l'autobus comme terrain de jeu, de promenade ou de chasse, de simple distraction même, et il est rarement plus ample choix offert à votre intérêt.
(Avez-vous oublié que les éréthismes de l'énervement des sens par frottement furent l'une des pratiques de dilection du Maître lui-même, et qu'à ce titre une rame de métro bondée soit une véritable orgie en puissance ?)
Peu importe ce pour quoi les choses sont faites ; dans le déferlement des applications d'une technique dont le développement est de toute façon incontrôlable, il ne s'agit jamais que d'en circonvenir le dessein par un juste retour à la seule morale qui vaille en la matière, celle de maître à esclave : l'outil est un esclave inanimé (Aristote).
Eh bien, encore une fois, je dis Merci Monsieur Alain.
La Maison du berger, il faudrait citer ce texte en entier, quel rythme !
Utilisateur anonyme
01 mai 2010, 00:18   Re : Vers la disparition des transports en commun ?
comme dit Orimont "(légèrement soutenue par un dopage médicamenteux tout de même), " tu crois que Vigny en prenait ?
" (comme toute la population)"
et vous vous en prenait ??? le mal des transports bôôôff y a bien pire : " dans les pharmacies palalamm palalamm...dans les pharmacies "
Pour sûr ! Longtemps je me suis envapait au passé composait.
01 mai 2010, 11:16   Re : Le pompon
"(...) pourquoi s'arrêter en si bon chemin, et ne pas considérer que l'inacceptable est le fait qu'il faille gagner sa vie, condamnation véritable de ce que les transports de masse obligés ne sont que le moyen (...)"

Les transports de masse sont le moyen de gagner sa vie, alors rien à dire, et si demain la marche à quatre pattes devenait le moyen de gagner sa vie on irait tous à quatre pattes n'est-ce-pas, on n'aurait pas le choix, on pourrait pas faire autrement etc.
Bon ler mai à tous.
Si demain il fallait marcher à quatre pattes pour aller bosser, il est évident que beaucoup le feraient, car pour beaucoup, ne pas travailler ce serait "perdre sa dignité". Et l'on est prêt à toutes les indignités pour ne pas perdre sa dignité. Une rame de la ligne 13 à 8h45 du matin est la preuve de cet étrange paradoxe.
01 mai 2010, 11:29   Re : Le pompon
Et bien non, cher Alain, arrêtons-nous en si bon chemin je vous prie, ne regardons plus au but, soyons moins radicaux et découplons les machines, détachons les wagons et demandons-nous comment il se trouve que le transport public ou "en commun" n'a jamais été dissocié de la promiscuité anonyme des voyageurs, aujourd'hui souvent hostile et dangereuse --- danger jamais mieux mis en image que par cette affaire du Noctilien il y a un an --, en d'autres termes comment concevoir un transport de masse qui serait un covoiturage ? Quels procédés techniques permettront que des voitures entraînées par un mécanisme unique puissent être verrouillées, privatisées au gré de leurs occupants comme des loges de théâtre, en faisant en sorte que ceux-ci soient libérés, en même temps que de la fonction de machiniste qui est encore et depuis le début, celle du conducteur de son automobile, de la charge de sur-responsabilité civile que j'évoquais dans le message précédent. Des solutions véritablement techniques restent à inventer contre la barbarie du train, qui nous orienteraient vers la nacelle privée, collectivement mue par un mécanisme sans machiniste, et qui nous libèreraient en même temps de la barbarie de l'embouteillage automobile. Ce qui a pu de très loin s'approcher d'une apparence de choix d'un environnement de voyage dans la barbarie du train est celui de la classe de voyageurs, soit celui du compartiment collectif, lequel a du reste fini par tomber en désuétude du fait même de son paradoxe (le choix de sa classe n'est pas un choix). Reste donc à inventer le découplage entre mécanisme de locomotion unique et promiscuité avec des co-transportés anonymes, cette association paradigmatique, d'apparence si naturelle, n'étant que l'expression d'une paresse d'esprit méprisante des ingénieurs du XIXe siècle, politiquement exploitée par les concepteurs de la massification et les acteurs de la mélancolie et de la morbidité du XXe.
Mais là comme ailleurs se révèle une sorte de congruence des phénomènes : ce n'est pas un hasard si le transport en commun privatif n'a pas été inventé. Lorsque tout le monde désire être au même endroit au même moment, l'entassement se produit de manière nécessaire. Il faut d'abord désengorger les voies de circulation, parer à la demande la plus urgente, ce qui signifie : inventer des boites à sardines à grande vitesse. Ce n'est pas le manque d'imagination des ingénieurs qui est en cause - au contraire, ils ont fait des merveilles pour entasser le maximum de monde dans un minimum d'espace, sans oublier l'"espace téléphone" ! -, c'est l'appauvrissement du rapport au monde. L'immensité géographique du monde a été réduite à un réseau de "sites touristiques" ou de "centres d'affaire", dont le nombre est en réalité beaucoup moins élévé que celui des endroits dignes d'être vus, visités, explorés. Et quelle est la cause de cette réduction, sinon notre vision du monde elle-même ? Ne voyageons-nous pas comme nous passons d'un rayon à l'autre de nos hypermarchés ? Ne cherchons-nous pas à Londres, à Berlin, à New-York, à DubaÏ, la même chose que nos semblables ? N'allons-nous pas tous travailler dans les mêmes grandes villes, quand ce ne sont pas les mêmes quartiers ? La technique opère une centralisation vertigineuse des activités humaines. Virilio dit quelquepart que nous nous rapprochons d'une hyperville, dont les grandes métropoles deviendraient les quartiers, et qui laisserait les autres villes - celles qui appartiennent au "non-global", à la banlieue de l'"hypercentre" - s'échouer dans ce qu'il nomme une nouvelle tiers-mondisation. Il est inutile de préciser que ces non-lieux ne seront pas courus des touristes, et qu'on n'inventera pas de transports raffinés pour s'y rendre.
01 mai 2010, 13:44   Re : Chicken Chikan
...dont je ne suis pas, cher Jean-Marc. Du reste, il est bon de rappeler ici que les trains de banlieue japonais ont des compartiments réservés aux femmes durant les heures de pointe (l'heure bien nommée!), reconnaissables à leur surabondance d'affichettes roses.
01 mai 2010, 15:56   Re : Le pompon
l'inacceptable est le fait qu'il faille gagner sa vie, condamnation véritable de ce que les transports de masse obligés ne sont que le moyen

