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Communiqué n° 1109 : Sur les manifestations contre la réforme des retraites

Communiqué n° 1109, jeudi 7 octobre 2010
Sur les manifestations contre la réforme des retraites

Le parti de l'In-nocence considère avec affliction la croissante agitation sociale, les manifestations, les grèves et le désordre s'ensuivant, ainsi que la perte financière consécutive pour le pays, ensemble de troubles destinés à marquer l'opposition des syndicats et d'une partie de la population à la réforme gouvernementale du système de retraites par répartition, et si possible à l'empêcher. Cette réforme est certes amère, mais les raisons qui la rendent indispensable, inévitable, étant patentes, les obstacles qui lui sont mis ne sont que du temps et de l'argent perdus, et le seraient davantage encore si par malheur ils la faisaient échouer. Ils témoignent, au regard de la situation générale de la patrie contre-colonisée, une singulière immaturité politique, économique et morale.
Les vieux protègent les vieux!
Une réforme nécessaire, oui mais pas celle là. C'est du pur électoralisme. On fait payer les jeunes, mais on protège les vieux, qui coutent de plus en plus cher et à qui on ne demande rien, parcequ'ils votent Sarkozy
"Lorsque les individus âgés (les « vieux ») acquièrent la majorité électorale
dans les démocraties, il en résulte un certain nombre de conséquences assez
évidentes sur les choix de politique économique, que nous allons examiner
dans le cas de la zone euro :
− préférence pour la taxation du travail et non du capital, ce dernier
étant détenu par les citoyens plus âgés ; de même, déformation du
partage des revenus au détriment des salariés et en faveur des
profits ;
− flexibilité du marché du travail concentrée sur les jeunes par la nature
des contrats de travail qui leurs sont offerts :
− contrôle strict de l’inflation par les politiques monétaires, et maintien
de ce fait de taux d’intérêt réels positifs même durant les crises,
transférant le revenu des emprunteurs (jeunes) vers les prêteurs
(vieux).
Le vieillissement démographique a donc nécessairement, dans les
démocraties, comme conséquence la faiblesse de la croissance à long terme,
avec l’affaiblissement de la demande dû à la déformation du partage des
revenus, à la taxation élevée des revenus du travail, à la hausse des taux
d’endettement, et qui conduit à la réduction de l’effort d’investissement et de
la croissance potentielle, due aussi au découragement de l’emploi par la
fiscalité." Patrick Artus
Juste un exemple: on supprime un maigre avantage fiscal pour les jeunes mariés, mais on maintient pour les retraités la déduction de 10% pour FRAIS PROFESSIONNELS
« Ils ne pensent qu’à leur retraite…Leur idéal d’hôpital d’état , une immense maison finale et mortuaire…Comme un chrétien se prépare à la mort, le moderne se prépare à la retraite. C’est une mentalité de pensionnaires et de pensionnés. Toute la question est de savoir si le monde est destiné à devenir un immense asile de vieillards.«  Péguy
Les manifestations contre cette réforme ne sont à mon avis que la façade montrable d'une contestation beaucoup plus profonde contre ce qu'est devenu le travail, qui échoue de plus en plus à apporter aux hommes un tant soit peu de satisfaction. Est-ce vraiment par désir de se "vautrer dans l'hédonisme", comme l'écrivait Rogémi dans un autre fil , que tant de gens se rendent à leur travail sans le moindre entrain ou bien plutôt parce que ce travail ne leur apporte rien ou presque, ne les élève pas, ne leur permet pas de se dépasser, ne leur procure que très rarement cette si appréciable "bonne fatigue, les rassasie au contraire d'un stress protéiforme qui commence par cet enfer de se rendre quotidiennement au travail moyennant deux ou trois heures de déplacements, solitaire ou en commun, se poursuit dans une confrontation malheureuse avec les écrans qui se sont introduits partout, est ponctué de "réunions" jargonneuses à tout propos et du spectacle constant de l'incompétence récompensée, de la "valeur finance" au pinacle, le tout dans la peur panique de perdre ce même travail que l'on n'aime pourtant pas. Les hédonistes, s'ils en est, doivent être bien marris.
Parfaitement ! S'ils veulent survivre, ils n'ont qu'à faire comme nous: ne pas vieillir !
08 octobre 2010, 12:31   Le taf suprême
Faites mieux, cher Francis, ne mourrez pas !
08 octobre 2010, 14:03   Mort sans banderole
Cher Orimont, je mourrai sans banderole, quel que soit l'âge, en tout cas, vif, je ne supporterai pas, drapeau tricolore au vent, que l'on réclame en mon nom, alors que j'approche des 59 ans, des versements pécuniaires aux jeunes générations, abruties d'angoisse, d'heures perdues à chercher du turf et sonnées de Lexomil en contrepartie des deux heures de transport par jour quelles courent pour rien, pour acquitter leurs impôts et se payer un maigre repos volé, afin qu'elles entretiennent dans mon indolence pétanquière ou villégeaturiale ma verdeur de 60 ans que je cultiverai, bronzé, aux clubs sportifs de ma ville et sur les plages de Djerba ou de Pattaya. Plutôt mourir.
Pour paraphraser Nietzsche:"nous avons inventé le bonheur, disent les retaités festifs! les seychelles ou marrakech pour cet hiver? pourvu que ces salauds de jeunes ne fassent pas une grève surprise à l'aéroport!"
" Non seulement la démocratie fait oublier à chaque homme ses aieux, mais elle lui cache ses descendants et le sépare de ses contemporains; elle le ramène sans cesse vers lui seul et menace de le renfermer enfin tout entier dans la solitude de son propre cœur."
Enfin, enfin, l'aide matérielle et morale apportée par les grands parents pour aider à leur loisir et à leur éducation leurs petits enfants est considérable et de notoriété publique.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Le problème, si j'ai bien compris, est de trouver de l'argent pour les caisses de retraite. Est-ce passer pour un trotskyste du 7ème jour que d'imaginer aller en chercher un petit peu plus là où il se trouve, c'est-à-dire dans ces tours de passe-passe des banques ? C'est bien sûr impossible. La France ne peut plus prendre de décisions "toute seule". Il faut se soumettre et avaler ce gros mensonge selon lequel "il n'y a plus d'argent". On travaillera donc jusqu'à 65 ans et plus, ou, plutôt, on fera semblant de travailler de plus en plus longtemps et les jeunes ne s'en trouveront pas mieux lotis, sauf à s'engager dans le "coach-bienêtrat" intensif, activité promise à un grand avenir. Salarier le prétendu hédonisme, en voilà une piste.

