M. Debord a écrit des choses vénérables (au sens de "qui sont vénérées par les orphelins du marxisme léninisme", mais que l'auteur de ces lignes, est-il besoin de le dire, ne vénère pas) dans "La Société du Spectacle", "Commentaires sur la s. du s." et "le déclin et la chute de l'économie spectaculaire-marchande".
A écouter cet homme de la "société du spectacle" qu'est M. Bégaudeau (ce qu'il est, à n'en pas douter : people à la bonne conscience en sautoir) exposer sa thèse, à savoir l'analogie qu'il établit, et à laquelle il prétend donner de la consistance par l'analyse, entre le vote "non" au référendum de 2005, les émeutes de l'automne 2005 et les défilés, processions, blocus, manifestations, occupations, etc. consécutives au vote de la loi CPE au printemps de 2006 (pour lui, ce sont trois formes différentes d'un même refus), on peut se demander si les thèses de feu M. Debord, toutes vénérées qu'elles sont, ne sont pas à l'image de la société du spectacle qu'elles épinglent : de la pure illusion, de la poudre aux yeux, du leurre à gogo(s).
Ce qui fonde la "pensée" de M. Bégaudeau (j'en juge d'après cette émission), et d'autres d'ailleurs (Plantu, qui fait de la fabrication de "chimères" sa spécialité : deux événements raccourcis et représentés dans un même dessin), ce qui la fait avancer, le charbon de cette locomotive ou le piston de cette énorme chaudière, c'est l'amalgame : on marie des faits opposés, on allie des événements ou des réalités qui n'ont ni sympathie ni correspondance, ou rien en commun, sinon qu'ils se sont produits à un an d'intervalle, on pose que tout est dans tout, et réciproquement; ainsi, on s'interdit de discriminer, de distinguer, de séparer, on se dispense d'exercer toute critique et tout jugement.
Amalgame est un terme d'alchimiste que les alchimistes, qui mariaient tout et son contraire, ont emprunté aux alchimistes "arabes". Je crois qu'il convient parfaitement aux temps obscurs, pour ne pas dire obscurantistes, et illuminés (ce qui n'est pas contradictoire), amalgame de sombre et de lumière, d'occulte et d'évidences, qui sont les nôtres.