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La perception de l'ethnie: un phénomène biologique

Envoyé par Francis Marche 
Utilisateur anonyme
27 novembre 2010, 21:46   Re : La perception de l'ethnie: un phénomène biologique
"Nous avons démontré avec notre étude que ce phénomène est universel et se retrouve chez tous les êtres humains",

Bof Francis, pas si content que ça... Vous n'auriez pas quelque chose de plus hard ?
Euh, si la spécialisation de la reconnaissance est une disposition dépendant du milieu, comme ce semble être le cas d'après l'article, et qu'elle apparaît réversible et adaptable si le milieu varie, il s'agirait plutôt d'une caractéristique culturelle, non ?...
En fait, et K va être encore plus content, pour en avoir le cœur net, il faudrait étudier les dispositions perceptives des visages dans des sociétés idéalement multi-ethniques, où l'heureux bambin côtoierait des faciès de tous types et couleurs avec une plus ou moins égale fréquence.
Pour le coup le slogan est déjà tout trouvé : « La diversité rend votre cerveau plus performant ! ».
Cher Alain, ce que nous dit ce petit article est que le paramétrage ethnique est un phénomène d'accommodation du cerveau, indépendant de la culture consciente et proclamée/revendiquée (xénophobique ou xénophilique). Si vous désignez ce processus physiologique d'accommodation (comme il y a par exemple une accommodation rétinienne à l'obscurité ou à la lumière) comme caractéristique culturelle, alors vous devez tout décaler d'un cran (d'un CRAN !) et commencer à parler de métaculture lorsqu'il s'agit du bourrage de crâne (de CRANe!) xénophobique, xénophilique, anti-raciciste, tel qu'il peut être orchestré par les agents idéologiques de la sphère socio-politique, éducative et médiatique.

S'il vous est arrivé de vous trouver dans un milieu humain ou social où vous êtes ethniquement minoritaire, je veux bien dire archi-minoritaire, vous découvrirez au bout de quelques jours ou quelques semaines que votre reconnaissance des visages et des physiognomies s'est affinée au point que vous ne percevez plus du tout, mais alors plus du tout, aucune sinité, nipponité dans les faciès qui vous entourent, seulement des personnalités, des psychologies qui vous sont depuis toujours familières dans leur vieille, ancienne et a-ethnique diversité. Ergo, la diversité n'est pas ethnique, elle ne l'est jamais, elle ne peut l'être. L'ethnie est une mêmeté, une uniformité constitutive de la toile de fond de l'existence. La seule diversité qui existe est celle des personnes, des personnalités, et des choix qu'elles opèrent dans l'agir et le comportement. La multi-ethnicité n'apporte qu'un brouillage de cette toile de fond, et donc un brouillage dans la diversité des personnes qui en profitent lâchement, à la faveur de l'habillage ethnique, pour disparaître, se soustraire à votre regard et à ses oeuvres de discrimination et d'intelligence d'une part, d'autre part pour s'introduire en force, se faire passer pour divers quand cette diversité n'est que fausse, un mécompte et une mascarade de la diversité naturelle des êtres.
Il me semble que le même phénomène existe pour la perception des patronymes : je croie que nous avons plus de mal à faire la distinction entre des noms qui ne font pas partie de notre culture ou de notre civilisation, et à associer ces noms à des visages.

Pour prendre un cas précis, je m'intéresse au cinéma et j'ai remarqué que j'avais parfois du mal à retenir et à ne pas confondre, par exemple, les noms des acteurs ou réalisateurs sud-coréens alors que je me rappelle plus facilement ceux venant d'Occident.
Utilisateur anonyme
28 novembre 2010, 12:18   Re : La perception de l'ethnie: un phénomène biologique
Pardonnez-moi mais même si la science disait le contraire (ce sont nos préjugés qui etc.) en quoi cela devrait-il changer nos principes (faire la différence entre notre peuple et les autres peuples)?
J'ai fait exactement la même constatation que Francis, aux Antilles et à la Réunion. Lorsque je suis arrivé il y a vingt ans à St-Denis-de-la-Réunion, ville multiethnique (Chinois, Indiens du nord, Tamouls, Malgaches, Comoriens, Africains, Blancs, Métis), je trouvais qu'au sein des communautés non-blanches tout le monde se ressemblait. Un an plus tard, le problème ne se posait plus, j'identifiais des personnes. Il en fut de même aux Antilles.
L'on devrait affirmer que l'ethnie a pour vocation d'être imperceptible comme l'air que l'on respire, elle n'a ni à être vantée comme un bien ni dénigrée comme un mal, ni être exaltée ni rabaissée; et elle ne doit surtout pas, pour continuer à jouer son rôle, imposer au regard le moindre bariolage artificiel, brouilleur d'identité véritable. C'est ce que j'avais ressenti en relisant ce roman autobiographique de Jacques Perret, le Caporal Epinglé, où le paysage ethnique du camp de prisonniers français est uniforme (à l'exception d'un ou deux Sénégalais) et où l'authentique, l'intéressante diversité des êtres est phénoménale, feuilletée, infinie, riche; ainsi de la biodiversité qui a besoin pour s'épanouir d'écosystème typés, intégrés, uniformément fonctionnels, bordés et ontologiquement arrêtés. L'exotisme ne fait qu'introduire une mascarade de diversité, une diversité dont l'être physiologique dans son milieu n'a point besoin. Sur ce plan, ce qui vaut pour la faune et flore vaut autant pour les humains. C'est l'avantage de ce petit article de poser certains jalons scientifiques à l'interprétation physiologique de la perception identitaire.
» ce que nous dit ce petit article est que le paramétrage ethnique est un phénomène d'accommodation du cerveau, indépendant de la culture consciente et proclamée/revendiquée (xénophobique ou xénophilique)

À mon sens, cher Francis, ce que dit cet article est que les facultés perceptives sont d'autant plus performantes dans la précision du déchiffrement de la "matière" du réel, et dans la puissance de résolution du percept s'y rapportant, selon qu'elles sont plus moins exposées à un environnement qui reproduit ces mêmes caractéristiques de la façon la plus fréquente.
L'article précise que si vous changerez de fréquentations, l'objet de cet ajustement perceptif se modifiera selon la variation du milieu. C'est donc une faculté cognitive "culturellement" modifiable (mais je suis d'accord, c'est une question d'acception), parce qu'elle n'est pas innée et que la décision d'aller vivre dans un pays peuplé d'un « "type racial" » différent, par exemple, n'est pas un fait biologique.
(Toutes les facultés du cerveau, sans aucune exception, sont biologiques dans leur processus ; les faits qui déterminent celles-ci et qui sont strictement liés et dépendants de l'environnement, sont en règle général dits "culturels".
Mais bon, comme dirait Didier...)

Mais il me semble que le "paramétrage ethnique" ne disparaît pas pour autant, puisque vous pourrez toujours faire la différence générique entre des traits morpho-raciaux différents, tout de même?
Autrement dit, l'enrichissement d'une catégorie subsomptive générale de sous-catégories plus spécifiques n'oblitère pas pour autant les spécificités moins nombreuses de la première, comme le fait de pouvoir distinguer de multiples occurrences de neige n'empêche pas d'être encore capable de distinguer celle-ci de la pluie ?
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