Saisi d'un doute, je suis allé m'informer sur la toile. Et j'ai constaté que le débat faisait rage entre les partisans de la prononciation classique et la prononciation occitane. Je m'avance peut-être, mais je n'avais jamais, jusqu'ici, entendu "Mon-pé-lier" dans la bouche d'un animateur de France Inter.
Toujours est-il que deux camps s'affrontent ; témoin cet article du CSA :
Date de publication sur le site : 1 mai 2002
La Lettre du CSA n°151
Un téléspectateur de la région parisienne a écrit au CSA pour dénoncer la prononciation de la ville de Montpellier dans les médias audiovisuels, à l'exception d'une journaliste qui, selon lui, le prononce correctement en disant [montpélier] et non [montpeulier].
À Montpellier, la presse locale se fait régulièrement l'écho des controverses passionnées sur ce que doit être la bonne prononciation du toponyme.
Les barons et baronnes de Caravette, titres honorifiques donnés aux Montpelliérains dont les parents, grands-parents et arrière-grands-parents sont nés et ont vécu à Montpellier depuis trois générations, sont partagés : les uns se réclament de [montpeulier], les autres défendent [montpélier].
L'avis "autorisé" de certains chercheurs a été sollicité et un sondage a été réalisé, dans le cadre du CNRS, auprès d'un échantillon de 542 personnes, représentatif de la population montpelliéraine. Ces travaux ont débouché sur la publication d'un livre intitulé Les noms de Montpellier (2).
Pour Jacques Bres, coordonnateur de l'ouvrage, la variation [montpeulier] [montpélier] s'explique de deux façons non exclusives l'une de l'autre. D'abord par des raisons de contact entre le français et l'occitan, Montpellier se prononçant [montpéyé] en occitan.
Le é occitan en syllabe médiane atone, devient régulièrement [eu] en français. La prononciation [montpeulier] correspond au français standard alors que [montpélier] est une trace en français régional de l'origine occitane du nom.
Par ailleurs, une règle orthographique veut que la lettre e s'écrive en français sans accent si elle est suivie d'une double consonne mais qu'elle soit prononcée [é], comme dans le mot cellier.
Il en ressort qu'il n'existe pas une seule bonne prononciation, mais que les deux variantes sont tout aussi correctes et qu'elles ont autant de légitimité l'une que l'autre.
Si, aujourd'hui, 90 % des gens prononcent [montpeulier] et 10 % [montpéllier], aucun linguiste ne peut prédire l'avenir. Stabilisation et début de reconquête de [montpélier] ou au contraire amenuisement, voire disparition de cette prononciation...
Il convient toutefois de noter que les deux prononciations sont aujourd'hui attestées dans les dictionnaires Larousse, alors que seule [montpeulier] figurait dans les éditions antérieures.
(2)
Les noms de Montpellier, Jacques BRES et Philippe MARTEL, Éditions Praxiling, 2001.