Comprends pas.
01 mai 2010, 20:04   Re : Le pompon
Oui, oh, hein. C'est tant bien que mal corrigé.
(L'on veut dire quelque chose, et c'est tourné d'un certaine façon, puis l'on passe à une autre idée, ayant déjà formulé la première partie de la précédente. Heureusement que vous êtes là.)
Je vous suis très bien. Mes réactions aux objections d'Alan Eytan avaient trait au transport urbain et péri-urbain, appelé à revêtir une importance particulière dans le cadre du Grand Paris. On ne peut plus faire circuler les citoyens comme si entre leur point de départ et leur point d'arrivée n'existaient que tunnels et no-man's land cependant que la caisse roulante est au mieux un abîme de désespoir au pire un lieu de tourments infernaux (Noctilien). Et cette impossibilité s'inverse en opportunité lorsqu'il devient question comme dans les plans du Grand Paris de créer un continuum d'activités et de lieux d'intérêt sur une portion notable de territoire. Dans cette optique, une chaîne de nacelles privatisables (par verrouillage intérieur) à arrêt intermittent (à une ou deux minutes d'intervalle) et non localisé -- pas d'arrêt de bus ou de station de collecte où s'entassent les usagers en attendant comme c'est le cas aujourd'hui qu'un convoi de deux ou trois autobus bondés passe en ramonant l'avenue -- , prendrait tout son sens.
01 mai 2010, 21:24   Bus
Bien cher Francis,

Je complète votre analyse par les observations personnelles suivantes :

- vous attendez à l'arrêt d'autobus, où il est écrit qu'ils passent toutes les huit minutes, pendant un quart d'heure, rien ;

- arrivent ensuite, coup sur coup, trois autobus bondés, dans lesquels il est impossible de monter ;

- vous attendez cinq minutes ;

- vous vous mettez à marcher en direction de la station de métro et vous êtes alors dépassé par deux ou trois autobus quasi-vides.
01 mai 2010, 21:39   Re : Bus
Un moyen terme, ou plutôt un nouveau paradigme doit être inventé pour mettre fin d'une part à la solidarité des wagons attachés à un même train qui regroupe (et fait monter, et fait descendre) tout le monde au même point, ou presque (instaurant entre ses stations la résignation, la mélancolie et la violence, quand ce n'est pas l'angoissante et terrible bonne humeur des bateleurs qui y font la manche); et les absurdes autobus qui finissent, tels les plus gros rochers au bas de la montagne, par s'agglutiner, étant de même taille et entraînés dans un même flot, pour former des convois qui prolongent l'attente à leurs arrêts et augmentent l'inconfort des passagers -- les trains d'autobus des grands boulevards parisiens depuis Nation illustrant le phénomène à la perfection.
01 mai 2010, 22:37   Re : Bus
Votre regard, Francis, est celui du réformateur voulant œuvrer pour le bien de la communauté des voyageurs — bien "commun" qui consistât en ce que le transport le soit le moins possible — et je vous en félicite, cela dit sans aucune ironie.
Le mien était celui du particulier qui voulait, petitement, égoïstement, hédonistement, tirer profit de l'état des choses tel qu'il est, ne se sentant absolument aucun don ni puissance d'efficace pour le modifier, particulier dont l'intérêt même résiderait dans la permanence de cet état.
Soit dit en passant, l'espace délimité par les points d'intersection de tous ces regard particuliers constitue ce qu'il est convenu d'appeler la "réalité", vous imaginez donc la géométrie impossible de la chose, et les immenses difficultés que l'on rencontre dès lors qu'il est question de prévoir la forme nouvelle produite par l'action, même concertée, sur ce réel.
S'il ne faut pas redouter d'affronter la violence qui se présente, ni même le recours violent dans des situations qui n'en laissent aucun autre, il est très hasardeux, à grande distance des événements que vous anticipez, cher M. Mavrakis, de tabler sur son escalade mécanique comme vous le faites. L'issue que vous évoquez n'est pas imminente et rien n'indique qu'elle soit encore annoncée comme aboutissement d'un enchaînement de faits qui, déjà, se donneraient à voir et à lire sans besoin d'y réflechir dialectiquement.

