Le site du parti de l'In-nocence

Communiqué n° 1106 : Sur l’annulation d’un débat intitulé "Immigration et islamisme"

Communiqué n° 1106, vendredi 1er octobre 2010
Sur l’annulation d’un débat intitulé "Immigration et islamisme"

Le parti de l'In-nocence apprend sans surprise mais avec réprobation l’annulation, faute de local et à la suite d’une diatribe publiée par le journal "Le Monde" puis d’une mise en demeure envoyée par M. Mohamed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), d’un débat intitulé "Immigration et islamisme" qui devait initialement se tenir au siège de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) puis dans une salle de l’Assemblée nationale.

Le parti de l'In-nocence regrette vivement qu'en cette circonstance M. Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, et M. Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, aient cru devoir céder aux pressions d'organes responsables du despotisme idéologique qui pèse sur la France et l’empêche, par tous les moyens, de débattre démocratiquement des questions qui engagent son avenir.
Il semblerait que le débat qui n'a pas eu lieu se serait intitulé ""Immigration, Islamisme: la France menacée?".
(Message supprimé à la demande de son auteur)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
La liberté d'expression regresse chaque jour un peu en France.
En paraphrasant Figaro:  Pourvu que je ne parle ni de l'Islam,ni de l'immigration, ni des homosexuels, ni de l'art contemporain, je puis tout imprimer librement, sous la direction, néanmoins, de deux ou trois censeurs. La Halde, le MRAP... .
04 octobre 2010, 02:37   Sur la touche
Finalement, le seul remède efficace contre les violences perpétrées par les populations issues de l'immigration est l'imposition de l'ordre islamique. Cela veut dire que l'ennemi se charge aussi de résoudre les problèmes qu'il vous pose.
04 octobre 2010, 06:57   Re : Sur la touche
Tout à fait, c'est ce raisonnement qui a conduit à l'installation de l'Angkar à Phnom Penh en 1975. C'est le raisonnement "Prince Sihanouk", celui du moment de la capitulation ultime. Collaborer ne suffit pas: il faut donner à l'adversaire ce qu'il veut, pour qu'il cesse enfin de le réclamer en nous brisant (les oreilles, les reins, etc.).

C'est la vieille ruse orientale du pompier pyromane: créer du désordre, des désordres violents, de l'insécurité, pour que l'appel à l'ordre soit unanime, univoque, depuis les rangs des fauteurs de troubles jusqu'à celui de leurs victimes. L'ordre imposé par les Khmers rouges devait ainsi restaurer la paix et l'unité de la nation, que ces bandits s'étaient eux-mêmes appliqués à défaire. Communisme et islamisme, peu importe leurs différences de nature autoproclamées, usent des mêmes stratégies; très fondamentalement, il s'agit pour eux d'imposer un ordre, un état politique et moral nouveau conçu à l'extérieur des réalités qu'ils visent et qui suppose pour préalable de saper, de briser par le menu l'agencement ancien des réalités préexistantes, des rituels sociaux, jusqu'à ce que les êtres et les sociétés brisées appellent de leurs voeux l'instauration de l'ordre exogène qui les soulagera comme la fenêtre que l'on veut ouvrir quand l'incendie s'est déclaré dans la maison.

Il faut lire Le Portail, de François Bizot, -- j'avais prévu de vous livrer un billet sur ce livre, mais j'y renonce, j'aurais trop à écrire --, récit autobiographique d'un jeune Français chercheur en études bouddhiques à l'Ecole Française d'Extrême-Orient, paru à la Table Ronde en 2000; François Bizot fut pris dans la tourmente cambodgienne des années 1971-79 et fut, pour quelques mois à partir d'octobre 1971, le captif et l'otage politiques de Douch, bourreau Khmer Rouge de légende qui, le 26 juillet dernier a été condamné à 30 ans de réclusion au Cambodge. Bizot tient tête à Douch dans des échanges au contenu politique serré. Ce livre, qui pourrait n'être qu'un témoignage poignant parmi d'autres (le bandeau de La Table Ronde annonce en grandes lettres "Prisonnier des Khmers Rouges"), n'est pas cela: c'est en vérité un très beau texte littéraire, c'est aussi un livre d'enseignement politique, philosophique qu'il serait utile de recommander à tous les jeunes gens d'aujourd'hui, élèves de Sciences Po ou d'ailleurs, qui s'interrogent sur "ce qui se passe et ce qui va se passer" dans notre Occident. Il faut souligner ceci: Douch était un homme sincère, tout aussi sincère qu'Edwy Plenel nous parlant de "la vraie France" et qui voulait, exactement dans les mêmes termes que Pierre Laval pour le peuple français, le bonheur du peuple Khmer malgré lui.

Dans l'extrait que je vous propose Bizot s'adresse à Douch, veut lui faire toucher du doigt que les thèses, l'idéologie de l'Angkar usent des ressorts de la religion bouddhique du pays pour imposer un ordre politique étranger aux réalités, aux traditions du monde khmer, à la culture vivante du peuple khmer. En d'autres termes, il trace les contours du monstre totalitaire: ordre spirituel et ordre politique fondus en un, quand cet ordre politique est de surcroît exogène, étranger aux réalités du pays. Suivez mon regard...

Dès cette époque, nous sommes en 1971, quatre ans avant la conquête du pouvoir par les Khmers Rouges, Bizot a cette pré-science: l'impéralisme et l'expansionnisme ne sont pas américains, l'ennemi principal n'est pas celui que se figure Douch et, huit ans avant l'invasion vietnamienne de 1979, il le lui dit: celui-là est chinois, celui-ci vietnamien et l'ordre national que tu oeuvres à faire advenir ne sera pas khmer mais l'instrument d'une botte étrangère au peuple historique.

