Le site du parti de l'In-nocence

Ah la la...

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
19 août 2010, 11:02   Ah la la...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
19 août 2010, 13:07   Re : Ah la la...
Pour changer un peu... (deux minutes trente). Page.
19 août 2010, 13:31   Re : Ah la la...
Dommage qu'on se fasse tutoyer à la fin.
21 août 2010, 11:44   Re : Ah la la...
L'impression de Sollers sur l'époque correspond à ce que j'éprouve et me dis.
21 août 2010, 13:30   Re : Ah la la...
Je recommande la lecture de "Littérature monstre" de Pierre Jourde. Le livre est déjà un peu ancien (deux ou trois ans), mais plusieurs passages sur Sollers disent l'essentiel de ce qu'il y a à dire du personnage !
Utilisateur anonyme
21 août 2010, 13:46   Re : Ah la la...
"Nous vivons une époque d’une extrême confusion d’où sortira peut-être une sorte de nouvelle Renaissance."

Quel observateur ! - et surtout, quel prophète !... Mais bon, "ça n'est que du Sollers", comme l'écrivait si justement Guy Debord.
21 août 2010, 14:14   Re : Ah la la...
"Nous vivons une époque d’une extrême confusion d’où sortira peut-être une sorte de nouvelle Renaissance."

Ce n'est pas sérieux, c'est de la paresse intellectuelle. La réalité présente n'offre aucun indice de renaissance quelconque. La démagogie est telle que n'importe quel barbouilleur se prend pour un peintre, n'importe quel scribouillard se prend pour un écrivain. On flatte la médiocrité dans un but mercantile. On ne peut rien envisager si on ne restaure pas une vraie hiérarchie des valeurs, des mérites, des talents.
21 août 2010, 14:23   Re : Ah la la...
Si la réduction fait votre bonheur...
21 août 2010, 15:41   Re : Ah la la...
C'est ce que dit Sollers : il n'y a rien qui préfigure cette nouvelle Renaissance, mais il soutient que de telles situations se sont déjà trouvées qui se sont terminées par des renaissances. Je le crois aussi.
21 août 2010, 16:02   Re : Ah la la...
Je crois qu'Ostinato sait lire (si je puis me permettre). Il y a chez Sollers une critique de notre époque qui va bien au-delà du sarcastique Muray (que j'apprécie beaucoup tout de même, évidemment). Ce n'est pas un "ami du désastre". Mais il y a aussi chez lui une foi, qui rejoint celle du christianisme sans s'y réduire, puisqu'elle passe aussi bien par les présocratiques, les gnostiques, l'Orient ou Heidegger. (Écoutez-le cet après-midi, sur France Culture, à cinq heures...) À mon humble avis, le bonheur absolu de cette foi, quelles que soient les circonstances, est ce qui manque le plus dans ce qui se lit en ce lieu.
21 août 2010, 16:05   Re : Ah la la...
Écoutez-le cet après-midi, sur France Culture, à cinq heures...

L'hyperlien Bernard, l'hyperlien, pleeezzzzz...!
Utilisateur anonyme
21 août 2010, 16:33   Re : Ah la la...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
21 août 2010, 16:36   Re : Ah la la...
Ce n'est pas un "ami du désastre".

Signataire de moult pétitions anti-FN, mutin de panurge de toutes les croisades anti-racistes, supporter inconditionnel de S. Royal, protégé de J. Savigneau, pote de BHL, écrivain fétiche des "Inrocks", prostituée médiatique jamais égalée, sans oublier son rôle méprisable lors de l'"affaire Camus"... Euh dites-moi Bernard, c'est quoi, pour vous, un "ami du désastre" ?
21 août 2010, 17:00   Re : Ah la la...
Voici, Francis :
[www.franceculture.com]

