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Communiqué n° 1142 : Sur un appel de M. Roland Castro

Communiqué n° 1142, lundi 6 décembre 2010
Sur un appel de M. Roland Castro

Le parti de l'In-nocence est totalement opposé à la substance d'un appel de M. Roland Castro, architecte et urbaniste, qui voudrait que fussent aménagées (sous-entendu : pour l'habitation) les zones inondables d'Île-de-France. « Le principe de précaution nous prive du meilleur du territoire », déclare-t-il. On aura rarement entendu si concise et si percutante défense du principe de précaution.

Le parti de l'In-nocence constate que la réflexion de M. Castro part de l'observation selon laquelle « d'ici vingt ans, la région Île-de-France comptera quatre millions d'habitants de plus ». C'est à ce désastre qu'il convient de ne pas se résigner, en luttant contre la poursuite de l'expansion démographique et de l'immigration. M. Castro appelle de ses vœux un monde devenu entièrement banlieue, semblable à ce que lui-même et ses semblables ont déjà largement créé sur une si grande part du territoire. De ce territoire il réclame à présent « le meilleur ». Le lui refuser est une opération de salubrité publique.
Pitoyable Castro, qui ferait n'importe quoi pour exister encore un peu.
Il reste fidèle à ses délires, Castro...
Roland Castro existe, ne vous en faites pas pour lui : il possède une des plus actives et prospères agences d'architecture de France.
Oui-da, cher Marcel ! Mais ce n'est pas tant son activité que je visais (encore que du "Grand Paris", par exemple, il y aurait à dire) que sa personne. Cette énième gesticulation n'est peut-être pas sans lien, par exemple, avec la sortie de ses "mémoires", voici quelques semaines. Cela dit, ce monsieur n'occupe pas mes pensées plus que cela, hein...
J'avais acheté par curiosité un livre consacré au Grand Paris où étaient exposées toutes les propositions d'architectes, dont M. Roland Castro. Il faudrait que je le retrouve dans mes piles, car il y avait de ces perles...
Utilisateur anonyme
07 décembre 2010, 12:28   Re : Communiqué n° 1142 : Sur un appel de M. Roland Castro
Une question : d'où sortent ces "quatre millions d'habitants de plus"…?
Communiqué remarquable. J'apprécie "C'est à ce désastre qu'il convient de ne pas se résigner".
En fait le Parti de l'In-nocence ne devrait se résigner à aucune des nocences, dont la démographique
est la pire. Non à la résignation, non à la politique du fait accompli. Tant que le fait n'est pas entièrement
accompli, refusons, expliquons, argumentons, luttons. Non à ces quatre millions d'habitants en plus. Oui,
à une France équilibrée, modérée, respectueuse de son histoire, de ses paysages, de son équilibre
démographique. Puisque ce M. Castro est bien en vie et prospère (et, reconnaissons-le, fidèle à ses
idéaux d'un certain 68, je dis bien d'un certain 68 car j'estime de mon côté que 68 était aussi un
mouvement aristocratique), puisqu'il est en vie, donc, écrivons-lui, disons-lui notre profond désaccord
et notre mépris pour cette France surpeuplée, défigurée, ravagée où il ne voit aucun inconvénient à ce
que nous vivions dans 20 ans.
Demandons-lui au passage d'aller s'installer lui-même en zone inondable.
Le Grand Paris ? Une idée géniale : des parcs humains verticaux, plutôt qu'horizontaux.
Je crois que ce n'est pas le bon angle d'attaque, cher Orimont. Les solutions auxquelles Roland Castro fait allusion existent, elles sont actuellement développées par les Néerlandais, sous la forme notamment de maisons capables de flotter en cas d'inondation (tout en restant amarrées). Quant à l'autre solution dont il parle, plus traditionnelle, je la connais bien. J'ai habité presque vingt ans dans une maison située dans une île de la Seine ; elle a été construite dans les années 1860-1880 avec un rez-de-chaussée inondable, comme toutes les maisons anciennes de l'île : les surfaces habitables commençaient au premier étage. Castro évoque donc ici une tradition assez ancienne et qui a bien fonctionné. En revanche, après guerre, on a non seulement construit beaucoup dans les zones inondables mais on l'a fait sans ces précautions, et de plus, on a souvent aménagé les rez-de-chaussée de ces maisons anciennes en surfaces habitables principales, d'où les catastrophes que chacun a en mémoire.

