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Jean Clair élu à l’Académie française

Envoyé par Gérard Rogemi 
Pour ceux qui n'auraient pas encore pris connaissance de cette élection. Source i c i
Utilisateur anonyme
28 mai 2008, 22:17   Re : Jean Clair élu à l’Académie française
Mais c'est une très bonne nouvelle !
Utilisateur anonyme
29 mai 2008, 22:17   Re : Jean Clair élu à l’Académie française
N'est-ce pas l'auteur d'un récent ouvrage sur l'art que vous m'avez conseillé de ne pas lire, cher Boris ?
En effet, Jean Clair, very inspiring, mais fait feu de tout bois : accuse Roger Caillois de penchant totalitaire dans un livre, puis invoque Roger Caillois dans un débat sur France-Culture pour sauver le caractère sacré de l'art... Sans compter les pages troublantes sur les Américains, et les Américaines, surtout, d'énormes phoques au bras de leur homme, déambulant dans les sites touristiques de la vieille Europe. Beurk.
Utilisateur anonyme
30 mai 2008, 13:05   Re : Jean Clair élu à l’Académie française
Pardon, Corto, c'était de l'ironie…

« accuse Roger Caillois de penchant totalitaire dans un livre, puis invoque Roger Caillois dans un débat sur France-Culture pour sauver le caractère sacré de l'art... »

Je ne vois pas bien où serait la réelle contradiction.
L'instrumentalisation polémique d'un auteur et d'une pensée : dans un premier temps Caillois est un méchant fasciste (s'il s'agit d'attaquer le surréalisme), dans un second temps Caillois est un grand anthropologue s'il s'agit d'attaquer les modernolâtres iconoclastes.
Utilisateur anonyme
30 mai 2008, 14:51   Re : Jean Clair élu à l’Académie française
Mais, "un auteur et une pensée" ne sont pas forcément homogènes ! Avouez qu'entre "un penchant totalitaire" et l'accusation (que vous traduisez par) d'"un méchant fasciste", il y a une certaine marge.
Je m'incline devant cet argument, Monsieur Joyce (sur la non-homogénéité d'une pensée). Mais je trouve que Jean Clair fait trop souvent preuve de manque de probité intellectuelle et qu'il sacrifie son talent et son érudition à sa mauvaise humeur et à la polémique. Il est dommage que le livre sur Zoran Music se termine sur une diatribe contre la fin de l'éducation, de même, s'il m'en souvient, que le livre sur le surréalisme. On dirait d'un éléphant qui accouche d'une souris. Il y a une disproportion gênante entre la profondeur de la réflexion théorique, historique, esthétique, et l'engagement dans des polémiques triviales. Par ailleurs, ses positions sur l'Islam, le voile, etc. (Journal atrabilaire, je crois, ou Lait noir de l'aube), me paraissent fort éloignées des positions du PI. Cela dit, je préfère Jean Clair à Dabadie !
Utilisateur anonyme
30 mai 2008, 15:09   Jean Clair
Je pense que vous avez raison, même si je continue de trouver Jean Clair très sympathique. Qu'il ne soit pas sur la même ligne que le PI (mais QUI est vraiment sur la même ligne que le PI, même ici ?) ne m'empêche pas, et ne m'empêchera pas de continuer à le lire avec un grand plaisir. Jean Clair est pour moi un personnage indispensable, réellement unique, et, à ce titre, très précieux.

Vous avez sans doute raison quand vous parlez de manque de probité intellectuelle, mais il s'est mis dans une posture particulière qui l'oblige en quelque sorte à une sorte d'outrance idéologique. Elle ne me dérange pas plus que certaines pages de Philippe Muray. La tendance inverse est tellement lourde (comme l'eau lourde), tellement puissante…
30 mai 2008, 16:03   Re : Jean Clair
Compte tenu de ce que m'apporte la lecture de ses ouvrages, je suis prêt à beaucoup pardonner à Jean Clair, et notamment ses positions sur le voile islamique. Je les comprends d'ailleurs assez bien ; ce qu'on peut lui reprocher dans ce domaine, c'est de ne pas envisager cette question comme un aspect mineur d'une phénomène global dont il ne paraît pâs par ailleurs sous-estimer les dangers.