(Pour les réducteurs de têtes : tant pis pour vous.)
21 août 2010, 17:00   Re : Ah la la...
Sollers, en dépit de tout, et d'être l'époux de J. Kristeva, mérite le pardon. C'est un homme léger, qui revendique sa légèreté avec... légèreté. Il a "cartonné" R. Camus, au moment de l'affaire, toujours en homme léger, n'ayant pas vu, n'ayant pas compris, n'ayant pas fait l'effort de considérer que l'In-nocent est tout sauf un homme comme lui. Mais Sollers n'est pas un homme sérieux; Sollers se lave les mains de Sollers ("ma personne, c'est mon cadavre" !). Sollers, par ailleurs, quand Houellebecq (autre homme léger) avait été inquiété par l'Islam de France après avoir déclaré avec à mon sens une très grande justesse, pénétration et finesse de vue, que cette religion est la plus con du monde, Sollers donc, avait pris publiquement sa défense, non sans allant, verve et esprit d'à-propos.

Sollers, écrivain moyen, esprit facile, a bon fond. Nous limiterons son séjour en camp de rééducation à quelques semaines, avec libération anticipée pour bonne conduite, de laquelle l'intéressé ne manquera pas de nous gratifier. Sollers, pour le rebond, pour l'esquive, la pirouette et la petite excuse, nous pouvons compter sur lui. Sollers possède la recette de la longévité discourante. A le bien considérer, et de ce seul point de vue, nous avons de lui beaucoup à apprendre.
21 août 2010, 17:17   Re : Ah la la...
Ce qui m'embête le plus, chez Sollers, c'est qu'il est auteur, éditeur et critique. Je trouve que ça fait beaucoup !
21 août 2010, 17:22   Re : Ah la la...
N'oublions pas son maoisme et son suivisme de toutes les modes les plus mortifères et les plus bêtes du siècle ! Voilà un homme qui aime bêler avec la masse et qui ne défend jamais les hommes seuls, seulement les hommes déjà bien défendus - Heidgger, mis à part, une coquetterie sans doute.
21 août 2010, 17:22   Re : Ah la la...
A Didier Bourjon, le combat politique me semble nécessiter cet état d'esprit exprimé par Sollers : Croire qu'une renaissance est possible. Sur l'individu Sollers que je trouve en général ennuyeux (surtout ses livres), je partage tout à fait l'avis de Francis Marche (sauf pour ce qui concerne Julia Kristeva dont je ne sais pas ce qu'il y aurait au juste à lui reprocher.)
Utilisateur anonyme
21 août 2010, 17:43   Re : Sollers, léger parce qu'incapable d'être profond.
Toute sa "légèreté" ne vaut pas même une seule réflexion sur la légèreté de M. Kundera.
21 août 2010, 18:01   Re : Ah la la...
Rien ou pas grand chose à reprocher à J. Kristeva, si ce n'est l'escroquerie intellectuelle. Mme Kristeva est la madame Soleil de la psychanalyse, de la sémé(i)ologie et de la poe(ï)étique toutes en une. Le petit livre d'Alain Sokal paru dans les années 90 l'avait assez bien épinglée -- c'est que madame, on s'en souvient peut-être, se piquait de mathématiques ("structures d'anneau", commentait-elle, à propos de sonnets de Mallarmé!). J. Kristeva m'a bien fait perdre une bonne douzaine de journées d'études et de lectures inutiles quand j'avais 20 ans. Douze journées de lecture et de recherche intensives, quand l'on a vingt ans, cela vaut presque une année de quinquagénaire. Mme Kristeva devrait s'excuser.

Je viens d'entendre l'émission de France Culture de son mari, sur Mai 68. Son propos sur la Chine: impossible d'accorder la moindre substance à cette bouillie. L'homme a cependant l'honnêteté de confesser au monde la nature subjective, "poétique" de son propos.