En mai 2010, les mouvements violents, ceux du terrorisme musulman, tuent beaucoup certes, mais il ne faut pas perdre de vue que les victimes de ces meurtriers restent en majorité d'autres musulmans - il y eut, en dix ans, à peine une demi-douzaine d'attaques terroristes de masse revendiquées par les djihadistes contre des Occidentaux (11 septembre, Madrid, Bali, Londres, etc.), soit à peine autant qu'en un mois dans les pays non-Occidentaux (Inde, Irak, Pakistan, pays d'Afrique, etc.). Ce qui veut dire que l'histoire va emprunter des voies plus longues, plus détournées et moins linérairement précipitées que celles que vous évoquez. Les sociétés, la nôtre comme les leurs, sont traversées de courants contradictoires qui sont autant de lignes de force principales et secondaires et causes d'incertitude sur l'avenir. Tout ce que nous sommes ou avions cru devenir va disparaître à tout jamais dans la décennie à venir, voilà qui est sûr, pourtant, ce qui s'imposera peut encore ne pas être l'exact contraire de tout ce qui fait notre identité. Loin de moi l'idée de vous objecter que "rien n'est joué" - quelque chose est joué, mais ce quelque chose demeure occulte et cette occultation est le fait de son caractère contradictoire et extrêmement complexe; et si nous devons douter comme je le fais que l'état futur soit le parfait contraire de l'objet de nos vieilles aspirations, ou le plus purement antagonique à nos valeurs et aux manières d'être auxquelles nous mourrons attachés, c'est aussi parce que notre disparition ne signale ni la fin de l'histoire ni ne signe la finalité des forces qui la provoqueront; en d'autres termes, les forces qui menacent de balayer l'occident, sa civilisation et sa société, à l'instar de la mafia, n'ont rien de personnel contre nous; elles luttent contre tout ce qui leur fait obstacle et de manière très indiscriminée et transversale (en puisant notamment dans les forces de la jeunesse occidentale dont une part non négligeable est promise à la conversion à l'Islam). Le schéma que vous évoquez, pour séduisant qu'il soit, repose sur des dynamiques d'affrontement relativement simples, articulées sur un modèle de classe. Or le drame se noue à front renversé: ceux que nous appelons ici "les collabos" y tiendront un rôle déterminant; et il n'est que logique de leur supposer dans le camp d'en face des homologues qui "trahiront" utilement leurs "frères"; or l'issue d'une telle "double trahison", et les dynamiques qu'elles engendreront, demeurent, par définition, rien moins qu'incertaines.
Utilisateur anonyme
02 mai 2010, 10:53   Re : Vers la disparition des transports en commun ?
quelque chose est joué, mais ce quelque chose demeure occulte et cette occultation est le fait de son caractère contradictoire et extrêmement complexe
......................
Cher M. Marche ce que vous écrivez est passionnant !

Pourquoi ne parlerait-on pas d'un résidu ?, du résidu comme d'un noyau comportemental, d'un élément constant, non logique de la nature humaine ("ce quelque chose demeure occulte"). Le résidu, c'est ce qui reste quand on a écarté le voile des moralisations et des diverses rationalisations (mon "escalade mécanique", par ex). Ainsi la part de l'instinctif, de l'irrationnel, est toujours considérable dans une société, mais ce fait est en partie voilé, car les hommes, en même temps qu'ils agissent sous l'empire de la passion, parlent, écrivent, élaborent des théories par lesquelles ils prétendent justifier leurs actions, prévoir le futur, etc. - enfin bref, tout ça pour dire que votre "quelque chose est joué, mais ce quelque chose demeure occulte et cette occultation est le fait de son caractère contradictoire et extrêmement complexe".... me plaît beaucoup.

W. Pareto, lequel distinguait trois types d'action (l'action logique, l'action paralogique, l'action illogique), pourrait peut-être nous aider... ?
Disons que ce résidu occulte, c'est l'avenir, qui se noue dans chacun de nos gestes et de nos micro-décisions d'aujourd'hui et c'est aussi le vestige, la vieille trace qui seront les nôtres dans ce monde futur duquel nous aurons disparu. Le malheur du réactionnaire est qu'en réagissant aux éléments les plus manifestes du réel par des révoltes qui ne sont autres que logiques (comme l'explique Alain Finkielkraut dans les entretiens mis en ligne ici aujourd'hui lorsqu'il nous dit qu'en ne pouvant pas de pas réagir, il échappe, croit-il, à l'hébétude et à l'acquiescement au réel, d'une part et que d'autre part, sa pensée en est maintenue en éveil), il laisse ce résidu occulte agir à sa guise, l'avenir advenir. C'est sa faiblesse, mais cette faiblesse n'est que relative; c'est en vérité une force qui n'a pour tout défaut que d'être différée très loin par-delà les conflits hypothétiques ou probables.

