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Economie et éducation

Envoyé par Virgil Waldburg 
15 septembre 2010, 09:26   Economie et éducation
Natacha Polony produit une excellente analyse de notre situation scolaire et de son corollaire désastreux dans l'économie :

La société de la connaissance a fait pschitt
Par Natacha Polony le 14 septembre 2010 11h16
La nouvelle est tombée dans les journaux du matin : les États-Unis ont enfin décidé de s’équiper en trains à grande vitesse. L’État de Californie, en la personne de son gouverneur, a donc tout naturellement lancé un appel d’offre pour la construction de ce réseau. Aubaine pour Alstom, et pour ce fleuron de la technologie française qu’est le TGV. On s’apprêtait à sabrer le champagne. Pensez donc ! Après tant d’années à lorgner sur ce fabuleux marché américain, totalement sous équipé. Et soudain, la désillusion : Arnold Schwartzenegger fait savoir qu’il «invite» les investisseurs chinois à se lancer dans la concurrence et à proposer leur propre technologie. Adieu, veaux, vaches, cochons et couvée… Pérette s’est fait piquer son pot au lait par des asiates.

Encore faut-il préciser que cette technologie chinoise, qui intéresse tant un gouverneur américain dont l’Etat vit déjà largement au crédit de l’Empire du Milieu – celui-ci pouvant en échange inonder le ménage américain surendetté de produits absolument indispensables et symboles du célèbre Way of Life envié du monde entier – cette technologie, donc, n’a strictement rien de chinois, puisqu’elle est française et allemande. En 2003, la Chine a choisi, pour créer son propre réseau à grande vitesse, de faire appel à Siemens et Alstom, et de payer, pour 9 milliards d’euros, un transfert de technologie. Autrement dit, les entreprises européennes ont fourni gentiment à des Chinois – dont on sait qu’ils sont si peu offensifs en matière commerciale, et si respectueux de la propriété intellectuelle et technologique – tout ce qu’il fallait pour qu’ils gagnent dix ou quinze ans dans la grande course à la modernité. En échange, bien sûr, d’un doigt de pied dans la porte de ce marché formidable. Logiquement, la porte vient de se refermer violemment sur le doigt de pied. Airbus, qui a suivi la même politique, tremble pour ses orteils.

Nous n’avions pas le choix, protesteront les grands défenseurs du monde tel qu’il va. Fermez le ban. Alors, disons-le clairement : cela s’appelle du chantage, et nous l’avons accepté au nom de la balance commerciale, et des emplois qui sont derrière. Soit. Qui a déjà vu ces Mercedes chinoises, semblables au boulon près à leur modèle allemand, n’était le logo, conviendra simplement que tout étonnement, et toute déploration a posteriori, seraient pour le moins indécents.

Mais la seule question qui vaille aujourd’hui est celle de la viabilité de ce modèle, et notamment de cette stratégie baptisée par le Conseil européen, réuni à Lisbonne en mars 2000, «société de la connaissance». La société de la connaissance, pour résumer brièvement l’objectif de ses concepteurs, est cette société où règne une croissance économique fondée sur l’innovation et la forte valeur ajoutée produite par des emplois ultra qualifiés. Pour atteindre ce nirvana, les pays européens se sont fixé comme horizon (ce fut inscrit dans la loi d’orientation sur l’école de 2005) de dépasser les 50% de diplômés du supérieur. L’idée est simple : nos emplois industriels non qualifiés ont disparu, sous les assauts d’une concurrence internationale menée par des pays sans la moindre protection sociale, dont la main d’œuvre est corvéable à merci, mais nos jeunes, hautement éduqués, pourront se diriger vers des emplois mieux rémunérés, tournés vers l’innovation et nécessitant créativité et capacité d’adaptation.

Tout le monde se souvient de ce mois de janvier 2005, date de l’abolition des quotas de textile chinois fixés par l’Europe pour limiter leur intrusion sur le vieux continent. Alors qu’agonisaient les dernières entreprises de textile européen, les chantres de la société de la connaissance avaient expliqué aux futurs chômeurs que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, puisqu’en échange de tous ces T-shirts bas de gamme qui allaient envahir les hyper-marchés et enrichir la grande distribution, nous allions vendre des Airbus aux Chinois, et que nous serions largement gagnants.

Mais il y a pire que ce donnant-donnant où ceux qui perdent – les ouvriers non qualifiés qui ont peu de chance de se reconvertir immédiatement dans l’ingénierie aéronautique – doivent garder le sourire et voter pour la concurrence libre et non faussée (ce qu’ils ne firent pas le 29 mai suivant, mais l’incident fut vite effacé). Car cette idéologie de la société de la connaissance repose sur une erreur et une forfaiture. L’erreur consiste, en France et en Europe, à pousser massivement la jeunesse vers des études longues pour qu’elle vise des emplois de haut niveau. Or les PME qui font le tissu économique de la France, soumises à la concurrence «non faussée» de pays à faibles charges sociales, n’ont pas les finances pour remplacer tous leurs anciens employés titulaires d’un CAP par des titulaires d’un bac pro, ou même d’un bac+2. D’autant, et voilà la forfaiture, que ces bac+2 n’ont parfois pas le niveau qu’avaient les anciens CAP.

L’école, qui a voulu à toute force (et grâce à des pédagogues souvent issus de la gauche) répondre aux exigences d’un marché du travail qui demandait des salariés «adaptables», débarrassés des vieux savoirs inutiles mais capables d’«apprendre à apprendre», a mené à l’âge adulte des masses de jeunes privés de ce savoir global que constituaient les humanités classiques et souvent incapables de mener un raisonnement scientifique ou une argumentation. Les mathématiciens français en savent quelque chose, eux qui alertent depuis des années sur notre incapacité à former désormais des scientifiques de haut niveau.

Des jeunes qui arrivent au bac sans la maîtrise de la langue ni la capacité à développer un véritable esprit scientifique, et qui rêvent de percer dans la communication, le cinéma ou les médias, ont peu de chances face aux cohortes d’ingénieurs indiens et chinois bien décidés à conquérir le monde. Et ces jeunes à qui l’on aura vendu des diplômes démonétisés vivront comme une trahison leur reclassement dans des emplois largement en dessous de ce promettait leur CV. Quant aux emplois de proximité, métiers de bouche, artisanat, ils continueront de péricliter, faute de candidats (pendant que les grandes entreprises de la restauration et du bâtiment exploitent des immigrés clandestins, pour éviter d’embaucher dans des branches où les salaires sont plutôt élevés). Y a-t-il quelque chose de plus grave que de priver la jeunesse de son avenir ? Les films catastrophes du gouverneur de Californie ne sont finalement pas plus sombres que son TGV Chinois.
[blog.lefigaro.fr]
15 septembre 2010, 10:39   Re : Economie et éducation
Remarquable !
Utilisateur anonyme
15 septembre 2010, 10:43   Re : Economie et éducation
(Message supprimé à la demande de son auteur)
15 septembre 2010, 10:56   Re : Economie et éducation
Ce sont les syndicats enseignants de gauche qui ont inculqué ce mépris pour le travail manuel vers lequel beaucoup d'enfants du peuple se sentaient portés. La gauche aura réussi ce double tour de force: avoir détruit la culture bourgeoise au nom du non élitisme et la culture populaire par préjugé bourgeois !
Utilisateur anonyme
15 septembre 2010, 10:58   Re : Economie et éducation
(Message supprimé à la demande de son auteur)
15 septembre 2010, 11:02   Re : Economie et éducation
Chateaubriand a écrit que les Français se moquaient de la liberté, et ne recherchaient que l'égalité...
15 septembre 2010, 11:14   Re : Economie et éducation
« Nous n’avions pas le choix, protesteront les grands défenseurs du monde tel qu’il va. »

Toujours ce fatalisme imbécile et terriblement paresseux.
15 septembre 2010, 11:39   Re : Economie et éducation
Cassandre a raison : plutôt que de vouloir, avec le succès qu'on sait, tenter de donner à tous un vague vernis intellectuel, on ferait mieux d'amener à des métiers manuels les personnes qui en ont le goût.

On ne dira jamais assez les méfaits du Collège unique, oeuvre du Grand Funeste.
15 septembre 2010, 12:54   HFC-23
La gauche aura réussi ce double tour de force: avoir détruit la culture bourgeoise au nom du non élitisme et la culture populaire par préjugé bourgeois !

Yessss!

Par ailleurs, et comme en réponse au propos de Mme Poligny: l'essor économique chinois suit un modèle non durable (non pérennisable) :on épuise les Occidentaux en leur achetant leurs savoir-faire, c'est à dire en les dépossédant de leurs atouts tout en les vidant de leur tissu industriel (le modèle managérial des Chinois n'est pas du tout le win-win américain mais le win-kill) Les industriels chinois, et c'est le plus éclatant des paradoxes de cette civilisation, ont toujours marché à l'opposé de la pérennité et du très long terme qui font l'honneur, le blason de la civilisation chinoise : seul existe pour eux le profit-qui-tue, qui tue la concurrence, toute possibilité de partenariat mais qui, à très court terme, vous enrichit. La figure du "marchand" chinois, qui détruit pour s'enrichir, a été toujours été méprisée, honnie par cette civilisation qui en connaît tous les vices et tous les travers -- plus que cela, plus qu'honnie, cette engeance de rapineurs a toujours été considérée comme marginale par rapport à la nature chinoise véritable, à son âme, polie, pérenne, lentement bâtisseuse, exemplaire et vertueuse en tout. Si cette frange marginale que représente l'entrepreneur-voyou a en Chine aujourd'hui "le vent en poupe", si c'est elle qui aujourd'hui conduit les affaires de la Chine, c'est parce que -- on s'en est aperçu à la fin des années 70 -- elle seule, cette classe méprisée par les politiques chinois, pouvait damer le pion aux Occidentaux, offrir à la Chine sa revanche dans un proche avenir; le régime alors, a misé sur elle, lorsqu'il comprit que la Révolution mondiale qui abattrait l'Occident se serait pas pour demain; cette classe de chevaliers d'industrie fut appelée à la rescousse. Des tentatives avaient été faites en ce sens du temps de Zhou En-lai et même avant, dès le début des années 50, mais le défaut de résultats immédiats que les "capitalistes chinois d'outremer ayant volontairement réintégré la patrie en reconstruction" montrèrent dans les délais irréalistes qu'on leur avait impartis pour réussir, et l'urgence cannibale des communistes chinois a faire la démonstration de leur toute-puissance sur ces moutons facilement appâtés, retardèrent de trois à quatre décennies l'émergence de ce "capitaliste chinois" que l'on voit s'imposer aujourd'hui dans ses formes les plus sauvages et les plus fiévreusement canailles.

Un exemple tout récent: les crédits carbone, objet d'un marché mondial de plusieurs milliards de dollars; si votre usine, qui pourra être une usine émettant un gaz (le HFC-23) sous-produit de ceux que l'on utilise dans les climatiseurs, dont la nocivité dans l'échelle des gaz à effet de serre est plusieurs milliers de fois supérieure à celle du CO2, traite, neutralise et recycle une partie importante des volumes de HFC-23 qu'elle produit, ces volumes traités pourront, avec profit, être commercialisés sur ce marché: d'autres industries et industriels vous verseront de l'argent pour le retraitement de ce gaz et ce faisant "achèteront" un droit de polluer. Cela n'a pas manqué: des usines chinoises, en un clin d'oeil, se sont spécialisées dans la production massive de ce gaz, massives et sans destin industriel aucun à la seule fin d'en retraiter des quantités tout aussi massives qu'elle commercialisent comme susdit, s'enrichissant ainsi; le système vertueux, mais ô combien naïf de nos ingénieurs de la finance formés dans nos universités occidentales (merci au passage à nos "mathématiciens français"), du carbon offset ou carbon credit trading a été détourné par cette maudite engeance que je vous ai présentée au paragraphe précédent. La connerie et la naïveté de nos "experts en ingénierie financière", à qui l'on a confié ainsi le destin de l'atmosphère de notre planète lorsqu'on les a chargé de créer un "marché mondial du carbone" n'ont d'égales que le sans-gêne, la ruse et la rapacité de ces industriels-voyous qui commandent la Chine de 2010.

Ci-dessous un article du NYT qui vous éclairera sur le cas du HFC-23 en Chine:


BRUSSELS — Manufacturing a gas commonly used for cooling and air-conditioning turns out to produce another unwanted gas that can contribute inordinately to the warming of the planet.



This byproduct from making refrigerants has several thousand times the potential of carbon dioxide — the most common greenhouse gas — to trap heat in Earth’s atmosphere.

As climate regulation spreads, destroying the gas, known as HFC-23, has become a lucrative business, and over the past five years, financiers and industrial companies have begun turning those streams of waste into hefty returns.

That business was made possible by the Kyoto Protocol, which was agreed upon in 1997 and which encourages investors from the developed world to offset their own emissions by paying for reductions in developing countries.

China has been among the biggest beneficiaries by generating offsets under a program known as the Clean Development Mechanism that is overseen by the U.N. climate office in Bonn.

Critics have warned for years that this form of offsetting would encourage profiteering, with little or no value in efforts to curb climate change.

More recently, opponents of offsetting have likened the system to the kind of financial engineering on Wall Street that helped precipitate the recent banking crisis.

The business works as follows: Factories producing refrigerants install equipment to transform the waste gas so it has less warming potential and then apply to the United Nations for permission to sell credits.

The factories sell credits in proportion to the overall amount of gas destroyed to buyers that include governments, banks, trading companies and utilities. Buyers can sell the credits again on emissions trading markets or use them to meet their legal or voluntary obligations to cut emissions.

Most of the demand for those credits is in the European Union, where polluters have operated under a mandatory cap-and-trade system since 2005.

Europe dominates a market for greenhouse gases worth $144 billion worldwide in 2009.

About 12,000 factories and installations in Europe must meet annual requirements to cap their emissions.

If those factories and installations undershoot their quota, they can trade in their surplus. But if they overshoot, or if they anticipate producing more emissions in the future, one of the cheapest ways to make up the difference is to invest in these international offsets.

Many climate experts say encouraging the trade in HFC-23 offsets makes economic and environmental sense. One molecule of HFC-23 that is allowed to vent into the atmosphere has the potential to trap about 12,000 times as much heat as a molecule of CO2.

Last year, companies operating in the European Union used credits from HFC-23 projects worth €552 million, or $703 million, to meet their obligations under the bloc’s Emission Trading System, according to calculations by the Environmental Investigation Agency, a London-based nonprofit organization.

HFC-23 credits also make up about half the supply of international offsets approved by the United Nations to date.

But in March, another nonprofit organization, CDM Watch, which is based in Brussels, raised allegations with the United Nations’ climate office that some plants were producing more refrigerant than they needed to meet market demand to cash in on credits for HFC-23.

CDM Watch also contended that some plants were failing to improve their processes to avoid unnecessary production of HFC-23.

This month, apparently in response to those allegations, the United Nations stopped issuing further offsets from five chemical plants in China while it investigated their practices and assessed whether the rules needed to be revised.

As part of its inquiry, which is continuing, the United Nations has asked for a decade’s worth of data on the gases from the plants in China.

The controversy over offsetting is the latest blow to emissions trading, which has been racked by a spate of problems in Europe including cyberattacks, tax fraud and recycling of used credits.

Even so, the latest brouhaha is not entirely bad news.

The price of international offsets has risen about 12 percent, and the price of E.U. permits has risen by about 9 percent since mid-August because of concerns about future supplies of offsets, according to Emmanuel Fages of Orbeo, a carbon-trading unit in Paris owned by the French bank Société Générale and the French chemical company Rhodia.

“There is some good, as this gives a more meaningful price to carbon at a time when everyone was complaining it was too low,” Mr. Fages said. “But that benefit is largely outweighed by the bad because, once again, we’ve seen doubts cast over the way that carbon markets are working.”

Some buyers of HFC-23 offsets are concerned that the suspension by the United Nations is creating uncertainty in the market. Others, like the World Bank, responding to allegations by CDM Watch, said projects in which they participated had strictly followed U.N. rules.

The bank — which guarantees funds to buy credits from one of the contested projects on behalf of Deutsche Bank, Tokyo Electric Power and a number of other companies — said there was no indication that offsetting was driving production of excess refrigerants in China, partly because of huge and growing demand for air-conditioning and refrigeration systems.

The bank also said contentions that plants were producing unnecessarily large amounts of HFC-23 had been “refuted by scientific reports.”

CDM Watch had based its analysis “on a narrow and simplistic approach drawing from selected parameters” that excluded operating conditions and technical capacity, according to a fact sheet issued by the bank’s Carbon Finance Unit in early August.

CDM Watch had not offered “sufficient evidence to support the allegations,” the bank said.

The activists remain adamant that the market needs to be investigated and that changes are needed.

“The World Bank’s position is both scientifically and morally indefensible,” said Clare Perry, a senior campaigner for the Environmental Investigation Agency. “It would be far cheaper and more effective to directly finance the factories to deal with the HFC-23 problem rather than use this kind of byzantine financing.”
15 septembre 2010, 14:10   Re : Economie et éducation
Chère Cassandre,
Votre formule : "Ce sont les syndicats enseignants de gauche qui ont inculqué ce mépris pour le travail manuel vers lequel beaucoup d'enfants du peuple se sentaient portés. La gauche aura réussi ce double tour de force: avoir détruit la culture bourgeoise au nom du non élitisme et la culture populaire par préjugé bourgeois !"
est un bijou de concision. Tout est dit et tout est vrai.
15 septembre 2010, 15:01   Re : Economie et éducation
La gauche n'a été que l'agent d'ambiance de l'ultralibéralisme débridé. C'est le capitalisme mondialisé qui a détruit le travail manuel fait en France. La mondialisation heureuse, pour la "droite" et pour le consommateur frénétique, a détruit, plus que la gauche, la culture bourgeoise, mais aussi la culture populaire qui valorisait le travail:
"Nous vivons parmi des décombres de valeurs: des valeurs humanistes et ce qui est plus important : populaires." Pasolini
Le néolibéralisme est autant de gauche que de droite:
Besancenot veut supprimer les frontières et légaliser tous les sans papiers; les neolibéraux ( genre Alain Minc) de "droite" veulent supprimer les frontières pour les produits et les capitaux, au nom de la concurrence mondiale qui favorise la croissance économique de tous. Minc, Besancenot mème combat! L'état universel et homogène qui garantit à tous le bonheur: "Nous avons inventé le bonheur, disent les derniers hommes! et ils clignent de l'oeil; " Nietzche
15 septembre 2010, 17:38   Re : Economie et éducation
"Minc, Besancenot mème combat!"
Bien sûr , ce sont les mêmes . Ce sont tous les deux des "bobos" et Ils font partie de l'internationale bobo qui est au pouvoir à Bruxelles.
15 septembre 2010, 17:52   Re : Economie et éducation
Des bobos morveux.
15 septembre 2010, 18:29   Re : Economie et éducation
Bien sûr ! A quelques espaces et accents près, bellini a entièrement raison. Une cause en doit être qu'il a lu Michéa ; je m'étonne encore que beaucoup d'intervenants émérites de ce forum n'aient pas été conquis par la révolution copernicienne qu'effectuent L'enseignement de l'ignorance, Impasse Adam Smith et L'Empire du moindre mal.

Il est déroutant que de telles évidences, par exemple, ne sautent pas au yeux des personnes de bonne foi : le collège unique est une réforme giscardienne ; les taux de redoublement ne progressent pas, ceux de réussite aux diplômes ne régressent pas sous nos gouvernements de droite ; la lâcheté de l'institution ne régresse pas non plus, les professeurs et élèves des zones sensibles qui voudraient travailler sont toujours abandonnés à eux-mêmes face à la nocence du milieu.

Le discours de la droite est différent, certes. On pourrait faire le parallèle avec la communication sécuritaire ; mais c'est encore pire, car dans la plupart des cas il suffirait de peu de choses pour ré-instituer une instruction valable ; ainsi, si l'opposition gauche-droite avait encore un sens ici, on devrait au moins envisager à droite qu'un élève perturbateur puisse être exclu, ce que le ministre vient catégoriquement... d'exclure.

Un peu comme pour un meuble qu'on déplace en faisant porter l'effort alternativement de chaque côté, gauche et droite se passent gaiement le relais pour réaliser le désastre, et chaque nouvelle conquête du ruban de Möbius libéral-libertaire ne fait qu'accroître et pérenniser les méfaits de naguère, pour en oser de plus audacieux encore.
15 septembre 2010, 18:48   Re : Economie et éducation
Mais cher Julien Fleury, je crois que les participants à ce forum sont d'accord, et depuis longtemps, avec ce constat ! la gauche et la droite portent la responsabilité du désastre. Peser au trébuchet ce qui revient exactement à l'une ou à l'autre ne change rien fondamentalement au constat en question.
15 septembre 2010, 19:55   Re : Economie et éducation
Je vous demande pardon, chère Cassandre, d'avoir enfoncé si brusquement une porte ouverte.