Autrement, on peut éventuellement tous s'entretuer, ce qui règlerait la question des retraites.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
"Enfin, enfin, l'aide matérielle et morale apportée par les grands parents pour aider à leur loisir et à leur éducation leurs petits enfants est considérable et de notoriété publique."

Ah, ça, oui ! j'en sais quelque chose !
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Les retraités touchent une retraite payée par les actifs et redonne une partie de cette retraite à leurs enfants c'est à dire des actifs! Chercher l'erreur!
On estime le revenu moyen des retraités (sans charges) supérieurs à celui des actifs ( qui ont eux la charges des enfants)
Chercher l'erreur!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cher Didier,

Ne croyez pas que je vous oublie. J'attends simplement d'être assez disponible pour tenter de rassembler de vagues débuts d'idées.
Cher Didier, je suis bien consciente de ce que vous dites et de la nécessité d'une remise à plat complète. Je faisais simplement part de mon vécu. Quand il arrive que ma fille et mon gendre, qui travaille beaucoup, se trouvent en difficulté, je me dis que notre génération a eu quand même beaucoup de chances, et je trouve normal de les aider.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Le vrai travail sait se faire oublier, alors même que l'on travaille : c'est le génie du travail manuel ; tandis que le faux travail insiste beaucoup et consacre beaucoup de temps à sa propre justification, spécialement en régime technologique.

Il ne faudrait cependant pas perdre de vue que la reine des justifications de l'activité humaine, c'est la guerre et ainsi, ce n'est pas plaisanter qu'imaginer le règlement de la question des retraites par une empoignade générale. Il y en a de tous côtés qui s'y emploient.
Je crains que les références au RMI ne soient un peu datées...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Les retraités touchent une retraite payée par les actifs et redonne une partie de cette retraite à leurs enfants c'est à dire des actifs! Chercher l'erreur!
On estime le revenu moyen des retraités (sans charges) supérieurs à celui des actifs ( qui ont eux la charges des enfants)
Chercher l'erreur!



Chercher l'erreur :

En l'absence de, et en guise de clin d'oeil à Bernard Lombart (et en espérant le lire prochainement), je me lance :
- l'absence d'espace précédant le point d'exclamation
- l'espace entre la parenthèse ouvrante et le "qui"
- l'accord de "retraités" et de "redonne"
- l'impératif en -er de chercher
Je voulais dire que le RMI était le de cujus de cette histoire.
Un des désastres de la justice française: quand on ne sait pas, quand on ne veut pas répondre sur le fond, on condamne la forme. c'est ainsi que des criminels sont remis en liberté...pour vice de forme. mais où est le vice? dans la forme ou dans le crime?
Citation

Cette réforme est certes amère, mais les raisons qui la rendent indispensable, inévitable, étant patentes, les obstacles qui lui sont mis ne sont que du temps et de l'argent perdus, et le seraient davantage encore si par malheur ils la faisaient échouer. Ils témoignent, au regard de la situation générale de la patrie contre-colonisée, une singulière immaturité politique, économique et morale.

Cette réforme est indispensable et inévitable dans le cadre du système économique actuel, mais il n'est pas interdit de remettre en question le système économique actuel, facteur d'appauvrissement et d'exploitation dans une France qui n'a pourtant jamais autant produit de richesses de son histoire. En effet, qui dit augmentation de la productivité, dit augmentation des richesses produites. Et une croissance du PIB, même faible, représente toujours une augmentation des richesses produites par rapport à l'année précédente.

On peut aussi s'interroger sur la pertinence de l'augmentation de l'âge légal de départ à la retraite alors que le taux de chômage inciterait plutôt à faire travailler les jeunes actifs.
Cher Bellini,

ce n'était qu'une petite pique, j'espère ne vous avoir ni froissé, ni détourné de l'esquisse d'une solution dans votre échange avec Didier Bourjon.
Pour ma part, j'ai bien peur que si, d'un coup de baguette magique, on faisait disparaître les-dits cinq à six millions d'inactifs, ou d'actifs sporadiques, cela n'aurait que peu de conséquences sur la vie quotidienne (hormis le gain de place...), l'eau courante et l'électricité n'en arriverait pas moins à demeure. Que pense la compagnie de cette hypothèse ?

Cette question est restée sans réponse. Est-ce à cause de son absurdité ? Il me semble pourtant qu'elle a un rapport avec ce débat. Quelle est la position du P.I. à l'égard du "plein emploi" ? Si le parti n'y croit pas, quelle attitude préconise-t-il en direction de ce trop-plein d'individus qui n'ont pas leur place dans le monde du travail ?
Orimont,


Il ne faut pas raisonner en termes d'activités.

Un héritier qui ne s'est donné que la peine de naître, qui est bien élevé, qui aime les arts et dépense, celui-là, même oisif est à sa place dans le modèle que le parti me semble porter.

Un refuseur d'emploi qui aurait nommé son fils Kevin et sa fille Samira, qui aimerait Jauny ou Reno et dont les enfants aimeraient le slam serait sans doute dans une autre catégorie.

Pour ma part, horrible poujadiste moderne que je suis, je dirais au premier "Cher Monsieur, il serait temps que vous vous mettiez à l'ouvrage car on ne supporte pas les oisifs, et si vous ne le faites pas, ce que vous avez, on vous le prendra" et au second "Mon gars, tu vas changer de régime, la vache enragée remplace la vache à lait, j'en ai marre de payer pour toi et les tiens, alors tu te bouges les fesses".

Je suis comme vous, Orimont, curieux de savoir ce que dit le parti.
première suggestion: la droite autrefois, avant qu'elle soutienne ce gauchiste doré de Sarkozy, proposait, à coté du système par répartition, une part de capitalisation. La "réforme" a enterré cette piste.
Il me semble que système par répartition pourrait etre le régime de base: jusqu'à 2000 ou 2500E par mois , mais qu'au delà c'est à la capitalisation (avec évidemment des risques) de fonctionner. Ce n'est pas aux générations futures de garantir les retraites des riches, ils devraient pouvoir le faire eux mèmes. Et avec un peu d'habileté (avantages fiscaux) les placements pourraient etre orientés vers l'achat d'actions françaises, ou vers la dette de l'Etat ( détenue au 2/3 par des étrangers).
La proposition de Bellini tombe sous le sens (comme l'on n'ose plus dire).
Citation
Bellini
Un des désastres de la justice française: quand on ne sait pas, quand on ne veut pas répondre sur le fond, on condamne la forme. c'est ainsi que des criminels sont remis en liberté...pour vice de forme. mais où est le vice? dans la forme ou dans le crime?