Il faudra être un jour proactif, mais pour l'être efficacement il convient de ne rien manquer des forces agissantes du réel d'aujourd'hui et de leur déploiement, de bien en reconnaître le jeu. Je pense en écrivant cela à la "haine" farouche qui anime certains de ces "collabos" (des hommes de média pour la plupart) à l'encontre d'un Renaud Camus ou d'un Finkielkraut ou d'un Zemmour, et qui dépasse de loin tout ce que les représentants des populations occupantes peuvent manifester envers ces mêmes penseurs ou à l'égard de leur personne; et semblablement il ne fait guère de doute qu'aux yeux des djihadistes et salafistes les plus déterminés, les enfants ou petits-enfants de migrants qui se comportent comme l'on sait dans nos banlieues ne sont que des éléments dégénérés qui seront les premiers à mériter le couteau. Si bien que si le pays qui est le nôtre est un jour le théâtre d'un conflit de civilisations avec prise d'armes, les camps protagonistes de cette guerre seront au moins quatre et les jeux d'alliance ne sauraient manquer de nous surprendre. Quand l'heure ne sera plus à la retenue dialectique de la pensée, le temps sera arrivé d'être enfin soi-même dans cet écheveau afin de ne pas risquer de s'y trahir ni ne trahir les siens, certes, mais en attendant, et parce que cette échéance n'est pas encore visible du fait de la complexité et de l'immaturité des rapports de force, il convient de se garder d'accourir vers elle de trop loin.

Au reste, et en explicitation du premier paragraphe de ce papier, il convient de reconnaître que l'éventualité qu'il ne se passe rien sanctionnerait le caractère tout relatif de notre identité, qui n'aurait su faire autrement que de s'effacer ou de se dissoudre face à l'entreprise de son remplacement, évidemment, mais qu'elle sanctionnerait du même coup le caractère tout aussi relatif de notre disparition -- à savoir que si le mouvement de remplacement de population et d'identité n'est pas consciemment dirigé vers cette finalité dans l'esprit de ses acteurs directs (alors que l'on est à peu près sûr qu'il l'était dans l'esprit de ses collabos et instigateurs autochtones), acteurs directs qui n'agiraient que selon le principe mafieux du "rien de personnel contre vous si vous acceptez la dhimmitude", alors tout espoir de renaissance et d'affirmation renforcée de notre identité et de notre histoire serait préservé intact. C'est à ce stade, et dans cette conjoncture que le mot de "résistance" -- dont l'usage actuel est si justement raillé par Finkielkraut -- reprendrait tout son sens français traditionnel, et c'est en y songeant que je vous écrivais que notre disparition, aussi définitive soit-elle, laisserait, à la faveur de la complexité des situations à venir qui nous "oublierait" suffisamment, ou qui ignorerait comme nous les ignorons aujourd'hui les traces pourtant précieuses que laissent dans l'histoire nos gestes actuels, semi-conscients et minuscules, mais vus et observés par nos enfants et qui, eux, s'en souviendront, subsister de nous quelque reste, quelque germe de renouveau.
Utilisateur anonyme
02 mai 2010, 21:32   Re : Vers la disparition des transports en commun ?
Mais où est la volonté ?, le chemin ? Là où il y a une volonté, il peut certes y avoir un chemin ; là où il y a un chemin, il peut aussi y avoir une volonté. De même, si tout est indifféremment chemin, rien n'est chemin. Il suffit, pour s'en rendre compte, de marcher au hasard - tâche impossible s'il en est. L'absence, chez l'homme européen, de détermination univoque des instincts équivaut à la possibilité d'une mise en oeuvre - ô combien hasardeuse ! - de ces instincts dans n'importe quelle direction. Lorsque le "temps sera arrivé d'être enfin soi-même" combien d'hommes accepteront l'idée qu'il leur appartient de mettre du sens où rien n'est prévu et rien n'est joué, où rien n'est nécessaire, mais où tout est possible ? - Ou bien, au lieu de rechercher un sens qu'on ne saurait trouver, il nous faut rendre, dès maintenant, le réel au "non-sens", et ainsi le rendre à lui-même... Le monde, finalement, n'est vraiment riche que de son absence de signification globale préétablie (why not ) : il est riche comme chaos - parce qu'à ce chaos, l'homme peut toujours y imprimer sa marque. L'homme est bien, comme le dit Jünger, le "seigneur des formes".
» L'absence, chez l'homme européen, de détermination univoque des instincts équivaut à la possibilité d'une mise en oeuvre - ô combien hasardeuse ! - de ces instincts dans n'importe quelle direction

Mais l'instinct ne se caractérise-t-il pas précisément par l'ignorance de la fin en vue de laquelle il s'exerce ? À mon sens, mais peut-être cela peut-il se discuter, c'est même ce qui le définit, comme action continuant d'être mise en œuvre lors même que le but qui la détermine est absent.
Dans ces conditions, le "changement de direction" n'a strictement aucune incidence sur la mise en œuvre de la conduite elle-même, puisque celle-ci se situe toujours en-deçà de ce qui la motive.
Parlez-vous là encore de comportements "instinctifs" ?


