Belle citation Cher Alain. - Oui, "Romantisme à double visage", c'est pourquoi les adversaires du romantisme n'ont jamais manqué d'exploiter cette
imprécision. Dans un essai resté célèbre (
Politische Romantik, 1925), Carl Schmitt reproche aux romantiques de substituer à Dieu, en tant qu'instance absolue (ou
tiers suprême), n'importe quel autre concept : tantôt l'Etat, tantôt le peuple, tantôt l'individu. (On connait la formule : "Le romantisme, c'est l'occasionnalisme subjectivé"). En fait, le "drame" des romantiques est d'avoir voulu parvenir, et souvent à n'importe quel prix, à une
synthèse des contraires : le peuple et la nation, l'Etat et l'esprit public, l'Europe et les régions, etc. Pour être davantage précis il faudrait distinguer le romantisme français du romantisme allemand, et ces derniers du romantisme anglais. Mais définir le romantisme n'est pas chose facile : "Il faudrait avoir perdu tout esprit de rigueur pour essayer de définir le romantisme" (Valéry). A la fin du 18ème siècle, Friedrich von Schlegel avouait à son frère qu'il n'avait pas rempli moins de 124 feuillets à la recherche d'une telle définition...