La procédure, c'est le droit.
Cher Bellini,

Sauriez-vous résumer votre point de vue sous la forme d'un slogan assez bref que je recopierai sur une pancarte quand j'irai me mêler aux connards qui n'arrivent pas à se faire à l'idée que l'allongement de la durée de la vie, ce progrès d'entre les progrès qu'on leur promettait, n'était pas du tout, mais pas du tout, une perspective de batifolage, d'hédonisme, de bon temps, mais un problème. Che fregatura ! Ma che fregatura !

Vivre plus pour travailler plus ! Quel fâcheux argument de vente eût été là brandi par les laboratoires de recherche en quête de financements !
Je vis non loin d’un bourg à la sociologie particulière. Il est peuplé de néo-altéro-intello-babas en proportion bien supérieure à la moyenne nationale. L’autre jour, la rue en était pleine ; il est vrai qu’elle est courte et étroite. Les trotskystes à bouée Kronenbourg s’étaient enfin mis d’accord sur un slogan unitaire qu’ils scandaient sur un rythme que vous retrouverez aisément : « — La retraite ! — on s’en fout ! — on veut plus bosser du tout ! —»
C'est cela Éric, les adeptes de Julien Coupat, les amis de la décroissance, les tenants du "Va-z-y mollo" au travail, les adorateurs du Dieu RMI et de son fils RSA, les amateurs de cocktails de fruits bio et de tricots faits main...
"Le droit de tous à tout" "la retraite de 7 à 107ans" "citoyen du monde dans un monde sans frontières" "le droit au bonheur tout de suite et pour toujours"
Le travail est le refus du donné, du monde tel qu'il est : " le rôle le plus important de l’artifice humain... est d’offrir aux mortels un séjour plus durable et plus stable qu’eux-mêmes. » H Arendt .
mais le travail a été remplacé par l'emploi, et le projet d'amélioration du monde en promesse de consommation;
Les loisirs, les passe temps et la retraite ont remplacé le travail au centre de la vie car l'homme européen a renoncé à apporter quoi que ce soit au monde. il est un héritier qui a renoncé à faire fructifier l'héritage. il vit son temps comme phase ultime de l'histoire avant le retour à l'animalité heureuse et oisive dans l'abondance.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
"(...) le travail a été remplacé par l'emploi (...)"

Pourquoi ? Comment ? Par l'opération du saint esprit ?

Jusque là on travaillait et, par l'opération du saint esprit, pfff, plus rien, exit le travail, remplacé par l'emploi. Quiconque s'en tiendrait à la seule lecture de nombreux messages sur le thème du travail, comprendrait que, subitement, les gens se sont arrêtés de travailler et que, philanthropiques, les gouvernements leur ont allongé, sans autre raison que celle de leur complaire, des allocations de toute sorte, comme ça, pour leur faire plaisir. Ils labouraient, bêchaient, peignaient, réparaient, faisaient de la copie, des chaussures, de la couture, que sais-je, et puis, pof ! un jour ils se sont arrêtés, ont réclamé de l'argent et on le leur a donné.

Alors voilà, le fin mot de l'analyse sur la situation du travail contemporain, c'est le triomphe des "amis de la décroissance, les tenants du "Va-z-y mollo" au travail, les adorateurs du Dieu RMI et de son fils RSA", point final. Permettez-moi de trouver cela un peu court et j'attends toujours que l'on donne son avis sur cette question : est-ce que si cinq à six millions de personnes inemployées se volatilisaient dans l'éther la société française continuerait à "fonctionner" sans bouleversement notable ?
Je ne sais ce que vous voulez dire par inemployés, je suppose que cela ne concerne ni les retraités, ni les écoliers, collégiens, lycéens et étudiants.

Cela ne concerne pas non plus les femmes au foyer (je veux dire celles qui s'occupent d'enfants ou de parents, ou tout simplement de tenir leur maison).

Pour moi, cela ne concerne pas les personnes qui se reconvertissent, soit parce que leur poste de travail a été supprimé, soit parce que l'évolution des choses les rend inaptes à une fonction.

Reste la catégorie des paresseux chroniques, des chômeurs par atavisme, de ceux qui ont non un poil mais une queue de vache dans la main, de cette France qui ne sait que geindre et réclamer, quand elle ne casse pas tout quand, sûre de l'impunité, elle emboîte le pas de l'émeute, de ces mères de familles copieusement gratifiées d'argent-braguette (les allocations familiales), d'argent femme-seule (qui dit bien son nom), d'APL et d'argent gratuit (il s'agit du RMI/RSA qui a pour caractéristique de ne nécessiter aucune situation spéciale), de ces populations qui se lèvent à dix heures pour se vautrer sur un canapé, regarder des séries abêtissantes jusqu'à la nuit, s'empiffrer de nourritures bien grasses arrosées de boissons bien sucrées, laissant leurs enfants en stabulation libre, et vomir sur-ces-riches-qui-nous-piquent-tout et sur-ces-immigrés-qui-nous-bouffent-la-laine-sur-le-dos.

Cette catégorie-là doit être remise au travail, au besoin à coups de pied au cul, et en tout cas en lui coupant les vivre. L'argent du contribuable doit aller à ceux qui le méritent, à ceux qui font des efforts, à ceux qui n'y peuvent rien, pas aux profiteurs.
"Cette catégorie-là doit être remise au travail (...)"

Lequel, par exemple ?
Par exemple le ménage de mon bureau, qui est fait par des immigrées d'Afrique du nord, ou la plonge du restaurant d'entreprise où je déjeune, qui est faite par des immigrés d'Afrique sub-saharienne, ou la cueillette des fruits en Roussillon, qui est exécutée par des gens qu'on fait venir d'ailleurs, ou les travaux de la RN 126 qui m'ont bloqué ce matin, ce qui m'a laissé le loisir de noter que, parmi les ouvriers qui étaient dans le froid et qui l'après-midi seraient sous le soleil, il n'y avait pas de Français de souche.
Quel bouleversement notable serait censé se manifester dans une telle hypothèse ?
Je ne sais si vous vous adressez à moi, Ostinato, mais si certains Français faisaient ces sortes de métiers plutôt que de se gorger d'aides sociales, il n'y aurait pas d'appel d'air en faveur de l'immigration. Je trouve piquant que certains, dans ces catégories-là (refuseurs d'emploi de seconde génération), veuillent mettre les immigrés à la porte mais ne soient pas prêts à prendre leur travail.

J'en ai assez de voir :

- mon pays payer des hordes de fainéants ;

- mon pays changer à ce point par des apports massifs liés aux postes de travail laissés vacants par les paresseux.
Quel bouleversement ? Justement, selon moi, aucun, ou presque.

