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La première frontière c'est la peau

Envoyé par Gérard Rogemi 
Il y a en ce moment chez nos élites de plume une sorte de retour au bon sens, le choc du réel semble atteindre avec un certain retard les pavillons de Neuilly. Regis Debray, écrivain et médiologue, auteur de “Eloge des frontières” est la dernière victime de cet irrésistible mouvement de désintoxication mondialiste.

Comme disait l'autre: la peau c'est ce qui nous est le plus proche.



" [...] la dernière victime de cet irrésistible mouvement de désintoxication mondialiste."

Je sais que cette phrase n'est pas de vous, Rogemi, mais je peine à entendre ce dont il y est question : manifestement le mouvement de désintoxication n'est pas mondialiste, mais anti-mondialiste ; donc Régis Debray, de notre point de vue, et s'il semble revenir au "bon sens" longtemps délaissé, ne saurait en être une "victime", mais plutôt un bénéficiaire, ou un instigateur. Mais peut-être est-ce moi qui déraille.
"L'unité de l'humanité signifie: personne ne peut s'échapper nulle part."
[ L'art du roman ]
Quand le citoyen du monde sera mal chez lui où ira-t-il à l'étranger? Il n'y aura plus de dépaysement! Alors merci à R. Debray de faire l'éloge de la frontière qui fait de nous des etres de cultures et non pas de nature.
C'est peut-etre de la gauche que viendra le salut : Lagrange, Badinter Debray des traitres à la gauche bienpensante?
"Les hommes de gauche sont des cons et les hommes de droite des salauds" disait J. Tardieu mais il arrive à la gauche d'etre courageuse quand elle devient un peu lucide, alors que la droite qui sait, est souvent lache par peur de perdre son portefeuille!
Seule une personne mal informée sur ce qu'est devenue la gauche française peut souhaiter lui devoir son propre salut. Et puis il faut ne rien voir pour attribuer à la seule droite le goût de l'argent. D'ailleurs l'opposition gauche/droite est dans une certaine mesure devenue caduque, les lignes de front se sont considérablement déplacées. Je m'étonne que vous puissiez rabâcher ces clichés juste après avoir cité, avec tant d'à-propos, cette belle phrase de Kundera.
Citation
Mais peut-être est-ce moi qui déraille.

Non, S. Bily, vous ne déraillez pas car la seule phrase qui est de moi c'est celle qui commence avec "comme disait ..."

Je suis très pris ces temps-ci et je n'ai pas le temps de faire un tri prudent à l'intérieur des messages que je recois par dizaine et dans lesquels je pêche de temps en temps un lien justifiant une mise en ligne.

Mes excuses.
Mais ne vous excusez pas !
On notera, cependant, que la seule frontière qui semble ennuyer Debray est celle que les Juifs ont édifiée entre eux et les goyim... Curieux, pour qui fait l'éloge de la séparation...
Utilisateur anonyme
10 novembre 2010, 21:29   Re : La première frontière c'est la peau
On notera, cependant, que la seule frontière qui semble ennuyer Debray est celle que les Juifs ont édifiée entre eux et les goyim...

Que pensez-vous de la frontière qu'édifieraient (hypothèse hautement provocatrice) les goyim entre eux et les Juifs ?
Cette frontière porte les noms du Ghetto de Varsovie et d'Auschwitz, et de tous les ghettos du passé, non ? Je ne vois donc pas pourquoi il faudrait la mettre au conditionnel, l'indicatif conviendrait mieux. La frontière édifiée par le judaïsme est une frontière symbolique ; elle sépare, certes, mais pas pour exterminer ce qui lui est extérieur. Quant à l'Etat d'Israël, là encore, si vous lisez les derniers livres de R. Debray, vous ne pourrez pas manquer de remarquer la pratique du deux poids deux mesures.
10 novembre 2010, 22:57   Naissance d'un ponte
Régis Debray a depuis longtemps dépassé la pratique du deux poids deux mesures pour se livrer à la plus étourdissante jonglerie intellectuelle. Il sert un buffet miraculeux où il est impossible à quiconque de ne pas trouver quelque morceau qui plaise, quelque chose qui rejoigne nos opinions et, comme par enchantement, c'est ce seul morceau qui reste en mémoire, eût-il été suivi ou précédé d'un morceau de tout autre contenu, qui plaira au voisin. L'essai intitulé Ce que cache le voile reste pour moi un modèle du genre. Quant à la "médiologie", elle rivalise avec l'invention de l'eau tiède.
Cette façon d'énoncer les idées réclame un don singulier, qui rappelle celui mis en oeuvre dans la rédactions des discours du candidat Sarkozy où chacun se régalait sélectivement.
10 novembre 2010, 23:52   Debray vs Valéry
Non, c'est la conscience, car on peut fort bien voir sa peau, mais point le regard voyant la peau.
Ainsi que l'a formulé Valéry : « L'homme est animal enfermé à l'extérieur de sa cage. »
Utilisateur anonyme
11 novembre 2010, 09:56   Re : Debray vs Valéry
Moi, j'aime bien Régis Debray, qui aime bien François Jullien, qui aime bien Mencius, qui aime bien Confucius, donc...
Je m'étonne cher Bruno Chaouat, je m'étonne. Debray dit exactement le contraire. C'est justement parce que les protagonistes du conflit israélo-palestinien n'arrivent pas à déterminer une frontière qu'ils en viennent à dresser des murs. Un mur en l'occurence dont le tracé scandaleux (dixit Finkielkraut) n'empêche pas la colonisation de continuer. Sur la question du conflit, pour ce que j'ai lu des positions du médiologue (cher Orimont je vous conseille la lecture des Cahiers de Médiologie sur la bicyclette (et la relation étrange qu'elle entretient avec La Recherche du temps perdu) exprimées notamment dans la Lettre à un ami israélien (Elie Barnavi en fait), il se déclare favorable à deux Etats, dont la frontière serait la ligne verte de 1967 avec pour capitale Jérusalem (ouest pour Israël et est pour la Palestine). Cela me paraît très raisonnable. Il n'y a vraiment pas de quoi monter sur ses grands chevaux Chaouat très cher.
Quant à la séparation d'avec les goyim, il me semble que la peine de mort ou les mutilations (lapidation, ablation du nez), à une époque révolue, prévues par la jurisprudence rabbinique, pour transgression par les femmes notamment de ladite séparation n'étaient pas que symboliques...
Utilisateur anonyme
11 novembre 2010, 15:10   Re : La dure réalité du symbole.
Quant à la séparation d'avec les goyim, il me semble que la peine de mort ou les mutilations (lapidation, ablation du nez), à une époque révolue, prévues par la jurisprudence rabbinique, pour transgression par les femmes notamment de ladite séparation n'étaient pas que symboliques.