-- Camarade! commençai-je. Tu parles de l'Angkar comme les moines parlent du Dhamma. Alors, je voudrais te demander ceci : y aurait-il chez vous un idéologue qui construit une théorie révolutionnaire en s'inspirant des mythes et des règles de la religion bouddhique ?

Douch était interloqué.

-- Car, enfin, poursuivis-je, n'est-ce pas une nouvelle religion que tu défends ? J'ai suivi vos séances d'éducation. Elles ressemblent à des cours de discipline bouddhique: renoncer à nos attaches matérielles, aux liens familiaux qui nous fragilisent et nous empêchent de nous dévouer totalement à l'Angkar; quitter nos parents et nos enfants pour servir la Révolution. Se soumettre à la discipline et confesser nos fautes..

-- Ca n'a rien à voir! trancha Douch.

-- Il y a dix "commandements moraux" que vous appelez sila, insistai-je, du même nom que les "dix abstentions" (sila) bouddhiques. Le révolutionnaire doit se plier aux règles d'un vinaya, exactement comme le moine observe une "discipline" (vinaya) religieuse. Le jeune soldat touche au début de son instruction un fourniment comprenant six articles (pantalon, chemise, casquette, krama (foulard-serviette à petits carreaux), sandales, sac), comme le jeune moine reçoit un ensemble réglementaire de sept pièces...

-- C'est du délire d'intellectuel ! arrêta-t-il.

-- Ce n'est pas tout ! Attends, camarade, dis-je en levant la main. Regarde les faits tels qu'ils sont ! Dans tout ce que tu me dis, et que j'ai moi-même entendu, on retrouve des thèmes religieux qui viennent du passé : par exemple, l'attribution d'un nouveau nom, les souffrances qu'il faut endurer comme des macérations rituelles, jusqu'au son lénifiant et conjuratoire des formules de Radio-Pékin qui annoncent l'avènement d'un peuple régénéré, né de la Révolution (*). Bref, les responsables communistes à qui tu rends des comptes veulent soumettre la nation à une mort initiatique.

Mon grand laïus fut suivi d'un silence obstiné.

-- Camarade Douch! repris-je en levant le ton, sans lui laisser le temps de reprendre la parole. La détermination des instructeurs qui parlent au nom de l'Angkar est inconditionnelle ! Parfois même dépourvue de haine, purement objective, comme si l'aspect humain de la question n'entrait pas en ligne de compte, comme s'il s'agissait d'une vue de l'esprit... Ils accomplissent mécaniquement, jusqu'à l'extrême, les directives impersonnelles et absolues de l'Angkar. Quant aux paysans qui passent sous votre contrôle, ils sont purement et simplement soumis à une sorte de rite purificateur: nouvel "enseignement" (rien sutr), nouvelle mythologie, vocabulaire remanié qu'au début personne ne comprend. Puis l'Angkar doit être adoptée en tant que famille véritable, parallèlement au rejet des parents. Et puis c'est la population qui est divisée en "initiés" et "novices". Les premiers constituent le peuple véritable, c'est à dire la partie considérée comme acquise; les autres, ce sont ceux qui ne sont pas sortis de la période de préparation et d'apprentissage, au terme de laquelle seulement ils seront admis dans le camp des premiers et acquerront le statut supérieur de citoyen accompli. Dois-je continuer ?

-- Ca n'a rien à voir ! répéta Douch. Le bouddhisme abrutit les paysans, alors que l'Angkar veut les glorifier et bâtir sur eux la prospérité du pays bien-aimé ! Tu attribues à des idéologues fantômes de savantes élucubrations qui n'appartiennent qu'à toi. Le bouddhisme est l'opium du peuple. Et je ne vois pas pourquoi nous irions puiser notre inspiration dans un passé capitaliste que, tout au contraire, nous voulons abolir ! Lorsque nous aurons débarrassé notre pays de la vermine qui infecte les esprits, poursuivit-il, lorsque nous l'aurons libéré de cette armée de lâches et de traîtres qui avilit le peuple, alors nous reconstruirons un Cambodge solidaire, uni par de véritables liens de fraternités et d'égalité. [....] Crois-moi, camarade Bizot, notre peuple a besoin de retrouver des valeurs morales qui correspondent à ses aspirations profondes. La Révolution ne souhaite rien d'autre pour [le peuple] qu'un bonheur simple: celui du paysan qui se nourrit du fruit de son travail, sans avoir besoin des produits occidentaux qui en ont fait un consommateur dépendant. Nous pouvons nous débrouiller seuls et nous organiser nous-mêmes pour apporter à notre pays bien-aimé un bonheur radieux.

-- Consommateur ? fis-je en écartant les yeux. Je ne me souviens pas que les pêcheurs de Kampong Khleang utilisaient beaucoup de produits importés... Je ne comprends pas de qui tu parles, si ce n'est peut-être de toi, camarade. Ta grand-mère ne choyait-elle à ce point ? susurrai-je sur un ton malicieux. En revanche, je sais que vous, vous êtes totalement dépendants ! Vous êtes tombés dans un piège en embrassant la cause des Nord-Vietnamiens. Ils utilisent vos hommes pour avancer sur le front d'une guerre qui n'est pas la vôtre. Vous êtes armés par les Soviétiques, vos discours sont fabriqués à Pékin, vos chants et votre musique -- qu'accompagnent désormais le tambourin, le violon et l'accordéon -- n'ont plus rien de khmer ! Est-ce cela que tu appelles "l'intégrité nationale" et la "souveraineté" du peuple ? Je ne vois rien qui ressemble au Cambodge traditionnel dans vos projets de société. Tout me paraît importé de l'étranger. Quand les Nord-Vietnamiens vous auront utilisés et qu'ils auront, grâce à vos sacrifices, obtenu la victoire contre les "impérialistes", [...] ils prendront la tête de votre pays et vous soumettront sous un joug encore plus rude....


