Etudiant, j'avais acheté l'un des opus philosophiques de Mehdi Belhaj Kacem, intitulé
Society, et je l'avais lu jusqu'au bout dans un effort résolu et naïf de le comprendre. J'étais encore très impressionnable à l'époque : je prenais au sérieux les avis des
Inrockuptibles, c'est vous dire si je reviens de loin... Tiens, c'est d'ailleurs le fameux article de Weitzmann sur
La Campagne de France qui m'a fait découvrir le Maître, et donné envie de le lire, car il y était présenté tout de même comme un "écrivain d'avant-garde".
Revenons à MBK. Las, ce fut en vain que je le lus, car il n'y avait vraiment rien à comprendre dans ce salmigondis louchébèmique et prétentieux. C'est un ouvrage à ce titre assez fascinant... Je ne sais plus quel célèbre cinéaste a coutume d'organiser des soirées spaghetti avec ses amis avec projection du
Jour et de la Nuit de BHL pour y créer une ambiance potache, mais j'ai repris cette idée et souvent, lorsque des amis dînent chez moi, je m'empare de
Society et leur en fait la lecture d'une dizaine de lignes : ça les plonge dans un premier temps dans une stupeur inquiète, puis rapidement l'étonnement cède à l'hilarité, et mes convives s'arrachent enfin l'ouvrage pour pouvoir chacun en lire à voix haute une portion... Puis je clos généralement cette séance par la lecture du chapitre de
Pantagruel consacré à la rencontre de avec l'étudiant limousin, lequel semble avoir été écrit tout spécialement pour ridiculiser les pompeux cornichons du genre de MBK...