J'appelle "angélisme" la tentative, faite par M. Chaouat, de transcender la réalité effective du symbole. Amusant.
K et Petit-Détour,

Je tiens à votre disposition des arrêts du Parlement condamnant à pendre et étrangler des hommes qui n'avaient pas respecté ces barrières entre eux, ou des femmes qui avaient bibliquement connu des animaux domestiques. Le symbole avait aussi, dans la France des Temps modernes, une réalité effective.
Oui, bien sûr Cher Jmarc. Ceci ne saurait invalider cela. Pour des raisons professionnelles, je m'intéresse beaucoup à l'histoire de la Colombie. Après la conquête espagnole, l'Eglise catholique avait une attitude à l'égard des indigènes qui rappelle curieusement le distingo dar al-islam et dar al-harb de nos amis musulmans. Il y avait les Indios de paz et les Indios de guera. Si les premiers pouvaient être acceptés parce que dimhisés ou pacifiés (réduit en fait en esclavage sur ses immense propriétés) ; les seconds étaient voués à l'extermination pure et simple.
Utilisateur anonyme
11 novembre 2010, 15:40   Re : La première frontière c'est la peau
La dhimmitude ? Pfffffffff !!! Un symbole, rien d'autre.
Cher Petit-Détour,
Relisez à la loupe le "dialogue" avec Barnavi, et vous verrez que la distinction que Debray établit entre "Juifs de maman" et "Juifs de l'éthique" (page 120, je crois, mais je peux me tromper) est une distinction non pas politique, mais métaphysique : Debray rejette la transmission matrilinéaire (c'est ce que veut dire "Juifs de maman", dans son style démagogique), et invite à "relever" le Juif de chair dans un Juif selon l'esprit. La position de Debray vis-à-vis de l'Etat d'Israël est surdéterminée (lisez "Un candide en Terre sainte", de même), je n'ai pas le livre sous la main, mais Debray y déploie une théorie "murophobique" dont il réserve l'application au seul Etat juif. Quant au conflit, comme on dit en anglais, "it takes two to tango". Je ne crois absolument pas dans la responsabilité unique d'Israël dans l'échec de la création de deux Etats. Ce qui ne signifie pas que je ne croie pas dans une part de responsabilité... Debray a des facilités de style qui lui permettent de faire passer absolument n'importe quoi, et le public en redemande. C'est le côté concours de culture générale à Normale Supérieure qui doit séduire, je suppose, la rhétorique creuse.
Il se trouve que par des hasards moi aussi professionnels, j'ai visité la Colombie. La question de l'Indien de guerre, soit l'être humain gonflé de son soi-même qui brandit l'arme de poing contondante, où qu'il soit, quelle que soit l'ère historique, et qui ainsi armé se dresse pour vous infliger le traitement auquel il a, jusque là, pu lui-même échapper, appelle une réponse. Quelle doit être la réponse du civilisé à l'Indio de guera (en français: l'Idiot de la guerre) ?

Je vous écrit ceci après avoir, il y a quelques heures, terminé The Road, de l'écrivain américain Cormac McCarthy, qui a beaucoup écrit, par ailleurs (Blood Meridian) sur l'Indio de guera mexicain, arizonien, rio-de-bravourien. Le Blanc, naturellement, est lui aussi, il va sans dire, tout autant un Idiot de guerre que l'Indien.

McCarthy dans ce livre, The Road, nous montre ce qu'est le Blanc Idiot de la Paix: Le Blanc idiot de la Paix est le Blanc du repentir, celui qui, ne voulant pas tuer, se déshabille d'abord de lui-même par la consultation morale du Droit, puis, pointant la prison de son arme de poing, fait se déshabiller l'auteur de l'offense, la source de la menace meurtrière, puis lui dit: "allez, vas, cours, nu comme tu nous avais voulu nu en nous dépouillant, de nos habits et, en voulant nous occire, de nos vies, et que ta nudité soit le seul châtiment de ton crime, vas en prison nu, dans un survêtement orange que l'on te remettra ou, faute de prison, par la campagne et sous la pluie".

Le Blanc est le seul humain sujet au repentir, à l'esprit de l'escalier, au doute tardif, ce qui fait de lui le seul authentique Idiot de la Paix au monde. Il peut, par force paroles et démonstrations de bienfaits, convaincre, ici ou là, quelques Indiens de la guerre à lui ressembler, pour un temps, mais son malheur et son unicité persistent: lui seul se lamente de la mort infligée, du délaissement du prochain sur la route pluvieuse, lui seul marche au regret.

PS: En fait, plus simplement, le Blanc de la Paix, qui est un Blanc du repentir de la guerre, se définit comme ceci: celui qui obéit à son gosse quand son gosse de 10 ans lui crie "Papa! ne tue pas!". Ce type est seul. Il existe sans contrepartie humaine. Dans aucune civilisation l'homme armé pour la légitime défense n'obéit à l'injonction de son fils de dix ans d'âge. Le mystère (dernier mot du livre de Cormac McCarthy) est que ce Blanc du repentir, qui, pour s'imposer, comme l'histoire récente le montre, n'a pas besoin même de Dieu, existe encore.

The Road est un long texte sombre et glacé, un texte de novembre dans les Appalaches après la fin du monde. On y progresse dans la cendre et la neige, dans les voies sinueuses d'un désert de feuilles mortes, traqué par la cannibale faim qui meut de meurtriers idiots de fin du monde. Il n'y a dans ce texte symphonique plus de temps ni de calendrier. Pourtant on lit, page 93 (édition Picador): They slept through the night in their exhaustion and in the morning the fire was dead and black on the ground. He pulled on his muddy shoes and went to gather wood, blowing on his cupped hands. So cold. It could be November. It could be later. He got a fire going and walked out to the edge of the woodlot and stood looking over the countryside. The dead fields. A barn in the distance.

The Road sera votre fiction de ce novembre.
Utilisateur anonyme
11 novembre 2010, 15:53   Re : La première frontière c'est la peau
Debray a des facilités de style qui lui permettent de faire passer absolument n'importe quoi, et le public en redemande. C'est le côté concours de culture générale à Normale Supérieure qui doit séduire, je suppose, la rhétorique creuse.


Les facilités de style en général, et celles de R. D. en particulier, seraient donc suspectes, une sorte de cache-misère... Là encore c'est amusant. S'il y a style, et je dirai Grand Style, c'est que derrière il y a pensée. Pas un hasard si Debray est apprécié, et souvent cité, par un esprit aussi encyclopédique que celui d'A.de Benoist.
Le racolage n'est pas du grand style.
Utilisateur anonyme
11 novembre 2010, 16:03   Re : La première frontière c'est la peau
[J'y suis, Debray est antisémite...]
Ah, mais non, Debray n'est pas du tout antisémite. Disons que le judaïsme le rend nerveux, voilà tout. Et pour cela, je ne saurais le blâmer, car il me rend nerveux aussi (il y a une violence de la Loi, qui, je vous le concède bien volontiers, cher K, n'est pas seulement symbolique : la chair marquée par la circoncision n'est pas que du symbole, en effet). Mais je trouverais plus sain de ne pas craindre de formuler cette angoisse. Après tout, Freud a mieux que quiconque compris pourquoi le judaïsme pouvait légitimement inquiéter les Gentils. Cette angoisse est légitime, ce qui l'est moins, c'est de jouer les sages, de donner des leçons de politique en dissimulant cette angoisse.
Il y a frontière et frontière, non point au sens où Debray veut l'entendre (mur vs membrane d'échange) mais bien deux frontières dans deux dimensions de l'Occident: la frontière "à la Debray", telle qu'il nous la décrit dans la dichotomie susdite, et, étrangère à elle, la Frontière américaine, celle des guerres indiennes, soit des guerres avec l'nconnu qui n'offre aucun passage institué, prévu par la règle humaine, aucune peau qui serait faite, donnée et semblable à la nôtre. Cette Frontière-là, dans laquelle notre benêt de Debray s'est fait coincer en Amérique du Sud dans sa jeunesse de militant naïf, jusqu'à se faire mettre en prison, est la Frontière nouvelle d'Occident, très problématique, très "éléphant dans un jeu de quille" (donc "Impérialiste" pour notre Debray national) car elle encombre le monde, et le monde l'encombre, la gêne, quand le monde des frontières passoire-mur debrayiennes est encore celui où l'Autre se pose en miroir du Nous. Pauvre Debray, qui partit en Amérique sans savoir que l'Amérique (du Nord, du Sud, peu importe) possède une Frontière qui n'est pas celle des frontières du monde organisé.