La suite, sur "La Momie" rachète pourtant ce qui précède. La mort de la Momie, que la Momie a voulu connaître pour enfin savoir pourquoi elle avait vécu et ce que cette vie avait été sensée porter jusque là, mérite un satisfecit. Pour le reste, ce malheureux Sollers qui "squatte les campus américains où il rend visite à sa femme", a raté une belle carrière de professeur de lettres au Lycée de Bordeaux. On a un peu l'impression qu'il ne s'en est jamais remis.
21 août 2010, 18:18   Re : Ah la la...
A propos du qualificatif de "léger" pour caractériser Sollers, je proposerais plutôt "infantile" qui correspond mieux à mon impression à son sujet.
Utilisateur anonyme
21 août 2010, 18:27   Re : Ah la la...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
21 août 2010, 19:21   Re : Ah la la...
Douze journées de lecture et de recherche intensives, quand l'on a vingt ans, cela vaut presque une année de quinquagénaire.

Francis Marche, pour cette belle affirmation, vous gagnerez votre paradis.
21 août 2010, 19:26   Re : Ah la la...
Vas-y pépé, change pas de main !
21 août 2010, 20:30   Re : Ah la la...
Citation
Didier Bourjon
En revanche, je m'inscris en faux contre votre affirmation, cher Bernard, au sujet du bonheur qui serait ce qui manque le plus en ce lieu.

Cher Didier, j'ai pesé mes mots, que je répète : « ce qui manque le plus dans ce qui se lit en ce lieu ».

Citation

Tout d'abord, on voit bien que vous n'avez rien du combattant, que vous ignorez les belles joies du combat

Permettez-moi de vous faire remarquer, cher Didier, que vous ne pouvez rien en savoir...
Utilisateur anonyme
21 août 2010, 20:33   Re : Ah la la...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
21 août 2010, 21:28   Re : Ah la la...
Pardonnez-moi, j'ai toujours trouvé que Sollers, c'est du léger lourd. Il y a trop d'insistance dans la manière de faire accroire que seul le magicien qu'il est sait que la magie n'existe pas, tout en vous faisant miroiter ses merveilles.
Utilisateur anonyme
21 août 2010, 21:30   Re : Ah la la...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
21 août 2010, 21:53   Re : Ah la la...
Hélas, cher Didier, je crains que pour le vrai mauvais temps ses gabardines mi-saison ne s'envolassent dans le vent.
Cela dit, la seule question importante est de savoir s'il y a une œuvre derrière tout cela... et je suis fort mal placé pour en juger, n'ayant jamais accroché, je dois dire...
Utilisateur anonyme
21 août 2010, 22:01   Re : Ah la la...
Lire Sollers ?

Cher Alain, tant qu'à perdre son temps et s'abîmer les nerfs mieux vaut carrément se taper le Badiou. Là, au moins, il y a quelque chose d'un peu substantiel à se mettre sous la dent. Mais c'est vraiment si vous n'avez rien d'autre à lire.
21 août 2010, 22:26   Bondiou !!
En attendant (et amener ainsi cet extrait de but en blanc procède d'une certaine malhonnêteté, j'en conviens), l'on peut de Badiou trouver ceci :

« La vérité de l'hypothèse du continu ferait loi de ce que l'excès dans le multiple n'a pas d'autre assignation que l'occupation de la place vide, que l'existence de l'inexistant propre du multiple initial. Il y aurait cette filiation maintenue de la cohérence, que ce qui excède intérieurement le tout ne va pas plus loin qu'à nommer le point limite de ce tout.
Mais l'hypothèse du continu n'est pas démontrable.
Triomphe mathématicien de la politique sur le réalisme syndical. »

Théorie du sujet, cité dans Prodiges et vertiges de l'analogie, de Jaques Bouveresse
Utilisateur anonyme
21 août 2010, 22:28   Re : Bondiou !!
Euh bah finalement je préfère encore le gros Sollers...
21 août 2010, 23:58   Re : Ah la la...
Citation
Didier Bourjon
L'escrime, cher Bernard ?
Remarquez, c'est en effet un bon argument, je vous l'accorde !

