Le site du parti de l'In-nocence

"A droite toute"

Envoyé par Michel Le Floch 
13 décembre 2010, 13:13   "A droite toute"
]Le président de l'In-nocence s'exprime dans la dernière livraison du Nouvel Observateur :
[bibliobs.nouvelobs.com]
13 décembre 2010, 13:16   Re : "A droite toute"
"N. O. - Vous avez de l'argent pour votre campagne ?

R. Camus. - Pas un sou. Je n'y avais même pas pensé."



Délicieux.
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 13:18   Re : "A droite toute"
Magnifique photographie.
13 décembre 2010, 13:27   Re : "A droite toute"
Pas le sou... et Boursier alors !
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 13:29   Re : "A droite toute"
(Message supprimé à la demande de son auteur)
13 décembre 2010, 13:30   Re : "A droite toute"
Il y a une sorte de panache à refuser d'émettre quelque avis que ce soit sur les sujets les plus futiles. Regardez, le pays croule, la France s'efface pour ne devenir plus qu'un mot, qu'une froide convention, et les Français ne sachant plus qui ils furent ne savent plus qui ils sont ni quel avenir sera le leur, l'Europe se coupe les veines en guettant les regards approbateurs de ceux d'en face, et vous voudriez que je vous parle... de quoi, déjà ? du bridage des voitures ?
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 13:33   Re : "A droite toute"
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 13:34   Re : "A droite toute"
Je ne résiste pas à ce mariage de la poésie et de la politique.

" Boursier " peut se comprendre également comme celui qui reçoit une bourse étatique ! Il s'avère que j'ai acheté mes premières actions à l'âge de douze ans. L'originalité me manquait alors pour me trouver une passion. A titre informatif, je crois beaucoup au potentiel financier d'Oeneo.
13 décembre 2010, 13:35   Re : "A droite toute"
Oui, c'est très curieux, comme l'était l'entretien récent avec l'Express.
13 décembre 2010, 13:40   Re : "A droite toute"
Cela ne m'étonne pas : le discours de l'In-nocence, clairement expliqué, est à mon avis assez largement partagé (ou, du moins, il est considéré comme recevable car les interlocuteurs se rendent compte qu'il y a bien des vérités).

D'où l'intérêt à ce qu'il soit développé et non simplement résumé, et qu'il conserve un côté peu agressif (in-nocent, donc) et courtois, et qu'il pose des questions et ouvre des pistes plus qu'il n'assène des solutions toutes faites.
13 décembre 2010, 13:46   Re : "A droite toute"
Jacques Drillon est un grand contempteur de la Grande Déculturation dans le domaine musical. Cela créé des liens.
13 décembre 2010, 13:50   Re : "A droite toute"
C'est un virgulologue, aussi, non ?

13 décembre 2010, 15:17   Re : "A droite toute"
Le titre "à droite toute" est, je suppose, de la rédaction du Nouvel Observateur, ce qui atteste dans ce lieu où l'on est censé penser une grande confusion intellectuelle ou une incapacité à regarder le monde tel qu'il est, sans avoir chaussé au préalable les lunettes idéologiques à verres épais et déformants. Le titre aurait pu (et même dû) être, tout aussi bien et avec plus de pertinence peut-être, "à gauche toute", car la défense de la citoyenneté, la volonté de ne nuire à autrui, le projet d'instruction publique, etc. ont longtemps nourri la gauche (France, Péguy, Condorcet, entre autres) en France et dans le monde. Depuis que la gauche n'est plus à gauche ni la gauche, les positions historiquement de gauche sont étiquetées - cela va de soi - "de droite".
13 décembre 2010, 15:38   Re : "A droite toute"
La niaiserie du titre m'avait frappé aussi. C'est une constante de la presse française : les titres (et les chapeaux) sont ce qu'il y a de plus imbécile, et de plus platement conformiste en elle, et, même lorsqu'il y a dans un article des choses intéressantes (c'est-à-dire un petit reflet du monde réel), le titre s'arrange pour le ramener dans le droit chemin. De plus, ils sont souvent très mal écrits et parfois même tout à fait absurdes. J'imagine qu'on choisit les titreurs avec un soin particulier.
13 décembre 2010, 16:30   Re : "A droite toute"
Voilà le titre qu'il aurait fallu mettre :

[www.flickr.com]
13 décembre 2010, 16:30   Re : "A droite toute"
Citation
car la défense de la citoyenneté, la volonté de ne nuire à autrui, le projet d'instruction publique, etc. ont longtemps nourri la gauche (France, Péguy, Condorcet, entre autres) en France et dans le monde.