Vous imaginez bien bien que je ne plaide pas pour la croissance de la population ni à Paris ni ailleurs, mais nous devons nous garder du travers des Verts qui brandissent souvent des visions catastrophistes, apocalyptiques, pseudo-scientifiques qui finissent par être démenties par la réalité et sont donc contre-productives. L'inflation démographique et le devenir-banlieue généralisé du monde doivent être combattus sans merci, pour des raisons éthiques, esthétiques, civilisationnelles, et non parce qu'ils seraient impossible. Toutes les projections démographiques concordent pour estimer que la terre comptera grosso modo neuf ou neuf milliards et demi d'habitants lorsque la transition démographique sera partout achevée, sans doute dans un siècle. C'est tout à fait possible dans des conditions de vie du même type que celles qui ont cours aujourd'hui. Mais c'est inacceptable parce que catastrophique pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la simple possibilité matérielle, mais tout avec la civilisation. Sans compter que cette évolution de la population conduira à marginaliser numériquement les populations européennes ou d'origine européenne, ce qui n'est pas non plus à mon sens une perspective souhaitable.
La situation que Marcel nous décrit peut être observée à Castres, où les maisons en bord d'Agoût ont un rez-de chaussée traditionnellement consacré à des activités de production, qu'on déplace facilement en cas de crue :

[fr.academic.ru]

Un exemple de même nature peut être observé au Boulou, dans les Pyrénées-Orientales, où, là encore, les espaces habitables sont à l'étage et les remises au rez-de-chaussée :

[www.jtosti.com]


En fait, la construction en zone inondable est très traditionnelle, voir par exemple, pour Paris, la carte de la crue de 1910 :

[www.geoportail.fr]

Et celle de la grande crue de Toulouse de 1875 (vous avez à l'intérieur de l'hôpital de la Grave une plaque, à mi-hauteur de la chapelle, qui montre le niveau de cette crue qui noya Saint-Cyprien) :

[www.haute-garonne.gouv.fr]

Sauvegarder toute zone inondable est un rêve d'écologiste délirant, car on peut toujours retrouver la crue du crétacé, dont nul ne sait si elle ne reviendra pas.
Je plaisantais, cher Marcel. Ce que vous et Jean-Marc rappelez est exact. Cependant, je suis prêt à parier une inondation contre un verre d'eau minérale que M. Castro ne s'installera pas[/i en zone inondable.
Je suis en faveur de la sauvegarde des zones inondables (définies selon le climat actuel), sauf dans les cas d'habitat urbain traditionnel, mais pour des raisons qui n'ont rien à voir avec un principe de précaution. Le principe de précaution n'empêche pas de construire dans les zones inondables si on le fait habilement, le principe d'in-nocence à l'égard de la nature, lui, l'empêche absolument.
Castro je ne sais pas mais je connais deux architectes qui habitent dans des péniches.
Les phénomènes liés aux modifications des populations dans l'espace sont complexes et font l'objet de beaucoup d'idées reçues.

Il y a eu, en réalité, beaucoup de transferts internes qui sont , pas leur ampleur, sans commune mesure avec l'augmentation générale de population.

