Assisté ce matin à un office dans une église évangélique d'une petite ville de Thaïlande dans le golf du Siam. Très émouvant. Durée deux heures trente, chants, sonos, multimédia. Grande ferveur: tout le monde debout, remuant les bras en chantant en thaï la gloire du Sauveur. En projection, des passages de l'épître aux Galates, aux Ephésiens. Une homélie fleuve (une bonne heure) donnée par une prêtresse thaïe (la mi-trentaine) totalement enflammée. Le choeur des quatre chanteuses swinguait plutôt bien (un véritable septet sur scène avec bassiste, guitariste et batteur!). On aurait pu se trouver dans une petite église d'Alabama si tout le monde avait été Noir. On ne peut pas ne pas s'interroger sur cette unité, des rites certes, mais aussi, spirituelle qui existe bel et bien entre cette église thaïe et n'importe quelle église évangéliste du Brésil, du Honduras, des Etats-Unis, du Ghana, d'Estonie, etc. Ont-ils un pape ? Non. S'échangent-ils des stagiaires qui sillonnent le monde pour ainsi apprendre les manières qui doivent impérativement leur être communes ? J'en doute: personne dans cette communauté ne parle autre chose que le thaï. Mystère.
Les images projetées sur le mur à partir d'un équipement simple mais fonctionnel (deux ordinateurs laptop reliés à un vidéoprojecteur) instruisent: la ceinture de la vérité, le glaive de l'esprit, le plastron de la foi, le casque du Salut, etc., et comme très souvent en Orient, on emprunte pour illustrer ces concepts à l'iconographie de l'Empire romain -- des centurions, des hommes d'armes. En Orient, l'histoire sainte, la figure de Jésus et celles de Empire romain sont fondues en une image, exotique, hautement signifiante. Le spirituel et le politique dans l'esprit de ces chrétiens, et l'exotique République, ont dans leur coeur une source unique, comme l'Espoir, qui ne se divise pas. Rien à faire, en Orient, le Chrétien reste l'irréductible dissident, celui dont la vision vient de loin pour porter plus loin encore.