Merci au "vieux bonhomme "
« One world, one future « c’est l’hymne du tout monde et du tout festif…la mise à mort de la pluralité des mondes et la multiplicité des temps…Effacer l’ailleurs par l’uniformisation mondialiste et ensuite vendre cet ailleurs détruit en tant qu’ailleurs authentique. Le tourisme est l’avenir. Les touristes sont l’armée de métier de la nouvelle civilisation festive. » P. Muray
"Le maire, qui est maître en sa commune, lui commande hôpital, salle des fêtes ou collège ; toute les Madame Bovary du canton veulent leur villa sur ce modèle moderne. On installe de monstrueux H. L. M., la sans vouloir à un instant entendre parler de beauté, et j'ai vu des gens de goût, effrayé à l'idée qu'ils allaient être en retard d'un pas sur le progrès, avoir honte d'admirables maisons ancestrales, au style noble, venu le fond des temps. À l'usage évidemment on s'aperçoit que les grandes baies laissent passer le froid et l' insupportable chaleur ; que la maison haute est rapidement dégradée par le vent ;qu'.on est moins bien dans la construction de l'architecte local que dans la construction des maîtres maçons d'il y a 100 ans.
Toutefois le mal est fait, le paysage est détruit. On habite désormais dans un site inharmonique... C'est ainsi qu'après toute une contrée, tout un pays peut s'enlaidir, et de plus en plus car, à l'origine de cette laideur, il y a quelque un qui pense profit au lieu de penser architecture. Toute une population est mal à l'aise, sans savoir pourquoi.
Il me semblerait passionnant, quant à moi, de faire du nouveau en continuant à obéir aux règles immuables...
On me dit, et je le sais, qu'il faut aujourd'hui loger beaucoup plus de gens qu'il y a 100 ans. Cette raison n'explique pas ces déraisons. Toute la technique moderne n'empêchera pas la chaux d'être un enduit noble qui absorbe la lumière et s'en colore comme s'en colore tout le reste du paysage. Pourquoi ne pas mettre les moyens de la technique moderne au service des règles divines qui créent autour de nous la beauté naturelle ?"
Humilité, beauté, l'orgueil ( début des années 1960) Jean Giono