J'ai apprécié le passage sur les vaches parce que je ne l'attendais pas sous la plume de Philippe Muray.
Je lisais un peu ce dernier il y a une quinzaine d'années, avec beaucoup de plaisir, comme quelqu'un dont la perception critique de notre monde était proche de la mienne, mais qui l' exprimait en formules mieux frappées que n'auraient été les miennes. Expérience banale et fort agréable ... mais paresse intellectuelle réductrice. Dans les chroniques de Philippe Muray, j'avais beau ne pas être insensible à l'humour et à la distance, ou à la distanciation, qu'il installe, comme j'avais pu l'être plus jeune chez Léon Bloy, auteur qu'il a dû lire et qu'il y aurait avantage à lui comparer, je n'en cherchais pas moins ma dose de reconnaissance.
Avec gratitude et le même plaisir je retrouve de loin en loin, sous les claviers du forum de l'in-nocence, des mentions de son nom et des citations de son œuvre. Avec gratitude mais tel qu'en lui-même l'éternité ne l'avait pas changé, ou plutôt tel qu'en moi-même j'en avais construit l'image: attelé au travail du négatif.
Et puis ces lignes sur les vaches (annoncées par Finkielkraut comme poétiques , donc danger! mais non, Muray, s'il n'est pas un génie de la littérature, a décidément une marge suffisante) qui nous entr'ouvrent sans ridicule la porte d'un monde qui serait encore regardable ... pour peu que nous en soyons encore capables, nous "tard venus" et infirmes! Les vaches ou la mer, puisqu'opportunément Muray évoque Boudin, ou quoi que ce soit que nous puissions nous rendre capables de voir.
Un appareil photo, cher Florentin, je ne suis pas le dernier à en user, mais remplace-t-il le pinceau de Boudin?
Oui, nous sommes infirmes.
Quant au méthane, cher Jean-Marc, puis-je vous faire remarquer que les vaches, dont par ailleurs je goûte la viande autant que vous, ne sont pas responsables de la prolifération de leur espèce?