Qui aurait cru il y a 40 ans que de défendre la citoyenneté, la qualité de l''instruction publique, etc... seraient un jour classés à droite ?

Les positions de RC sont pour l'essentiel celles que la gauche défendait il y a encore quelques décennies.
13 décembre 2010, 16:50   Re : "A droite toute"
C'est un très bel article, qui rejoint, à son insu sans doute, et outre la réflexion sur la musique elle-même, beaucoup de thèmes camusiens comme le repli dans les catacombes, les chemins de traverse, la banlocalisation du monde, l'inculture de la classe politique, la faillite de l'école...
13 décembre 2010, 17:07   Re : "A droite toute"
On se demande en effet pourquoi cet homme n'est pas encore membre du parti de l'In-nocence et l'on comprend mieux la relative bienveillance de son entretien avec Renaud Camus. Mais que diable fait-il dans la galère néo-observatrice ?
13 décembre 2010, 17:19   Re : "A droite toute"
On se demande ce qui se passerait en mathématiques si le professeur partait «de ce qu'ils connaissent». Il n'irait pas loin. Pour le professeur de musique, l'élève doit être apprivoisé (comme une bête sauvage), ménagé (comme un malfaiteur), courtisé (comme un client). Ce n'est plus de la pédagogie : c'est de la trouille. En sorte qu'au bout de quatre malheureuses années de collège, à raison d'une heure de cours par semaine, l'élève est rendu à son ignorance originelle, vierge de tout viol intellectuel. Les 37 heures annuelles qu'il aurait pu consacrer à la musique sont dilapidées. La seule chance de survivre, pour le professeur lambda, c'est le plaisir facile. Or la musique procure un grand plaisir, mais difficile, dans l'écoute comme dans la pratique, et qui ne se gagne qu'à force d'attention, d'exigence et de travail. En les abandonnant à «ce qu'ils connaissent», nous laissons les enfants en proie à l'ennui, au ricanement, au désespoir.

Oui, très beau, très triste ; merci cher Petit-Détour.
13 décembre 2010, 17:26   Re : "A droite toute"
Marcel,

Les personnes qui partagent le propos général de l'In-nocence, que je comprends comme étant le civisme, la civilité, l'amour de la civilisation, l'urbanité, et le respect de la parole ne souhaitent pas forcément être membre d'un parti.

Ce sont des valeurs qu'on peut s'évertuer à défendre sans pour autant appartenir à une organisation.

Je vais prendre un exemple concret, de l'ordre le parabole (ou de la métaphore).

Pour protéger votre maison, vous pouvez mettre des grilles, des serrures, des alarmes. N'importe quel serrurier, n'importe quel policier vous expliquera que cela est inefficace si les malandrins sont décidés et bien informés. Une serrure "tient" moins d'un quart d'heure. En revanche, si vous avez des voisins vigilants, avec qui vous n'êtes pas en bons termes mais qui sont honnêtes, et si les malfaisants rôdant autour de votre demeure voient que des ombres s'arrêtent derrière les rideaux de la maison voisine et que ces rideaux se soulèvent un peu, alors ces malfaisants peuvent être tentés d'aller voir ailleurs, surtout si votre chienne aboie à leur approche.
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 17:59   Re : "A droite toute"
Renaud Camus déclare que l'obtention des 500 signatures est une tâche moins difficile qu'il le pensait. Pensez-vous que ses chances d'atteindre le nombre requis soient réelles? Je me permets de vous poser cette question car la lecture de cet entretien m'a donné envie de m'inscrire à nouveau sur les listes électorales.
13 décembre 2010, 18:08   Re : "A droite toute"
Point n'est besoin etc.