Comme dans la vidéo écolo brutale montrée par Marcel, pulvérisez tous les inscrits au chômage en France, le pays ne s'en portera pas plus mal.

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"Par exemple le ménage de mon bureau, qui est fait par des immigrées d'Afrique du nord, ou la plonge du restaurant d'entreprise où je déjeune, qui est faite par des immigrés d'Afrique sub-saharienne, ou la cueillette des fruits en Roussillon, qui est exécutée par des gens qu'on fait venir d'ailleurs, ou les travaux de la RN 126 qui m'ont bloqué ce matin, ce qui m'a laissé le loisir de noter que, parmi les ouvriers qui étaient dans le froid et qui l'après-midi seraient sous le soleil, il n'y avait pas de Français de souche."

Les Français de souche préfèrent que leurs enfants deviennent consultants, plutôt que balayeurs, cher Jean-Marc, c'est bien certain, et par consultants, j'entends tout métier qui ne salit pas ni ne brise les reins prématurément. Mais attendez quelques années et quand votre ménage sera exécuté de main de maître par un superbe androïde autonome, je ne doute pas que vous continuerez à brandir votre fétiche de poil dans la main, en guise d'explication de tout ce qui tourne autour du travail.
Mais que les Français préfèrent ce type de métier pour leurs enfants, j'en suis certain. Cela étant dit, pour être consultant, ou ingénieur, ou administrateur, tous métiers que j'ai exercés, il faut travailler auparavant, et souvent durement.

Je puis vous assurer que la taupe, puis l'X, puis l'école d'application supposent qu'on ne passe pas ses soirées dans des beuveries, ni ses journées à écouter du slam. Je puis vous assurer que, lorsque je construisais des ponts, je n'avais ni dimanches, ni fêtes.
Par ailleurs, En outre, vous aurez noté que je n'ai pas parlé du ménage chez moi, car je bénéficie de scooba et roomba, outils efficaces et non syndiqués.
Dire que le travail a été remplacé par l'emploi signifie qu'au cours de la deuxième et troisième révolution industrielles les métiers clairement identifiés où l'on faisait un travail dont on était fier et qui donnait une identité sociale, ont progressivement disparus.
Ils ont laissé la place à des emplois mal identifiés, sans véritable sens et dont l'unique justification est le salaire. Les gains de productivité en parcellisant le travail ont détruit sa signification sociale.
On a transformé les mineurs, fiers d'appartenir à une aristocratie ouvrière, en "agent de facilitation du musée de la mine" ou pire en agent municipal chargé de la convivialité. On ne peut plus alors parler de métiers mais d'emplois et d'emplois dont on n'est pas fier.
D'où l'aspiration irrésistible vers les vacances et la retraite .
Bellini,


Il faut tout de même garder en mémoire que dans le monde ancien, s'il y avait bien une aristocratie ouvrière, il y avait aussi des journaliers dans les fermes, des femmes de charge dans les maisons, et des chemineaux sur les routes.
Je partage en grande partie l'analyse de Bellini. Que faire, cependant, puisque l'on ne reviendra pas en arrière ? Continuer à multiplier les "emplois mal identifiés" (ce que j'appelle les "faux travailleurs", expression qui m'a été inspirée par les vieilles rengaines sur les "faux-chômeurs) en les grimant du noble nom de travail ? Continuer cette comédie ou entreprendre de considérer sérieusement l'oisiveté ?

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Cher Jean-Marc, il y a aujourd'hui, selon les chiffres officiels, 2 600 000 chômeurs en France, auxquels on peut sans exagérer ajouter au moins un million d'individus en situation précaire. Ne trouvez-vous pas que cela fait beaucoup de "poils dans la main" ?
Je n'ai jamais dit que tous les chômeurs ont un poil dans la main, ni les précaires.

Je vous écrivais d'ailleurs :

Pour moi, cela ne concerne pas les personnes qui se reconvertissent, soit parce que leur poste de travail a été supprimé, soit parce que l'évolution des choses les rend inaptes à une fonction.
14 octobre 2010, 11:37   Serpillière et vidéo
Jean-Marc, je veux bien vous croire et, cependant, sitôt qu'une discussion tombe sur le thème du travail contemporain, vous ne tardez jamais à sortir ces histoires de poil dans la main, qui m'inspirent aussitôt mes histoires de consultants. Vous dites qu'il faut remettre les fainéants au travail et vous indiquez comme piste les travaux de nettoyage. En effet, c'est un "secteur" qui recrute, ainsi que celui de la "sécurité, surveillance". Sur trois millions de chômeurs et précaires, combien d'entre eux pensez-vous que l'on puisse mettre devant un chariot à roulettes rempli de produits ménagers, en faction devant des entrées de banques ou devant des salles pleine de caméras de surveillance ?
14 octobre 2010, 12:39   The Sultans of Swank
Oh vous savez Orimont, il ne manquera pas de consultants pour pointer que le chômeur fraîchement recruté pour pousser le chariot de produits ménagers d'un pas auguste et rêveur peut lui aussi participer aux gains de productivité de l'entreprise pour, de l'autre oeil, surveiller les voleurs de poules qui viendraient à passer dans le champ de la caméra CCTV.

Je me souviendrai pour le reste de mon existence de l'arrivée à Roissy d'une amie japonaise qui ne connaissait pas la France et qui donc s'apprêtait ce jour là à fouler son sol pour la première fois. Elle tomba sur une grève des agents de surface d'Aéroports de Paris. Avant de fouler le sol de la patrie de Chateaubriand, elle commença donc par fouler ses détritus. On en était au troisième jour de grève. Le tableau ressemblait à une installation d'un collectif d'artistes squatteurs d'une usine désaffectée dans le 9-3: papiers gras jonchant le sol, gobelets de café renversés, sacs poubelles éventrés, exhalaisons non identifiables où l'odeur de rat mort paraissait vouloir dominer, sol collant, chuintant sous les pas, comme si l'on s'était appliqué à étaler des pots de miel sur le linoléum bleu sale où adhéraient avec entêtement mille faveurs, rubans, cordelettes diverses, frises, ficelles, fils de couleurs, cheveux, emballages de pizza, protège-slip, couches usagées, vieux peignes.