Comprends pas.
22 août 2010, 01:23   Boudiou !
Sollers dans ce type de farce (cf. cette citation) avait devancé Badiou, dès l'époque Tel Quel. Voir par exemple, cette practical joke intitulée L'Ecriture et l'expérience des limites de notre bordelais enfumeur, paru dans la collection Point du Seuil et que nous avons évoquée ici avec JGL il y a quelques temps déjà.

Concernant l'affaire Sokal et l'imposture intellectuelle, Jacques Bouveresse, pour boucler la boucle, s'était déjà remarquablement exprimé, n'hésitant pas à égratigner Derrida, qui avait égratigné le théorème d'incomplétude de GödelI C I
Utilisateur anonyme
22 août 2010, 13:35   Re : Ah la la...
Ce viveur finaud et satisfait semble de moins en moins inspiré. Il n'en finit pas d'épuiser son cher concept de France moisie et doit être, au fond, plus sot que méchant. Au moins sa revue aura-t-elle permis de publier quelques beaux articles, dont le célèbre 2 379 signes.
22 août 2010, 14:13   Re : Ah la la...
Pour ceux dont je suis qui le lisent, apprécient son inspiration et ne le trouvent point sot : nouvelle émission cet après-midi à cinq heures.
22 août 2010, 15:45   Re : Ah la la...
« Un habile fabricateur, comme il y en a beaucoup - et même un homme habitué à faire profond - peut toujours simuler la profondeur par un arrangement et une incohérence de mots qui donnent le change. On croit réfléchir au sens, tandis qu'on se borne à le chercher. Il vous fait restituer bien plus que ce qu'il a donné. Il fait prendre un certain égarement qu'il communique, pour la difficulté de le suivre.
La plus véritable profondeur est la limpide. »
(Paul Valéry, Tel quel, Cahier B 1910)
Utilisateur anonyme
22 août 2010, 16:31   Re : Ah la la...
nouvelle émission cet après-midi à cinq heures.


Assez... euh pardon.
22 août 2010, 22:19   Re : Ah la la...
Citation
Francmoineau
« Un habile fabricateur, comme il y en a beaucoup - et même un homme habitué à faire profond - peut toujours simuler la profondeur par un arrangement et une incohérence de mots qui donnent le change. On croit réfléchir au sens, tandis qu'on se borne à le chercher. Il vous fait restituer bien plus que ce qu'il a donné. Il fait prendre un certain égarement qu'il communique, pour la difficulté de le suivre.
La plus véritable profondeur est la limpide. »
(Paul Valéry, Tel quel, Cahier B 1910)

Las ! les choses ne sont pas toujours si simples... Lu dans le Journal de Jean-René Huguenin :

« Vu hier après-midi Ph. Sollers. Nous avons parlé de choses tellement importantes et intimes ("passion-détachement") que tout à coup, d'un accord tacite, nous nous sommes arrêtés, à la fois humiliés, heureux et effrayés d'une telle ressemblance. Mais sa passion se contemple trop elle-même. Elle n'est pas assez incarnée, héroïque. La mienne repose sur le sacrifice, la sienne sur le plaisir — il a le sacrifice en horreur. Il lui manque quelque chose, un poids, du tragique, un rêve, son intelligence éclaire tout, elle ne respecte pas ces grands repaires d'ombre où notre mystère se tapit, il explique trop ; il n'inquiète pas, il est lisse et lumineux, et on a l'impression que son bonheur ne cache pas de blessures, c'est un bonheur propre et sans charme, dur comme un bonheur d'enfant. J'aime mieux les êtres qui saignent. J'aime les forts, bien sûr, mais pas tout à fait les forts. J'aime le forts au regard tremblant... »
Utilisateur anonyme
23 août 2010, 02:05   Re : Ah la la...
Comme BHL il n'est plus qu'une image, un numéro de cirque bien rodé, rien d'autre.
23 août 2010, 07:55   Re : Ah la la...
Qu'est-ce que je vous disais ("homme léger"): "Il lui manque quelque chose, un poids"; et qu'est-ce que vous disait Ostinato ("infantile"): "son bonheur est sans charge, comme un bonheur d'enfant".