(*) Le parallèle est irrésistible: jusqu'au son lénifiant et conjuratoire des formules de Radio-France qui annoncent l'avènement d'un peuple régénéré, né de la Diversité.


Dans d'autres passages de son livre, Bizot montre que les chefs Khmers Rouges en vérité ne connaissaient à peu près rien du monde rural khmer où ils enrôlaient leurs jeunes soldats (y compris bien sûr, des enfants); ces hommes étaient issus de familles d'employés, de petit commerçants sino-khmers de Phnom Penh, moyennent instruits, fortement aigris, souvent du fait d'une marginalisation relatives par rapport à la composante khmer majoritaire. A méditer, toujours dans un esprit comparatiste.
Il n'y a de liberté que par la séparation des ordres dans un état protégé par des frontières. "La tyrannie consiste au désir de domination, universel et hors de son ordre." Quand le politique s'étend sur l'ordre de la religion et sur l'ordre de l'esprit, on est dans le totalitarisme, car le politique devient religieux.
04 octobre 2010, 08:28   Re : Sur la touche
Citation
Le parallèle est irrésistible: jusqu'au son lénifiant et conjuratoire des formules de Radio-France qui annoncent l'avènement d'un peuple régénéré, né de la Diversité.

Merci pour ces extraits du plus grand intérêt mais cher Francis je vous le dis très amicalement je ne crois pas que l'on doive surestimer les lecons de l'histoire.

Nicolás Gómez Dávila l'a déjà exprimé dans cet aphorisme:
"Les arguments historiques sont vains.
Dans l'histoire on trouve pléthore d'exemples pour illustrer n'importe quelle thèse"
.
04 octobre 2010, 08:56   Re : Sur la touche
Je ne partage pas l'opinion de Nicolas Gomez Davila, du reste l'histoire ne se répète pas, à vrai dire, pas même en farce: elle se recompose autrement; elle puise en elle des éléments, des blocs identifiables, dont la typologie est connue et qui sont épars, contradictoires parfois, pour reconstituer une figure nouvelle certes mais où la physionomie de ces blocs et leur mode d'imbrication sont reconnaissables. L'islam est un totalitarisme aux composantes classiques et les stratégies et les moyens de lavage de cerveau qu'il déploie, ou que d'autres déploient à son service, en vue d'établir son ordre, ont été déployés ailleurs.
04 octobre 2010, 11:06   Re : Sur la touche
Citation
L'islam est un totalitarisme aux composantes classiques et les stratégies et les moyens de lavage de cerveau qu'il déploie, ou que d'autres déploient à son service, en vue d'établir son ordre, ont été déployés ailleurs.

Bien sûr on a toujours à faire face au même scénario mais il serait déplacé de comparer le Cambodge rural des années soixante-dix avec la France de l'année 2010.

A ce propos le livre de Jean-Jacques Walter Les machines totalitaires paru en 1982 chez Denoel est éloquent. Il y fait entre autres une étude comparative de l'Egypte, de la Chine, de l'islam, des Incas, de l'Allemagne nazie et de l'URSS.
04 octobre 2010, 11:43   Re : Sur la touche
Merci de cette référence, Rogemi. La France de 2010 n'est pas "la France de 2010"; elle est hétéro-chronique, envahie d'un élément archaïque (l'Islam) et d'autres éléments, souvent post-modernes (déterritorialisation), pour former un mélange qui peut s'avérer à terme détonnant; le Cambodge, pays classiquement en marge d'ambitions rivales, fut lui aussi traversé d'une hétéro-chronie dans ces années-là. Le Cambodge des années 70 était déchiré de cette hétéro-chronie (marxisme - Douch demande à Bizot de lui offrir les oeuvres complètes de Marx -- ; guerre froide mondiale; aspirations vietnamiennes à contrôler la sous-région, rivalité antique entre la Chine et la Péninsule indochinoise, bêtise et aveuglement de l'administration américaine, etc.).
Quelque chose me trouble, cher Francis, dans le très intéressant et très instructif extrait que vous portez à ma connaissance. Vouloir débusquer « […] un idéologue qui construit une théorie révolutionnaire en s'inspirant des mythes et des règles de la religion bouddhique[…]» n’implique-t-il pas que le couple soit réversible, que le conditionnement bouddhique soit totalitaire ? Il ne m’apparaît pas que les khmers rouges aient fait grand cas de la compassion ni de l’équanimité.
Dans cette discussion entre les deux protagonistes (Bizot et Douch), le premier, captif qui marche sur des oeufs, dont l'exécution a déjà été évitée de justesse, est parvenu à convaincre l'état-major Khmer Rouge qu'il n'est pas un agent de la CIA en faisant valoir sa connaissance intime, et son amour, du Cambodge, de sa langue, de ses traditions et surtout de la forme de religion qui y prévaut: un bouddhisme qui tout en se réclamant du Véhicule de Sri Lanka, présente des formes rituelles chamaniques indiosyncratiques, entre autres. Cette intimité avec l'âme du pays lui a probablement sauvé la vie en le distinguant des Américains qui, de tout ça, n'ont cure. Bizot parvient ainsi à instaurer une sorte de dialogue "d'égal à égal" avec le Bourreau. Bizot appelle Douch "camarade Douch". Dans cette discussion, il tente de "coïncer" son interlocuteur, de le mettre en contradiction avec lui-même voire de faire oeuvre de "déconstruction" sinon de déprogrammation chez le Bourreau en dressant ce parallèle entre les rites "sociaux" du bouddhisme cambodgien (sa "discipline") et la discipline politique de l'Angkar. Le bouddhisme n'en ressort aucunement comme un système totalitaire tant qu'il demeure une religion (le catholicisme lui-même a ses "macérations", son carême, ses pénitences et même dans ses sacrements une "confirmation"); le monstre totalitaire n'apparaît que lorsque le système politique s'arme des rites réservés à la pratique spirituelle et impose aux populations qu'il cible la contrainte (la "discipline") qui avait été jusque là l'apanage de la religion et du sacré. Le sacré s'étend perdu, aboli, ses vestiges perdent leur autonomie et s'incorporent à la pratique politique despotique -- le malheur est que la transcendance s'étend ainsi évaporée, et le Ciel en allé, c'est l'enfer qui remonte à la surface des choses et du monde. Telle est la leçon que je retire de ce dialogue entre Bizot et Douch.