Cette Frontière américaine (du Nord, du Sud, etc.) agit sur les êtres tout autrement que la "passoire" dialectique, althussérienne, de notre vieux et si aimable Debray.
Debray, cher Bruno, est "murophobique" justement parce qu'il est "frontiérophile". La distinction juif-de-maman et juif-selon l'éthique ne m'avait pas marqué, même si je ne pense pas qu'elle ne soit que métaphysique. Cette distinction s'est incarnée dans l'Histoire sous une forme politique : le bundisme, mêlant particularisme yiddish et universalisme socialiste ; et le révisionnisme sioniste (ou d'ailleurs la problématique du mur apparaît justement avec la revendication du Grand Israël aux frontières jamais définies). Debray, lui, fait une distinction entre le sionisme de Ben Gourion, qu'il soutient tout en soulignant ses limites et le problème de la naqbah, et celui de Jabotinsky vers lequel, selon lui, l'Israël d'aujourd'hui glisse dangereusement. Il fait donc du Badiou sans en tirer les mêmes conclusions politiques (le polpotiste est pour un Etat binational et pas Debray qui est pour deux Etats et une frontière).
La Route, je suis bien d'accord avec Marche, est un grand livre, même si je ne l'ai lu que dans sa traduction française. C'est un grand livre métaphysique pour le coup et sur la possibilité de rester un homme en des circonstances extrêmes. Nous sommes loins de la sociologie de l'excuse : les jeunes du 9-3, expulsés de Craon, devraient le lire.
Je pense, Marche, que le cycle de la repentance et son incarnation dans l'idiot de paix s'achève. La repentance est un luxe de vainqueurs, qui ne nous sera bientôt plus longtemps permis.
Ce que vous écrivez est exact, cher Petit-Détour, mais limité dans le temps : dès 1544, la monarchie espagnole interdit, sous peine de mort, de capturer des Indiens, de les forcer à travailler ou de leur voler leurs biens. Les colons se révoltent mais finalement les "Nouvelles Lois" seront appliquées. Sans vouloir nier la cruauté des conquistadores on peut rappeler que les Indiens et les métis d'Indiens et de Blancs sont, ensemble, majoritaires dans une grande partie de l'Amérique anciennement espagnole.
Cette notion de la frontière-peau se révèle, au moindre examen un peu sérieux, une élégante supercherie: d'une peau humaine à une autre peau (supposée elle aussi humaine) il y a un espace, un no-peau-land, qui est l'espace neutre, objectif et loyalement partagé du milieu. Or d'un pays délimité à l'autre, il n'est ni no-frontière-land, ni milieu: l'on se meut de peau à peau sans aucun espace interstitiel. L'image séduisante de Debray, donc, ne vaut rien à l'épreuve du réel.

Et puis il y a la question de la nature de la peau qui, outre ce qu'elle contient, peut elle même présenter une différence. La différenciation dont nous parle si simplement Debray ne porte pas seulement sur les contenus dont les "peaux" seraient les sacs, mais elle concerne aussi les peaux elles-mêmes qui, en tant que mécanisme d'échange et de filtration (ou de "crible" comme il dit) ne sont pas toutes les mêmes. Il est certaines frontières qui, outre qu'elles s'entourent d'un espace non frontiéralisé, sont de nature autre que ne le voudraient leurs homologues auto-proclamées. Debray est en fin de compte un habile faiseur, mais son habilité tient à de grosses ficelles indifférentialistes, contradictoires au discours qu'il leur fait sous-tendre.
Petit-Détour,

J'ai travaillé en Amérique latine. Force est de constater que beaucoup d'indiens accueillirent fort bien les Espagnols, qui surent intégrer assez facilement la noblesse locale, notamment par la conversion et le mariage. Les pauvres passèrent du statut de serf des nobles locaux à celui de serf des nobles locaux et de leur parentèle espagnole.

Ce phénomène se nomme Malinchismo.

Pour faire écho à un autre fil, la fille d'Aguirre était métisse, et Ferdinand Cortez eut lui aussi des enfants métis.

Voici la photographie du palais construit à Trujillo pour Francine Pizarre Yupanqui, fille de Francis Pizarre et petite-fille de l'Inca Huyna Capac :

[es.wikipedia.org]
Sur Cormac McCarthy et la Frontière, il n'est pas impertinent de donner la parole à Juan Asensio dans Cinq romanciers américains face aux ténèbres

La vision debrayienne de la frontière, héritée de la tradition du droit romain, est étrangère à la frontière-ténèbres qui est celle de l'homme à venir (qui est un homme ancien, pré-romain, toujours présent dans la vieille Amérique).
11 novembre 2010, 22:46   Mélange des genres
» Ce type est seul. Il existe sans contrepartie humaine. Dans aucune civilisation l'homme armé pour la légitime défense n'obéit à l'injonction de son fils de dix ans d'âge. Le mystère (dernier mot du livre de Cormac McCarthy) est que ce Blanc du repentir, qui, pour s'imposer, comme l'histoire récente le montre, n'a pas besoin même de Dieu, existe encore.

C'est un peu cela, la "Loi", qui d'après Bruno Chaouat inquiéterait tellement Debray, cher Francis : l'injonction qui ne vient pas de Dieu, mais qui Le fonde ici en En étant le seul truchement concevable. Cormac McCarthy a dû lire Kant... la transcendance ne se conquiert que par ce que l'on fait, ou ne fait pas.
Le reste, c'est de la métaphysique, et c'est pourquoi le Juif "selon l'esprit" n'est qu'un vaste fourre-tout conceptuel qui ne peut rencontrer aucun peuple, lequel ne se constitue jamais que dans et par la chair, et l'acte.
Utilisateur anonyme
12 novembre 2010, 00:37   Re : Mélange des genres
La repentance est un luxe de vainqueurs, qui ne nous sera bientôt plus longtemps permis.


Plutôt une "coquetterie d'agonisants" (Cioran) mon Cher Petit-Détour.
12 novembre 2010, 08:45   Re : Mélange des genres
Luxe de vainqueurs ou coquetterie d'agonisants, that is the question.

À nous d'y répondre sur le terrain.
12 novembre 2010, 08:51   Re : Mélange des genres
Cela faisait déjà quelques temps que je voulais scanner cet article et le mettre en ligne. Je viens de le trouver i c i

« Le « moment Botul » de Régis Debray », par Armand Laferrère, Commentaire, n° 131, Automne 2010

« Vient un moment, dans la carrière de tout intellectuel de renom, où la tentation se fait forte de s’appuyer sur la gloire acquise et réduire sa charge de travail. On voit alors Bourdieu renoncer aux subtilités de l’analyse de l’habitus et tenter de donner un sens, sous le titre La Misère du monde, à une collection brute de témoignages parfaitement banals de frustration sociale. On voit Bernard-Henri Lévy, l’ancien décortiqueur de l’Idéologie française, citer Botul. Et l’on voit Régis Debray naguère maître de l’anayse distanciée des messages transmis par les média dans Médiologie écrire sur Israël un petit livre qui reproduit à l’identique les illogismes, doubles standards et aveuglements volontaires qui infectent sans relâche la couverture du Proche-Orient par la presse française.

Malgré l’entrée en matière de Debray, qui commence le livre par se féliciter de son propre courage et annoncer qu’il va « perdre la moitié plus un de ses amis », il est difficile pour un sioniste un peu cultivé d’éprouver une réelle hostilité contre l’auteur. L’homme n’a pas d’objection de principe à l’existence d’Israël ce qui de nos jours, hélas, est toujours bon à prendre. Il reconnaît du moins pour le passé le caractère inévitablement tragique de l’histoire. Quoiqu’il s’agace du temps que consacre la République française à la commémoration de la Shoah, il est assez clair que ce qui le meut n’est pas l’hostilité pour le peuple victime, mais la haute idée qu’il se fait d’une République abstraite qui devrait transcender toutes les communautés.