» Ou bien, au lieu de rechercher un sens qu'on ne saurait trouver

On ne saurait le trouver parce qu'on le cherche : comment pourrez-vous l'identifier si vous ne savez pas ce qu'il est ?
Plus que jamais imbattable, ce Ménon...
Dites-moi, cher Alain.
Pour moi l’instinct est une force très puissante en deçà de la conscience. Celle-ci ignore donc la fin de celui là mais celui là, en quelque sorte, sait très bien ce qu’il « veut », ou il va.
On ne saurait trouver un sens que l’on cherche mais peut-être peut-on donner un sens à ce qui n’en n’a pas a en soi-même (nous rejoignons là un partage des eaux abordé précédemment et qui me tient à cœur).
Je commence ma journée, bonne nuit à vous.
Utilisateur anonyme
03 mai 2010, 09:10   Re : Vers la disparition des transports en commun ?
» Ou bien, au lieu de rechercher un sens qu'on ne saurait trouver

On ne saurait le trouver parce qu'on le cherche : comment pourrez-vous l'identifier si vous ne savez pas ce qu'il est ?
Plus que jamais imbattable, ce Ménon...

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Déplaçons le problème : le sens, on pourrait le situer en "coulisse" par rapport au réel, tel un manque, une présence retardée, l'objet manquant du désir (l'objet a de Lacan, par ex ?), l'indéfinissable, le très proche qui se dérobe toujours, etc. Une autre façon de conserver un sens au réel, sous la forme d'un double, serait de le considérer comme définitivement absent ou définitivement manquant, tout en le maintenant comme pure croyance, considérée comme régulatrice (il n'y a donc pas à le chercher, il est toujours déjà là). Après tout, l'inexistence ou l'absurdité d'une doctrine n'empêche nullement qu'on s'en réclame.
Je peux très bien me tromper quant à la définition du sens du monde - mais dois-je admettre qu'il puisse ne pas y avoir de sens ? - Décidément, cette questions du sens ou du pas sens (dupas sans (Lacan)), est à s'arracher les cheveux.
" Mais l'instinct ne se caractérise-t-il pas précisément par l'ignorance de la fin en vue de laquelle il s'exerce ? "

C'est exactement ce qu'affirme, après moults observations et expériences, Konrad Lorenz.
Citation
Kostas
mais dois-je admettre qu'il puisse ne pas y avoir de sens ?

«partage des eaux» disais-je, cher Kostas...
La volonté qui fait chemin et qui donc fait son chemin puisqu'elle ne saurait en connaître d'autre que celui qu'elle affirme sien, est une concentration d'énergie qui, en effet, appauvrit considérablement le chaos, il faut donc, comme des alcools forts qui font se concentrer l'énergie et la vision de celui qui les consomme, en user avec prudence et modération car comme eux elle vide le sujet d'une bonne part de ses possibilités en refermant l'éventail des chemins autres qu'il pourrait emprunter dans les arborescences du réel. La volonté qui se trompe (le polpotisme par exemple, l'épuration ethnique ailleurs) cause des dégâts irréparables à l'organisme -- elle dévoie son futur naturel, son futur instinctuel. L'heure de l'instinct doit être brève, forte, décisive comme un knock-out; avant elle, laisser jouer la souveraine maturation des forces du chaos que l'on observe. Si nous ne pourrissons pas, savoir si nous savons entretenir en nous la vérité et si nous conservons intacte notre capacité à la reconnaître et à la dire, l'on doit considérer que les situations ne pourrissent pas elles non plus mais qu'elles évoluent et mûrissent seulement comme on s'y attend et dans le sens que l'on a discerné, jusqu'à l'heure du tournant et de la volonté utile qui imposera sa maîtrise des faits.
Merveilleuse méditation sur toutes ces instances qui peuvent animer l'humain. J'en retiens le risque de se fermer à l'une ou l'autre et la vigilance nécessaire pour ne se laisser emporter par aucune. Merci, cher Francis.
Utilisateur anonyme
03 mai 2010, 17:54   Re : Vers la disparition des transports en commun ?
Si nous ne pourrissons pas, savoir si nous savons entretenir en nous la vérité
............................

Quelle sera, à ce moment précis, la valeur vitale de "notre vérité" ? Quelle valeur aura-t-elle pour l'action ?