L'interpellation de Bizot -- "un idéologue qui construit une théorie révolutionnaire en s'inspirant des mythes et des règles de la religion bouddhique" -- se comprend ainsi: il s'agit d'amener Douch à "se révolter" contre la contamination monstrueuse dont son parti, son programme, sont le siège, le piquer au vif mais avec finesse, le déstabiliser en lui faisant toucher du doigt qu'au contraire des apparences et à l'encontre de ses principes, il reste un esclave du fait religieux, qu'il ne s'en est pas affranchi, qu'il s'appuie sur les formes sociales de la religiosité qu'il condamne dans l'exécution de son programme politique. Bref, Bizot enfonce un coin, veut dissocier religieux et politique et semer le doute chez son interlocuteur. Mais ce faisant, il met aussi en relief pour notre gouverne cet amalgame fondamental de la tyrannie moderne, que l'on voit aujourd'hui à l'oeuvre dans l'islam moderne, qui débarque et qui s'installe chez nous, et qui fait que je me trouve en désaccord avec Rogemi quand il dit que "la France de 2010 n'est pas le cambodge rural des années 1970".
04 octobre 2010, 14:12   Reprise
Le hasard d'un cadeau a fait que j'ai lu ce témoignage de Bizot en même temps qu'un livre de Jean-Pierre Chabrol (Contes d'outre-temps) Ces deux ouvrages ne devraient rien avoir en commun, à première vue. Et cependant, lisant les évocations de la vie paysanne dans les Cévennes avant et après-guerre, on est sans cesse confronté, en dehors même de toute nostalgie, à la description de mœurs radicalement abolies, niées, globalement anéanties en l'espace d'à peine deux ou trois générations. Il n'en reste si tellement rien qu'on se surprend alors à établir une manière de parallèle entre cet exercice de table rase accompli avec succès chez nous et cette même ambition poursuivie en vain par Pol Pot et sa bande.

Un tel rapprochement paraîtra bien sûr outré mais, au fond, il ne l'est, en effet, que par les méthodes engagées ici et là-bas, beaucoup moins quant au but visé.

Chez nous, tout s'est passé en douceur, sur l'air pragmatique du « faut être réaliste, on peut pas faire autrement ». Le monde paysan s'est éteint pour ainsi dire naturellement, dans l'aveuglement général; on a vécu « avec son temps » et voilà tout. Sans violences massivement exercées, des expropriations ont été menées à bien, des destructions de paysage ont suivi, des « plans d'aménagement du territoire » ont été imaginés par des technocrates et, dans bien des cas, sans prendre en compte le moins du monde les réalités des-dits territoires, sans se priver non plus des ressorts de la corruption; des déplacements de population se sont imposées au titre de l'amélioration des conditions de vie; des centaines de gestes n'ont plus eu besoin de leurs mains comme des centaines de mots de leurs bouches. On a changé de langue en douceur. Des pratiques sont devenues obsolètes, des croyances ont été ridiculisées, méthodiquement contredites, on s'est senti coupable d'y être attaché, on a craint plus que tout d'être accusé de « passéisme », on s'en est défendu énergiquement ou on a battu sa coulpe, infiniment plus efficaces dans notre “auto-critique” que, là-bas, ceux qui étaient accusés de “déviationnisme”. Il est vrai que nous n'avions pas à faire à l'ignoble théâtralisation des “tribunaux populaires” mais à la sympathique propagande audio-visuelle. On a eu les moyens, en somme, l'art et la manière, le temps surtout, qui ont fait défaut à Pol Pot mais, en fin finale, oui, du passé on a bien fait table rase, comme les Khmers rouges en formaient le funeste projet.
04 octobre 2010, 14:38   Re : Reprise
Il est difficile de vous contredire sur ce point, chez Orimont. Mais le pire peut s'ajouter au pire: il est possible d'avoir le cancer et de mourir, finalement, d'une chute d'echaffaudage. Autrement dit, la mort douce, même si à marche légèrement forcée, du passé dans les Cévennes par l'effet des Trente Glorieuse et de l'exode rural qu'elle a entraîné dans cette région de France (et l'effet de la télévision nationale sur la vision de soi et l'amour propre des Cévenols) peut aussi être suivie d'un massacre violent du "passé récent", celui de la modernité endogène par un archaïsme exogène. Modernité endogène devant s'entendre ici de la meurtrière relative qui a mis fin au passé cévenol du poète de Saint-Jean du Gard (ou est-ce Marvejols?). Soyons concret: les fils et filles de paysans qui dans les années 60 étaient allés "s'exiler" à Montrouge, où voudrez-vous qu'ils aillent, dans quel monde, quand Montrouge est devenue une banlieue de Bamako ? qu'ils remontent en Cévennes occupées par les bobos internationaux qui ont multiplié par vingt-cinq le prix de la pierre dont étaient bâties les demeures des vieux de Que la montagne est belle ?

