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Décès de Roger Munier, traducteur d'Heidegger et spécialiste de Rimbaud.

Envoyé par Utilisateur anonyme 
le 13/08/2010 à 17h33
Décès de Roger Munier, traducteur d'Heidegger et spécialiste de Rimbaud

L'écrivain Roger Munier, traducteur de Martin Heidegger et d'Octavio Paz et spécialiste d'Arthur Rimbaud, est décédé mardi à l'âge de 87 ans, annonce le carnet du Monde daté de samedi.
Né le 21 décembre 1923 à Nancy, Roger Munier a notamment traduit «Lettre sur l'humanisme» d'Heidegger en 1957 et organisé en 1955 la première rencontre entre le poète René Char et le philosophe allemand, dont il a également traduit «Le Retour au fondement de la métaphysique» en 1968.

Roger Munier a également traduit plusieurs livres du poète et essayiste mexicain Octavio Paz, comme «L'Arc et la lyre» (1965) ou «Point de convergence» (1976).

A partir de 1980, il s'intéresse plus particulièrement à l'oeuvre de Rimbaud à laquelle il consacre deux ouvrages, «Génie de Rimbaud (1988) et »l'Ardente patience d'Arthur Rimbaud« (1993).\( Roger Munier a également publié de nombreux essais et des recueils de poèmes (»Le Moins du monde«, »L'Instant«).

Outre René Char, qui a préfacé un de ses ouvrages, il a entretenu des relations amicales avec l'écrivain allemand Paul Celan, qui lui a dédié un de ses ouvrages, et depuis 1976, avec le poète Yves Bonnefoy.

Entré chez les Jésuites en 1944, Roger Munier a quitté l'ordre en 1953. Il était marié et père de trois enfants
Sur le site Poezibao
vendredi 13 août 2010
Un hommage à Roger Munier, par Gérard Pfister


Pour Roger Munier
21-12-1923 – 10.08.2010

Roger Munier a rejoint cette autre rive dont la mystérieuse proximité au long des jours n’a cessé de le fasciner. En toutes choses il en déchiffrait les signes comme les hiéroglyphes d’une langue magnifique et encore indéchiffrée. La silhouette d’un arbre, l’ombre d’un nuage, le moindre chant le guidaient dans sa quête inlassable de cette autre dimension du monde, imperceptible aux sens et partout présente. Il avait appris à la guetter sans impatience, sans faiblesse, avec la persévérance matoise du chasseur qui connaît tous les détours et les ruses de sa proie. Il ne se souciait pas tant de la saisir que de la contempler. Il avait trop de révérence et de pudeur pour espérer davantage que de s’en tenir à une distance respectueuse. Il n’aimait pas la familiarité, la facilité, la sentimentalité. Il lui importait seulement de scruter, analyser, noter, avec l’objectivité et la précision d’un entomologiste. Mieux valait la sécheresse d’une juste observation que le vague qui ne favorise que trop l’illusion. Il regardait de plus en plus loin le cortège énigmatique des lumières et des choses. Avec une tendresse grandissante, à mesure qu’il sentait grandir en lui la paix. Il savait d’une longue expérience qu’il n’avait rien à redouter de l’autre côté du monde et qu’il y avait toujours eu, en vérité, sa demeure.
"Quand viendra la mort, il n'y faudra plus penser, pour qu'elle soit la mort. Ne plus penser."

Le su et l'insu.
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