Dites-moi, Cher M. Marche, ne seriez-vous pas un peu... chinois, par hasard ?
Je partage l'admiration qu'Eric Veron nourrit à l'égard de la prose marchienne. Francis Marche est certainement le contributeur le plus profond de ce forum.
Utilisateur anonyme
03 mai 2010, 18:51   Re : Vers la disparition des transports en commun ?
Pour le dire autrement : la pensée marchienne, bien qu'extrêmement complexe, est acceptée par les forumeurs parce qu'elle exprime de façon claire des idées - ou des possibilités d'idées - déjà existantes à l'état d'impulsions et de besoins affectifs. F. Marche provoque ainsi des "ré-actions", des pensées en retour, des idées, des lectures, des théories, etc.
Merci cher M. Mavrakis, la pensée marchienne n'existe pas, elle n'est ici qu'une construction éternellement en cours (un authentique work in progress) qui n'est autre que la paraphrase appliquée d'une pensée collective; cette paraphrase lui cimente des palliers.
Merci, cher Éric. Je n'ai comme à mon habitude pas du tout assez dormi, aussi vous me pardonnerez de copier/coller ce que pour l'instant j'aurais du mal à trouver en ma tête cotonneuse, à propos de la définition généralement admse de l'"instinct" en psychologie, qui recoupe tout à fait ce que j'ai voulu dire, et qui rencontre également les conclusions de Lorenz évoqués par Cassandre :

« Quel est l'état de la conscience dans l'activité instinctive? La conscience, dans le réflexe, ne connaît ni la cause, ni les moyens, ni la fin de l'action : excitation, impulsion, mouvement, tout demeure ignoré. Dans le cas du besoin physiologique, souvent confondu avec l'instinct, la conscience atteint la cause efficiente des mouvements : c'est une douleur ; mais les mouvements eux-mêmes semblent lui échapper, et leur fin véritable est absente de l'esprit. L'enfant dont les lèvres se contractent pour téter ne sait pas que ce mouvement doit entretenir sa vie : il a seulement conscience d'une douleur, et, si une fin se présente à lui, c'est le désir d'écarter cette douleur : la fin apparente n'est qu'un moyen destiné à produire la fin réelle inconnue. A la conscience de la cause, ajoutez la conscience de l'effet, le besoin organique devient un instinct : non seulement l'être sent la douleur qui le pousse à l'action, mais l'image de ses mouvements flotte devant ses yeux. En vue de quelle fin ces mouvements sont-ils exécutés ? l'animal ne peut le dire. Supprimez la fin : il n'en continuera pas moins à employer tous les moyens, sans omettre le moindre détail; enlevez la larve du nid de l'insecte : il n'en amassera pas moins les aliments qu'il lui destine. A la vérité, cette expérience ne démontre pas définitivement que l'animal ignore la fin de ses actions. Il peut savoir l'inutilité de ses mouvements et les continuer en vertu de la force acquise : un mouvement complexe ne peut pas s'arrêter brusquement.

Les expériences n'ont pas été suffisamment prolongées pour qu'on puisse conclure qu'indéfiniment l'insecte travaillerait à une tâche absurde : il n'est donc pas sûr qu'il ignore absolument la fin de ses actions. Il reste vrai néanmoins que le critère d'après lequel on peut distinguer l'instinct des autres principes d'activité impulsive, c'est l'apparente inconscience de la fin : l'être agit comme s'il ignorait le but de son action : quand les mouvements destinés à produire une fin sont tous exécutés en l'absence de cette fin, ils sont instinctifs.
»


À propos du sens, c'est une vaste question... Il me semble que le mode d'emploi de ce terme consiste toujours dans l'établissement d'un rapport entre ce dont on cherche le sens et l'autre que lui-même, qui éclaire le premier ; donner du sens, ce ne peut être purement et simplement l'inventer, en l'absence d'un référent quelconque.
« Mode de donation de l'objet » disait Frege, en établissant qu'il pouvait y avoir des expressions ayant un sens différent, mais le même référent.
J'espère y revenir plus tard...
Prenez le temps de vous réveiller, cher ami. Je ne vais pas tarder à aller me coucher. Je trouve ça rigolo.
Francis Marche est un artiste, il se joue du rationnel grâce à son sens du paradoxe, il est très fort.
Pour ma part, je lui suis très reconnaissant de m'avoir fait connaître Les tombeaux ferment mal, de Jacques Audiberti, où j'ai retrouvé certains de ses accents.
Citation
Kostas Mavrakis.
» Ou bien, au lieu de rechercher un sens qu'on ne saurait trouver

On ne saurait le trouver parce qu'on le cherche : comment pourrez-vous l'identifier si vous ne savez pas ce qu'il est ?
Plus que jamais imbattable, ce Ménon...

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Déplaçons le problème : le sens, on pourrait le situer en "coulisse" par rapport au réel, tel un manque, une présence retardée, l'objet manquant du désir (l'objet a de Lacan, par ex ?), l'indéfinissable, le très proche qui se dérobe toujours, etc. Une autre façon de conserver un sens au réel, sous la forme d'un double, serait de le considérer comme définitivement absent ou définitivement manquant, tout en le maintenant comme pure croyance, considérée comme régulatrice (il n'y a donc pas à le chercher, il est toujours déjà là). Après tout, l'inexistence ou l'absurdité d'une doctrine n'empêche nullement qu'on s'en réclame.
Je peux très bien me tromper quant à la définition du sens du monde - mais dois-je admettre qu'il puisse ne pas y avoir de sens ? - Décidément, cette questions du sens ou du pas sens (dupas sans (Lacan)), est à s'arracher les cheveux.