Le Polpotisme est moderne, il n'est pas "d'essence paysanne"; encore une fois, cette entreprise fut concoctée par des éléments urbains et relativement internationaux, ayant été étudiants à Paris après la guerre, etc. Cette modernité est chez nous, au regard du contexte qui touche le pays, tout à fait d'actualité.
Citation
On a eu les moyens, en somme, l'art et la manière, le temps surtout, qui ont fait défaut à Pol Pot mais, en fin finale, oui, du passé on a bien fait table rase, comme les Khmers rouges en formaient le funeste projet.

Il me semble, Cher Orimont, que l'on devrait souligner le travail de sape, d'agit-prop de longue haleine que la république laique et la bourgeoisie ont utilisé pour discréditer la vie à la campagne. Pendant deux siècles il fut répété à l'encan que l'air de la ville libère et l'air de la campagne étouffe.

Les écrits pour dévaloriser le village, la vie rurale furent innombrables. Cette propagande insidueuse fit que les gens vivants à la campagne eurent honte de ce qu'ils étaient et cela eut pour conséquence de favoriser l'exode rural et la désertification par exemple de l'arriére-pays nicois que vous connaissez bien.
Cela étant, le phénomène d'exode rural fut très lent dans le temps. En fait, il débute dès 1850.

Ariège Gers Lot Tarn
1851 267.435 307.479 296.224 363.073
1901 210.527 238.448 226.720 332.093
1936 155.134 192.451 162.572 298.000
1975 137.857 175.366 150.778 338.024



Dès 1936, la France rurale n'est plus majoritaire (voir les écrits de Giono et les films de Pagnol à ce sujet).

Contrairement à une idée reçue, les "Trente glorieuses" ne furent pas le moment le plus intense de l'exode rural.

Voici les données de la région Nord / Pas-de-Calais :

1851 1.853.179
1901 2.823.874
1936 3.202.632
1975 3.913.773
04 octobre 2010, 17:41   Re : Reprise
"Le Polpotisme est moderne, il n'est pas "d'essence paysanne"; encore une fois, cette entreprise fut concoctée par des éléments urbains et relativement internationaux, ayant été étudiants à Paris après la guerre, etc. Cette modernité est chez nous, au regard du contexte qui touche le pays, tout à fait d'actualité.l"

A supposer, cher Francis, qu'en montrant du doigt le "polpotisme" qui fait l'actualité de notre pays, vous songiez, d'un côté, aux "collabos" du cru, grands zélateurs de la "France d'après", et, de l'autre, aux "Khmers de l'Islam", il me parait important de distinguer les choses. Les premiers veulent nous convaincre que les Français ont toujours été étrangers, que Chateaubriand, ça commence à bien faire, qu'il est temps de "tourner la page" de la France historique et, en cela, ils ressemblent en effet à des Polpot de micro-trottoir ; les seconds, les exogènes de l'entreprise, ne cherchent pas du tout à faire table rase du passé, mais simplement substituer le leur au nôtre, et cela les distingue des assassins de la jungle cambodgienne.
L'islamisme est aussi ultra moderne, droit de l'hommisme: la burqua , si je veux, quand je veux, j'ai bien le droit! Rien à voir avec une pratique traditionnelle. Il s'agit d'une revendication identitaire.
Bellini,


Il y a quarante ans, une gamine en string et avec piercing au nombril aurait été immédiatement ramenée à ses parents. Au demeurant, une telle chose eût été impensable. Comment refuser aux "burqaphores" leur "droit identitaire" et l'accorder à celles qui s'habillent comme des putes ne l'auraient pas osé ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Didier,

Je me demande en effet quel type de société nous voulons : de fait, autoriser les mineures à s'habiller ainsi revient à ouvrir la porte à la burqa, car cela remplace le règne de la règle et de l'ordre par celui du "je fais comme je veux".
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
les seconds, les exogènes de l'entreprise, ne cherchent pas du tout à faire table rase du passé, mais simplement substituer le leur au nôtre, et cela les distingue des assassins de la jungle cambodgienne.

Evidemment cela fait une différence fondamentale. Merci pour analyse trés fine.


Citation
Comment refuser aux "burqaphores" leur "droit identitaire" et l'accorder à celles qui s'habillent comme des putes ne l'auraient pas osé ?

Juste mais vous ne donnez pas l'explication de ce phénoméne cher Jean-Marc. C'est la pente naturelle de la démocratie qui est à l'oeuvre et qui nous met aujourd'hui dans une panade indescriptible.

Au nom de quoi refuser à ces jeunes filles musulmanes le droit de porter la burqa ?
Didier,


Le pendant du string porté dans la rue (c'est une image) c'est la "musique" lancée à fond à deux heures du matin dans un appartement, c'est l'élève qui fait la loi, c'est l'employé qui commande au patron, c'est le délinquant qui se moque du juge, c'est le syndicat Sud.

Comment conciliez-vous in-nocence et existence de Sud-solidaires et son incitation permanente à la haine de classe ?
Mon espérance, Didier, est la suivante : que le peuple, épouvanté par le risque dont on parle, se confie en définitive non aux extrêmes mais aux forces du conservatisme, exactement comme le peuple espagnol a eu l'intelligence de se confier au franquisme pour échapper aux démons du communisme.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Regardez ce qui se passe aux Etats-unis, regardez ce qui se passe partout en Europe : les valeurs du conservatisme progressent dans les opinions, largement excédées par les libertés qu'on a prises. Ce n'est pas qu'une question de burqas, c'est aussi une question d'en avoir marre des morveux mal élevés.