Et si l’on souhaitait encore s’irriter, on en serait empêché par un autre sentiment, qui devient vite insurmontable à la lecture de ce livre : le sentiment de lassitude.

Voilà encore un auteur qui parle du « plan Daleth » de 1948 comme d’un plan de « nettoyage ethnique » après des décennies de débat et le retournement spectaculaire de l’historien qui avait d’abord porté cette thèse, Benny Morris. Benny Morris, après avoir étudié la question pendant toute sa carrière, a fini par reconnaître qu’il ne s’agissait là que d’un exercice de programmation militaire qui n’aurait jamais été mis en œuvre s’il n’y avait pas eu d’attaque arabe et qui a laissé intacts jusqu’à ce jour les villages arabes situés hors des zones de combat. Régis Debray semble ignorer jusqu’à son nom. A aucun moment il ne se demande comment il pourrait y avoir 20 % d’Arabes en Israël, en 1949 comme aujourd’hui, si le pays avait eu une politique de nettoyage ethnique comparable à celle du FLN en 1962 (ou à celle qu’ont déjà annoncée les Palestiniens pour l’État qu’ils demandent).

Voilà encore un homme de gauche qui met au compte de la tragédie de l’histoire la violence de l’Israël des kibbutzim, mais s’érige en censeur dès qu’un gouvernement de droite part en guerre. Quand Ben Gourion expulse sept cent mille Arabes pour assurer la sécurité de son peuple, c’est l’histoire qui l’exige : Ben Gourion était de gauche et Debray ne peut pas lui en vouloir. Mais, quand Olmert attaque Gaza pour mettre fin aux pluies de Kassam sur le sud de son pays, l’histoire cesse soudain d’être tragique et de ne présenter que des solutions imparfaites à des décideurs sous contrainte. Qu’aurait fait Debray à la place d’Olmert, face à l’accroissement régulier du nombre et de la portée des missiles du Hamas ? Les lecteurs de Debray ne le sauront pas en lisant son livre. L’auteur est prêt à sympathiser avec des dirigeants de gauche. Mais, lorsque la droite arrive au pouvoir, l’histoire ne lui présente plus que les réconfortantes figures du Bien et du Mal.
Voilà encore surtout et c’est sans doute sur ce seul point que la lassitude cède momentanément le pas à une légère irritation – un Français qui, dans le confort de sa vie loin du front, croit pouvoir sermonner les Israéliens sur leur méconnaissance de leurs voisins. Et ce, au moment même où il apporte la preuve la plus manifeste de sa propre ignorance sur le sujet.

Debray se scandalise de ce qu’un ministre israélien ait qualifié le Hamas de « génocidaire ». Mais cette indignation est moins convaincante pour qui a lu l’article 7 de la Charte du Hamas ‒ dans lequel, citant un hadith célèbre (« l’heure du Jugement ne viendra pas avant que les musulmans ne combattent les Juifs »), l’organisation a ressenti le besoin d’ajouter explicitement sa propre glose : « tuent les Juifs ». On peut peut-être se montrer plus explicitement génocidaire que cela, mais ce n’est pas facile.

Debray, qui reproche aux Israéliens de ne pas connaître les Arabes, ne semble pas avoir lu ce texte. Les Israéliens, eux, le connaissent. Ils connaissent l’endoctrinement constant des enfants du Hamas au meurtre et au sacrifice de leur vie. Ils savent que, même dans les territoires contrôlés par l’autorité palestinienne, la nouvelle de chaque attentat en Israël est accueillie par des démonstrations publiques de joie. Ils savent que, dans un livre portant sur le conflit du Proche-Orient, ne mentionner qu’une fois le Hezbollah, groupe fanatique surarmé et explicitement exterminateur (et seulement pour mentionner qu’il s’agit d’un groupe « doté d’une culture sophistiquée »), est un peu court du point de vue des solutions opérationnelles.

Ils savent aussi qu’il n’est pas possible de résumer le conflit, comme le fait Debray, en disant que « l’occupation entraîne le ressentiment, qui entraîne la violence ». La violence venant du Liban Sud ne s’est vraiment industrialisée qu’après la fin de l’occupation israélienne en 2000 ; celle venant de Gaza a explosé à compter du jour où le dernier Israé¬lien est sorti en 2005. En continuant à répéter paresseusement les mêmes slogans, Debray montre que c’est lui, et non les Israéliens, qui ne cherche ni à connaître ni à comprendre les voisins d’Israël.

Du reste, cette accusation répétée de ne pas vouloir voir les Arabes pourrait faire naître un doute, s’il ne s’agissait pas d’un homme cultivé qui a plusieurs fois visité la région, sur la connaissance qu’a Debray d’Israël lui-même. Sait-il qu’il y a 20 % d’Arabes en Israël ? Que ‒ contrairement à la France, par exemple cette proportion n’est pas beaucoup plus basse au Parlement ? Que l’arabe est une des langues officielles du pays ? Que les soldats israéliens qu’il décrit montrant leur arrogance à Gaza, avant la fin de l’occupation du territoire, avaient de bonnes chances d’être druses ou bédouins et à peu près aucune d’être issus des milieux religieux qu’il charge de tous les maux?

Tout cela, Régis Debray le sait probablement ; mais, puisque ces faits sont en contradiction avec sa thèse celle d’un Israël entraîné vers sa perte par une hubris droitière et religieuse ils ne sont jamais mentionnés. L’auteur préfère passer sous silence des faits qu’il connaît plutôt que de se contraindre à une analyse plus détaillée et plus subtile de la situation.
Cette sélectivité extrême parmi les faits connus s’accompagne d’une légèreté parfaitement assumée dans la recherche de nouveaux faits, surtout s’ils sont à charge. Parlant d’une des courtes trêves de 2008 dans le sud du pays, Debray écrit : « une trêve dont la rupture serait de votre responsabilité » accusant ainsi sans aucune recherche tout en se protégeant par un conditionnel. À plusieurs reprises, il met entre guillemets des termes brutaux ou racistes dont il faut comprendre qu’il les prête aux Israéliens, mais pour lesquels il ne donne aucune source. On ne peut pas s’empêcher de trouver vraisemblable, lorsqu’on connaît la société israélienne, qu’il les a purement et simplement inventés.

Quelle que soit par ailleurs la qualité de son auteur, ce livre reprend tous les poncifs du 20 heures, néglige les faits les plus importants du conflit et sermonne depuis le confort de Paris ceux dont la vie est menacée tous les jours. Il n’apportera à personne la moindre connaissance supplémentaire sur le Proche-Orient. Il restera, pour son auteur, un épisode secondaire et un peu embarrassant, comme une citation de Botul. »
A.L.
Exactement.
Pour le moment, il semblerait que l'heure soit à l'agonie outre-Manche : allez voir le site FdS et l'incroyable vidéo où l'on voit un groupe d'islamistes perturber la cérémonie du 11 novembre sans que cela ne suscite aucune réaction.
Mais le plus navrant c'est la création d'un groupe sur Facebook protestant contre ces islamistes et auquel se sont inscrits 150 000 personnes. Ridicule. C'est dans la rue que ces gens devraient faire montre de patriotisme et pas sur Facebook.