Son élection à l'académie m'a fait plaisir mais je commence à me demander, au vu des noms de ceux qu'elle a élus récemment et des noms de ceux qu'elle n'a pas songé à élire si elle est encore digne de recevoir des personnalités comme Jean Clair ou Renaud Camus.
"Je continue de trouver Jean Clair très sympathique"
Cher Boris Joyce, si je partage votre sentiment sur l'apport précieux de la pensée de Jean Clair, vous me permettrez de le trouver nettement moins sympathique (ce qui n'est d'ailleurs pas une tare) que vous. Lors d'une récente diffusion de Répliques, il m'était apparu, fort au contraire, agressif, paranoïaque, méprisant presque, en un mot atrabilaire (au moins, pas de tromperie sur la marchandise).
Citation
Jean Clair est pour moi un personnage indispensable, réellement unique, et, à ce titre, très précieux.
Vous avez raison, cher Boris, car en plus Jean Clair n'est pas consensuel et se permet de piquer des coups de sang ce qui est devenu, au jour d'aujourd'hui, extrémement rare dans le monde de la culture et des MSM.

Citation
je commence à me demander, si elle est encore digne de recevoir des personnalités comme Jean Clair ou Renaud Camus
On apprend, cher Marcel, qu'il est devenu de plus en plus difficile de trouver des candidats académiciens et qu'un certain nombre de fauteuils sont condamnés à rester vides.
Utilisateur anonyme
30 mai 2008, 16:24   Sympathie
C'est précisément cette capacité à être fondamentalement antipathique, qui m'est sympathique, chez Jean Clair. Et je conserve précieusement le Répliques dont vous parlez.

Je comprends parfaitement son atrabile lorsqu'il est question de peinture, car je la partage absolument en ce qui concerne la musique. Pour revenir sur votre qualificatif de "paranoïaque", je trouve que la paranoïa est désormais une saine posture intellectuelle.


Rogemi, que sont les "MSM" ?
Sympathique par antipathie, c'est effectivement ce que je pense de Jean Clair, pour lequel j'ai la plus grande admiration, nonobstant les réserves que j'ai dites.

La question est de savoir, cher Boris Joyce, si les positions de Jean Clair sont si minoritaires que cela. Il est après tout consacré par l'AF, ne faut-il pas y voir un signe que les positions qu'il défend (opposition à un certain art contemporain, retour au dessin et à l'apprentissage académique, anti-marchandisation de l'art, anti-américanisme, etc.) sont finalement moins réprouvées, moins réprimées qu'il n'y paraît ? Jean Clair ne joue-t-il pas la position minoritaire ? C'est une vraie question, en dépit de son allure rhétorique...
Elle pourrait tout aussi bien être posée au sujet de Millet, Muray, Fumaroli, et al.
Utilisateur anonyme
30 mai 2008, 17:31   Les fauteuils vides
Mais, consacré par l'AF, n'est-ce pas une (des) preuve(s) qu'on est (un) sacré-con, si vous me passez le jeu de mot ?

Pourquoi n'ajoutez-vous pas Renaud Camus à la petite liste que vous proposez ? Vous voyez, pour moi, il y a un intrus, dans cette liste, et c'est Millet.

