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Et Vincent Courtillot ?

Envoyé par Francis Marche 
28 octobre 2010, 12:22   Et Vincent Courtillot ?
Epilogue à un débat qui fit rage il y a moins d'un an dans nos colonnes:
Claude Allègre mange son chapeau
Utilisateur anonyme
28 octobre 2010, 12:48   Re : Et Vincent Courtillot ?
Dommage que l'on n'ait pas accès au débat scientifique qui a eu lieu à l'Académie des sciences.
« Claude Allègre déclare ne pas avoir évolué dans sa position sur le changement climatique, mais se dit satisfait du rapport de l'Académie des sciences rendu public aujourd'hui qu'il voit comme un "compromis".

Le rapport "me satisfait pleinement, parce que ce que je dis depuis le début, c'est qu'il y a de grandes incertitudes et qu'on ne peut pas prévoir le climat à un siècle", a déclaré à Claude Allègre, membre de l'Académie et auteur du livre polémique "L'imposture climatique". "Je n'ai pas évolué, je dis toujours la même chose, je dis que le rôle exact du CO2 sur le climat n'est pas démontré", a ajouté Claude Allègre qui a signé le rapport de l'Académie.»

Source Le Figaro
Utilisateur anonyme
28 octobre 2010, 21:16   Re : Et Vincent Courtillot ?
Merci, cher Benoît, je ne l'avais pas trouvé.
Je suis consterné par la comparaison des dires de M. Allègre qui déclare :

"Je n'ai pas évolué, je dis toujours la même chose, je dis que le rôle exact du CO2 sur le climat n'est pas démontré"

et des conclusions qu'il a signées :

Plusieurs indicateurs indépendants montrent une augmentation du réchauffement climatique de 1975 à 2003.
Cette augmentation est principalement due à l’augmentation de la concentration du CO2 dans l’atmosphère.
L’augmentation de CO2 et, à un moindre degré, des autres gaz à effet de serre, est incontestablement due à l’activité humaine.
Utilisateur anonyme
28 octobre 2010, 22:17   Re : Et Vincent Courtillot ?
Claude Allègre, malheureuse victime du fascisme vert.
Il me semble surtout victime de ses contradictions...
Utilisateur anonyme
28 octobre 2010, 23:39   Re : Et Vincent Courtillot ?
Citation
Jean-Marc
Je suis consterné par la comparaison des dires de M. Allègre qui déclare :

"Je n'ai pas évolué, je dis toujours la même chose, je dis que le rôle exact du CO2 sur le climat n'est pas démontré"

et des conclusions qu'il a signées :

Plusieurs indicateurs indépendants montrent une augmentation du réchauffement climatique de 1975 à 2003.
Cette augmentation est principalement due à l’augmentation de la concentration du CO2 dans l’atmosphère.
L’augmentation de CO2 et, à un moindre degré, des autres gaz à effet de serre, est incontestablement due à l’activité humaine.

En même temps, le contenu du rapport laisse plus de place aux incertitudes que ses conclusions, qui apparaissent bien affirmatives en comparaison.
Dans ce cas, il ne fallait pas les signer.
29 octobre 2010, 07:58   Re : Et Vincent Courtillot ?
Je signale, à l'attention des lecteurs de Renaud Camus, que M. Courtillot est l'auteur (publié en 2010 chez Odile Jacob) d'un merveilleux livre et très clair de sciences et d'histoire des sciences (plus exactement, de géosciences ou de géophysique), auquel il a donné un titre "vernien" : "Nouveau Voyage au centre de la Terre", et que ce livre est un petit chef d'oeuvre de culture et de pensée réunies.