La liberté d'opinion quand elle atteint un tel degré d'absurdité est un facteur de dissolution civilisationnelle.Dans un pays arabe une démonstration ridiculisant une cérémonie de commémoration aurait été immédiatement noyée dans le sang.
12 novembre 2010, 10:25   Grand mystère
L'absence de réaction commence à atteindre un degré qui confine au mystère. Les analyses qui s'en tiennent à mettre en avant le, disons, "désir d'en finir avec soi-même", le désir suicidaire, la disparition de toute combativité de la part es Occidentaux (telles que celles déclinées à longueur de messages, ici, par Monsieur K, par exemple), ne suffisent pas, selon moi, à expliquer la situation. La peur non plus ne suffit pas. En réalité, on ne comprend pas. Aucune explication ne semble convaincante.
12 novembre 2010, 10:36   Re : Grand mystère
Citation
En réalité, on ne comprend pas. Aucune explication ne semble convaincante.

Si il y a une explication simple.

C'est l'égoisme, la vie centrée sur soi, sur son moi car en fait tous ces petits pseudo-événements c'est du bidon cela ne me concerne pas car j'ai un rendez-vous urgent, un week-end à la campagne ou des vacances à la neige à préparer, etc ...etc... etc...
12 novembre 2010, 11:16   Re : Grand mystère
Non, cher Rogemi : il y a trop de gens dont la vie et celle de leurs enfants sont directement et gravement affectées et qui sont atteints de ce syndrome d'impuissance, de fatalisme, d'aveuglement, de suicide à petit feu, que sais-je, pour que votre explication soit suffisante.

Je crois qu'au fond, il y a la mort du père et la perte d'élan vital, de capacité de défense du clan, des ancêtres, de la mémoire, du territoire et du futur qui en découlent.
La perte du courage, disait Soljenitsyne.
12 novembre 2010, 11:32   Re : Grand mystère
Il faudrait encore recouvrir votre dernier paragraphe comme vous avez, dans le premier paragraphe de votre réponse cher Marcel, recouvert l'hypothèse de Rogemi: la mort du père ne suffit pas comme explication; le père n'est pas tout, il est de toute façon mortel, le père humain, à dépasser quoi qu'il advienne. La mort, réelle ou symbolique, du père, chez la plupart des intervenants de ce forum, est intervenue assez tôt, on le sent. Or ils sont ce qu'ils sont. Nous sommes ce que nous sommes par volonté de survie, par révolte. Même, je dirais: la révolte aujourd'hui nécessaire, la révolte tout court, s'accommode assez bien de "la mort du père". La mort du père ne fait pas des larves mais bien plutôt des hommes aguerris et debout.
12 novembre 2010, 11:34   Re : Grand mystère
Citation
Je crois qu'au fond, il y a la mort du père et la perte d'élan vital, de capacité de défense du clan, des ancêtres, de la mémoire, du territoire et du futur qui en découlent.

Voillà un constat épouvantable mais qui refléte assez justement les conditions existantes.

Cependant je ne parlais pas de ceux qui vivent déjà minoritaires par exemple dans le 93 mais de tous les autres qui ont encore la chance de ne pas subir le joug direct des envahisseurs mais qui se contrefichent comme d'une dernière guigne de leurs congénères au supplice.

Bon comme j'habite à la campagne dans une Haute-Bavière tranquille et préservée il m'est difficile de parler avec compétence du martyr que subissent en silence les francais de souche vivants dans les quartiers.
Utilisateur anonyme
12 novembre 2010, 11:40   Re : Grand mystère
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 novembre 2010, 12:05   Re : Grand mystère
Je pense qu'il y a chez la plupart des occidentaux au x pouvoirs , peut-être à leur insu, un désir de "flirt" au sens propre autant que métaphorique avec l'islam et les musulmans.
12 novembre 2010, 12:13   Re : Grand mystère
Il faut sans doute, cher Francis, distinguer. Vous entendez, par la mort du père, le processus décrit par Freud qui permet l'accession de l'homme à l'âge adulte. J'employais l'expression, sans doute à tort puisque c'est source de confusion, dans le sens de la fin du patriarcat. Sans doute faut-il tuer le père symboliquement pour devenir un homme "debout et aguerri" mais encore faut-il avant cela avoir bénéficié de la transmission dont il a la charge (la loi, l'autorité, les ancêtres, etc.) et qui est ontologiquement incompatible avec le rôle de mère.
Utilisateur anonyme
12 novembre 2010, 12:26   Re : Lacanerie du jour.
Citation
Cassandre
Je pense qu'il y a chez la plupart des occidentaux au x pouvoirs , peut-être à leur insu, un désir de "flirt" au sens propre autant que métaphorique avec l'islam et les musulmans.

Je ne résiste pas au désir de "faire du Lacan" : s'il y a désir de "flirt" c'est parce que les musulmans (ou les "blacks et les rebeus") ont le phallus. Identification imaginaire au rival porteur du phallus, of course.
12 novembre 2010, 13:34   Re : Grand mystère
Ah oui, cher Rogémi, les "occupations" de l'homme contemporain empêcheraient de réagir à l'occupation du territoire par les barbus. Il y a de ça, en effet, tous le monde est "occupé", tout le monde est "pris", et pas seulement par l'organisation des plaisirs, Dieu sait !

Sans surprise, je suis encore plus sensible au "Techniquement, nous ne sommes plus nécessaires" de Didier Bourjon.

Quant au "flirt" suggéré par Cassandre, il se peut bien que les Occidentaux au pouvoir caressent l'espoir que, par le truchement de l'Islam, on pourra replacer les populations dans un état d'abrutissement propice à un asservissement commode.

On peut aussi se demander si une aussi extraordinaire absence de réaction de la part des Occidentaux ne peut, à la longue, piéger les contre-colonisateurs eux-mêmes, pour ainsi dire les engluer.

Ou bien se demander si cette patience accumulée par les Occidentaux n'a pas encore atteint le degré extrême qui permet d'avoir la certitude d'être dans son bon droit, au moment de contre-attaquer.
12 novembre 2010, 13:55   Re : Grand mystère
Citation
Ou bien se demander si cette patience accumulée par les Occidentaux n'a pas encore atteint le degré extrême qui permet d'avoir la certitude d'être dans son bon droit, au moment de contre-attaquer.

Même les grèves les plus dures sont arrêtés par des vacances scolaires. C'est quand même révélateur du peu de sérieux des mouvements sociaux.

Orimont a raison: nous ne sommes pas encore tombés assez bas mais le fait par exemple que le livre de Thilo Sarrazin se soit vendu à plus d'un million d'exemplaires montre que les Allemands se sont enfin reveillés de leur long sommeil au cours duquel leur pays s'est transformé quasiment à leur insu en une entité dans laquelle ils ne se reconnaissent pas.
Utilisateur anonyme
12 novembre 2010, 14:12   Re : Grand mystère
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 novembre 2010, 14:24   Re : Grand mystère
Citation
« Nous sommes plus morts que vous », Ph. Muray. Techniquement, nous ne sommes plus nécessaires.

Ca fait très mal mais il faut quand même se rappeller que les peuples européens ont perdu en 1945 définitivement leur indépendance.

Même si grâce à la décolonisation et les trentes glorieuses nous avons pu faire, un temps, illusion il n'en reste pas moins que les vieux peuples du continent européen ne sont plus les maitres de leur destin et depuis que nous avons une Commission Européenne (non élue par nous) qui prend à tour de bras des décisions incontournables sans nous demander notre approbation nous avons atteint un seuil de non-retour où le constat de Didier "Techniquement nous sommes ne sommes plus nécessaires" devient de plus en plus évident.
12 novembre 2010, 14:27   Re : Grand mystère
On est toujours nécessaire à sa propre existence. C'est un constat technique.
Utilisateur anonyme
12 novembre 2010, 14:31   Re : Grand mystère
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Et s'il fallait aussi chercher de ce côté-ci ?
Encore de l'English !
Utilisez l'outil linguistique de Google pour avoir une traduction approximative mais à peu près compréhensible, cher Éric.