Et d'ailleurs nous y croyons. N'oubliez pas de vous inscrire sur les listes électorales.
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 18:19   Re : "A droite toute"
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 18:47   Re : "A droite toute"
"Français de l'étranger", comme le dit cette peu agréable expression (mais nous pouvons élire un sénateur, et le président je crois), je vais essayer de me faire inscrire sur les listes électorales:
"N. O. - Vous avez de l'argent pour votre campagne ?
R. Camus. - Pas un sou. Je n'y avais même pas pensé."
Ahhhh.... Un président comme cela, ou au moins un candidat...
13 décembre 2010, 18:53   Poly ou monographes ?
Simple question pratique que je me suis souvent posée (en dillettante) : un élu peut-il accorder sa "signature" à plusieurs impétrants ?
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 18:53   Re : Poly ou monographes ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
13 décembre 2010, 19:01   Re : "A droite toute"
Cher Christopher, je vais m'inscrire sur les listes électorales mais je pense qu'il vaut mieux ne pas ébruiter cette histoire de signatures. Si notre candidat était près (quand notre candidat sera près) d'en obtenir le nombre requis pour se présenter et si cela se savait prématurément, alors commenceraient les pressions (notamment du FN) pour dissuader les parrains.
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 19:54   Re : "A droite toute"
Très bien. Comptez sur ma discrétion. J'ai voulu poser cette question car je ne comptais pas participer au scrutin.
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 20:07   Sorti de l'ombre
Puisqu'on en est aux confidences : je vais moi-même m'inscrire sur les listes électorales après m'être inscrit au parti de l'In-nocence. Il me semble avoir été jusqu'à aujourd'hui dans la même situation que Renaud Camus depuis 2002, quand il a décidé de fonder ce parti : ne pas pouvoir voter pour qui que ce soit, ne se reconnaître en aucun des candidats. Et, dans mon cas, se désintéresser de la politique en n'y voyant pas vraiment d'intérêt puisque, de proche en proche et quel que soit le gouvernement, le désastre si bien décrit ici-même ne cessait de s'étendre, inexorablement.

Le Parti de l'In-nocence n'est pas une anecdote, en effet. Il fait partie des derniers rochers auxquels s'accrocher et il faut que chacun de ses sympathisants considère bien tout le chemin déjà parcouru via ce forum depuis quelques années, et tout le chemin qui s'ouvre grâce au concept d'In-nocence.

Je n'ai malheureusement pas la culture suffisante pour participer de façon féconde à ce qui s'élabore ici, mais j'essaie et j'essaierai toujours plus à l'avenir — par mon adhésion et quelques menus services — de promouvoir l'In-nocence, et rendre possible un vote prochain en sa faveur.

Après mûre réflexion (car je partage le principe de non divulgation de son identité sur Internet évoqué par Jean-Marc sur un autre fil) j'ai décidé de signer mes interventions de mon vrai nom.

Julien Beau, aka 'Iskios.
13 décembre 2010, 20:10   Re : "A droite toute"
'Iskios,

Vous avez au moins de l'esprit : les gens de l'ombre ne pensent pas forcément à se nommer Iskios.
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 21:56   Re : "A droite toute"
Merci Jean-Marc.

Je ne sais si j'ai de l'esprit, mais je sais qu''Iskios en a un.
13 décembre 2010, 21:57   Génération Wikiliks
- "je pense qu'il vaut mieux ne pas ébruiter cette histoire de signatures."

- "Comptez sur ma discrétion."
13 décembre 2010, 22:09   Re : "A droite toute"
Vous noterez que l'esprit figurait dans ma première ligne, mais qu'il a disparu dans la seconde puisqu'il était dans le texte même...
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 22:27   Re : "A droite toute"
J'ai bien peur que vous ne preniez pour une correction ce qui n'était qu'un trait d'esprit...
D'autant que je suis bien mal logé pour me permettre de vous reprendre alors que j'ai déjà montré les limites de ma maîtrise de la langue. Je me vois donc désolé de n'avoir pas su tourner ma phrase pour y ôter toute ambigüité.
13 décembre 2010, 22:32   Re : "A droite toute"
Julien,


Je ne mettais aucune malice dans mon propos, bien au contraire, et pour ce qui est des corrections, je les accepte volontiers si elles sont bienveillantes.

J'ai vu que vous aviez compris mon allusion à l'esprit, je voulais simplement voir si vous aviez noté sa disparition du moment qu'il était écrit. L'ambiguïté, qui est un de mes traits majeurs, était trop poussée dans ma phrase.
13 décembre 2010, 22:38   Re : Génération Wikiliks
Cher Julien Beau,

Comme vous avez répondu dans le fil du sujet : "Génération Wikiliks", il est possible que vous vous adressiez à moi. Permettez-moi alors de vous demander quel sens précisément vous donnez au mot "correction", dans votre message ?
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 22:52   Re : "A droite toute"
Cher Jean-Marc,

L'ambiguïté — puisque vous semblez préférer cette graphie — de votre premier trait aura été l'inspiration inconsciente du mien. Je n'ai donc aucun mérite, si ce n'est d'avoir vu effectivement la disparition de l'esprit...
13 décembre 2010, 22:54   Re : "A droite toute"
Il est tout de même comique que le livre de Jacques Drillon sur la ponctuation soit justement publié dans une collection qui a pour habitude (pour quelle raison, je me le demande ?) de ne pas mettre, sur la première de couverture, de majuscule au titre de l’œuvre.

