Sachant que l'intégration des populations s'installant en France est aussi impossible qu'est inéluctable la poursuite de ce flux migratoire, il devient patent que toutes les politiques, les législations qui se mettent en place après avoir été pensées aujourd'hui en France se trouveront, dans l'avenir, confrontées à des situations nées de la présence de populations dont les fils et filles auront grandi dans des pays où ces politiques, ces dispositifs d'accommodement divers de leur présence en France, sont inconnus, et que ce décalage ne laisse guère présager une quelconque adéquation entre l'élaboration du futur ordre politique et social du pays et la réalité des réponses que l'installation de cet ordre suscitera chez ces populations qui n'en connaissent rien et qui ne sont nullement consultées (se trouvant aujourd'hui ailleurs qu'en France) dans son élaboration actuelle.
Et inversement: ces politiques auront été élaborées en France dans l'ignorance à peu près totale des modes de vie, de pensée, des coutumes, des traditions politiques des pays où naissent et grandissent ces futurs Français. Cette double inadéquation ne paraît pouvoir être corrigée qu'en faisant en sorte que les futurs grands commis de l'Etat français soient soumis à l'obligation, laquelle revêtant un caractère d'urgence, de recevoir leurs formations professionnelle dans ces pays d'où seront originaires les futurs Français et non sur le territoire français appelé à les accueillir à l'aveuglette et dans la méconnaissance de leur bagage culturel et meursal. Si la société française et ses cadres et superstructures institutionnels (les instances préfectorales, les mairies des grandes agglomérations, la magistrature etc.) doivent s'accommoder aux migrants et à leurs exigences culturelles et meursales, et non l'inverse, il n'est que logique que les décideurs et modeleurs de ces cadres reçoivent au moins une grande partie de leur formation professionnelle de futurs commis de la nation dans ces pays et non en France. C'est ainsi, et l'on s'étonne qu'un Jacques Attali n'ait pas encore pondu un rapport pour le préconiser, que l'ENA et les principaux IEP devraient être
déconcentrés, comme au dit, au Mali, en Côte d'Ivoire, en Turquie, en Ingouchie, en Chine, en Palestine et en Algérie en vue de frotter leurs étudiants aux réalités des pays d'où seront originaires leurs futurs administrés, tout en faisant connaître, par des campagnes de communication et de sensibilisation, à ces populations de futurs Français, les réalités de leur future patrie (laïcité, état de droit, etc.).
Un pays ouvrant ses frontières à l'immigration de masse indiscriminée et globale doit, comme on dit, se donner les moyens de réussir en allant au-devant des difficultés futures, et donc faire éclater ses propres cadres institutionnels à l'échelle planétaire: si la France appartient à tout le monde, et si le monde entier a le droit de la faire sienne, elle doit, pour accomplir ce beau programme, atomiser ses institutions sur l'ensemble de la planète.