Je me rappelle avoir lu dans Renaud Camus que celui-ci considérait que les derniers légataires véritables de la culture française qu’ils eût entendus à la radio et dont il admirait l’obstination à faire encore des phrases qui se tiennent, hommes dont la syntaxe irréprochable attestait qu’ils connaissaient leur langue, étaient, entre autres, Marc Fumaroli et Jean-Yves Tadié (ce devait être dans le
Journal, mais de quelle année ?...). (Bien sûr, il n’allait pas se citer lui-même à leur suite, bien qu’il le méritât amplement).
Eh bien, il me semble qu’il faille rajouter aux noms de ce petit cénacle celui de Nicolas Grimaldi, que j’ai toujours entendu parler une langue absolument impeccable, tant et si bien que la dernière fois (il était reçu par Alain Veinstein, le soir, sur France Culture) j’en avais presque le souffle coupé. Cet homme ne sait pas ce que signifie « chercher ses mots », encore moins bredouiller. Ses phrases, aussi longues qu’elles puissent être, qu’elles contiennent ou non un grand nombre d’incidences, sortent de sa bouche toutes prêtes à imprimer. Aussi haut qu'elles s'élèvent, elles n'en retombent pas moins sur leurs pieds et sans le moindre heurt. La moindre liaison est faite ; la syntaxe ne semble pas pour cet homme une contrainte fâcheuse imposée à son désir d’expression, mais le véhicule naturel de sa pensée.
Je ne connais pas l'oeuvre de cet homme (je crois néanmoins savoir qu'il affectionne la forme du
traité philosophique), mais diable ! l'écouter m'a donné envie d'en savoir un peu plus...