Puis, provenant du tréfonds de l'aérogare comme du fond d'un puits, des beuglements inquiétants, poussés à longs traits, un battement de tambours et de cymbales, une musique de cirque à l'ancienne, une marche. Le bruit enfle, devient tintamarre assourdissant. On frémit. Survient alors un groupe d'une petite dizaine de femmes et d'hommes de toutes couleurs, tailles, formes, en blouse bleu-sale assortie au parquet, bramant et scandant sur l'air des lampions, inoubliables, fiers, martiaux, débraillés, dix-neuviémistes: 100-EUROS-D'AUG-MEN-TA-TION-POUR-TOUS ! ET BOUM ET BOUM sur les couvercles de lessiveuse à grands coups de manche à balais devant les touristes internationaux interdits qu'ils se refusent à voir, regardant droit devant. La visiteuse japonaise shoota tout ça au Canon, dans l'effroi, l'émerveillement et le sentiment neuf de toucher enfin l'exception.
Orimont,

Un des problèmes du travail contemporain, comme vous dites, est que la profusion des aides sociales dispensées par l'État-providence, et donc par l'impôt prélevé sur les actifs et les entreprises, fait qu'on peut vivre un peu chichement, mais vivre et non survivre, sans travailler.

Il est, de mon point de vue, tout à fait anormal que l'oisif par choix soit aussi peu éloigné, financièrement parlant du travailleur pauvre. Il faudrait augmenter les salaires des travailleurs pauvres, et baisser les aides des fainéants. Les précaires, comme le disent si bien les syndicats, font souvent partie des travailleurs pauvres, quoiqu'il y ait des précaires qui gagnent bien leur vie (je trouve curieux que la notion de précarité soit toujours associée au salariat et jamais à l'activité libérale).

La catégorie que je poursuis de mon ire est la suivante, celle des refuseurs d'emplois. Voici comment, très concrètement, je vois le problème.

Si une personne n'a pas de contre-indication manifeste au travail (on peut être handicapé), alors qu'elle travaille. Pour ce faire, au bout d'un temps de chômage donné, par exemple un an, la personne doit accepter tout travail compatible avec sa santé. Si elle le refuse, alors les aides lui sont coupées, sans recours possible. Si elle ne reste pas dans ces fonctions-là, alors elle ne touche rien tant qu'elle n'est pas employée.

On nous dit que nous avons besoin de 150 000 immigrants pas an, je crois. C'est simple : fermez le robinet, et en six ans vous aurez remis un million de Français au travail. Améliorez le sort des travailleurs pauvres, vous gagnez un autre million. Il reste le million intermédiaire : il correspond en gros à 4% de la population active, c'est le chômage normal structurel.
C'est cela, Francis : exiger, criailler, réclamer et se foutre de l'usager.
Citation
Jean-Marc

On nous dit que nous avons besoin de 150 000 immigrants pas an, je crois. C'est simple : fermez le robinet, et en six ans vous aurez remis un million de Français au travail.

Jean-Marc-pré-sident ! Jean-Marc-pré-si-dent !
14 octobre 2010, 16:42   4% ?
"4% de la population active, c'est le chômage normal structurel."

Enfin ! Je crois que nous avons mis le doigt sur l'exacte question qui nous divise. A mon avis, ces 4% de chômage normal structurel qui, si l'on s'y tenait, permettraient de dire que l'on a atteint le "plein emploi", non seulement sont nettement sous-évalués dans une société technique, mais sans cesse appelés à augmenter.

Entre deux immigrés qui acceptent de faire le travail ingrat que deux autochtones refusent et un robot-peintre qui, sur une chaîne de montage automobile, effectue le travail qu'une dizaine d'ouvriers accepteraient sans doute, il n'y a selon moi aucune commune mesure, quant au fameux remplacement.
Citation
Orimont Bolacre
Je partage en grande partie l'analyse de Bellini. Que faire, cependant, puisque l'on ne reviendra pas en arrière ? Continuer à multiplier les "emplois mal identifiés" (ce que j'appelle les "faux travailleurs", expression qui m'a été inspirée par les vieilles rengaines sur les "faux-chômeurs) en les grimant du noble nom de travail ? Continuer cette comédie ou entreprendre de considérer sérieusement l'oisiveté ?

Ce qu'on peut faire, c'est, par un protectionnisme intelligent et le retour du Franc, recréer les conditions permettant aux usines de revenir en France, et essayer de rattraper l'avance industrielle allemande.
Le problème est que le travail ingrat résiduel n'est pas mécanisable. Ce qui pouvait être mécanisé l'a été (il y a cent ans, les terrassiers travaillaient à la pelle et à la pioche et, comme travail stupide, il n'y a pas mieux).
"Ce qu'on peut faire, c'est, par un protectionnisme intelligent et le retour du Franc, recréer les conditions permettant aux usines de revenir en France, et essayer de rattraper l'avance industrielle allemande."... qui, elle, a pris de l'avance grâce à l'Euro ?

Ces retours en arrière, si bien intentionnés soient-ils, me semblent assez chimériques. Autant vouloir, par exemple, que la population de la France revienne à 60 millions.

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"Le problème est que le travail ingrat résiduel n'est pas mécanisable." C'est en effet un vrai problème, dans l'immédiat. Personne ne veut s'y coller, à ce travail résiduel, hormis ceux qui viennent de pays où, à quelque chose près, n'existe que cette forme de travail.

Mais qu'est-ce qui empêche, à terme, que ce travail ingrat résiduel ne soit mécanisable ? Est-ce, techniquement, impossible à réaliser ? Bien sûr que non. Vos robots ménagers, cher Jean-Marc, tout frustes qu'ils soient pour l'instant, ne vont-ils pas dans cette direction et, un homme tel que vous, c'est-à-dire à égalité de situation sociale, il y a seulement, mettons, 70 ou 80 ans de cela, n'aurait-il pas créé autour de lui une bien plus grande quantité d'occasions pour d'autres de gagner leur vie à votre service ? Manière de dire que le "travail ingrat résiduel" a bien été, d'ores-et-déjà, largement entamé et que l'on ne voit pas pourquoi ce mouvement irait s'interrompre.
Orimont,

Notre problème avec l'immigration n'est pas celui de l'an 3000, mais celui de maintenant, hic et nunc.

Donc, si les Français ne veulent pas effectuer ces travaux-là, et qu'ils veuillent quand même que ces travaux soient accomplis, comment faire à part avoir recours aux immigrés ?

Je propose très concrètement de mettre les assistés chroniques devant ce choix : vous faites ces tâches-là, ou bien vous n'aurez plus aucune aide.
Citation
Orimont Bolacre
Ces retours en arrière, si bien intentionnés soient-ils, me semblent assez chimériques. Autant vouloir, par exemple, que la population de la France revienne à 60 millions.