Voici le début :

Des tests effectués en 1980 et à nouveau en 2008 montrent que le QI moyen à l’âge de 14 ans a chuté de plus de deux points sur la période.
Parmi les personnes dans la moitié supérieure de l'échelle d'intelligence, un groupe qui est généralement dominée par des enfants de familles de classe moyenne, le résultat a été encore pire, avec une moyenne de six points de QI inférieur à ce qu'il était il ya 28 ans.
Ce constat marque un brusque renversement de la tendance dite « effet Flynn » qui a vu le QI augmenter d'année en année, parmi tous les groupes d'âge, dans la plupart des pays industrialisés au cours du siècle passé.
Vous être très aimable, je vous souhaite un agréable week-end, cher Marcel. Ici, nous avons du grand, du bon, du chaud soleil.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2010, 14:14   Re : La première frontière c'est la peau
(Message supprimé à la demande de son auteur)
13 novembre 2010, 14:59   Re : Grand mystère
Dans ses excès, ses extrémités, elle rend l'existence inconnaissable, nouvelle, annihilée, brute, existence où tout est à refaire. J'ai eu une conversation récemment avec une jeune femme, comment dire, allez, "branchée", de 27 ans, qui m'a confié être trop vieille pour comprendre l'utilité, l'intérêt, la valeur, l'usage, de Twitter et user comme "les jeunes" de cette chose (qui ne mérite pas le nom d'outil). Elle m'a dit que les jeunes gens qui usent de Twitter comme on respire (dans certains pays d'Asie, en Indonésie par exemple, mais aussi, au Brésil ou en Inde) ont le cerveau façonné par la brièveté même de ces manifestations-pulsions de suivi, de suivisme, de suite sans suite; leur cerveau n'est plus capable de lire un livre de 250 pages ni d'y puiser quoi que ce soit. Leur cervelle est désormais celle d'un petit oiseau content, efficace, twittant, communicateur, branché, vif, bref et sur-présent. C'est tout. Toute cette néoténie qui s'étale, twitte à l'infini dans le sac utérin de la pan-communication devra, plus tard, être refaite par elle-même, se refaire sans nous ni sans aucun de nos livres, à vif et dans la vieille solitude des âges anciens où les générations passées n'étaient que fantômes inutiles ou gênants. Nous sommes, pour les hommes et les femmes à venir, des gêneurs, de gros encombrants qui ne sont sources d'aucune utilité.
Grand soleil à Toulouse, plus de 20°, j'espère que le temps va se calmer à Nantes pour France-Fidji !
"Cerveau twittant d'oiseau", on ne saurait mieux dire.
31° à Jéru, y en a marre ! Je rêve d'un glacier providentiel sur la pente douce duquel on pourrait accéder en luge à la mer depuis mon quartier...
31 à Jérusalem ? Ici, Saint Paul, Minnesota, tempête de neige pouchkinienne.
Cher Bruno, je vous envie...
Eh bé, cher Alain, c'est bien la première fois qu'on m'envie... ne serait-ce que parce que je vis en de frigides septentrions...
» ne serait-ce que parce que je vis en de frigides septentrions...

Je ne connais hélas pas le Minnesota, mais en règle générale, plus on approche les pôles, plus on s'échauffe comme on peut, ne trouvez-vous pas ?
20 novembre 2010, 10:29   De la France (1941)
"Les Français ne peuvent plus mourir pour quoi que ce soit. Le scepticisme cérébral est devenu organique. Tenir davantage à sa peau qu'à une idée ; hésiter entre honneur et volupté ; croire que vivre est bien plus que tout, voilà la vie. Mais les Français n'aiment plus qu'elle, et ne vivent plus que par elle. Depuis longtemps, ils ne peuvent plus mourir. Ils l'ont trop souvent fait par le passé. Quelle croyance s'inventer ? Leur manque de vitalité leur a montré la vie. Et la Décadence n'est plus que le culte exclusif de la vie... Chez les Français, les instincts sont atteints, rongés, la base de l'âme sapée. Ils furent jadis vigoureux - des croisades à Napoléon - les siècles français de l'univers. Mais les temps qui viennent seront ceux d'un vaste désert, le temps français sera lui même le temps du déploiement du vide. Jusqu'à l'irréparable extinction. La France est atteinte par le cafard de l'agonie..." Cioran
Utilisateur anonyme
20 novembre 2010, 10:49   Re : De la France (1941)
"La France est un pays fini, un pays de second ordre, de troisième ordre peut-être; l'ennui c'est que les professionnels de l'éloquence et de l'Etat doivent continuer de l'invoquer comme une grande personne pour justifier leurs activités périmées."

Drieu la Rochelle.


Pas non plus celle-ci hein Michel ? Bon, l'ennui c'est qu'on va se faire découper en morceaux par l'aile molle sympa du forum...
Il n'y aura pas de sacrifice conscient du peuple, tant que l'élite n'en aura pas montré l'exemple dans sa chair.
Rien ne se fait jamais sans l'assentiment des "peuples". Ce sont les peuples qui acceptent ou refusent telle ou telle situation. Jusqu'à présent, dans le cas de la France, les dirigeants, qu'ils soient de droite ou de gauche, n'usurpent pas le pouvoir. Globalement, ils sont l'expression de ce que veut le "peuple".
K,

Il me semble que Drieu a prêté la main à un certain affaiblissement de la France...
Citation
Orimont Bolacre
Rien ne se fait jamais sans l'assentiment des "peuples". Ce sont les peuples qui acceptent ou refusent telle ou telle situation. Jusqu'à présent, dans le cas de la France, les dirigeants, qu'ils soient de droite ou de gauche, n'usurpent pas le pouvoir. Globalement, ils sont l'expression de ce que veut le "peuple".

Mais que faites-vous de "la fabrication du consentement" mis en oeuvre avec succès ?
Utilisateur anonyme
20 novembre 2010, 16:48   Re : La première frontière c'est la peau
Citation
Jean-Marc
K,

Il me semble que Drieu a prêté la main à un certain affaiblissement de la France...

A trop aimer la France voilà ce qui arrive...
............

D'accord avec le message d'Orimont. Comme l'écrit fort justement Hegel : "Seules les pierres ne sont pas responsables" (cité de mémoire).
20 novembre 2010, 21:51   Re : De la France (1941)
Citation
M. Petit-Détour
"Les Français ne peuvent plus mourir pour quoi que ce soit. Le scepticisme cérébral est devenu organique. Tenir davantage à sa peau qu'à une idée ; hésiter entre honneur et volupté ; croire que vivre est bien plus que tout, voilà la vie. Mais les Français n'aiment plus qu'elle, et ne vivent plus que par elle. Depuis longtemps, ils ne peuvent plus mourir. Ils l'ont trop souvent fait par le passé. Quelle croyance s'inventer ? Leur manque de vitalité leur a montré la vie. Et la Décadence n'est plus que le culte exclusif de la vie... Chez les Français, les instincts sont atteints, rongés, la base de l'âme sapée. Ils furent jadis vigoureux - des croisades à Napoléon - les siècles français de l'univers. Mais les temps qui viennent seront ceux d'un vaste désert, le temps français sera lui même le temps du déploiement du vide. Jusqu'à l'irréparable extinction. La France est atteinte par le cafard de l'agonie..." Cioran