Je me demande, puisqu'on en est aux confidences, s'il ne faudrait pas que la police laisse qui vous savez envahir quelque peu le boboland, de telle sorte que les dames bobos sachent enfin ce que c'est que la loi des mâles. Vous verrez alors les messieurs bobos se réfugier sous la pèlerine des gardiens de l'ordre.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cher Jean-Marc,

Vous dressez entre le string et la burqa (le déshabillé et le cloîtré) un parallèle qui me semble infondé, non seulement parce que c'est l'argument dont usent les musulmans pour justifier le port de la burqa (on ne débat pas sur le terrain que les ennemis ont choisi - ce qui signifierait notre défaite), mais encore parce que, si l'on voit dans la rue des femmes habillées en burqa ou dont le corps tout entier est couvert, à l'exception de l'ovale du visage, on ne voit pas de femmes en string (pour ma part, je n'en ai jamais vu et je crains que ces femmes en string ne soient qu'un fantasme de musulmans obsédés par la nudité) : en été, par fortes chaleurs, de jeunes femmes court vêtues, certes (mais chez La Fontaine, Perrette était déjà court vêtue); sur la plage aussi; mais en d'autres saisons, non.

Certes, les deux vêtements n'ont pas le même sens, mais ce n'est pas parce qu'ils ont un sens différent qu'ils doivent être appariés dans une opposition binaire. Différence n'est pas contraire. String v. burqa, c'est du structuralisme pour barbus en qamis et en quête de sens. La burqa est un uniforme de djihad; le string un sous-vêtement de plage. La burqa, c'est le message "cette femme n'est pas destinée aux infidèles, mécréants, impurs, mais elle est réservée aux seuls vrais croyants de notre communauté", laquelle, comme chacun sait, est la meilleure qui soit au monde. Le string est un sous-vêtement de désir : qui me désire me suive...
04 octobre 2010, 19:38   Re : Reprise
les seconds, les exogènes de l'entreprise, ne cherchent pas du tout à faire table rase du passé, mais simplement substituer le leur au nôtre, et cela les distingue des assassins de la jungle cambodgienne

C'est en effet une différence notable mais qui, dans le schème présenté, n'est pas aussi signifiante que cela: l'Angkar (c'était le nom du polpotisme au Cambodge quand celui-ci sévissait) fut une dystropie "progressiste" (dérivée du marxisme et de l'hégélianisme), c'est à dire tournée vers l'avenir; tandis que l'Oumma ne se projette dans aucun avenir qui différerait de son existant, lequel, parce que nous sommes des Occidentaux qui ne croyons pas à la permanence statique ni davantage à la perfection du monde, s'en trouve à nos yeux tourné vers le passé. Le musulman en effet ne s'exclame pas "l'Islam est la jeunesse du monde", de là nous déduisons un peu subjectivement qu'il est "tourné vers le passé", mais il ne l'est qu'à nos yeux; il est en fait tourné ni vers le passé ni vers le futur, mais vers l'éternité, c'est là sa prétention majeure.

L'essentiel n'en demeure pas moins que l'expression politique du cauchemar tyrannique, qu'il soit à prétention progressiste (dérivé de pensées mûries en Occident s'agissant du marxisme et de l'hégélianisme) ou à prétention transcendantale (nature incréée du Coran) est la même: immobilisme, persécution, peur, agenouillement collectif, délation, déresponsabilisation collective, collectivisation des responsabilités pénales, écrasement du faible, du dissident, des femmes, terreur idéologique, haine de tous ceux et celles qui se situent encore à l'extérieur du cercle du totalitarisme, prosélytisme agressif, criminalisation de l'apostat ou du renégat, etc...la liste complète des horreurs qui caractérisent ces tyrannies occuperait cinq pages au moins, ou un volume entier; dans leur immense majorité on les verrait, ainsi alignées, superposables dans les deux colonnes du communisme et de l'Islam.
JGL,

Evidemment, mon trait est outré, c'est pour cela que, parlant de ce string porté dans la rue, je soulignais aussitôt que c'était une image.

Je voulais parler de la conformité à une norme sociale : une société qui prône la diversité et le libre choix comme le fait la nôtre a forcément des retours de manivelle. Dans mon enfance, et dans ma jeunesse, il eût été inconcevable qu'un garçon puis un jeune homme s'habillât avec des vêtements de marque et se promenât dans la rue avec des survêtements polychromes. La norme était de porter des culottes courtes quand ont était enfant, puis des vêtements de bon aloi en grandissant. Voyez maintenant : ils sont aussi coquets que des filles, et sont sans cesse à la recherche de la "fringue siglée", à la recherche du "moi je vis ma vie et moi je suis différent" alors qu'ils sont encore plus tristement semblables.