Je n'ai pas le sentiment que Jean Clair "joue" la position minoritaire, même si, dans ce domaine, la tentation est grande, évidemment, de surligner des positions prises avec sincérité.
Mais Renaud Camus ne joue pas sur les deux tableaux--et son respect pour la chose institutionnelle demeure à sens unique, ce qui est tout à son honneur, cela va sans dire.
Millet, tout de même, éditeur chez Gallimard, non ?
Utilisateur anonyme
30 mai 2008, 17:46   Re : Jean Clair élu à l’Académie française
Les deux tableaux de…?
Je vous prie de me pardonner un ton elliptique, voire télégraphique, qui masque peut-être, je vous l'accorde, une critique un peu "impressionniste" de certains écrivains. J'ai le sentiment que Jean Clair, et quelques autres, pour lesquels je répète je garde beaucoup de respect et d'admiration, ont tendance à se faire passer pour excentriques ou marginaux, tout en se retrouvant au coeur de puissantes institutions culturelles (Gallimard ? l'AF ?) (sans préjuger de l'acception de ce mot, "culturel", surtout après avoir lu La grande déculturation !) A moins que l'AF et Gallimard soient désormais des espaces de marginalité (ce dont je doute, à en croire ce qui se publie chez l'un, et l'élection de Dabadie par l'autre).
Utilisateur anonyme
30 mai 2008, 18:14   Re : Jean Clair élu à l’Académie française
Je comprends mieux. Mais le malentendu (je parle du "malentendu" (à défaut d'un vocable plus adapté) qui peut exister entre un auteur et son éditeur, par exemple) est-il évitable ? Est-il souhaitable qu'il soit absolument évité ? Je n'en suis pas certain. Après tout, P.O.-L., si l'on en juge par ce que l'on peut savoir, en lisant, en l'écoutant à la radio (il est passé récemment chez ce France-Faux-Culteur d'Antoine Perraud, ou en découvrant certaines de ses conversations avec Renaud Camus, est assez loin d'être un "supporter" inconditionnel de toutes les thèses de celui-ci ! Que Richard Millet gagne sa vie en étant "éditeur" chez Gallimard ne me dérange pas, ni que Jean Clair y soit édité. N'est-on pas obligé de faire avec ces ambiguïtés, si l'on veut vivre, tout de même ? Et puis, sur le fond, Gallimard, est-ce réellement pire que les autres maisons d'édition ? Fayard a un PDG remarquable, soit, mais sa personne ne représente pas la maison Fayard d'une manière si absolue… Est-on réduit à ne pas se faire éditer, si l'on défend des idées inédites, et si l'on tient à les faire entendre sans aucune concession ?
MSM = Mainstream Medias, cher Boris!
Citation
Jean Clair ne joue-t-il pas la position minoritaire

Cher Bruno,

Vous me surprenez car Jean Clair est un homme libre [et cela d'autant plus qu'il est à la retraite] et je ne crois pas qu'il abuse d'une quelconque position privilégiée ou minoritaire.

Bien au contraire tout ce qu'il dit et écrit, déplait au plus haut point à ceux qui sont au commande de l'ingénierie culturelle.

De toute facon: "Il n’existe pas d’auteur dont l’ensemble de l’œuvre soit exempte d’erreur. Souvent, les penseurs connaissent diverses « périodes » caractérisées par des positionnements différents, voire contradictoires. Ils peuvent subir des influences plus ou moins profondes à la suite d’évènements historiques ou personnels. Le meilleur peut côtoyer le pire. Il n’est pas rare qu’ils tombent dans l’outrance ou dans les travers qu’ils dénoncent eux-mêmes par ailleurs avec véhémence."
Jean Clair est assez difficile à attaquer. Il dispose d'un réel pouvoir dans les cercles administratifs, éditoriaux, muséaux et médiatiques gravitant autour de l'art ; ce pouvoir lui vient à la fois de sa très grande réputation d'expert dans ce domaine et des hautes fonctions qu'il a exercées et qu'il exerce encore. Et ses prises de positions "réactionnaires" ont été suffisamment cantonnées à ce domaine pour ne pas devoir forcément déclencher le grand tir de barrage des gardiens de l'orthodoxie progressiste qui, bon gré mal gré, devaient se contenter de l'ignorer.

Les choses ont failli basculer avec la publication de Malaise dans les musées qui attaquait de front cette orthodoxie d'une manière que la police de la bonne pensée ne pouvait plus ignorer : il y eut notamment un infâme article dans Le Figaro qui aurait pu signifier une excommunication en bonne et due forme, du type de celle dont Renaud Camus a été vitime lors de l'affaire.

L'élection à l'Académie peut être considérée comme un sauvetage.
Citation
L'élection à l'Académie peut être considérée comme un sauvetage

Je n'ai pas attentivement suivi la carrière de Jean Clair, cher Marcel, mais ses deux ou trois derniers livres ont beaucoup déplu.

Cependant vous venez dans votre dernier post de résumer avec beaucoup d'a-propos l'évolution récente des choses. Son élection à l'académie est vraiment un sauvetage.
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