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L' avenir du PI

Envoyé par Ostinato 
13 octobre 2010, 20:38   L' avenir du PI
ne pourra exister hors de cette résolution rimbaldienne :
"ll faut être absolument moderne”,
en parfaite in-nocence qui ne se soumet ni au présent, ni au passé, récuse les mythologies autant que les utopies. Ce qui doit à mon avis être entendu dans la proclamation de Rimbaud.
15 octobre 2010, 00:04   Re : L' avenir du PI
Ah oui mais ça ronchonne pas mal au PI, alors que...

« Je suis un éphémère et point trop mécontent citoyen d'une métropole crue moderne parce que tout goût connu a été éludé dans les ameublements et l'extérieur des maisons aussi bien que dans le plan de la ville. Ici vous ne signaleriez les traces d'aucun monument de superstition. La morale et la langue sont réduites à leur plus simple expression, enfin ! »
15 octobre 2010, 07:50   Re : L' avenir du PI
R. Camus cite fort peu Rimbaud dans son Journal : verrait-il dans le poète carolopolitain un des précurseurs des Amis du Désastre ?
15 octobre 2010, 08:35   Re : L' avenir du PI
Certains critiques du poème rimbaldien cité par Alain Eytan, estiment que la parole dans ce poème serait ironique. A défaut de se prononcer unanimement sur l'idée qu'il contient chacun en souligne l'obscurité.

[abardel.free.fr]

En citant Rimbaud je me limitais à l'idée d'un dépassement des problématiques politiques qui ne peut selon moi se réaliser que par une intention qui l'animerait d'être absolument moderne.
15 octobre 2010, 11:24   Re : L' avenir du PI
La plus riche et la plus belle étude des "Illuminations" est celle de Pierre Brunel, intitulée "Eclats de la violence", et dont je n'ai pas l'éditeur en tête. Pour moi il est clair qu'il y a une incompatibilité de sensibilité profonde entre l'oeuvre de Rimbaud (qui m'a marqué comme aucune autre) et celle de R. Camus, et peut-être même avec toute l'esthétique du P.I.
15 octobre 2010, 11:31   Re : L' avenir du PI
"Deep sensitivity"... n'est-ce point un film américain ?
15 octobre 2010, 11:42   Re : L' avenir du PI
Maybe, Sir.

Un poème comme "Génie", comme l'a bien vu Bonnefoy, est une sorte de chant d'adieu à l'Occident tout entier, et à ses "marais" ("Une Saison en Enfer"). La dernière phrase s'ouvre magnifiquement sur l'avenir, et l'accepte, aussi terrible fût-il : "O monde ! et le chant clair des malheurs nouveaux " (je cite de mémoire). Nietzsche y est déjà tout présent.
L'hypothèse que Rimbaud se soit converti à l'islam, dans son séjour à Aden puis au Harar, est à prendre au sérieux, même si rien n'est prouvé.
15 octobre 2010, 11:57   Re : L' avenir du PI
Citation
Kiran Wilson
Pour moi il est clair qu'il y a une incompatibilité de sensibilité profonde entre l'oeuvre de Rimbaud (qui m'a marqué comme aucune autre) et celle de R. Camus, et peut-être même avec toute l'esthétique du P.I.
Citation
Kiran Wilson
L'hypothèse que Rimbaud se soit converti à l'islam, dans son séjour à Aden puis au Harar, est à prendre au sérieux, même si rien n'est prouvé.

Votre analyse me semble cohérente, cher Kiran.
15 octobre 2010, 13:00   Re : L' avenir du PI
Il faut savoir accueillir en soi des contradictions : aimer Rimbaud et Genet d'un côté - et Larbaud et R. Camus d'un autre.

J'aime Rimbaud d'abord pour sa langue - si proche de celle de Pascal.

Rimbaud a vécu en Abyssinie avec une jeune femme sans qu'on sache bien si elle fut une servante ou une concubine : les deux peut-être.

Sur son lit de mort, à Marseille, il aurait réclamé un certain Djami, jeune homme dont il était peut-être l'amant.

Son retour au Dieu chrétien dans son agonie est controversé puisqu'il repose sur le seul souvenir d'Isabelle, qui avait tout intérêt à répandre la rumeur d'une fin édifiante.

Me trompé-je mais Joseph Conrad n'était-il pas à Marseille alors que Rimbaud y mourait : il y aurait là le sujet d'une très belle nouvelle.
15 octobre 2010, 13:52   Re : L' avenir du PI
Personnellement j'attache beaucoup d'importance à la culture de Rimbaud. N'oublions pas ses succès au Concours Général. Cela me fait douter qu'il fût séduit par l'Islam, vraiment à l'opposé de l'humanisme tel que nous l'entendons. Et puis le ton de la Correspondance laisse envisager un retour à des valeurs traditionnelles.
15 octobre 2010, 14:12   Jozef Teodor privé d'Arthur
Vous devez faire erreur, cher ami, Rimbaud mourut à Marseille le 10 novembre 1891. Or le 14 novembre de cette année là, Joseph Conrad, si l'on en croit le biographe et érudit conradien Norman Sherry, se vit offrir le poste de first mate sur le Torrens, soit le clipper le plus célèbre de son temps, vaisseau renommé pour sa beauté.I C I. Ce navire effectuait tous les ans un voyages à Adélaïde (Australie) au départ de Southampton (à vérifier).

La "période marseillaise" de Conrad, celle de son compagnonnage avec Dominique et César Cervoni (trafic d'armes pour les carlistes, etc.) est bien antérieure: de juin 1875 au 11 juillet 1878, date à laquelle il commence sa carrière dans la marine marchande anglaise en s'embarquant sur le Skimmer of the Seas.

Dans l'année du retour de Rimbaud et de sa mort à Marseille en novembre, Conrad malade rentre en Angleterre (janvier), visite Bruxelles, se fait hospitaliser à Londres, demeure convalescent à Champel dans le Genevois, s'emploie chez Barr, Moering and Co. à compter du mois d'août avant de embarquer pour Adélaïde sur le Torrens le 14 novembre comme on l'a dit.

La vie de Joseph Conrad fut suffisamment remplie et passionnante sans qu'il soit besoin de lui adjoindre Rimbaud, même pour les besoins d'une nouvelle.
15 octobre 2010, 14:16   Re : L' avenir du PI
En revanche il a rencontré Larbaud à Montpellier...
15 octobre 2010, 18:27   Re : L' avenir du PI
Larbaud et Gide ont rendu visite à Conrad en Angleterre, en juillet 1911. Il existe de cette rencontre une photo dont je ne me souviens plus si j'ai vu la reproduction dans une édition des œuvres du premier ou du troisième. Gide est debout, coiffé d'un grand chapeau, vêtu d'une cape, Conrad et Larbaud sont assis au pied d'un arbre. Madame Conrad et son (ou ses) enfant(s) posent également.
15 octobre 2010, 18:43   Re : L' avenir du PI
Citation
Kiran Wilson
Son retour au Dieu chrétien dans son agonie est controversé puisqu'il repose sur le seul souvenir d'Isabelle, qui avait tout intérêt à répandre la rumeur d'une fin édifiante.

Quel intérêt ? Cela faisait plusieurs décennies que Rimbaud déboussolait sa mère et sa soeur avec sa vie aventureuse, tant et si bien qu'elles devaient à force s'être habituées à ses frasques et ses originalités... De plus, Isabelle était effectivement très dévote, et j'ai peine à m'imaginer une personne aussi sincère et entière faire soudainement aussi peu de cas du mensonge, surtout dans le but de dissimuler une mort dans l'impénitence finale, c'est-à-dire un péché contre l'Esprit...

D'aucun souhaiterait que Rimbaud fût resté cet adolescent parfois bêtement frondeur mais comme le rappelle Florentin sa correspondance est très parlante, et laisse transparaître un homme revenus à des valeurs traditionnelles, et parmi celles-ci la Foi n'est pas à écarter.... Dix-sept ans se sont tout de même écoulés entre la fin de son activité poétique et la fin de son aventure terrestre...
15 octobre 2010, 18:45   Re : L' avenir du PI
Cher Johannus,

N'est-ce point cette photographie ?

15 octobre 2010, 19:00   Re : L' avenir du PI
Cher Jean-Marc,
décidément on ne peut rien vous cacher. Oui, Conrad était polygame et toute sa petite famille l'admire, qui écrit hors champ "An Outpost of Progress" ou "Heart of Darkness". Par contre, je ne m'explique pas l'absence de Larbaud. Peut-être a-t-il aperçu sa mère ?
15 octobre 2010, 19:08   Re : L' avenir du PI
Faire du stop avec sa mère, c'est vraiment ringard !
16 octobre 2010, 00:38   Re : L' avenir du PI
Il faut donner crédit à Gide d'avoir fait connaître l'oeuvre de Conrad en France, ou d'avoir tout fait pour la faire connaître. Ce dernier a laissé une correspondance en français avec Gide (que l'on retrouve dans le volume Lettres françaises édité chez Gallimard par G. Jean-Aubry). Conrad usait de l'envoi "Cher Gide" pour s'adresser à l'écrivain français. Le 21 juin 1912, il lui écrit: "....Je suis émotionné à la nouvelle que vous êtes en train de travailler à un grand roman [Le Caves du Vatican]. Tant mieux! Tant mieux! Voilà qui est bon à entendre. Nous aurons donc un festin de choses rares. Je ne vous dis pas de vous dépêcher. Non! Mais je vous préviens que j'ai très faim. L'autre jour, le petit Jean, à dîner, sortant d'une longue période de méditation, se fit entendre soudain: "N'est-ce pas qu'il est temps pour Monsieur Gide de venir ici ?" Naturellement ma femme et moi nous écriâmes "Mais certainement !" Je vous raconte cette authentique anecdote pour vous faire savoir que l'on pense souvent à vous dans cette maison-ci, et qu'on désire ardemment de vous y voir.

Je crains mon cher que vous ne trouviez Nostromo bien mal fait et bien difficile à lire -- même ennuyeux. C'était un four noir, vous savez. Moi j'ai une espèce de tendresse pour cette énorme machine. Mais elle ne marche pas; c'est vrai. Il y a quelque chose qui empêche. Je ne sais pas quoi. Du reste, avec toute ma tendresse, moi-même je ne peux pas en supporter la lecture.

Je vais vous envoyer un exemplaire du Mirror of the Sea. Je tiens à ce que ce livre vous vienne de moi. Il n'est pas nécessaire que vous le lisiez, mais l'harmonie de l'Univers demande que vous le possédiez -- et de ma main. C'est comme ça. Ne cherchez pas à pénétrer le mystère."

Ces trois dernières lignes disent une fonction fondamentale, magique, du livre et de la littérature.
16 octobre 2010, 09:18   Re : L' avenir du PI
En effet. Incroyable. Merci.
16 octobre 2010, 10:05   Re : L' avenir du PI
Citation
Il n'est pas nécessaire que vous le lisiez, mais l'harmonie de l'Univers demande que vous le possédiez -- et de ma main

Très beau !
18 octobre 2010, 05:19   Re : L' avenir du PI
Vous avez raison, cher M. Marche, mais je n'ai pas entièrement tort non plus : Rimbaud a bien effectué deux courts séjours à Marseille, en juin 75 d'abord, de retour d'Italie et avant de remonter sur Paris et Charleville, puis à l'automne 77, avant de s'embarquer pour Alexandrie, où il n'arriva pas d'ailleurs (malade, il fut débarqué à Civita-vecchia et rentra en France).

Or Conrad était à Marseille, si je ne me trompe, à ces deux dates.

L'hypothèse de leur rencontre fortuite reste donc plausible, et le sujet de ma rêveuse nouvelle.
18 octobre 2010, 05:57   Re : L' avenir du PI
Par ailleurs, la question de la position religieuse de Rimbaud, à la fin de sa vie, reste ouverte. Il ne faut pas prendre trop au sérieux ni les lettres à sa famille ni les témoignages de celle-ci. Pour ma part, je pense qu'il ne croyait plus à rien, sinon à sa réussite matérielle, et qu'il était tombé dans une sorte de désespoir cynique. Il est possible qu'il soit revenu formellement à la foi de son enfance pour faire plaisir à Isabelle, et sans y attacher grande importance. Le Rimbaud des dernières années est à la fois décevant et pathétique. J'aime beaucoup cette phrase qu'il a dictée à Isabelle peu de temps avant de mourir : " Je désire changer de ce service-ci dont je ne connais même pas le nom, mais en tout cas que ce soit le service d'Aphinar (...), dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord." On dirait qu'un reste du pouvoir poétique de jadis persiste à travers ces balbutiements de moribond.
18 octobre 2010, 08:43   Re : L' avenir du PI
Il ne serait pas le premier à avoir brûlé ce qu'il avait adoré.
18 octobre 2010, 10:25   Re : L' avenir du PI
"Nostromo" en effet est un peu dur à avaler. Mais "L'Agent secret" ! Mais "Sous les yeux de l'Occident" ! Mais les "Histoires inquiètes" ! Je ne sais pas comment on peut ne pas aimer Conrad. Il est pour moi, avec Cavafis pour la poésie, une sorte de référence absolue. Auxquels j'ajouterai l'étonnant Marcel Schwob, surtout pour ses "Vies imaginaires" - livre inépuisable. Si Schwob n'était pas mort à 37 ans, il aurait peut-être laissé une oeuvre plus vaste que celle de Gide, plus profonde que celle de Proust.

Quant à Rimbaud, il est ailleurs. Au coeur de la littérature, évidemment, et en dehors d'elle.
18 octobre 2010, 12:05   Re : L' avenir du PI
Le texte Le Roi au masque d'or est en ligne ici.
18 octobre 2010, 12:32   Re : L' avenir du PI
Merci.
18 octobre 2010, 12:36   Re : L' avenir du PI
J'ajouterai : Schwob semble la définition même de l'écrivain in-nocent. Il n'est pas surprenant qu'il ait tant admiré Stevenson, autre In-nocent parfait.
Et Cavafis pour la poésie, encore une fois.
18 octobre 2010, 13:03   Re : L' avenir du PI
Cher Kiran,
Le livre de Paul Valéry qui vient de sortir chez Bartillat contient un texte sur Conrad que Valéry rencontra. Il raconte que Conrad parlait anglais avec un accent polonais et connaissait tout le vocabulaire maritime en français ET en provençal, reste de son passage de quelques années dans le Midi.
18 octobre 2010, 13:17   Re : L' avenir du PI
Que Conrad fût devenu un immense écrivain de langue anglaise (langue qu'il ne maîtrisa jamais totalement, à l'oral du moins) et non française (langue qu'il parlait à la perfection) est un mystère - mais un mystère dont il faut se réjouir tant est beau cet anglais de Conrad.
18 octobre 2010, 17:33   Re : L' avenir du PI
Conrad s'en est ouvert --- sans que l'on puisse dire qu'il s'en est expliqué --, dans son Author's Note, avant-propos de 1919 à son volume autobiographique A Personal Record. Le sujet (la "problématique" comme disent les universitaires) est suffisamment passionnant, et son traitement par Conrad si directement instructif pour les jeunes générations d'aujourd'hui -- celles que, dans l'exercice de leur métier, l'on force souvent à s'exprimer par écrit dans une langue qui n'est ni la leur ni celle de leur choix ou de leur penchant -- que ce texte de Conrad mérite d'être reproduit ici presque en intégralité:

I have always felt myself looked upon somewhat in the light of a phenomenon, a position which outside the circus world cannot be regarded as desirable. It needs a special temperament for one to derive much gratification from the fact of being able to do freakish things intentionally, and, as it were, from mere vanity.

The fact of my not writing in my native language has been of course commented upon frequently in reviews and notices of my various works and in the more extended critical articles. Il suppose that was unavoidable; and indeed these comments were of the most flattering kind to one's vanity. But in that matter I have no vanity that could be flattered. I could not have it. The first object of this note is to disclaim any merit there might have been in an act of deliberate volition.

The impression of my having exercised a choice between the two languages, French and English, both foreign to me, has got abroad somehow. That impression is erroneous. It originated, I believe, in an article written by Sir Hugh Clifford and published in the year 98, I think, of the last century. Some time before, Sir Hugh Clifford came to see me. He is, if not the first, then one of the first two friends I made for myself by my work. (......) In the course of his most welcome visit twenty yeas ago, which I remember so well, we talked of many things; the characteristics of various languages was one of them, and it is on that day that my friend carried away with him the impression that I had exercised a deliberate choice between French and English. Later, when moved by his friendship (no empty word for him) to write a study in the North American Review on Joseph Conrad, he conveyed that impression to the public.

This misapprehension, for it is nothing else, was no doubt my fault. I must have expressed myself badly in the course of a friendly and intimate talk when one does not watch one's phrases carefully. My recollection of what I meant to say is: that had I been under the necessity of making a choice between the two, and though I knew French fairly well and was familiar with it from infancy, I would have been afraid to attempt expression in a language so perfectly "crystallized." This, I believe, was the word I used. (.....)

The truth of the matter is that my faculty to write in English is as natural as any other aptitude with which I might have been born. I have a strange and overpowering feeling that it had always been an inherent part of myself. English was for me neither a matter of choice nor adoption. The merest idea of choice had nevered entered my head. And as to adoption --- well, yes, there was adoption; but it was I who was adopted by the genius of the language, which directly (*) I came out of the stammering stage made me its own so completely that its very idioms I truly believe had a direct action on my temperament and fashioned my still plastic character.

I was a very intimate action and for that very reason it is too mysterious to explain. The task would be as impossible as trying to explain love at first sight. There was something in this conjunction of exulting, almost physical recognition, the same sort of emotional surrender and the same pride of possession, all united in the wonder of a great discovery; but there was on it none of that shadow of dreadful doubt that falls on the very flame of our perishable passions. One knew very well that it was forever.

A matter of discovery and not of inheritance, that very inferiority of the title makes the faculty still more precious, lays the possessor under a lifelong obligation to remain worthy of his great fortune. But it seems to me that all this sounds as if I were trying to explain --- a task which I have just pronounced to be impossible. If in action we may admit with awe that the Impossible recedes before men's indomitable spirit, the Impossible in matters of analysis will always make a stand at some point or other. All I can claim after all those years of devoted practice, with the accumulated anguish of its doubts, imprefections and falterings in my heart, is the right to be believed when I say that if I had not written in English I would not have written at all.



(*) Dans l'anglais de l'époque, directly doit s'entendre comme le français "sitôt", "à peine avais-je...", etc.
18 octobre 2010, 20:16   Re : L' avenir du PI
Il y a des mystères en matière de langue. Je lis actuellement les mémoires du Comte Witte.

Son père était un baron Balte, mais très russifié car appartenant à la noblesse de Pskov, et sa mère une Dolgorouki.

Witte déclare ne pas parler allemand, et parler le français mieux que le russe.
18 octobre 2010, 22:44   Re : L' avenir du PI
Marie-Thérèse a plus d'une fois morigéné ses enfants, Joseph et Marie-Antoinette, leur commandant d'apprendre à parler correctement l'allemand : ils pratiquaient presque exclusivement le français.
18 octobre 2010, 23:59   Cyril Tourneur, Poète tragique
» Auxquels j'ajouterai l'étonnant Marcel Schwob, surtout pour ses "Vies imaginaires" - livre inépuisable

J'indiquai il y a plus d'un an, cher Kiran Wilson, le lien vers les Vies Imaginaires, qui sont disponibles en ligne !, aussi étonnant que cela paraisse...

Vies imaginaires




« Cyril Tourneur naquit de l’union d’un dieu inconnu avec une prostituée. On trouve la preuve de son origine divine dans l’athéisme héroïque sous lequel il succomba. Sa mère lui transmit l’instinct de la révolution et de la luxure, la peur de la mort, le frémissement de la volupté et la haine des rois ; il tint de son père l’amour de se couronner, l’orgueil de régner, et la joie de créer ; tous deux lui donnèrent le goût de la nuit, de la lumière rouge et du sang.
La date de sa naissance est ignorée ; mais il parut dans une journée noire, sous une année pestilentielle.
Aucune protection céleste ne veilla sur la fille amoureuse qui fut grosse d’un dieu, car elle eut le corps taché de la peste quelques jours avant d’accoucher, et la porte de sa petite maison fut marquée de la croix rouge. Cyril Tourneur vint au monde au son de la cloche de l’enterreur des morts ; et comme son père avait disparu dans le ciel commun des dieux, une charrette verte traîna sa mère à la fosse commune des hommes. On rapporte que les ténèbres étaient si profondes que l’enterreur dut éclairer l’ouverture de la maison pestiférée avec une torche de résine ; un autre chroniqueur assure que le brouillard sur la Tamise (où trempait le pied de la maison) se raya d’écarlate, et que de la gueule de la cloche d’appel s’échappa la voix des cynocéphales ; enfin, il paraît hors de doute qu’une étoile flambante et furieuse se manifesta au-dessus du triangle du toit, faite de rayons fuligineux, tordus, mal noués, et que l’enfant nouveau-né lui montra le poing par une lucarne, tandis qu’elle secouait sur lui ses boucles informes de feu. Ainsi entra Cyril Tourneur dans la vaste concavité de la nuit cimmérienne. »
19 octobre 2010, 00:15   The Transformed Metamorphosis
Je ne sais s'il convient de se lamenter ou réjouir qu'une discussion officiellement consacrée à l'avenir du P.I. ne s'occupe bientôt que de Rimbaud, de Conrad, de Marcel Schwob et de Cyril Tourneur...
19 octobre 2010, 00:26   Re : L' avenir du PI
La question de départ favorisait les incidentes mais rien n'est perdu.
19 octobre 2010, 04:12   Re : L' avenir du PI
Tout est lié, cher Maître, même si on peut légitimement s'agacer que les digressions littéraires l'emportent sur la théorie politique.
Pour moi, sans cette profondeur culturelle, le P.I. (dont je ne suis pas adhérent) m'intéresserait bien moins.
Quant à l'avenir de ce P.I. (et de ce pays), je suis comme beaucoup dubitatif.
Utilisateur anonyme
19 octobre 2010, 08:02   Re : L' avenir du PI
(Message supprimé à la demande de son auteur)
19 octobre 2010, 09:09   Re : L' avenir du PI
Quant à moi, je m'en réjouis, résolument si je puis oser ce quasi-oxymoron. Un parti dont l'avenir suscite l'évocation de Rimbaud, de Conrad, de Marcel Schwob et de Cyril Tourneur l'a forcément devant lui, l'avenir.
19 octobre 2010, 10:01   Re : L' avenir du PI
Tout à fait d'accord avec vous.
Prenons garde tout de même de ne pas finir comme "L'Action française" (selon la légende, Maurras, le 6 février 34, au lieu d'être à la tête de ses troupes dans les rues de Paris, écrivait un poème en provençal).
Utilisateur anonyme
19 octobre 2010, 11:31   Re : L' avenir du PI
(Message supprimé à la demande de son auteur)
19 octobre 2010, 12:54   Re : L' avenir du PI
Kiran,

Maurras aurait mieux fait de continuer à écrire des poèmes après juin 1940.
19 octobre 2010, 13:14   Re : L' avenir du PI
Pas plus ne peuvent être honorés Maurras que la manifestation antiparlementaire du 6 février 34 ...Sans parler de juin 40 et de la suite ...
19 octobre 2010, 13:52   Re : L' avenir du PI
Mon Dieu ! je n'ai aucune estime politique ni humaine pour Maurras, et littérairement il m'indiffère plutôt. Je voulais juste rappeler qu'il y a dans cette dimension littéraire de la politique (et du politique) comme un tropisme français que je trouve touchant, qui constitue une des grandeurs de notre pays, mais qui peut aussi conduire à l'inaction ou à l'échec. Vous connaissez sans doute le livre d'André Thirion, "Des révolutionnaires sans révolution", consacré aux surréalistes... Je me souviens aussi d'amis trotskystes de ma jeunesse qui parlaient sans arrêt du Grand Soir sans avoir jamais rien fait concrètement pour que ce Grand Soir ait quelque chance de se produire.
Utilisateur anonyme
19 octobre 2010, 13:56   Re : L' avenir du PI
(Message supprimé à la demande de son auteur)
C'est la réflexion que je me faisais en recopiant cette page de Conrad, sans trop savoir si je la mettrais en ligne. Plus loin, à la page suivante, Conrad s'explique, cette fois, il s'agit d'une explication, de l'exposé d'un parti pris, sur son père, qu'il défend d'avoir été un "révolutionnaire", seulement un patriote; Conrad m'a surpris: en un paragraphe, il décrit ce qu'étaient les valeurs des "maisons" dans lesquelles il a grandi. Voici ce paragraphe qui me paraît très bien illustrer les valeurs du P.I., et dont l'écho est étrangement actuel:

An impartial view of humanity in all its degrees of splendour and misery together with a special regard for the rights of the unprivileged of this earth, not on any mystic ground but on the ground of simple fellowship and honourable reciprocity of services, was the dominant characteristic of the mental and moral atmosphere of the houses which sheltered my hazardous childhood: --- matters of calm and deep conviction both lasting and consistent, and removed as far as possible from that humanitarianism that seems to be merely a matter of crazy nerves or a morbid conscience.


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