S'il se trouve, parmi les liseurs de ce forum, des amis à la recherche d'une lecture littéraire de poids, de substance et de vision pour cette fin d'été, je les engage à faire comme moi : lire Benito Cereno, la nouvelle de Herman Melville, publiée en 1857. La nouvelle raconte une journée sur deux navires dont le capitaine de l'un (un Américain) découvre le capitaine de l'autre (un Espagnol). La voyage de l'un de ces deux vaisseaux, chargé d'esclaves noirs, débuta le 20 mai 1799 et s'acheva devant l'île du sud chilien de Santa-Maria, le 18 août de la même année, qui est, mais ce type de coïncidence est coutumier, la date anniversaire où j'ai trouvé ce livre perdu sur les rayons d'un bouquiniste thaïlandais.

La nouvelle est une étude sur les signes, discernables, incertains, indirects, que nous renvoit le monde visible de notre présence et de notre venue à lui, et l'interprétation que nous en faisons. C'est donc une étude sur la conspiration des signes visibles qui donnent la mesure de la perturbation que nous causons en ce monde "déjà-là" mais que nous ne voyons, ne mesurons, et dont nous n'avons conscience qu'imparfaitement. L'interprétation des signes, signaux, intelligences que s'échange le monde en notre présence doit parfaire, en séparant bien ceux de ces signes qui se fussent échangés sans nous de ceux que nous ne pouvons qu'associer à notre présence, la conscience de notre perturbation et de notre destin. Les signaux que l'on s'échange, et ceux que l'on semble m'adresser révèlent-ils, sont-ils l'indice, du déroulement, par-delà le visible, d'une mise en scène, d'un complot invisible, d'une entente générale à mon insu, et que mon destin est scellé ?(*) La nouvelle de Melville plaide en faveur de la paranoïa en même temps que pour l'innocence. Elle se lit aussi comme une fable, celle de la prise en otage de laquelle tombent victimes ceux qui "mènent la barque du monde", ses navigateurs, ses hommes de savoir et de savoir-faire, tombés entre les mains des autres qui, incapables de mener le monde plus que leur propre vie, mais suffisamment forts et matois pour subjuguer leurs maîtres et fabriquer des stratagèmes, continuent d'avoir de leur science, besoin, dépendance qui finira par faire échouer leurs calculs et les perdre en rétablissant les Maîtres naturels dans leurs pouvoir et prérogatives.


(*) Dans ce traitement, mais aussi par sa construction dramatique, cette oeuvre rappelle "The Turn of the Screw" de Heny James.
23 août 2010, 09:13   Re : Ah la la...
Les réducteurs de tête m'inspirent encore de la pitié. Ce doit être mon côté romantique. Ils sont pourtant les artisans de leur sort...
23 août 2010, 09:31   Re : Ah la la...
Ah, mais vous n'y êtes pas, cher Alain ! Je faisais allusion à votre citation de Badiou, et non à Sollers...
Pour ce qui est de ce dernier, vieux poupon joufflu, précieux et frisottant, je ne me soucie guère de ce qu'il débagoule à longueur d'année ; quant à ce que dit Huguenin, c'est le jugement d'un jeune homme de vingt ans sur un autre jeune homme de vingt ans, morts tous deux il y a cinquante ans.
Utilisateur anonyme
23 août 2010, 10:27   Re : Ah la la...
La nouvelle est une étude sur les signes, discernables, incertains, indirects, que nous renvoit le monde visible de notre présence et de notre venue à lui, et l'interprétation que nous en faisons.