À ce compte-là, toutes les propositions politiques du P.I. sont chimériques ! Certes, il serait illusoire de vouloir revenir à un état antérieur, parce qu'on ne peut pas faire comme si le temps ne s'était pas écoulé ou que l'Histoire récente n'avait pas existé. En revanche, il est tout à fait possible d'en tirer des leçons afin de sortir de l'ornière, ou d'essayer d'en sortir, ou d'avoir l'espérance d'en sortir enfin un jour.
« Je propose très concrètement de mettre les assistés chroniques devant ce choix : vous faites ces tâches-là, ou bien vous n'aurez plus aucune aide. »

Cela devrait être un principe intangible d'une politique digne et seule capable de rendre leur dignité aux personnes dépendant uniquement de l'assistance (ce qui exclut les bénéficiaires temporaires de l'assurance chômage, de l'assurance vieillesse ou de l'assurance maladie auxquelles ils ont cotisé) que de ne donner cette assistance qu'en échange de quelque chose de réel.
Ce que vous dites, Marcel, me semble une évidence.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Didier, je suis entièrement d'accord avec vos principes, mieux vaut une CSG claire qu'une foultitude d'impôts incompréhensibles.
"Le problème est que le travail ingrat résiduel n'est pas mécanisable." C'est en effet un vrai problème, dans l'immédiat. Personne ne veut s'y coller, à ce travail résiduel, hormis ceux qui viennent de pays où, à quelque chose près, n'existe que cette forme de travail.

C'est bien pour cela que quoi qu'ils disent les riches et les classes moyennes supérieures (en particulier les bobos) sont favorables à l'immigration. Sans immigration ces travaux ingrats nécessaires et non mécanisables, comme les services aux personnes âgées (mais aussi le gardiennage, le nettoyage...), seraient beaucoup plus chers. L'immigration a eu un role essentiel dans la "modération " ( en fait la baisse) des salaires des non qualifiés (en europe comme au états unis) et donc du creusement des inégalités entre les 10% les plus pauvres et les 10% et surtout les 1% les plus riches.

On peut mème dire que l'immigration est indirectement la cause principale de la crise: en empechant la hausse des revenus des plus pauvres par la concurrence déloyale des immigrés (déformation du partage des revenus), elle a conduit les "autorités" à favoriser par tout les moyens l'endettement des pauvres pour qu'ils continuent à acheter de l'immobilier.
On passe ainsi de l'immigration clandestine massive, aux subprimes et à la crise, en passant par la baisse des revenus des pauvres et la spéculations des riches sur les actifs.

La solution : arrêter l'immigration. cela aura pour effet d'augmenter les salaires des pauvres, de faire apparaitre des anticipations d'inflation ( ce que cherche à faire les banques centrales sans y parvenir) et de relancer l'économie et d'obliger les riches a dépenser leur argent utilement plutot que le placer dans des produits financiers
Tout à fait d'accord avec les avis de Jean-Marc, Bellini, Marcel Meyer. Je connais deux exemples qui me paraissent très significatifs de l'action de l'ANPE vis à vis de chômeurs. Il ne s'agissait plus de mettre les gens au travail quitte à ce que les demandeurs d'emploi repartent au travail avec un salaire plus bas, mais de vérifier que le "chômeur" était intégré socialement, ce qui le dispensait d'avoir à produire des justificatifs de recherche d'emploi.

Un tel s'est proclamé "artiste" et a commencé à fréquenter les artistes municipaux et l'intermittence subventionnés. Ceci suffit à l'ANPE pour un versement du RMI pendant plus de 10 ans sans aucune recherche d'emploi par ce chômeur. Avec la CMU, l'APL, le téléphone et l'électricité à tarif réduit, le transport gratuit en ville, en se faisant inviter et en n'invitant jamais (je ne suis qu'un pauvre rmiste), en n'aidant jamais ses enfants, le train de vie était tout à fait acceptable, faisait même des envieux parmi les bas salaires à l'entour.

Un autre cas , un amateur de bandes dessinées se mit à s'essayer lui-même à cet art, et un licenciement lui permit de l'exercer à plein temps sans pour autant lui permettre de vendre ses BD, L'ANPE accepta de lui verser le RMI pendant plusieurs années sur la base de cette activité de dessinateur non rentable. Revenant cependant à la raison l'ANPE lui demanda de chercher un emploi s'il n'était pas en mesure de subvenir par ce moyen là à ses besoins.
Ostinato,

Ce sont exactement ces cas de profiteurs qui montre qu'on a perdu tout bon sens.
"Notre problème avec l'immigration n'est pas celui de l'an 3000, mais celui de maintenant, hic et nunc.
Donc, si les Français ne veulent pas effectuer ces travaux-là, et qu'ils veuillent quand même que ces travaux soient accomplis, comment faire à part avoir recours aux immigrés ?
Je propose très concrètement de mettre les assistés chroniques devant ce choix : vous faites ces tâches-là, ou bien vous n'aurez plus aucune aide."

En somme, la quantité de travailleurs immigrés qui effectuent les "ingrats travaux résiduels" serait équivalente à celle des "assistés chroniques" et il suffirait de remplacer les uns par les autres. Encore une fois, je trouve cette mathématique légèrement simpliste. Pour commencer, s'appuyer sur tel ou tel témoignage de cas particulier de profiteur ne permet pas de se faire une idée réelle de la quantité des-dits profiteurs, dont je ne nierai pas l'existence, évidemment, mais que je ramènerais, selon l'expression de Jean-Marc, à une quantité "normale, structurelle", la quantité incompressible de "profiteurs" que l'on retrouve partout, y compris chez les salariés - et spécialement parmi les mieux rémunérés. Je ne crois pas du tout que les "faux chômeurs" seraient en nombre suffisant pour prendre la place de ces immigrés.

En outre, que représentent les "faux chômeurs", en terme de richesse nationale détournée ? Combien de "faux chômeurs" qui vivotent à 500 euros par mois pendant dix ans (et reversent absolument tout dans le circuit marchand) pour parvenir à la hauteur de la moindre des gabegies annuellement dénoncées par la cour des comptes, gabegies qui, elles, ne sont pas perdues pour tout le monde en terme de gros salaires versés (dont il n'est pas certain qu'une partie n'échappe à l'impôt) ?

Plus généralement, il me semble qu'un des problèmes les plus épineux de l'époque, c'est précisément que le fameux hic et nunc se fait de plus en plus insaisissable. Se souvient-on que le "hic et nunc" d'il y a seulement une douzaine d'années ignorait Google et que les téléphones portables n'y étaient pas monnaie courante ? Je ne pense pas qu'il faille attendre l'an 3000 pour voir se multiplier des innovations techniques du même ordre, lesquelles innovations ont toutes pour dénominateur commun de prendre en charge de plus en plus de tâches exécutées jusque là par les hommes. Dans ces conditions, il ne me semble vraiment pas possible de continuer à raisonner en termes de "profiteur", de "poil dans la main", de "je te remettrais tout ces branleurs au boulot, moi !".

Ou bien on poursuit l'innovation technique et on en tire toutes les conséquences sur le monde du travail, du salariat, du gagne-pain, c'est-à-dire l'inévitable et constante diminution des occasions de gagner sa vie "à l'ancienne", par l'échange d'une force de travail contre un salaire, et on accepte de regarder en face l'oisiveté engendrée par les machines ; ou bien on cesse d'innover. Troisième solution : on casse tout en s'empoignant les uns les autres.
N'y a-t-il pas eu de graves problèmes de chômage lors de l'invention de la roue ? Je veux dire que la technologie change le travail; mais de nouveaux désirs naissent : la production dont les modalités se transforment cherche à les satisfaire. Peut-on envisager un monde où les désirs humains arrêteraient d'évoluer et où un petit nombre d'homme, diminuant sans cesse, exercerait une activité productive ?
Il n'y a pas d'équivalence, c'est un fait que je ne nierai pas, il y a simplement des corrélations.

Les exemples que nous fournit Ostinato sont éclairants quant aux dérives de l'État-providence.

Orimont, vous raisonnez à besoins constants. Or, ces besoins ne sont pas constants. Regardez ce qu'on nomme les "services à la personne" et voyez leur explosion.

Il y a, en réalité, croisement de réalités complexes : les compagnies aériennes diminuent le nombre d'agents aux comptoirs, grâce aux automates d'enregistrement ; dans le même temps, les risques terroristes font qu'on augmente le nombre d'agents de contrôle en porte.

Vous noterez aussi que cette haine des paresseux que je ne me cache pas de manifester était, dans le passé, très partagée au sein de la classe ouvrière.
C'est cela, Ostinato. Simplement, contrairement à ce qu'on voyait autrefois, une part de la population, soutenue par les gauchistes de tout poil, se fixe comme des arapèdes sur ses avantages acquis et refuse quelque remise en cause que ce soit.

J'attends la manifestation des infirmières Sud-solidaires, le jour où on guérira le cancer, sous la banderole "halte à la casse de l'outil de travail".
(Message supprimé à la demande de son auteur)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je suis à 100/100 d'accord avec l'analyse de Didier Bourjon et considère comme lui que l'aspect "psychologique" est déterminant dans la décadence observée.
15 octobre 2010, 17:36   En vrac
"(...) ne pas omettre allègrement la question du "principe" et des valeurs qui sont par là violés, l'absence de conséquences autres que profitables à de telles pratiques étant le ferment insidieux d'une mentalité désastreuse, au plein sens du mot, et qui diffuse dans tous les milieux, tous les âges, toutes les conditions ; là c'est tout bonnement catastrophique, désolé de sembler faire le moraliste (en vérité nous sommes au cœur du problème politique)."

Ne soyez pas désolé, cher ami, ce point de vue moral est aussi le mien et j'ai eu très récemment l'occasion très concrète de le mettre en pratique, dans la cadre d'une "rupture conventionnelle" de mon CDI, entreprise à mon initiative, mais c'est une autre histoire.
Ce qui me gêne un peu dans les différentes prises de position, c'est cette façon d'imputer aux seuls "profiteurs" la perte de moralité et d'honneur. Ce n'est pas là, je crois, donner dans la "culture de l'excuse" (de même, relever les gabegies ne me vient à l'esprit que parce que l'on met en avant des questions de coût social de l'assistanat). Il me semble que règne dans le monde du travail contemporain une très grande hypocrisie qui ne prédispose aucun des partenaires à adopter une bonne tenue. Trop de monde est aujourd'hui tenu à singer l'activité, au moins autant qu'à être productif. J'ai occupé de nombreux emplois, dans différents secteurs, et remarqué partout - et même dans le bâtiment - que la recherche d'efficacité importait moins que la quantité d'heures "à faire". Pratiquement tout le "secteur tertiaire" est empoisonné par ce phénomène. Combien de "surbookages" ne sont que de la poudre aux yeux, l'entretien d'une fiction ? Il est très douloureux de le constater mais le travail se meurt, y compris pour ceux qui travaillent, il est devenu dans trop de cas "emploi mal défini", comme l'écrivait Bellini. Ce qu'il est urgent de responsabiliser, ce n'est pas le travail, c'est l'oisiveté. C'est parce que l'oisiveté, inévitablement appelée à se répandre, est livée à elle-même, est considérée comme une "erreur" provisoire, que la moralité se délite. Selon moi, c'est l'ambition absurde du plein-emploi qui produit les comportements anormaux des uns et des autres et je lui préférerai l'ambition de responsabiliser l'oisiveté. Il est vrai que c'est un peu plus difficile à mettre en place et suppose un tout autre effort d'imagination, d'organisation, de bouleversement des mentalités.

Ostinato parlait de la roue. Je crois qu'il n'y a pas de comparaison possible entre l'apparition de la roue et, par exemple, l'informatique et la robotique. Nous avons mis un pied dans la pure science-fiction et continuons à faire comme si de rien n'était, ou à peu près.

Jean-Marc écrit : "Il y a, en réalité, croisement de réalités complexes : les compagnies aériennes diminuent le nombre d'agents aux comptoirs, grâce aux automates d'enregistrement ; dans le même temps, les risques terroristes font qu'on augmente le nombre d'agents de contrôle en porte." Bon exemple. Qu'est-à-dire ? Que les agents aux comptoirs doivent se changer fissa en agents de contrôle en porte ? C'est en effet la tournure que prennent les choses et cela participe pour une bonne part à ce qui rend la société contemporaine si pénible : quiconque y est amené à remplacer n'importe qui, non que la population soit désormais composée d'individus aux compétences universelles, mais ces compétences n'en sont pas vraiment, elles sont interchangeables et, au total, sous le doux vocable de "polyvalence", on se trouve avec toute sorte d'hommes à tout faire qui ne savent rien faire parce qu'en réalité, agent au comptoir ou agent de contrôle ne requiert que l'apprentissage de tel ou tel "clavier". Alors, oui, on peut bien imaginer un monde où continueraient à travailler vraiment une poignée d'entrepreneurs, de savants, d'artisans aux métiers rares, de commerçants, le reste de la population étant occupée à des tâches interchangeables, sans attrait, artificielles et de peu de valeur.
Avec tous ces retraités malades et dépendants il y aura de l'ouvrage...