Didier,

Je n'ai pas d'enfants et donc je n'ai aucune responsabilité dans leur mauvaise éducation (juridiquement, cela se nomme la formalité impossible). Si vous pensez que les enfants actuels se tiennent, en général, mieux que ceux d'il y a quarante ou cinquante ans, dites-le moi.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Didier,

Les seuls enfants bien élevés que je connaisse sont issus des milieux catholiques (tous les enfants catholiques ne sont pas bien élevés, mais la majorité des enfants bien élevés sont sans doute catholiques).
Le string et le voile islamique sont l'expression d'egos déboussolés qui hurlent à tous: "regardez moi! j'existe! j'ai bien le droit d'exister". L'individu totalitaire qui cherche un maitre!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Il n'est pas impossible que certaines portent les deux en mème temps ou alternativement.
05 octobre 2010, 03:36   Le rose et le noir
Il n'est pas impensable en effet que les plus sassy des emburquées portassent un string sous la bâche.
05 octobre 2010, 06:21   Bêtise, aveuglement, morgue
Bizot évoque la visite à Phnom Penh du vice-président Américain Spiro Agnew, en janvier 1973, quand le régime de Lon Nol tenait encore tête aux Khmers rouges et que tout n'était pas encore perdu:

"La venue à Phnom Penh de Spiro Agnew, vice-président des Etats-Unis, était prévue ce jour-là, à dix heures locales. Depuis des semaines on n'avait parlé que de ça. les abords de l'aéroport étaient surveillés; des avions espions tournoyaient dans le ciel. La police khmère, infiltrée partout, s'était fait un point d'honneur à mettre en place, avec la Sûreté et le Renseignement, un contrôle très strict des accès à la chancellerie, au poste diplomatique, à la résidence et au campus américains. Le service politique avait même imposé une double protection, placée sous l'autorité d'une cellule d'experts dépêchés sur place. Plusieurs parcours possibles, entre l'aéroport et l'ambassade, avaient été étudiés dans le secret, balisés, dégagés, fouillés, voire par endroit empierrés et asphaltés. Des effectifs supplémentaires étaient arrivés de Saïgon pour prêter main-forte aux GI. Depuis des jours, des soldats campaient dans les rues, guettant les allées et venues suspectes, observant les magasins, les fenêtres des immeubles, le sommet des arbres, etc.

Face à cet activisme paranoïaque, aussi risible vu de Phnom Penh qu'au regard du danger réellement encouru, les Khmers n'avaient pas voulu demeurer en reste. Le déploiement de moyens si coûteux avait quand même désamorcé un peu les rires au bénéfice du respect le plus béat. Ils avaient mis tout en oeuvre pour l'accueil de l'hôte prestigieux, qu'ils avaient rêvé grandiose. Toutes les coutumes du Cambodge, depuis les plus vieux usages de l'ancien royaume, jusqu'aux protocoles les plus originaux, avaient été mises en branle pour l'occasion. On avait sollicité les maîtres traditionnels de renom, n'hésitant pas à les faire chercher, le cas échéant, dans les villages reculés de l'arrière-pays. Les plus grands orchestres, les meilleures troupes de ballets et de théâtre dansé avaient répété ensemble jour et nuit, sur des mises en scène pensées en fonction des contraintes de l'aéroport et de la sécurité. Le jour J, les ministres revêtus de leurs somptueux costume de cérémonie -- veste blanche, samot vert bouffant, bas blancs et chaussures vernies noires à boucle -- se tenaient devant plusieurs orchestres phimpeat, des chanteurs avec leurs tambours en bois de tatrao, et des joueurs de flageolet. Les chefs militaires, en grand uniforme, étaient débout à côté de centaines d'écoliers, le drapeau américain à la main, tous au garde-à-vous. Des nattes finement tressées recouvraient le tarmac. Un tapis rouge allait jusqu'à l'emplacement où l'avion présidentiel devait s'arrêter. Des brahmanes y avaient pris place, leur conque-trompette à la main, devant des plateaux d'offrandes en laque et en argent. Les voitures du cortège étaient prêtes, avec un tête une berline blindée, arrivée la veille par avion. Des dizaines de danseuses, couvertes de tissus brodés d'or cousus à même la peau, tenaient, gracieuses, des corbeilles de pétales. Face aux ministres, les cuivres briqués d'une fanfare jouaient en grande pompe avec le soleil qui montait dans le ciel...

L'appareil tant attendu se montra, un peu plus tôt que prévu, et vint se poser exactement où cela avait été convenu. A la minute même, la mélodie des orchestres, le son des clairons, la voix des chanteurs, les formules de bienvenue criées par les choeurs d'écoliers, résonnèrent dans une cacophonie fantastique, que parvenait à peine à couvrir le long vagissement des conques sacrées. Les danseuses se mirent en mouvement sur place, pendant que ministres et généraux s'avançaient solennellement. La porte de l'appareil s'ouvrit, et des jeunes filles vêtues de soie avançèrent l'échelle dorée et fleurie. Au même moment, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le battement des pales d'un hélicoptère se fit entendre à grand fracas dans l'air. Une demi-douzaine de GI giclèrent de l'avion sur la scène, en éventail devant l'échelle, bousculant les écoliers et les danseuses, l'arme automatique pointée droit devant, les jambes écartées, le regard fixe. En quelques secondes, porté par deux géants, le vice-président des Etats-Unis fut expulsé du jet et introduit dans l'hélicoptère qui décolla aussitôt (pour atterrir sur le toit de l'ambassade américaine), dans un tourbillon de poussière mélangée aux pétales de fleurs et aux drapeaux de papier, abandonnant sur place ministres, généraux, brahmanes, danseurs et musiciens..."

Conscient d'avoir atteint la limite du droit de citation de ce texte, j'arrêterai ici de vous en parler. La période de captivité de François Bizot chez les Khmers rouges commença par son arrestation lors d'une embuscade dans la région d'Oudong en octobre 1971. Octobre au Cambodge, c'est encore, un peu comme en France, la saison des pluies, des rizières inondées, miroitantes sous les nuées. Ce livre, qui fait une place importante au récit de cette captivité, sera donc votre "livre d'octobre" comme il y a eu un livre de septembre (L'Otage de Claudel) et un livre d'août (Benito Cereno de Melville). Octobre, mois des révolutions, comme l'est l'autre mois de Vénus, le joli moi de mai. Vénus est la Madonne des révolutions.

