Comme j'aime la Suisse, certains soirs de votation :
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Les naturalisations par les urnes sont rejetées par 63% des voix
VOTATIONS FEDERALES. Les naturalisations par les urnes sans possibilité de recours appartiennent bien au passé. Le peuple a balayé dimanche l'initiative de l'UDC par 63,8 % des voix. A l'exception de Schwyz, tous les cantons, y compris ceux qui connaissaient cette pratique, ont dit «non».
Dimanche 1 juin 2008 16:30
ATS
Seuls un peu plus de 800'000 Suisses ont soutenu les démocrates du centre dans leur tentative de court-circuiter le Tribunal fédéral (TF). A l'instar des autres grands partis et des autorités, quelque 1,4 million de citoyens ont préféré privilégier une procédure respectueuse de l'Etat de droit, qui comprend l'interdiction de l'arbitraire et de la discrimination.
L'opposition la plus virulente à l'octroi du passeport helvétique par scrutin populaire est venue de Suisse romande, où cette tradition est inconnue. Genève, célèbre pour sa forte proportion d'étrangers, arrive en tête, avec 82,1 % de «non». Ce canton est talonné par Neuchâtel (82 %), Vaud (81 %) et le Jura (80,2 %).
Le texte de l'UDC a été repoussé par les trois quarts des votants en Valais (75 %) et à Fribourg (73 %). Les Bernois n'en ont pas voulu par 63,3 %.
Outre-Sarine, le rejet est également net dans les cantons les plus urbains. La palme revient à Bâle-Ville, avec 71,5 %. Il a dépassé les 60 % à Zurich (60,7 %) et à Bâle-Campagne (64,8), ainsi que dans les Grisons (65 %).
Emmen se distingue
Le canton de Lucerne, d'où est partie l'affaire des «recalés d'Emmen», a dit «non» à 55,7 %. Cette commune se distingue toutefois: près de 51,2 % des votants y ont suivi l'UDC dimanche.
Se prononçant sur le refus opposé par les citoyens aux candidats d'origine balkanique, le TF avait déclaré en 2003 les naturalisations par les urnes inconstitutionnelles faute de motivation. Outre Emmen, cette pratique n'existait auparavant que dans moins de 5 % des communes, toutes alémaniques.
Sans grande surprise, l'initiative populaire a suscité le plus de sympathie dans les cantons réputés conservateurs de Suisse centrale et orientale. Schwyz l'a même acceptée, avec 59,9 % des voix. Avant la remise à l'ordre du TF, 25 communes sur 30 naturalisaient par les urnes dans ce canton.
Le texte n'a été rejeté que de justesse à Nidwald, avec 50,9 % d'avis négatifs. Suivent Thurgovie, Glaris, St-Gall et Appenzell Rhodes-Intérieures, avec moins de 52 % de «non». Les opposants étaient 57,9 % au Tessin.
Et pour revenir à un ancien fil - où j'indiquais que les décisions des juges constitutionnels ont besoin de s'appuyer sur un consensus démocratique pour s'imposer -, je trouve dans cette votation une belle démonstration, puisque la majorité des citoyens ont soutenu le point de vue du Tribunal fédéral qui avait jugé inconstitutionnel que l'octroi de la nationalité helvétique soit accordée par une décision populaire sans aucune possibilité de recours (les conservateurs considéraient pour leur part que l'octroi du passeport suisse n'est pas un droit et que la décision ne pouvait donc pas être contrôlée d'un point de vue juridique et constitutionnel).