... et du signe au talisman il n'y a qu'un pas, puisque ce sont les signes de la main, du visage, ou les idéogrammes chinois, ou quelques caractères sacrés qui, inscrit dans l'objet, font de lui un talisman. Passion du signe - passion du code.
23 août 2010, 18:45   Benito Cereno
Un mot de plus sur Benito Cereno avant de laisser reposer ce fil. Le dix-neuvième siècle européen n'écrivit plus de contes philosophiques comme l'avait fait le siècle précédent. Le seul écrivain européen qui eût pu le faire était Charles Dickens qui choisit, avec ses contes de Noël de proposer des contes moraux. La grande tradition du conte philosophique voltairien semble, en Europe être passée avec le passage du grand siècle. C'est que l'Amérique, relançant la thalassocratie, relançait, avec Melville, avec Hawthorne, le vieux conte philosophique pour deux raisons: parce que l'Amérique, re-fondatrice retardataire de l'Europe, la retenant, et la renvoyant à sa nature découvreuse, et du même mouvement, la retenant par la bride, recommençait et continuait les découvertes et l'installation européennes dans l'outre-monde mais aussi, ce faisant se devait de continuer le conte de l'étrangèreté: le "comment peut-on être ¨Persant (perçant)" qui se prolongeait et se continuait chez ces Américains confrontés à l'étrangèreté de laquelle leur monde ne connaîtrait, après l'indépendance, plus aucune échappatoire, plus aucun retour européen. La nouvelle Europe, le détachement, le largage sans retour, naquit ainsi, très tardivement, au beau milieu du dix-neuvième siècle.

La thalassocratie, tout en conjonction avec ce phénomène, présentait, dans ces siècles-là la particularité de pouvoir dresser ses contes dans un espace scènique que le théâtre shakespearien avait inauguré; le théâtre du monde en effet, dès La Tempête de Shakespeare ne cessa d'être un vaisseau, après avoir été, du temps des voyages immobiles, une île. Le premier vaisseau planétaire moderne (les grecs avait précédé de vingt-cinq siècle cette modernité), par le biais de cette thalassocratie, fut d'abord le petit théâtre du navire à voile. Tout le théâtre shakespearien, melvillien, puis ensuite conradien, fut un théâtre grec reconstruit sur les eaux et sous la voilure.

Benito Cereno est une oeuvre de genre mais aussi l'unique conte du dix-neuvième siècle qui nous parle de la race pour nous livrer ceci d'essentiel: la race sait se défendre. Le Noir est un très grand défenseur, très grand promoteur de sa race. Le noir est un génie de la race; il est capable, face à la menace, de mises en scène géniales, qui dépassent l'intelligence du Blanc. Le Blanc, dit Melville, est faible de race. C'est un fait. Mais cette faiblesse a pour force la limite que le tout-racial du Noir impose au Noir: le Noir et son génie ne dépassent pas la race -- les stratagèmes qu'il conçoit, et qui dépassent en sophistication ceux du Blanc, sont bornés par l'horizon racial. Le Négro (c'est le terme de Melville), ne conçoit point d'émancipation de l'homme au-delà de celle de sa race. Ainsi, le chef nègre, victorieux du Blanc, qui a montré, face au Blanc, des ressources supérieures, n'a d'autre horizon que celui de ramener, en empruntant au Blanc otage ses moyens navigationnels, le navire vers le Sénégal natal; entreprise vouée à l'échec logistique, bien évidemment. La race surpuissante, victorieuse, montre ainsi sa limite: celle de ne savoir ni comment, ni pourquoi, ni où aller...au-delà de la race.

La "supériorité" du Blanc, tient toute dans la "dé-racialisation" de ce questionnement.
Utilisateur anonyme
23 août 2010, 21:51   Re : Benito Cereno
Contrairement au Noir le Blanc ne vit pas dans ce qui est, il vit toujours dans ce qui viendra : c'est là sa force et son génie, c'est aussi sa faiblesse (extrême nervosité, agitation mentale, instabilité, etc.). Le Blanc n'est pas le maître de l'instant, il est le maître du lointain.
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