Lu dans Télérama :
Jean-Baptiste Germain, réalisateur et scénariste, revient avec Nicolas Perret, son preneur de son, sur les lieux de son enfance, à Romans-sur-Isère. «
Ici il y avait un parc très romantique avec des arbres et des rosiers, là, une architecture en volute sous laquelle on se baladait… » A l’approche de sa maison natale, on entend le chant du muezzin. Normal, elle a été transformée en mosquée. Il le savait, mais n’était jamais revenu. Le journaliste et son technicien se présentent au gardien, lui expliquent les raisons de leur venue et demandent l’autorisation d’entrer. «
Nous n’avons rien contre vous, leur répond le portier.
Nous ne pénétrons pas dans une église, vous n’entrez pas dans une mosquée. » Plus compréhensif, il ajoute : «
Attendez-moi là, je reviens dans quelques instants. »
En fait, ce documentaire raconte à la fois l’histoire d’une maison et celle d’une famille. Les grands parents de Jean-Baptiste ont toujours vécu dans cette demeure bourgeoise, avec jardin, piscine, cabanon, entourée de vergers et de champs de blé. «
On était libres, raconte leur fille, mère de Jean-Baptiste.
Puis une cité HLM a été construite autour de notre propriété et l’on s’est retrouvés avec des regards portés sur nous quand nous étions dans le jardin. On ne se sentait pas très à l’aise. » En 1982, les Germain quittent le quartier. Achetée par la mairie, leur maison est bientôt transformée en lieu de culte.
Jean-Baptiste Germain parviendra finalement à pénétrer dans le logement de son enfance. A part une cheminée, il ne reconnaîtra rien. Sa mère, elle, n’a pas voulu faire la même démarche. Quand son fils lui demande si cette transformation la contrarie, elle répond : «
Je trouve très émouvant que notre maison soit devenue un lieu de prière et de réflexion. Mais, si elle devait être rasée, j’aimerais qu’elle soit remplacée par un jardin de fleurs et des arbres. »
Anne-Marie Gustave, Télérama
Ecouter l’émission sur Arte Radio (22 minutes)