Je crois que toutes les inventions décisives déclenchent une "bulle spéculative" d'analyses sous-tendues par l'idée d'un changement radical de la condition humaine.
« Supposez les bras condamnés au repos en raison de la multiplicité et de la variété des machines, admettez qu'un mercenaire unique et général, la matière, remplace les mercenaires de la glèbe et de la domesticité : que ferez-vous du genre humain désoccupé ? Que ferez-vous des passions oisives en même temps que l'intelligence ? La vigueur du corps s'entretient par l'occupation physique ; le labeur cessant, la force disparaît ; nous deviendrions semblables à ces nations de l'Asie, proie du premier envahisseur, et qui ne se peuvent défendre contre une main qui porte le fer. Ainsi la liberté ne se conserve que par le travail, parce que le travail produit la force : retirez la malédiction prononcée contre les fils d'Adam, et ils périront dans la servitude " chateaubriand
Redonner de la dignité au travail non qualifié impose tout simplement le payer correctement . Pour cela il faut créer sa rareté en interdisant l'immigration de non qualifiés. Le "souchiens" accepterons alors les "ingrats travaux résiduels" qui ne seront plus les travaux "tout juste bons pour les immigrés"
On ferait mieux de consacrer les sommes versées aux oisifs à subventionner les "travaux ingrats pas si résiduels que ça" de telle sorte que les salaires augmentent, et surtout que la différence entre salaire et "magma des aides" soit nette. On verrait alors clairement si les gens veulent ou non travailler.
Cette proposition je la soutiens depuis plusieurs siècles. Il n'ya pas de sot métier, il n'y a que de sottes gens.

Piqué quelque part sur la toile

Citation

Car que montrent, sinon démontrent, les résultats de cette enquête: que sur les 15 métiers les plus recherchés par les entreprises aujourd'hui, 13 sont des métiers peu ou parfois pas qualifiés. Soit, en nombre, sur un total de plus de 600 000 personnes à recruter en 2006, près de 550 000 personnes. [...]

le discours sur "l'économie de la connaissance" a contribué à dévaloriser profondément les métiers "manuels", et en particulier les métiers artisanaux. Ce dogme des "études longues" associé à la pression des parents et à la dévalorisation des filières techniques courtes a conduit à considérer ces métiers comme déshonorants et à faire de ces filières des voie de garage pour les exclus de la "voie royale" du système éducatif. Et pourtant, qui n'a pas pesté devant la difficulté à trouver un artisan, sans même parler d'un bon artisan?

C'est quelque chose qui m'a toujours frappé lors de discussions avec des personnes qui exercent des métiers "manuels" ou d'ouvrier c'est leur auto-dévalorisation, j'ai souvent perçu presque de la honte pour eux à dire ce qu'ils faisaient dans leur vie professionnelle. Pourtant le role de ses métiers est fondamental dans nos sociétés au delà de la sur-médiatisation de métiers au final bien moins importants.

Après tout, peut-être une campagne de revalorisation de l'image de ces métiers aurait bien plus d'effet que des réformes du tant décrié code du travail.
Je verrais très bien Cohn-Bendit laver les chiottes et Noël Mamère lui cirer les pompes, sinon l'écologie c'est quoi ?
16 octobre 2010, 15:01   Re : 4% ?
Chaque innovation crée et détruit du travail; mais nous sommes entrés dans une ère où les innovations s'enchainent trop rapidement pour compenser le nombre d'emplois qu'elles rendent immédiatement obsolètes. Orimont a donc raison : 4% de "chômage structurel", c'est un mythe (dans la mesure où la population ne diminue pas !). Le progrès laissera toujours plus de monde sur le carreau.
Utilisateur anonyme
17 octobre 2010, 08:20   Re : Qu'il n'y a pas disparition du travail
(Message supprimé à la demande de son auteur)
17 octobre 2010, 09:42   Re : 4% ?
Je trouve que tout le monde a dit des choses pertinentes sur ce sujet, à commence par Orimont, mais je suis globalement d'accord avec le dernier message de Didier.

Cher Orimont, vous devriez créer une "assoce" pour la promotion d'une "oisiveté durable et citoyenne" qui "ouvrirait des pistes" afin de permettre un "rééquilibrage" entre ceux qui travaillent à ne rien faire et ceux qui se reposeraient à bosser. Il y a une mine à exploiter.
Il n'est pas impossible, Cher Didier, que ce soit vous, le cas atypique : un patron de PME (si j'ai bien compris) sensible à l'aspect spirituel du travail et de toute activité humaine.

Vous parlez d'une transcendance de tout travail : vraiment ? Mais dans quel monde ? A quelle époque ?

Je vois autour de moi des personnes qui se plaisent (momentanément) à leur travail, d'autres qui lui trouvent du sens, mais elles sont extrêmement rares, en tout cas beaucoup plus rares que les personnes qui ne rêvent que d'une chose : fuir leurs tâches ingrates ou répétitives, leurs chefs, leurs collègues, leurs horaires. Manquent-elles de morale ? de vertu ? Certaines, peut-être, mais pas la majorité. Il y a de l'Orimont en chacun de nous, à un degré de conscience plus ou moins élevé.

Tout travail insensé, inutile, nuisible, rapetissant, abrutissant, etc, etc. - autant dire 80 % des "boulots" relevant des deux secteurs - doit être remis en question. Ce problème est donc si vaste qu'il apparait comme le véritable enjeu de toutes les questions ayant trait à l'organisation future de la société.
La société du "tout jetable" a détruit le sens du travail. Nous fabriquons des objets qui sont condamnés à la poubelle à peine achetés. comment pourrions nous être fiers de ses objets et du travail qui a été nécessaire pour les fabriquer et surtout pour les vendre.
Qu'est ce qui dans nos productions, depuis cinquante ans, mérite d'être préservé: Nos horribles tours banlieusardes? L'immonde pavillonnaire industriel qui détruit les merveilleux paysages de la campagne française? Nos autoroutes? Notre alimentation industrielle? Notre art contemporain? Notre mobilier Ikea en agglo? Notre finance globalisée? Nos séries télé? .. . De quoi pouvons nous être fiers?
"Notre espèce se divise en deux part inégales: les hommes de la mort et aimés d'elle, troupeau choisi qui renaît; les hommes de la vie et oubliés d'elle, multitude de néant qui ne renaît plus. L'existence temporaire de ces derniers consiste dans le nom ,le crédit, la place, la fortune; leur bruit, leur autorité, leur puissance s'évanouissent avec leur personne: clos leur salon et leur cercueil, close est leur destinée." Chateaubriand
En choisissant d'être des hommes de la vie nous avons renoncé à ajouter quoique ce soit au monde. Nous ne pouvons plus dire à nos enfants "voila ce que nous avons fait: il faut le préserver"
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