Pour aller vite, mais alors très, je vous dirais que le sens en général (sens du "sens"), ce pourrait être une façon de procéder de l'inconnu au connu, scellant alors leur relation par un "mouvement de pensée" plus ou moins pérenne qui les maintient liés. Ce qui est là particulier et à priori paradoxal, c'est que le connu est extérieur, alors que l'inconnu est ce dont nous partons (à tel point qu'il ne pouvait y avoir pour Wittgenstein de "sens privé", quel qu'il soit, celui-ci ne relevant jamais que de règles collectives dans un espace public) — étant quelconque, forme, processus, action, dont le sens est toujours manquant, sans quoi on ne le chercherait pas .
Étant donné qu'il semble falloir toujours disposer de ce qui tienne lieu de "connu", d'une altérité référentielle qui figurât l'une des deux extrémités entre lesquelles se déroule le sens, censément comme direction de l'une à l'autre, se pose la question de savoir en vertu de quoi cet extérieur est connu, à quoi tient cette identification, et quelle autorité décrète le lien entre ce dernier et ce qu'il pourvoira de sens.
Comme je n’identifie pas purement et simplement le sens à cette altérité référentielle (après tout, le sens du mot « arbre » n’est pas l’objet physique constituant son référent), mais le situe entre deux termes comme établissement dynamique d’un lien, ce qui importe dans le don de sens n’est pas l’existence effective de ce qui sert de référence, mais la possibilité d’établir comme telle ce qui garantit le mouvement dans sa direction, la possibilité d’échapper, de se porter hors de l'être vide refermé sur soi, de l’insensé, cette référence fût-elle imaginaire ou infigurable autrement que comme terme et horizon d’attente, comme vous l’avez vous-même suggéré.
Ce ne sera plus alors le sens qui manquera, puisqu’il y aura bien tropisme, impulsion d’un mouvement orienté, mais l’indiscernable pôle d’attraction, comme objet de "présentation" possible.
Mais en fait il a toujours manqué,
Utilisateur anonyme
04 mai 2010, 09:45   Re : Vers la disparition des transports en commun ?
Finalement, je crois que je me méfie assez du sens... telle fut, en psychanalyse, et sans me comparer à lui, l'attitude de Lacan envers l'approche herméneutique : le Maître privilégiait l'interprétation hors-sens, il se méfiait de celle-ci et de son pourvoir trop dire... En ce sens, la psychanalyse voulue par Lacan ne cesse de regarder vers la Chine ("Je me suis aperçu d'une chose, c'est peut-être que je ne suis lacanien que parce que j'ai fait du chinois autrefois".) C'est ici que Francis Marche... ?
Cher M. Marche, ne seriez-vous pas un peu... chinois, par hasard ?

Si. Et j'ajoute que vous n'y êtes pas tout à fait pour rien.
Pour en revenir aux transports en commun...




Document promotionnel pour les nouvelles rames de métro, Paris, fin des années 50.




Les tabous de l'intégration, émission d'Antenne 2, 1991
Paris presque paradisiaque...je me souviens de ce premier métro sur pneus, mais pour un petit provincial, l'ancien avait tant de charme: Dubo...Dubon...Dubonnet !
"Paradisiaque" dites-vous ?
04 mai 2010, 20:21   Lacunes
Chacun son truc. Moi, je préfère les monomanies de W et les lapins de Quine.
Par effet de contraste entre deux époques et deux âges de votre serviteur.
Avez-vous connu les poinçonneurs Cher Florentin ? Je serais curieux d'entendre parler du métro de cette époque par quelqu'un qui l'aurait fréquenté régulièrement. La vision offerte par le film publicitaire a beau sembler très préférable à la réalité actuelle du métro, elle n'en est pas moins glaçante.
Je me souviens des poinçonneurs dans le métro et, dans les autobus, des machines qu'utilisaient les receveurs pour délivrer des tickets par sections (j'en ai conservé trois dans une boîte où j'entasse des traces du passé). Encore une fois, je venais à Paris aux vacances chez une tante qui faisait mon éducation. Evidemment, pour les gens qui travaillaient et devaient prendre le métro matin et soir les choses étaient différentes.
Le film publicitaire que nous propose Felix n'est pas réaliste, c'est une vision du métro où manque la spontanéité, le côté bon-enfant de cette époque.
Le métro à pneus, comme dernier salon où l'on cause, quelle bonne blague ! Il doit bien y avoir en magasin quelque documentaire de même farine sur le métro soviétique que des quinquagénaires moscovites "visionnent" en laissant tomber une larme dans leur verre de vodka.