Peut-être mon mouvement d'humeur était-il déplacé : je suppose que c'est la lecture du communiqué sur les retraites qui m'avait échauffé. Je pense qu'il est crucial en politique, d'allier la générosité et l'exigence, dites respectivement de gauche et de droite. Et je suis extrêmement reconnaissant à Renaud Camus et aux intervenants de ce forum de m'aider à décaper les couches de bien-pensance et de "méculture" libertaires qui se sont impitoyablement déversées sur ma génération (j'ai 34 ans). Mais je suis parfois arrêté dans mes enthousiasmes par des énoncés trop libéraux, qui me semblent nous amener de Charybde en Scylla. Ainsi de ce passage du communiqué n° 1095 :

Citation

"Le parti de l'In-nocence considère que les grèves et manifestations de ce jour contre la réforme des retraites témoignent à peu près autant de maturité politique, de la part des organisateurs et des participants, que le feraient des manifestations ou des grèves contre le cancer, le sida ou les inondations."

Il est évident que ce refus de considérer le problème des retraites comme politique est une posture libérale —ce serait d'ailleurs déjà le cas, dans une moindre mesure, "pour le cancer, le sida et les inondations". Ce type d'énoncé, qui fonctionne exactement sur le modèle du TINA critiqué par ailleurs, me paraît être l'ennemi absolu de l'in-nocence et de la bathmologie dans leur recherche de la nuance, de la dialectique, du renversement du pour au contre. On peut penser par exemple qu'il serait mauvais de taxer davantage le capital, ou d'augmenter les salaires, encore faut-il prendre la peine de démonter les failles du raisonnement adverse — ceux d'un Mélenchon, par exemple :
[www.jean-luc-melenchon.fr]

Disons que l'in-nocence ne me paraîtrait pas incompatible avec une conception de l'économie moins libérale, au contraire. Mais je ne milite pas pour Mélenchon, qui a ses propres œillères quand il s'agit de la nation ; je crois que mon intervention précédente provenait de ce regret de ne trouver ici qu'une moitié de complicité pour ma pensée politique, quand ailleurs je ne trouve aussi le plus souvent que des parties de réconfort, et que je suis parfois lassé de cette hémiplégie. Mais je ne voudrais pas que l'expression développée de mon désaccord masque la considération et la reconnaissance que j'éprouve très souvent silencieusement pour les intervenants de ce forum.
Utilisateur anonyme
15 septembre 2010, 21:21   Re : Economie et éducation
(Message supprimé à la demande de son auteur)
15 septembre 2010, 22:25   Re : Economie et éducation
Cher Julien Fleury, rassurez-vous, je n'ai rien trouvé dans votre message qui m'ait choquée le moins du monde. Je tenais simplement à redresser ce qui m'y a semblé inexact .
16 septembre 2010, 14:59   Re : Economie et éducation
Cher Didier Bourjon, je partage bien des points de votre analyse. En particulier, le paragraphe sur la confusion sentimentale donne une définition platonicienne de la justice en laquelle je me retrouve parfaitement.
L'honnêteté m'oblige cependant à laisser de côté un instant la courtoisie pour préciser un point : je ne pense pas que l'hémiplégie soit mienne. C'est sans doute extrêmement arrogant, mais c'est ainsi : je ne comprends pas que, si sagaces par ailleurs, Mélenchon subisse la doxa libertaire, le PI la doxa libérale. Encore une fois, une clef pour la compréhension du désastre qui nous arrive me paraît être l'œuvre de Michéa, et je constate que malgré quelques éloges de façade, ses analyses ne touchent pas le cœur de doctrine du PI.
J'avais soumis il y a quelques temps sur ce forum un texte qui précisait cette position ; il a dû se perdre lors de la rénovation. Je serais bien entendu heureux d'entendre vos idées économiques et de les discuter, dans l'optique d'un travail pour le PI, mais je ne suis pas du tout spécialiste. Mon intervention visait à ce qu'au moins on ne prétende pas faire passer des positions politiques pour des soumissions à la nature des choses, ni l'homo œconomicus pour un in-nocent.
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