J'ai toujours pensé que ce genre de discours tenait beaucoup de la prosopopée. Qui, les "Français" ? N'y a-t-il eu surtout que d'immenses précipitations de foules et d'événements, où les hommes furent emportés comme fétus dans d'irrésistibles et incontrôlables rumeurs du temps ?
La "vigueur" des Français ne qualifie-t-elle alors que l'inertie parfaite d'un corps social soumis à des forces dont aucun Français particulier ne put avoir l'idée, et encore moins se représenter une vue à peine élargie du courant où il était noyé ?
Mieux vaut avoir tort avec de Gaulle que raison avec Drieu ; Il y va de l'honneur, ce qui reste quand tout semble perdu, mais ne l'est pas encore.
"Mais que faites-vous de "la fabrication du consentement" mis en oeuvre avec succès ? "
Oui, il me semble que rien ne peut être comparé à l'époque actuelle qui possède avec les médias la plus puissante machine à manipuler les individus et les peuples qu'on aie jamais connue! Et ces médias qui parlent d'une seule voix , même si c'est par plusieurs bouches, ne sont pas aux ordres du système, c'est le système tout entier qui est désormais aux ordres des médias. Ce sont eux qui font une pression constamment victorieuse sur la politique, la justice, l'art et les moeurs.
Comment le peuple pourrait-il faire la révolution contre un pouvoir aussi abstrait dont la tyrannie est quasi indolore ?
D'autre part la situation des peuples d'Europe, et du peuple de France particulièrement, est tout à fait inédite pour une autre raison : il ne s'agit pas tant, aujourd'hui, de se révolter contre le pouvoir politique en place, mais contre une population dont un grand nombre d'individus se comportent en occupants revanchards . Or cette population est française, ne porte pas d'uniforme, n'a pas déclaré officiellement de guerre au peuple "de souche" et apparaît, donc, comme uniquement composée de civils dont, de surcroît, tous ne sont pas hostiles au peuple français historique Comme il est vain de compter sur le pouvoir pour la mettre au pas, le seul moyen serait d'avoir recours au terrorisme , mais outre qu'il déboucherait sur une guerre civile sanglante, le scrupule qui est , me semble-t-il, une composante caractéristique de notre civilisation malgré toutes ses fautes et ses crimes, nous interdit de recourir à ce procédé.
21 novembre 2010, 19:58   Re : Debray vs Valéry
L'un des avantages de raisonner par analogie est de distinguer des ordres de réalité. La notion de frontière peut s'appliquer à la conscience (dualisme phénoménologique du sujet et de l'objet), au corps (la peau ou l'écorce), au territoire (la frontière). La notion de frontière s'enrichit donc des significations propres à chaque ordre. Il est surprenant d'entendre sur France Culture le type d'analogies organiques en vogue au XVIè s. pour légitimer le renforcement de l'Etat monarchique. Pourriez-vous expliciter le rapport que vous souhaiter établir entre la subjectivité jetée en prison hors d'elle-même et le territoire?
"Riche d'un actif nomade, ils l'utiliseront de façon nomade, pour eux-mêmes, mobilisant promptement du capital et des compétences en des ensembles changeants, pour des finalités éphémères dans lesquelles l'État n'aura pas de rôle. ..Ils aimeront créer, jouir,bouger. Connectés, informés, en réseau,, ils ne se préoccuperont pas de léguer fortune ou pouvoir à leurs rares enfants: seulement une éducation... L'hyperclasse regroupera plusieurs dizaines de millions d'individus. Ils seront attachés à la liberté, aux droits de l'homme; à l'économie de marché, au libéralisme à l'esprit démocratique... Ils s'intéresseront plus à la condition humaine qu'à l'avenir de leur propre progéniture." J. Attali
En voila un pour qui la notion de frontière n'a plus aucun sens. La muflerie mondialisée consiste à croire que l'on est partout chez soi...à condition d'etre riche bien sur
Utilisateur anonyme
21 novembre 2010, 21:10   Re : La première frontière c'est la peau
Cet extrait est effrayant Bellini... mais Lash décrit encore mieux qu'Attali cette Nouvelle Classe (et lui, c'est pour la dénoncer) :




Les élites contemporaines, explique Lash, ont ceci de particulier qu’à la différence de leurs devancières, elles ne se pensent plus comme le sommet d’une structure complexe, mais comme un élément extérieur à la structure formée par les peuples. Les élites ne sont plus ce qui est au-dessus, mais ce qui est séparément. La cause de cette évolution ? La déterritorialisation d’abord subie, ensuite acceptée, finalement recherchée par ces élites – une déterritorialisation qui s’achève, fort logiquement, dans la rupture de tous les réseaux de proximité à l’intérieur desquels les masses sont encore insérées, mais auxquels échappent désormais les élites. Elites qui constituent de nouveaux réseaux, étrangers à ceux constitués par le reste de l’humanité.
"La muflerie mondialisée consiste à croire que l'on est partout chez soi...à condition d'être riche bien sûr."

Mais c'est exactement ça, on se paye, avec de l'argent facile, des hôtels, des châteaux, des oeuvres d'art et, petit à petit on dépossède un pays de sa mémoire; en même temps on dénigre l'enseignement de l'histoire. Ne me dites pas que c'est une coïncidence !
21 novembre 2010, 23:51   Re : Debray vs Valéry
Citation
Pierre Henri
L'un des avantages de raisonner par analogie est de distinguer des ordres de réalité. La notion de frontière peut s'appliquer à la conscience (dualisme phénoménologique du sujet et de l'objet), au corps (la peau ou l'écorce), au territoire (la frontière). La notion de frontière s'enrichit donc des significations propres à chaque ordre. Il est surprenant d'entendre sur France Culture le type d'analogies organiques en vogue au XVIè s. pour légitimer le renforcement de l'Etat monarchique. Pourriez-vous expliciter le rapport que vous souhaiter établir entre la subjectivité jetée en prison hors d'elle-même et le territoire?

Disons, cher Pierre Henri, que la conscience est ce qui objective, paradoxalement, la distinction entre une extériorité spatiale considérée comme "territoire" et un soi corporel dont la frontière serait la peau ; ce faisant elle se situe donc dans un rapport de double extériorité à ce dont elle permet de représenter la séparation, enfermant le soi du "je" hors du corps dont elle affirme la distinction d'avec le territoire.
(Révérence parler, vous êtes vache, je vais encore me faire laminer...)
22 novembre 2010, 00:59   Lamellé-collé
La conscience est bien ce séparateur, comme vous l'expliquez me semble-t-il plutôt bien, cher Alain. J'entendais pour ma part l'intervention celle de Pierre Henri comme un questionnement rhétorique, celui de quelqu'un qui s'étonne d'entendre à France Culture une éminence grise du pays nous comparer toute frontière à un sac de jute, poreux comme l'enveloppe membraneuse d'une cellule vivante ou bien hermétique comme un sac poubelle; alors qu'il y a au moins trois ordres de frontière (rappelés ici par Pierre Henri) qui ne sont pas des membranes, qui peuvent être des espaces aux contours indéterminés et habités d'inconnu, comme la Frontière en Amérique ou celle aujourd'hui de l'espace extra-terrestre, notamment, ou une conscience séparatrice dynamique comme vous l'expliquez ou encore une enveloppe corporelle sans contiguïté avec aucune autre mais baignant dans un milieu lui-même sans frontière perceptible.

Aussi séduisantes soient-elles, les image employées par Debray sont fausses et illusoires, elles sont primitives, et il se peut qu'elles aient été délibérément conçues telles.