Quelques indications marquantes :

- les "hypercentres" se vident au profit des bureaux ou des logements cossus, les pauvres en sont chassés. La population des neuf premiers arrondissements parisiens est ainsi passée de 777 647 habitants en 1872 à 363 813 en 2006 ;

- les villages reculés ont été vidés de leur population. Le fameux Tarnac est passé de 1 990 habitants en 1856 à 327 en 2007.;

- de même, les départements ruraux se sont effondrés. La Lozère est tombée de 150 768 en 1880 habitants à 76 880 en 2006, l' Aveyron de 412.074 en 1901 à 264.987 en 2000 ;

- dans le même temps, les villes importantes ont vu leur population s'envoler. Je prends à dessin Rennes, qui ne compte que peu d'immigrés, qui est passée de 39.505 habitants en 1851 à 209.613 en 2006, et l' autrefois modeste Quimper qui a bondi de 10 904 habitants en 1851 à 64 902 en 2006.

Les mouvements sont parfois croisés, c'est à dire que des périodes différentes se succèdent.

La Bretagne est passée de 2 559 398 habitants en 1901 à 2 338 803 en 1954, pour se retrouver à 3 080 990 en 2006.


On voit donc que, même dans un contexte où la population serait stabilisée et l'immigration tarie, de très vastes mouvements de population continueraient à avoir lieu, abandonnant des espaces ici pour en occuper ailleurs.
07 décembre 2010, 15:36   Vision de rêve
Le paradis, n'est-ce pas ? Il est vrai que la hideur de l'ensemble (c'est peut-être LA solution) fait beaucoup mieux passer la présence de l'éolienne...

Le mariage de la laitue et de la frisée.
Vision de cauchemar, variante de la méditation verlainienne de la mort ? Ah, les reflets ! J'entends à tous les étages la mélodie de Debussy :

L'ombre des arbres dans la rivière embrumée
     Meurt comme de la fumée,
Tandis qu'en l'air, parmi les ramures réelles,
     Se plaignent les tourterelles.

Combien, ô voyageur, ce paysage blême
     Te mira blême toi-même,
Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées
     Tes espérances noyées !
Tenez, Jean-Marc, puisque vous parlez de Rennes :

[www.rennes.maville.com]
Utilisateur anonyme
07 décembre 2010, 19:11   Re : Communiqué n° 1142 : Sur un appel de M. Roland Castro
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
07 décembre 2010, 20:31   Re : Communiqué n° 1142 : Sur un appel de M. Roland Castro
Je me demande si les communiqués du PI ne gagneraient pas à être relus par Marcel Meyer et Jean-Marc...
Ah, bien, très bien, effectivement, l'observatoire est un département plutôt rapide !
J'avoue n'y avoir fait qu'un saut de temps en temps - A la vérité, je croyais me souvenir avoir vu quelque part que les nouveautés s'afficheraient en rouge... mais je suis un peu dépassé par les événements, qui se bousculent ces derniers temps.
Je suis absolument solidaire de ce communiqué en faveur duquel j'ai voté sans états d'âme.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2010, 23:40   Re : Communiqué n° 1142 : Sur un appel de M. Roland Castro
Citation

Le principe de précaution n'empêche pas de construire dans les zones inondables si on le fait habilement, le principe d'in-nocence à l'égard de la nature, lui, l'empêche absolument.


Certes, certes, cher Marcel Meyer. C'est très très bien la solidarité. Il n'empêche que je regrette que cette belle phrase ne figure pas dans le communiqué.
Oui, moi aussi. C'est que, voyez-vous, elle a été écrite dans l'escalier.
Mais justement, Marcel, ce qui différencie l'écriture de la conversation n'est-il pas le fait que la première ne connaît pas l'esprit de l'escalier ? Rousseau nous parle de cela, et je crois qu'on nomme cette action "relire".
L'esprit de l'escalier s'est introduit dans l'écriture par "clic" interposé. Trop tard, c'est envoyé !
Oui Orimont, mais, vous savez, les paroles s'envolent et les écrits restent, ils restent tellement bien qu'on peut les modifier... clic...clic...
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