La nostalgie principalement active dans ces images, n'est-elle pas avant tout d'ordre ethnique ?
05 mai 2010, 10:01   Re : La nostalgie, camarade
Quand j'avais dans les douze treize ans et que je prenais le métro pour aller à mon cours de danse rue Saulnier, aux heures de pointe, il y avait toujours un bonhomme pour me mettre la main dans la culotte. Une fois j'en ai giflé un au hasard. Sous ses protestations indignées d'innocence,, j'ai du descendre, rouge de honte, à la station suivante. Depuis j'ai gardé un horrible souvenir du métro.
05 mai 2010, 12:33   Métro à pneus
Il était fort peu fréquent, dans les années 70. On avait plutôt affaire à un engin bruyant, bicolore pour distinguer les premières classes.
Rassurez-vous Cassandre, nous tenons votre homme ! nous avons en effet tous reconnu dans votre récit Romand Polanski à son stade débutant, sévissant comme frotteur dans le métro parisien, et qui déjà à cette époque prenait des baffes quand c'était jamais lui...!
et qui déjà à cette époque prenait des baffes quand c'était jamais lui...!

Ah non, ça, c'était Jean Lefèvre.
J'ai retrouvé, dans un vieux livre acheté chez un libraire d'occasion (certains d'entre vous connaissent peut-être Rieffel, rue de l'Odéon à Paris), un ancien ticket de métro, avec écrit dessus : "2ème classe - billet individuel valable pour deux voyageurs successifs", et poinçonné deux fois. Le ticket était accompagné d'une petite photographie représentant un soldat de la Grande Guerre avec, au dos, cette écriture enfantine : "Mon cher petit papa je penserais (sic) à toi toute ma vie - Simone". J'aime à trouver dans les livres ces "traces du passé", comme dit Florentin.
Je ne sais pas de quelle année date ce ticket (et mes parents, qui ont la quarantaine passée, n'ont pu me renseigner).
" Rassurez-vous Cassandre, nous tenons votre homme ! nous avons en effet tous reconnu dans votre récit Romand Polanski à son stade débutant, sévissant comme frotteur dans le métro parisien, et qui déjà à cette époque prenait des baffes quand c'était jamais lui...! "

Je me disais aussi que sa tête me rappelait quelqu'un !

Quoi qu'il en soit, qui aujourd'hui s'aviserait de laisser une gamine prendre, toute seule, y compris la nuit venue, le métro , àVaugirad pour descendre à Notre-Dame de Lorette ou à Havre-Caumartin et de là gagner la rue Saulnier par d'autres rues plutôt chaudes où de belles dames debout devant les bars m'éblouissaient ? Oui je sais, j'avais souvent la main de Polanski dans ma culotte de danseuse, mais je suis tojjours arrivée saine et sauve.
Rieffel est un des derniers du Quartier Latin. Je regrette beaucoup la disparition de Lafitte rue de Bucy et Rouam rue Mazarine.
Le ticket doit être assez vieux car je n'ai pas connu ces détails. Voici un lien à surveiller de temps en temps, certains collectionneurs donnent des détails.
Ebay
Ah oui, mon ticket ressemble bien à celui-ci !

Je suis trop jeune pour avoir connu les deux librairies dont vous parlez, Florentin, mais malheureusement assez vieux, bien qu'ayant moins de trente ans, pour en avoir vu disparaître bien d'autres à Paris. Tout ce monde, dont j'aurais ramassé les miettes, s'efface très vite.
05 mai 2010, 23:08   Le métro parisien
Ecoutez chère Cassandre, j'ai recueilli ce témoignage d'une amie allemande très chère, née en 1966, et qui, à 9 ans (neuf ans!), connaissait assez de français pour que ses parents, pourtant gens de bien, de Francfort, la lassassent, absolument seule, transiter dans ce métro parisien, de telle station à telle station qui la conduirait vers la Bretagne, vers une famille française qui l'accueillerait pour l'été, sans autre consigne que celle de sourire et d'user, à tout hasard, de ses quelques minuscules bribes de français, pour arriver à bon port sans dommages. Ce fut fait, sans ambages, avec toute l'aide que méritait le sourire miraculeux de cet ange d'Allemagne qui demandait son chemin dans un français désarmant.... La France d'alors, penchée sur ce petit être blond et questionnant, mérite tout de même d'être saluée pour ce haut fait
05 mai 2010, 23:16   Tickets cartonnés
Bien cher Florentin,

Vous souvenez-vous de ces tickets cartonnés, de petit format, de couleur je crois un peu rose, qu'étaient les billets de train ? on vous les reprenait à la sortie des quais, avant l'arrivée des horribles "composteurs"...
Je ne me souviens pas du tout de la couleur -- claire sûrement -- mais, effectivement, on rendait son ticket à l'arrivée. Il me reste encore quelques images comme ces wagons de troisième classe, tout en bois, sans couloir, dont chaque compartiment avait sa portière. A la gare de Salies de Béarn, où nous allions en cure, une voiture à cheval venait nous chercher. Je me demande ce que les jeunes générations qui lisent, imaginent de la vie d'autrefois.
A partir de cinquante ans, tout le monde en a quatre-vingt, s'il raconte son enfance à un jeune auditoire.
Quatre-vingts ans, c'est jeune; le narrateur du Temps retrouvé en a beaucoup plus, cher Orimont.
"En ce temps-là la vie était si violente qu'elle avait l'odeur mêlée du sang et des roses."
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