La prise de position de l'Académie des sciences n'est pas "scientifique" à proprement parler, mais politique, dans trois sens de ce terme : a) l'Académie des sciences a pris position à la demande de Mme le Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche; b) le communiqué final est une sorte de compromis ou de synthèse (comme lors des congrès des radicaux de jadis, la recherche d'un point d'équilibre, mi-chèvre, mi-chou, ou d'un juste milieu, et non d'un milieu juste) entre des positions, parfois contraires, qui s'étalent sur un large éventail de positions et qui ont été exprimées en une journée de façon très resserrée par une centaine d'intervenants pendant 7 minutes au maximum; c) il résulte d'une sorte de consensus mou ou d'un simple rapport de forces. A mon sens, cela a l'apparence de la science - ses ornements ou ses oripeaux comme on voudra -, mais ce n'est en rien une démarche scientifique. Faire de la science, c'est douter, ce n'est pas asséner une vérité.

Cela n'interdit pas aux citoyens que nous sommes d'exprimer des inquiétudes fondées en raison sur l'état de la planète, sur la destruction des milieux naturels, sur la raréfaction des ressources en eau et autres ressources naturelles, sur la croissance délirante de la population, sur la transformation de la campagne en banlieue, sur la laideur de la plupart des grandes agglomérations humaines, etc.
Pascal (Blaise, évidemment) nous a appris à distinguer les ordres et à ne pas prendre un ordre pour un autre ou à transporter les vérités ou demi vérités d'un ordre à un autre ordre, où elles sont inadéquates.
JGL, ce que vous dites est exact, il n'y a rien à critiquer. Cela étant, le reproche qu'on peut faire à M. Allègre est le suivant : pourquoi se prêter à cela et signer ledit rapport ?
29 octobre 2010, 08:08   Re : Et Vincent Courtillot ?
C'est sans doute parce que Allègre est, contrairement à Courtillot, aussi un homme politique.

JGL a raison : le dernier livre de Courtillot est vraiment très bien.
C'est sans doute parce que Allègre est, contrairement à Courtillot, aussi un homme politique.

C.Q.F.D.
Oui, Marcel, c'est sans doute cela.
29 octobre 2010, 22:35   Re : Et Vincent Courtillot ?
» Faire de la science, c'est douter, ce n'est pas asséner une vérité

Tout de même, on finit bien aussi par énoncer quelques lois et principes selon lesquels les phénomènes étudiés, et en fin de compte la nature dans son ensemble, sont censés se régler, et cela ressortit bien à l'énonciation de "vérités", avec un petit "v" si l'on veut. Enfin, tel est le but.
Le doute, initialement indispensable, sert précisément par le recours à l'expérimentation à affirmer avec d'autant plus d'assurance ce que celle-là aura corroboré et validé, me semble-t-il...
quelques lois et principes selon lesquels les phénomènes étudiés, et en fin de compte la nature dans son ensemble, sont censés se régler

Ah non, cher Alain Eytan, vous n'allez pas remettre ça ! Vous savez bien que c'est l'inverse, allons, voyons ! (Je veux dire, ce sont les lois et principes qui sont censés se régler selon la nature...)
30 octobre 2010, 20:55   Re : Et Vincent Courtillot ?
Oh ben vous l'aurez voulu :

« Les principes transcendantaux de l'entendement sont les conditions de l'expérience en général, et de la possibilités de connaître des lois empiriques. Dans cette mesure, l'entendement est le législateur de la nature, en ce sens qu'il est le principe de la production des connexions phénoménales comportant unité et légalité, dont la somme forme "la nature". Parce que cette nature elle-même est donc conditionnée par les facteur de la connaissance, elle obéit à la législation de l'entendement, par rapport à laquelle il n'est de "libre" que la chose en soi. »

Incipit de l'article "loi" dans le remarquable et fort précieux Kant-lexikon d'Eisler.
Je suis toujours étonné par votre inclination à déplacer une difficulté d'ordre philosophique vers le registre grammatical. On n'est jamais loin, avec vous, de la croyance en la grammaire qu'évoque Nietzsche...

« Quand dans les choses, sous les choses, derrière les choses, ils retrouvent ce qui, par malheur, ne nous est que trop connu, par exemple notre table de multiplication ou notre logique, ou encore notre vouloir et notre convoitise, comme ils sont heureux, aussitôt ! Car "ce qui est connu est reconnu" : ils sont unanimes à cet égard. Mais les plus circonspects d’entre eux prétendent que le connu tout au moins serait plus facile à reconnaître que ce qui est étranger : il serait par exemple plus méthodique de prendre son point de départ dans le "monde intérieur", depuis les "faits de la conscience", parce que ce serait là le monde mieux connu de nous-mêmes ! Erreur des erreurs ! Le connu, c’est l’habituel, et l’habituel est ce qu’il y a de plus difficile à "reconnaître", c’est-à-dire à considérer en tant que problème, donc en tant qu’étranger, que lointain, que situé "hors de nous"… La grande assurance dont les sciences naturelles font preuve par rapport à la psychologie et la critique des éléments de la conscience — sciences que l’on pourrait dire antinaturelles — tient précisément au fait qu’elles prennent la réalité étrangère pour objet : tandis qu’il y a quelque chose de presque contradictoire et d’absurde à vouloir prendre pour objet ce qui n’est pas étranger… »

« La "régularité" dans la succession n'est qu'une expression imagée, elle suggère que tout se passe comme s'il y avait une règle, elle ne constate pas de fait. De même sa conformité à la "loi". Nous trouvons une formule pour exprimer une sorte de succession qui revient toujours ; nous n'avons pas de la sorte découvert une "loi", moins encore une force qui serait la cause du retour de cette succession. »

« Je me garde de parler de "lois" chimiques : cela a un arrière-goût moral. »
31 octobre 2010, 03:11   Re : Et Vincent Courtillot ?
J'avoue ne pas très bien comprendre, cher Francmoineau, pourquoi vous estimez que l'idéalisme kantien, et sa fameuse "révolution copernicienne", selon lesquels c'est bien l'entendement et les facultés cognitives humaines qui "donnent" des lois à la nature, ne ressortissent pas à une problématique proprement philosophique, mais "grammaticale" ?...

Franchement, ce que dit Nietzsche de la science ne m'a jamais intéressé ; ce n'est pas son rayon, et il est de toute façon vain de vouloir détruire une discipline dont on a d'emblée établi qu'elle ne peut tout simplement pas exister, telle qu'elle se définit ; s'il n'y a "pas de faits", donc pas de "vérité", si "ce qui a besoin d'être démontré pour être cru ne vaut pas grand-chose", si les savants ne sont jamais que de "coassantes grenouilles" tout occupées à "rabaisser l'existence au rang de composition de calcul, à en faire un petit pensum pour mathématiciens", alors c'est peine perdue, il faut aller voir ailleurs. Chez les Poincaré, Helmholtz, Heisenberg, D'Espagnat, il ne manque pas d'excellents théoriciens de leur discipline propre.

La chose est pourtant simple, cher Francmoineau : "faire de la science", c'est chercher quel est le mode de fonctionnement des phénomènes étudiés, en fournir des modèles fonctionnels, reproductibles et opérationnels, et en règle générale apporter sa pierre à l'édifice in progress de l'ensemble des "lois" régissant la matière, ce qui dans le fait revient à asséner un nombre considérable de vérités.
Le reste n'est éventuellement qu'épistémologie (si déjà, je préfère de beaucoup Hume, mais quand celui-ci "doute" de la validité des raisonnements inductifs, il ne fait pas de la science, il pense en épistémologue, et de toute façon le scientifique dans son laboratoire n'en a cure, du "problème de l'induction" posé par Hume), ou mauvaise littérature.
La chose est pourtant simple, dites-vous, et je crois bien que vous avez raison, au fond : il suffirait que l'on s'entendît sur le sens du mot loi que vous tenez absolument à employer. Pour rester simple, donc (ce que pour ma part je ne constate pas souvent venant de vous, car vous paraissez bien fort fasciné par les appas de l'obscurité), vous le présentez pratiquement comme un pourquoi alors qu'il ne s'agit, au mieux, que d'un comment :
"faire de la science", c'est chercher quel est le mode de fonctionnement des phénomènes étudiés, en fournir des modèles fonctionnels, reproductibles et opérationnels, et en règle générale apporter sa pierre à l'édifice in progress de l'ensemble des "lois" régissant la matière
Apercevez-vous le glissement que vous opérez dans cette progression ? L'on passe d'une description (ce en quoi je puis vous suivre sans trop d'encombres) à des lois qui régissent la matière (où l'on est bien dans la croyance en la grammaire, en plein), en passant par un petit détour dans les parages du reproductible et de l'opérationnel qui, pour intéressants qu'ils soient, certes, ne relèvent pas du même propos.
Du reste, "faire de la science", ça non plus, ça n'était pas le propos, me semble-t-il. Je n'en voulais pour ma part qu'à cet abus langagier qui consiste, encore et toujours (et je dois reconnaître avec un peu de surprise que c'est un travers universellement répandu) à hisser le descriptif au rang du normatif. Et vous aurez beau faire sonner le tocsin des principes transcendantaux de l'entendement, vous ne pourrez faire que je ne voie là un petit tour de passe-passe.

Epilogue :

C'est un fanfaron de doctrine & d'éloquence ; il parle & écrit galimathias en perfection. BAL.
Le lecteur prend d'ordinaire pour du galimathias, ce qu'il n'a pas la force de concevoir. BOI.
(Article "galimathias" du Dictionnaire universel de Furetière)
31 octobre 2010, 21:57   Re : Et Vincent Courtillot ?
Le doute est un moyen légitime d'éliminer ce qui gêne ou pourrait rendre impures ou brouillées l'émergence et la définition de la vérité. Tous les scientifiques qui reconnaissent la factualité du réchauffement climatique et s'accordent sur ses causes anthropiques commencèrent par en douter fortement; ils doutèrent en scientifique; ils appliquèrent au cheminement de la pensée scientifique le doute scientifique utile.

Lorsque le doute porte sur un fait de science établi et prouvé tel et que, partant, il ne peut prétendre à la qualité de doute scientifique au service de la constitution de la vérité, il n'est plus que le travestissement scientifique d'un doute politique; il se présente comme doute scientifique tardif -- qui s'applique tardivement à un acquis scientifique au lieu de s'appliquer aux processus inductifs et aux schémas déductifs auxquels cet acquis doit son existence; le doute d'Allègre, qui se fait appeler scepticisme, est cela même: un doute à objet non-scientifique, soit un doute politique. C'est le même doute politique qui fait prononcer à certains le mot fascisme vert lorsqu'ils commentent cette affaire. Le doute à finalité politique n'a rien de condamnable; il est de nature tout aussi légitime et, en régime de libre parole et de démocratie, il est tout aussi sain et sincère que le doute scientifique car il précède l'instauration d'une doxa politique comme l'autre avait permis l'accouchement de la vérité scientifique en lui dégageant la voie en amont. Il faut donner crédit à Claude Allègre d'être assez fin, et matois, pour savoir cela et ainsi d'avoir signé le papier scientifique tout en le contestant au plan politique. Seul le naïf voit en ces deux actes conjoints chez un même individu, une contradiction.
31 octobre 2010, 21:58   Re : Et Vincent Courtillot ?
Le "glissement" opéré dans cette progression est exactement celui qui marqua le passage à la science moderne, qui était, je vous le rappelle, précisément le propos : passage d'un état purement descriptif comme dans le système de Ptolémée, où l'on ne s'intéresse qu'au mouvement des planètes, à celui où l'on entreprend d'expliquer ce mouvement en s'intéressant à ses causes, que Newton trouva dans les "forces" déterminant — mais je vous laisse le choix des mots: "régissant", "commandant", "ordonnançant", etc. — le mouvement des corps.
Cela aboutit à la "loi de la gravitation", qui est une description de ces forces.
Où l'on voit, cher Francmoineau, que le plus simple est souvent ce qu'il est parfois le plus difficile de reconnaître en tant que tel, parce qu'effectivement trop proche, et qu'une certaine myopie vous y fait voir au mieux le flou d'une ambiguïté grammaticale.
Effectivement, Francis et Marcel, je n'avais pas pensé à ces deux formes de doutes...

Alain, je suis d'accord avec vous, sauf en ce qui concerne les mathématiques.
Ecoutez, si vous voulez absolument avoir raison, il nous reste une solution : c'est de poser que tout ce que vous dites est acceptable dans un registre moyen de la langue, et de la pensée - un peu comme les éléments de la physique classique sont utilisables au niveau moyen de l'existence humaine, mais ne suffisent plus dans les registres de l'infiniment petit ou de l'infiniment grand. On peut considérer que les approximations que sont les termes force, loi, gouverner, régir, etc., sont utilisables et opérationnelles, en effet ; elles rendent même de grands services ; cela cependant n'implique en aucune façon qu'elles puissent s'accorder à une réalité inatteignable (et encore moins l'expliquer), autrement qu'en étant réinterprétées en tant que nouveaux mythes, comme l'avait fort justement aperçu Lévi-Strauss. Je tiens à vous rappeler (et après, j'arrête !) cet apophtegme de Lichtenberg, que je regarde comme ayant saisi le fond du problème : Dire que les phénomènes sont régis par des lois, c'est dire qu'ils sont régis par eux-mêmes, car les lois ne sont que les phénomènes exprimés sous une forme générale (je cite de mémoire, n'ayant pas mes livres sous la main, et je remplace probablement produits par régis -mais vous m'avez laissé latitude à cet égard !). Où l'on voit que, proche ou lointain, qu'on soit myope ou presbyte, un cercle vicieux reste égal à lui-même.
Francmoineau, une question me vient à l'esprit : comment classer les inventions humaines basées sur l'observation de phénomènes physiques et leur interprétation comme lois générales ?

Prenez le cas d'Archimède : le principe qu'il décrit en réponse à la question posée par Hiéron me paraît être la généralisation d'une loi à un sujet non directement observé.
01 novembre 2010, 03:29   Re : Et Vincent Courtillot ?
Vous m'aviez effectivement cité ce passage, à quoi je vous avais répondu que Lichtenberg était kantien, ce qui (lui) permet peut-être d'échapper à cette contradiction en faisant sonner à son tour le tocsin, eh oui, et stipuler que les nécessités faisant loi sont en fait une projection des propriétés de l'esprit connaissant, des propres règles de son entendement, sur une réalité constituée en phénoménalité :
« Dans la préface à la deuxième édition de la Critique de Kant , on trouve bien des choses singulières que j'ai souvent pensées, mais que je n'ai pas dites. Nous ne découvrons dans les choses aucune cause, nous nous contentons de remarquer ce qui lui correspond en nous. Où que nous portions le regard, nous ne voyons que nous-mêmes. [...] Car, quoi que les choses puissent être, il est admis que nous ne savons absolument rien d'elles, sauf ce qui existe dans nos représentations. N'est-il pas étrange que l'homme désire à tout prix deux fois ce qu'il lui suffirait d'avoir une seule et qui doit nécessairement nous suffire, puisqu'il n'y a pas de pont qui conduise de nos représentations aux causes ? Nous ne pouvons pas nous figurer, dira-t-on, que quelque chose se produise sans cause. Mais où est donc cette nécessité ?
Réponse : en nous-mêmes encore, étant donné notre impuissance absolue à sortir de nous-mêmes. (Aphorismes, p.195-197)

(Tout de même, Francmoineau, un modèle décrivant le comportement d'un phénomène (une "loi" physique n'est que la généralisation d'un tel modèle) n'est pas le phénomène lui-même, mais bien une description, à moins que l'on s'entête à penser que l'on puisse se placer dans les choses mêmes, adopter le point de vue de nulle part, et se livrer à des exercices de ventriloquie réifiante (pour paraphraser encore Lichtenberg). Soit dit en passant, l'existence d'une discipline telle que la mécanique quantique n'a sa raison d'être que dans l'espoir, réalisé, d'être en mesure de décrire le comportement des particules élémentaires (en termes de "microsystèmes"), lequel peut de fait être prédit avec une remarquable précision.)
Utilisateur anonyme
01 novembre 2010, 07:33   Re : Et Vincent Courtillot ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
01 novembre 2010, 09:32   Re : Et Vincent Courtillot ?
Dites le, cher Didier, dites le. On veut savoir.
Cher Jean-Marc, je ne suis pas sûr de bien situer votre question dans le contexte de notre "disputatio", mais les termes dans lesquels vous la posez sont assez éclairants en eux-mêmes : "observation de phénomènes physiques et leur interprétation comme lois générales", dites-vous. La loi comprise comme outil conceptuel ne me gêne en rien ; la loi entendue comme principe créateur, ça ne passe plus. La loi réifiée, oui, la loi déifiée, non ! Un bel exemple pour moi reste celui du tableau périodique des éléments de Mendeleïev, qui mêle observation, classification, découverte et pouvoir prédictif ; ici, nous sommes bel et bien dans l'illustration éclatante de la valeur opérationnelle des "lois" scientifiques. Mais je contesterai toujours à notre cher Alain la possibilité d'affirmer que les phénomènes étudiés, et la nature dans son ensemble, se règlent pour autant selon des lois et des principes. Sans entrer dans des considérations de cause ou d'antériorité qui ici n'auraient pas de sens, on peut dire que les phénomènes et les lois sont coextensifs ; mais c'est là la concession la plus avancée que je puisse faire !...
Je ne peux m'empêcher de sentir, malgré tout cela, que les choses sont faussées par un malentendu, ou un quiproquo, dû à un problème d'acception ; de même ordre, aussi incongru que cela paraisse de prime abord, que celui qui oppose les différents sens du mot culture (longuement débattu, lui, en ces parages).
Mais peut-être l'ami Bourjon a-t-il une pièce manquante à apporter au débat, comme il le semble ? pour moi, elle serait naturellement bien venue.
Francmoineau, ma question était en effet périphérique, ainsi que je l'indiquais.

Pour ce qui est des termes, je partage votre avis, une périphrase vaut souvent mieux qu'un seul mot quand les intervenants n'y mettent pas le même sens.
Utilisateur anonyme
01 novembre 2010, 17:30   Re : Et Vincent Courtillot ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
01 novembre 2010, 22:06   Re : Et Vincent Courtillot ?
Cher Francmoineau, je ne me suis pas prononcé sur le caractère "réel" ou absolu des lois physiques, d'un point de vue qui serait celui d'un réalisme naïf, les guillemets et le participe "censé" étant justement là pour souligner que cette question était laissée en suspens, laquelle n'est d'ailleurs pas vraiment du domaine de "la science se faisant" — de la même façon Newton postulant des "forces" ne s'était pas du tout prononcé sur la nature de la force de gravitation par exemple, faisant comme par magie "tenir" la Terre sur son orbite autour du Soleil, alors qu'un câble d'un diamètre de 300 kilomètres se fût vite rompu sous la traction de la force centrifuge ; et pourtant, elle tourne, et la "loi" rend compte de ce mouvement.

C'est pourtant vous qui au départ voulûtes que les lois et principes émanent de la nature, pour finalement faire se refermer comme un piège le cercle vicieux lichtenbergien que cela devait impliquer ; ah mais, c'était compter sans la voie d'évitement kantienne, qui était celle que Lichtenberg lui-même avait empruntée (ce qui ne veut pas dire que je sois moi-même un kantien inconditionnel)...

Aussi, et je m'adresse là également à Didier, on peut fort bien je crois écrire que "la matière obéit à des lois", en un sens pratique et même aussi "moyen" qu'on le veuille, sans pour autant être tenu de les fonder absolument, et c'est heureux, car il me semble qu'on ne le peut pas (de même que l'on peut, et de fait on n'a pas le choix, évoluer dans le milieu sans être mis en demeure de tirer définitivement au clair ce qui se passe aux extrémités...).
Comment, Alain, vous croyez en l'existence de la force centrifuge comme j'ai cru en l'existence de l'ion H+ ?
01 novembre 2010, 22:23   Re : Et Vincent Courtillot ?
Mais non Jean-Marc, pas vraiment, des mythes on vous dit, des mythes !!
je ne me suis pas prononcé sur le caractère "réel" ou absolu des lois physiques, d'un point de vue qui serait celui d'un réalisme naïf, les guillemets et le participe "censé" étant justement là pour souligner que cette question était laissée en suspens

on peut fort bien je crois écrire que "la matière obéit à des lois", en un sens pratique et même aussi "moyen" qu'on le veuille, sans pour autant être tenu de les fonder absolument


Eh bien mais c'est parfait, cela - ça me convient tout à fait.

Quant à vous, cher Didier, je crains que vous n'ayez raison.
Utilisateur anonyme
02 novembre 2010, 08:28   Re : Et Vincent Courtillot ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
02 novembre 2010, 18:28   Re : Et Vincent Courtillot ?
Citation
Jean-Marc
Dans ce cas, il ne fallait pas les signer.

Vincent Courtillot vous répond par France Inter interposé, cher Jean-Marc :


Qu'en pensez-vous, PhiX ?
Utilisateur anonyme
02 novembre 2010, 20:11   Re : Et Vincent Courtillot ?
Concernant la teneur du rapport de l'Académie des Sciences, ça correspond à ce que je pensais, à savoir que ce n'est pas un document de consensus, mais un document qui fait le point sur l'état du débat scientifique sur le réchauffement climatique.
03 novembre 2010, 03:20   Re : Et Vincent Courtillot ?
Cher Didier, rappelez-vous, dans un espace de Monet, il n'est pas besoin de risquer la pensée des limites pour côtoyer de l'intérieur à chaque instant le gouffre.
Utilisateur anonyme
03 novembre 2010, 06:59   Re : Et Vincent Courtillot ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
03 novembre 2010, 07:43   Re : Et Vincent Courtillot ?
Sans entrer dans des considérations de cause ou d'antériorité qui ici n'auraient pas de sens, on peut dire que les phénomènes et les lois sont coextensifs ; mais c'est là la concession la plus avancée que je puisse faire !...

Cette coextensivité avait déjà fait l'objet d'un débat avec notre cher Alain, qui portait sur la modélisation du climat, des milieux, des phénomènes climatiques et du statut écologique (fragilité/robustesse) de l'écosystème local abordé, lui disant que l'observation doit précéder la description, laquelle se fait suivre (comme un chienne) du beau modèle; moi soutenant que le modèle est donné dans la description même des états abordés et que toute loi est loi apparente et manifeste, soit perceptible dès l'abord: l'état des nues, la répartition des nuées portent indice d'une évolution historique et future du ciel qui fait loi ad hoc d'emblée opérationnelle, et itou des mondes célestes; l'écart et l'image de l'écart que nous montrent un ciel sont consubstantiels, n'ont plus lieu d'être distingués; la carte du ciel est son territoire navigable.

Les lois posées par les différents savoirs des anciens mondes sont diverses, étrangères les unes aux autres mais se recoupent, disent toutes la même chose différemment, c'est le signe que les lois scientifiques ont encore, quoiqu'elles fassent ou disent, parties liées à des phases descriptives du réel, ne sont que des facettes complémentaires de sa description, soit encore des façons de le dire et d'y agir; et leur évolution, leur substitution successive (vision newtonnienne des forces du réel, puis quantique, etc.) dans l'histoire des sciences occidentales attestent tout autant cette coextensivité. Ce que l'on lit ici d'Alain montre que sa disposition n'a pas bougé d'un iota; selon lui, il n'y a toujours pas de coextensivité phénomène-loi qui serait opérationnelle. Dommage. Observation, interprétation, modélisation, loi, pour que l'homme puisse continuer de vivre et d'agir dans le milieu sublunaire et cosmique ne sont désormais rien moins que simultanés. Le temps est compté et il n'y a plus place pour un temps d'arrêt entre ces phases jadis successives de l'élaboration du savoir.
Je note avec intérêt et satisfaction que l'Académie des sciences vient d'élire Édouard Bard.
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