Ensuite il faut dire que le franchissement aisé des frontières par certains (la prétendue élite) ne vaut nullement affranchissement des frontières, qui sont plus nombreuses que jamais quand leur brouillage est lui-même illusoire. Les frontières d'antan présentaient cet avantage de la lisibilité et de faire coïncider typologies humaines et territoires; les franchissant, on savait à quoi s'en tenir, cartes et territoires coïncidaient. Aujourd'hui, des territoires se forment, des régimes de comportement (qui en deviennent des "lois non écrites", des lois coutumières) se constituent, des régions s'autonomisent au sein même d'anciens espaces ayant perdu leurs limites; les différents ordres de frontières (membrane, espace faisant milieu, conscience séparatrice) se conjuguent, se trament dans l'opacité et l'inchoation.
""Mais que faites-vous de "la fabrication du consentement" mis en oeuvre avec succès ? "
Oui, il me semble que rien ne peut être comparé à l'époque actuelle qui possède avec les médias la plus puissante machine à manipuler les individus et les peuples qu'on aie jamais connue !"

Et cependant, cette machine n'a jamais marché que sous la stricte férule de "l'audimat", autre nom du consentement (à mon avis, si manipulation des individus par les médias il y a, elle ne va, selon moi, dans le sens du "remplacisme" qu'en surface. Bien plus profondément, elle prépare les esprits (qui n'attendent que ça) à la guerre civile chronique.)

J'ai longtemps cru à la manipulation des masses. J'y crois de moins en moins. Tant que les peuples ne se révoltent pas (et ils sont les seuls à pouvoir le faire), je suppose que la situation leur convient globalement.
Pourquoi les gens croient à tant de conneries ? Il faut bien qu'on les leur ait enfoncés dans le crâne !
Et pourquoi ces "conneries" ne leur plairaient-elles pas ? Pourquoi, par exemple, la "télé-réalité" n'a-t-elle pas disparu comme elle l'aurait fait sans coup férir à la première chute d'audience ?
Vous avez raison, cher Orimont, je voulais dire qu'ils ne les avaient pas inventées.
"Bien plus profondément, elle prépare les esprits (qui n'attendent que ça) à la guerre civile chronique.) "
Là je suis entièrement d'accord., cher Orimont. J'ai toujours pensé que la logique des médias, surtout celle de la télévision, était la logique du pire. Sans se l'avouer, Ils rêvent, parce qu'elle assurerait facilement un audimat record , d'une guerre civile, sorte de jeux du cirque à l'échelle nationale. La Télévision est le moderne Moloch qui veut toujours plus de fureur, de sang et de larmes et pour lequel ses grands prêtres sont prêts à tout y compris à lui sacrifier et prostituer un peuple, le leur, qu'ils méprisent. Je suis à peu près sûre que les médias sont en grande partie responsables du climat d'hostilité qui règne en France et dans d'autres pays. I Et ils se grisent du mal qu'ils font parce que le faisant au nom des droits de l'homme, de l'antiracisme et de la tolérance, ils pensent qu'ils sont perçus comme moralement inattaquables. Cette conjonction de sadisme, de perversion, de cynisme et de tartufferie me semble n'avoir existé à une telle échelle, que dans les pires états totalitaires. On n'est pas si loin que ça de l'esprit de la république de Salo vue par Pasolini.
Il me semble aussi que les peuples laissés à eux-mêmes peuvent avoir des soubresauts de révolte mais qu'ils ne sont pas capables d'opérer de grands bouleversements. Pour cela il a toujours fallu , de Jeanne d' Arc à De Gaulle en passant par la révolution française , des personnalités très fortes qui ont pris en compte soit dans le but de les faire sincèrement aboutir soit dans le but de s'en servir afin de satisfaire une ambition personnelle , les aspirations du peuple. Il n'est que de voir l'exemple de la Russie soviétique : les Russes dans leur grande majorité n'en pouvaient plus . Pourtant en l'absence d'une personnalité forte qui les ait incités à en découdre avec le régime - Soljenytsine s'est cantonné dans son rôle d'écrivain et de penseur et non d'agitateur - le peuple n'a pas bougé. Le soviétisme s'est simplement effondré de lui-même.
« Le vertige du ghetto ne tarde pas à se manifester par des signaux plus explicites. On crève les pneus, on cisaille les câbles des téléphones de secours, on met le feu aux voitures. ces actes spontanés expriment la fureur qu'inspire tout ce qui est intact, la haine de tout ce qui fonctionne, laquelle est inextricablement mêlée à la haine de soi même. Les jeunes sont l'avant-garde de la guerre civile »Enzenberger
Nietzsche appelait cela le nihilisme
Citation
je suppose que la situation leur convient globalement.

Orimont ce que vous dites est juste mais il ne faut pas oublier que la "grande majorité" des gens en Occident vit dans une opulence certaine et cela surtout si vous la comparez aux conditions existantes dans le tiers-monde.

Au-delà du chômage ou des poches de pauvreté qui existent bien évidemment chez nous il n'en reste pas moins que la majorité des gens en Occident vit dans des conditions économiques qui leurs conviennent globalement et il suffit de faire un séjour dans un pays d'Afrique ou d'Amérique du sud pour comprendre la différence inouie qu'il y a entre nous et le reste du monde.

Les gens subissants les contre-coups du grand envahissement sont encore minoritaires alors pourquoi voulez-vous que les autres se révoltent ?

Ecoutez les gens parler entre eux;
- jamais la médecine n'a été aussi performante
- ils se racontent leurs vacances prises plusieurs fois par an et de plus en plus avec l'avion pour des destinations lointaines
- chaque famille posséde plusieurs véhicules automobiles, tout le monde a un téléphone mobile, et dans presque chaque foyer vous avez un ou plusieurs ordinateurs, tv à écran plat, etc.... etc... etc...

Ce sont bien sûr des biens matériels mais c'est seulement cela qui compte. Alors que leurs importent les tribulations des pauvres francais contraints de vivre dans les quartiers.

Les populations européennes sont sevrées et de toute facon écrasées par un mode de vie trépidant qui ne leur laissent aucun temps de réflexion car à peine arrivées à la maison elles se vautrent devant leur appareil de tv qui se charge de les distraire.
Cher Alain Eytan, faire le propre de l'homme d'une conscience qui serait un point opaque séparé d'un corps (le sien?) que l'espace séparerait des autres corps que des frontières sépareraient en collections anéantit les communautés vivantes (qui d'ailleurs n'ont rien à voir avec la promiscuité tapageuse, fêtarde et nécessairement multi ethnique des figurants attroupés pour la cause, photographiés puis placardés sur les panneaux d'affichage des municipalités progressistes). La plus large diffusion de l'oeuvre du philosophe Michel Henry pourrait boulverser notre siècle.
Cher Francis Marche, les frontières sont de nature multiple. Ce forum ayant une vocation politique, il faut concevoir (puis contempler pour pouvoir espérer, plus tard, habiter) les institutions qui rendraient au réel toute la richesse que vous évoquez. Pour poursuivre avec l'analogie-métaphore de la peau-écorce qui a sa place (et son charme) parmi les frontières concevables et effectives, et pour rendre une carte aux territoires, la figure du roi (dont je ne fais pas dans mes rêves éveillés une institution exclusive) s'impose. Je pense à l'essai de V. Volkoff,"Du Roi", en écrivant que le roi des champs et des forêts est présent (qu'il règne) en son pays comme le Christ en l'hostie. Vivre en seule démocratie (je ne suis pas anti démocrate, ne voulant exclure aucune aspiration humaine ou surhumaine et donc aucune constitution, ni aucune institution, mais les voulant hiérarchiser) érode vite la frontière-peau car la nation est un peuple souverain, elle n'est pas un territoire organique. Constatons que la France révolutionnaire passa aussitôt la peau du royaume et que les énarques aménagent un hexagone bordé d'une banane bleu.
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