En étant venu ainsi à vous évoquer cette déesse, et dans le souci de me relier à vous chers amis, je vous laisse à présent continuer de conférer sur le slip.
Je crois que ce à quoi pensent les gens quand on parle du string, c'est de la partie du string qui dépasse du pantalon de la jeune fille ou de la femme, pas d'une situation où la femme ne serait vêtue que d'un string. Dès lors, il me semble que le string fonctionne exactement comme le voile, mais de manière plus ou moins inverse. Le voile, y compris dans ses versions les plus couvrantes, exacerbe le désir qui est stimulé par tout ce qui pourrait normalement ou accidentellement dépasser, mèche, yeux, main, cheville, etc. Dans le cas du string, c'est non plus le corps qui dépasse, mais une partie de l'accoutrement de sous un vêtement, suggérant, sans le révéler le postérieur et la manière de ne pas le couvrir sous le pantalon de la femme. A proprement parler, le string dit "apparent" (en fait dépassant) ne montre rien, il suggère. Le voile de son côté couvre et révèle, et lui aussi suggère, il suggère qu'il y a une femme dessous.
D'un côté, une manière un peu simplette de jouer avec le désir masculin, de l'autre une manière de n'avoir aucune confiance dans le désir masculin tout en l'exacerbant.
JCL a donc raison de n'y voir pas une comparaison pertinente, pire, une malhonnêteté.
Je trouve parfaitement vulgaire et puéril le négligé que vous décrivez, cher Virgil, mais je dois être trop vieux, j'en suis resté au charme des femmes du monde.
Si je comprends bien, Virgil, et par votre entremise JGL, le string serait conforme à nos traditions et la burqa point. Pour le second item, je le savais. Pour le premier, je le découvre.

Ne vous est-il pas venu à l'esprit que, pour des gens, le string ET la burqa soient choquants ?
De tous temps les femmes en occident, même les plus vertueuses on arboré, dans de nombreuses circonstances, des décolletés vertigineux qui font paraître le string comme une coquetterie de vieille fille.. Je relisais récemment, Hadji Mourat de Tolstoï. Dans ce magnifique récit, l'auteur rend compte de l'étonnement, que l'on devine réprobateur, du héros , pour cette tenue des femmes russes lors d'une grande réception où il est l'invîté d'honneur .
Je trouve personnellement le string apparent vulgaire - il suppose un pantalon dit "taille basse" pour être apparent. Mais ce que je trouve est peu pertinent en ces questions. Comme le dit Cassandre, si vulgaire, laid et grossier soit le string apparent, il ne vient pas menacer nos valeurs et s'accompagne de vêtements. La comparaison avec la burqa ou le niqab est donc malhonnête, comme le remarquait JGL.Disons que je trouve laid et volontiers choquant le string apparent, surtout chez les très jeunes filles, mais odieux et ignoble la burqa. Je trouve carrément obscène leur comparaison par les mahométans et leurs dhimmis médiatiques.
Parce que vous ne trouvez pas que les familles recomposées au delà du raisonnable, l'avortement promu au rang d'expérience pour jeunes filles qui veulent s'assurer de leur féminité (je l'ai entendu), demain l'euthanasie pour tous, le culte de l'argent et sa représentation concrète la consommation effrénée, les mariages de Monsieur Mamère, les Quick et McDo, Auchan et Intermarché qui ont tué le petit commerce et autres élèves qui commandent à leurs professeurs ne sont pas mortifères pour notre civilisation ?

Il n'y a pas que la laideur, il y a aussi le fait que les limites anciennes sont brisées...
Dit autrement, à supposer que le Maître de Plieux en Charlemagne assisté des In-nocents en leudes parvienne à bouter hors de la douce France les modernes Marsile barbus et leurs dames embourquées, que sera exactement la douce France restante ?

Quel est le projet pour la France d'après demain ?
Je viens de lire le dernier numéro de la NRH dont le sujet principal est Vichy. Y figure un remarquable article sur les Maurrassiens en 1940, expliquant fort bien combien le mouvement s'est irrémédiablement divisé entre résistance et collaboration. Ceux qui ont choisi la seconde voie se sont trouvés bien embêtés une fois parvenus dans les arcanes du pouvoir pétainiste, lorsqu'ils ont réalisé que la fameuse "France réelle" théorisée par Charles Maurras n'existait déjà plus, ou quasiment plus, depuis belle lurette. Ils furent alors incapables en théoriciens qu'ils étaient, de réellement peser sur la politique vichyste et se sont les plus modernes (principalement des socialistes) qui y ont rapidement mené la danse.

Si quelque-chose se structure un jour en France qui pose les bases d'une résistance au Grand Drame et jette les bases d'une future reconquête, ce sera un bien curieux syncrétisme. Il y aura un peu de chritsianisme, un peu de Johnny Halliday, un peu de McDonald's et de rock'n roll, voire même de la techno et une grande tolérance pour la libération sexuelle de 1968. Le point commun à tout cela? principalement le rejet du totalitarisme islamique, mais peut-être aussi un peu du seul embryon de culture non gauchiste et vaguement chrétienne qui parvienne un peu dans les cervelles abruties de nos compatriotes, par l'intermédiaire de ces séries américaines dont l'évolution ces 5 dernières années est particulièrement intéressante. Et plutôt à "notre" avantage.
Citation
Jean-Marc
Quel est le projet pour la France d'après demain ?

Homo festivus ?
Je ne crois pas aux projets collectifs mais aux grands projets personnels qui fédèrent des énergies.
Merci pour ces précisions. Avec de telles pratiques il est légitime de se demander si ce monsieur est à même d'être français de bon aloi.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter