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La France contre le réel !

Envoyé par Gérard Rogemi 
13 octobre 2010, 23:02   La France contre le réel !
Même si beaucoup de choses sont dures à avaler il n'en reste pas moins qu'il y a du vrai dans cet article. Il suffit de voir la manière dont une partie des francais s'oppose à la réforme des retraites. C'est à lire même si la traduction est très loin d'être satisfaisante.

Posté le 25 Juillet 2010 sur le Thukydidesblog

La France contre le réel

Ce qui distingue les Britanniques des Français, écrivit Egon Friedell dans les années 20, c’est leur rapport à la réalité. Alors que les britannique s’adaptent aux conditions existantes et en tirent le meilleur parti, les Français tentent de soumettre le réel à leur volonté. S’il le faut les Français sont prêts à violer la réalité." Le fait qu'une telle approche peut en effet à certains moments dans l'histoire avoir un certain succès, est cependant à long terme vouée à l'échec, comme le fut l'histoire de la France après la Seconde Guerre mondiale.

La politique de Charles de Gaulle après 1945, fut une course continue contre la réalité. La France n'était pas parmi les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. Elle a d'abord été envahie par les troupes allemandes et libérée par les Britanniques et les Américains.

Toutefois, de Gaulle réussit à obtenir pour son pays une place parmi les puissances nucléaires et une au Conseil de sécurité. Ainsi, la France était à égalité avec les Anglo-Saxons, du moins à première vue. Mais au long terme la dure réalité finit par s’imposer. Confrontée à la domination économique, militaire et culturelle de l'Amérique la France n’avait rien à lui opposer.L'empire colonial français disparut au cours des décennies de l’après-guerre et avec cette disparition tous les rêves de grandeur semblaient s’être évanouis.

Paris fut contraint de reconnaître que la France ne participait plus au concert des véritables grandes puisssance. Cependant les francais ne se résignèrent pas à d’accepter cet état des choses. A l’Elysée on commenca à rêver d’une Europe devenant une grande puissance mondiale, bien sûr, sous le leadership de la France. Ces rêves n’étaient pas réalisables .Pour que l'Europe devienne une puissance mondiale il aurait fallu établir une politique étrangère et de sécurité communes et surtout il aurait fallu être militairement indépendant des USA. Pour réaliser cela, une volonté commune de tous les gouvernements européens était necessaire. Surtout, on peut se demander si une Europe centralisée est souhaitable. Les Anglais qui sont avant tout des pragmatiques ont toujours considérés l’Europe comme une zone de libre-échange - une union politique leur semblait irréalisable.

Politiquement, Paris ne pouvait donc pas rivaliser avec Washington. Pour cette raison, la France a commencé à mettre l'accent sur la prétendue supériorité culturelle de leur nation. L'exception culturelle, l’exception culturelle française, devait être défendue par tous les moyens nécessaires, même par décret. Ceux qui utilisaient des anglicismes furent sanctionnés ; l'Académie française avait à veiller sur la pureté de la langue - le tout dans la bonne vieille tradition du centralisme français. Qu’une telle approche, ridicule mais également anti-démocratique, était au bout du compte vouée à l'échec, va de soit. Car une langue est un organisme vivant. Qui pense pouvoir la réglementer et la contrôler par le haut, révèle sa propre faiblesse. Dans le monde entier le français est une langue sur le déclin, même sur le plan culturel, les Anglo-Saxons se sont révélés les plus forts. «Le concept de l'exception culturelle est un refuge pour une culture qui est sur le déclin», constata l'ancien Premier ministre espagnol Jose Maria Aznar laconiquement.

Avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir on crut qu’un changement dans la politique française aurait lieu. En effet on pouvait supposer que Sarkozy était un réaliste. Au début il se démarqua de ses prédécesseurs et se montra ostensiblement pro-américain. Il déclara vouloir rompre avec la très vieille tradition anti-capitaliste de la France. «Depuis 25 ans on décourage en France ceux qui veulent fonder des entreprises et on pénalise ceux qui réussissent ", a déclaré M. Sarkozy il y a quelques années. « En mettant des batons dans les roues de ceux qui voulaient s’enrichir par leur travail on a appauvrit le pays. » Quelques années plus tard, Nicolas Sarkozy a été ratrappé - et non par la réalité, mais par le déni traditionnel des francais pour les dures réalités économiques. Aujourd'hui le président réclame, le plus sérieusement du monde, une gouvernance économique européenne. Il est déjà clair, ce que signifierait la mise en place d'une telle institution "de gouvernance économique européenne." Plus de bureaucratie, moins d'efficacité et plus de pouvoir entre les mains de ceux qui sont dans une large mesure en dehors du contrôle démocratique. Ce sont les allemands qui possèdent la clef de cette gouvernance économique européenne. Angela Merkel est considérée comme une politicienne au jugement sain. Les médias allemands la décrivent comme une femme pragmatique et réaliste. Le moment est peut-être venu pour elle de comprendre que l’allié naturel de l'Allemagne réside au 10 Downing Street - et non pas à l'Elysée.

(C) Hans Jörg Müller

Il y a du vrai dans cela.
14 octobre 2010, 14:02   Re : La France contre le réel !
Oui, beaucoup.
Quelles leçons de pragmatisme peuvent nous donner les anglo-saxons ?

"les Français tentent de soumettre le réel à leur volonté." Que font d'autre les Américains et leurs alliés britanniques, en Irak et en Afghanistan, en transportant le modèle démocratique dans ces contrées ?

Si un jour la Chine prend le dessus sur eux en matière économique, les verra-t-on prêt à "acter" benoîtement la perte du liderchip ?
Citation
Que font d'autre les Américains et leurs alliés britanniques, en Irak et en Afghanistan, en transportant le modèle démocratique dans ces contrées ?

Vous oubliez les Allemands, les Polonais, les Arméniens, les Géorgiens, les Italiens et les Francais, etc... La liste complète ci-dessous.

Albanie
Allemagne
Arménie
Australie
Autriche
Azerbaïdjan
Belgique
Bosnie-Herzégovine
Bulgarie
Canada
Corée du Sud
Croatie
Danemark
Émirats Arabes Unis
Espagne
Estonie
États-Unis
Finlande
France
Géorgie
Grèce
Hongrie
Irlande
Islande
Italie
Jordanie
Lettonie
Lituanie
Luxembourg
Macédoine
Malaisie
Mongolie
Montenegro
Norvège
Nouvelle-Zélande
Pays-Bas
Pologne
Portugal
République Tchèque
Roumanie
Royaume-Uni
Singapour
Slovaquie
Slovénie
Suède
Turquie
Ukraine
Utilisateur anonyme
14 octobre 2010, 17:38   Re : La France contre le réel !
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Oui, et pourquoi moque-t-on De Gaulle seulement après 1945 ? Il était déjà bien ridicule avant, à vouloir se dresser contre le réel.
Mais Churchill aussi. Les deux pourraient faire partie d'une liste de personnes ridicules, analogue à la liste de pays de Rogemi, où l'on trouverait par exemple Jeanne d'Arc, Charles Martel et Jésus de Nazareth.
Citation
Mais Churchill aussi. Les deux pourraient faire partie d'une liste de personnes ridicules, analogue à la liste de pays de Rogemi, où l'on trouverait par exemple Jeanne d'Arc, Charles Martel et Jésus de Nazareth.

Il n'est pas inutile de souligner que les deux grands perdants de l'après-guerre mondiale sont le Royaume-uni et la France.

Comment osez-vous, Monsieur Fleury, mettre de Gaulle et Churchill sur le même plan que Jésus de Nazareth et Jeanne d'Arc ?

On constatera que cet article écrit par Hans Jörg Müller - assez représentatif d'une certaine mouvance universitaire allemande pro anglo-saxonne - se trouve être,sans le savoir et en creux, très proche des positions d'Eric Zemmour dans son livre "La Mélancolie Francaise".
Et pourquoi de Nazareth, Julien ? vous voulez faire une différence d'avec Jésus de Lyon ? apostat !
14 octobre 2010, 23:21   Re : La France contre le réel !
"« sur le plan  »phénoménologique », la négativité n’est donc que rien d’autre que la liberté humaine, c’est-à-dire ce par quoi l’homme diffère de l’animal.
l’histoire s’ arrête quand l’homme n’agit plus au sens fort du terme, c’est-à-dire ne nie plus, ne transforme plus le donné naturel et social par une lutte sanglante et un travail créateur."Kojeve

de Gaulle Churchill ont été de grands négatifs, il ne se sont pas couchés devant la "réalité". c'est pour cela qu'ils ont fait l'histoire. ce monsieur, comme hélas toutes les "élites européennes" est un pétainiste qui s'ignore. Il se couche
:". La Turquie serait déjà entrée si nos gouvernants pouvaient nous cacher et se cacher ce qu’ils font, s’ils pouvaient la laisser entrer sans prendre la décision, ou en laissant la décision se prendre toute seule. Aussi subjugués soient-ils par la religion de l’humanité, je ne crois pas qu’ils auront le courage de décider selon le dogme auquel ils croient. Car ils sont incapables de prendre aucune décision véritable." Pierre Manent
Ce triste sire est évidement favorable à l'entrée de la Turquie dans l' Europe au nom du "pragmatisme" 
Citation
Jean-Marc
Et pourquoi de Nazareth, Julien ? vous voulez faire une différence d'avec Jésus de Lyon ? apostat !
Je préfère "le philosophe".
15 octobre 2010, 06:21   Re : La France contre le réel !
Ce type commet l'une des plus formidables bourdes de l'histoire de la pensée : croire que l"'état de fait" (encore n'est-il jamais que supposé) recèle en soi une prescription normative : il faut qu'il en soit ainsi !, also known as the "naturalistic fallacy".
Utilisateur anonyme
15 octobre 2010, 07:24   Re : La France contre le réel !
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Ce type commet l'une des plus formidables bourdes de l'histoire de la pensée : croire que l"'état de fait" (encore n'est-il jamais que supposé) recèle en soi une prescription normative : il faut qu'il en soit ainsi !, also known as the "naturalistic fallacy".

Les idées, comme dirait l'autre, entrainent des conséquences mais la domination de l'Amérique après 1945, au départ militaire et économique s'est transformée ces dernières décennies en une dictature culturelle molle. Nous sommes envahis, colonisés sans que nous nous en rendions compte, bien pire en étant convaincus que nous sommes profondément différents de ces ploucs d'américains alors que ceux-ci avec leurs faux gros sabots ont investi nos esprits ramollis.

Toutes les lois sociétales adoptées avec enthousiasme, ces dernières trois décennies, par nos parlements européens sont toutes d'origine nord-américaine et on sent des kilométres à la ronde leur relent puritain.
Utilisateur anonyme
15 octobre 2010, 07:57   Re : La France contre le réel !
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Et comme elle-même ne conçoit plus guère son destin et sa fierté propre, outre son caractère îlien, que sous l'espèce de la "tutrice" occasionnelle de la grande Amérique, vague autant que pauvre transposition du pseudo ex "duo" Athènes-Rome...

Oui une alliance avec une Angleterre auto-détruite pour quoi faire ?

L'important dans ce texte, cher Didier, ce n'est pas le fait qu'il ne propose aucun objectif clair mais qu'il exprime les sentiments profonds d'une partie assez large de l'intelligentsia universitaire allemande.

La France irrite ...

Il est étonnant que le projet européen au lieu de coaguler culturellement les pays entre eux les a éloigné les uns des autres. Jamais aussi peu d'allemands ont choisi le francais comme première ou deuxième langue et en France l'aversion de la langue allemande est patente. Très peu d'écrivains francais sont lus en allemagne et les films francais (à part les Asterix et les films populaires comme les Ch'tis) sont inexistants. Dans les années soixante et soixante-dix quelques chanteurs francais avaient leur public ici en Allemagne comme Gilbert Bécaud et d'autres. Aujourd'hui on chercherait en vain un nom connu.

Présentement ce n'est plus en allemand que les tchéques et les allemands se parlent mais en anglais alors que Prague fut pendant presque mille ans une ville allemande. En Italie ou en Espagne avec nos demi-frères latins nous nous parlons aussi en anglais. Quel paradoxe !
15 octobre 2010, 08:51   Re : La France contre le réel !
Il ne faut pas masquer non plus ce que de négatif purent avoir de grands choix politiques historiques par les grands hommes.Car on ne peut soutenir que les bons choix n'engendrent que de bonnes conséquences. Le désarroi de la génération suivant celle de la guerre est une des causes à peine secrètes de mai 68. L'héritage à transmettre par les parents était obscurci et il n'y fut que difficilement apporté remède que par des recherches historiques trop tardives au regard des conditions de la transmission.
15 octobre 2010, 09:49   Re : La France contre le réel !
Dernièrement à France-culture , l'auteur d'un livre sur l'Europe constatait que les pays européens s'éloignaient de plus en plus les uns des autres et cherchaient de plus en plus à faire cavaliers seuls.; autrement dit qu'il y avait de moins en moins d'esprit européen. A quoi Gérard Slama avait ajouté : comment pourrait-il y avoir un tel esprit quand on voyait le masochisme qui conditionnait l'histoire de l'Europe dans peu près tous les manuels d'histoire ? Comment une vision aussi négative de la civilisation européenne alors qu'on glorifie celles du premier Monomotapa venu pourrait-elle susciter le moindre attachement à l'Europe ?
Utilisateur anonyme
15 octobre 2010, 09:59   Re : La France contre le réel !
(Message supprimé à la demande de son auteur)
A títre de rappel je poste un extrait de la conversation avec Julien Freund mis en ligne sur le site du Grece.

En réponse à ces immenses défis, je suis frappé par le caractère routinier du débat européen. L'Europe se construit d'une manière fonctionnaliste, par une suite d'enchaînements automatiques. Son fétichisme institutionnel permet de dissimuler notre maladie qui est l'absence d'objectifs affichés. Nous sommes par exemple impuissants à nous situer par rapport au monde. Etrange narcissisme ; on se congratule d'exister, mais on ne sait ni se définir, ni se circonscrire. L'Europe est-elle reliée à un héritage spécifique ou bien se conçoit-elle comme une pure idéalité universelle, un marchepied vers l'Etat mondial ? L'énigme demeure avec un penchant de plus en plus affirmé pour la seconde solution qui équivaudrait à une dissolution. Ce processus se nourrit par ailleurs, c'est transparent chez les Allemands, d'une propension à fuir le passé national et se racheter dans un sujet politique plus digne d'estime, une politie immaculée, sans contact avec les souillures de l'histoire. Cette quête de l'innocence, cet idéalisme pénitentiel qui caractérisent notre époque se renforcent au rythme que lui imposent les progrès de cette mémoire négative toute chargée des fautes du passé national. On veut lustrer une Europe nouvelle par les vertus de l'amnésie. Par le baptême du droit on veut faire un nouveau sujet. Mais ce sujet off-shore n'est ni historique, ni politique. Autant dire qu'il n'est rien d'autre qu'une dangereuse illusion. En soldant son passé, l'Europe s'adosse bien davantage à des négations qu'à des fondations. Conçue sur cette base, l'Europe ne peut avoir ni objectif, ni ambition et surtout elle ne peut plus rallier que des consentements velléitaires. Le nouvel Européen qu'on nous fabrique est une baudruche aux semelles de vent. Les identités fluides, éphémères qu'analyse Michel Maffesoli ne peuvent en aucun cas tenir le rôle des identités héritées. Elles n'agrègent que de manière ponctuelle et transitoire, en fonction de modes passagères. Oui, ce ne sont que des agrégats instables stimulés par le discours publicitaire. L'orgiasme n'est pas une réponse au retrait du politique, car il exclut la présence de l'ennemi. Quand il se manifeste, l'ennemi, lui, ne s'adonne pas au ludisme dionysiaque. Si le politique baisse la garde, il y aura toujours un ennemi pour troubler notre sommeil et déranger nos rêves. Il n'y a qu'un pas de la fête à la défaite. Ces tribus là ne sont pas un défi à l'individualisme, elles en sont l'accomplissement chamarré...
Et puis, c'est une Europe de la sempiternelle discussion ... et toujours sur des bases économiques et juridiques, comme si l'économie et le droit pouvaient être fondateurs. Vous savez l'importance que j'accorde à la décision, or l'Europe est dirigée par une classe discutante qui sacrifie le destin à la procédure dans un interminable bavardage qui ne parvient guère à surmonter de légitimes différents. Ce refus de la décision est lié au mal qui frappe nos élites ; elles ne croient plus à la grandeur de notre continent ; elles sont gâtées jusqu'à la moelle par la culpabilité dont elles transmettent l'agent létal à l'ensemble des Européens. D'où cette dérive moralisatrice qui transforme l'Europe en tribunal, mais en tribunal impuissant.
15 octobre 2010, 10:15   Re : La France contre le réel !
Tous les Européens ont le sentiment qu'on leur impose quelque chose et ce quelque chose ne correspond pas à la réalité millénaire qu'on nomme Europe.
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