L’entretien est charmant, à part le « ils professe ». Il est agréable de voir que la politique puisse encore, pour certains, avoir partie liée avec le savoir-vivre et la poésie.
Utilisateur anonyme
13 décembre 2010, 23:00   Re : "A droite toute"
Pardonnez-moi cher Orimont mais j'ai commis une erreur en reprenant votre titre, merci de votre correction.
14 décembre 2010, 14:58   Re : "A droite toute"
Article excellent. L'auteur d'un remarquable Traité de la ponctuation ne peut être entièrement hostile à l'in-nocence, même si ses convictions ne sauraient paraître au grand jour. Le ton mesuré et l'intelligence des questions posées me paraissent le signe d'une certaine compréhension ou même d'un début de connivence. Le titre A droite toute est sans doute de la rédaction, mais il n'a rien pour faire peur aux sympathisants de l'in-nocence. En effet, il faut accepter de se situer selon les critères ordinaires très à droite, ne serait-ce que pour défendre et protéger ce qu'on nous présentait (peut-être à tort) il y a vingt ou trente ans comme des valeurs de gauche : le droit à une sexualité personnelle déliée des interdits de la morale courante, le droit pour les femmes de faire autre chose que de traîner misérablement, le visage voilé, des voitures d'enfant à travers les rues, le droit de rester sans descendance, celui aussi de passer toute chose au crible de l'intelligence et de la raison, celui de refuser la force, la ruse et le grégarisme comme règles de conduite quotidienne, celui de ne jamais mettre en veilleuse son esprit critique dans les affaires de la cité.

Cela dit, la réponse à la question de Jacques Drillon : Qu'est-ce qui vous différencie d'un banal homme de droite ? me paraît un peu faible (même en tenant compte des simplifications liées à l'exercice journalistique). En effet, l'une de ces différences serait : "le souci plus vaste que chacun puisse devenir celui qui est en lui ou en elle".

Là, nous flirtons un peu avec le langage de bois, non ? Remarquez, c'est le signe que l'in-nocence devient un "vrai" parti politique. Car il me semble que tout parti de droite comme de gauche pourrait en dire autant. C'est très bienveillant et cela ne mange pas de pain ! Mais c'est un peu risqué dans le cas de l'in-nocence, qui épingle aussi le "soi-mêmisme" comme calamité de notre époque... En tant que sympathisant, je comprends bien que le souci que chacun puisse devenir soi et le soi-mêmisme ne sont pas du tout la même chose. Loin de là, puisque "soi" il faut le devenir par l'imposition d'une forme, d'un travail, par le recours à ce qui est autre. Pour des lecteurs moins initiés la distinction n'irait pas de soi. Et l'on pourrait taxer l'in-nocence de contradiction avec elle-même.

D'autant plus que bien d'autres facteurs - ne serait-ce que le profond souci écologique, le plaidoyer en faveur d'une stricte décroissance démographique - différencient plus nettement encore l'in-nocent d'un banal homme de droite.
14 décembre 2010, 16:11   À propos de Jacques Drillon
Citation
Marcel Meyer
Mais que diable fait-il dans la galère néo-observatrice ?

Peut-être pour les mêmes raisons qui font qu'un ouvrier pacifiste travaille néanmoins dans une usine d'armement : parce qu'il a pris la sale habitude de se nourrir deux fois par jours, qu'il a un loyer mensuel, que ses enfants réclament des playstations, que sa femme… etc.
14 décembre 2010, 17:21   L'Anti-Genêt
Oui... mais d'autre part, le type Jean Genet qui n'avait ni enfants, ni femme qui mange comme quatre et réclame des wii (j'en connais), et qui de surcroît vivait à l'hôtel (pas de loyer mensuel), en prônait le vol, la trahison et l'assassinat, alors à tout prendre, mieux vaut conseiller à M. Drillon de continuer dans la galère néo-observatoresse en oeuvrant en sous-main à l'in-nocence. Le joug de la contrainte, de l'ennui, de la médiocrité quotidienne et la veulerie en touches légères ont leur mérite pour qui tient à durer en société. Les leçons d'abnégation et de maintien dans le contraste à soi-même, parce qu'elles vont à rebours des manières du temps, ne sont pas sans grandeur ni même sans mystère.
14 décembre 2010, 18:23   Re : "A droite toute"
Francis,

Je lis :

Le joug de la contrainte, de l'ennui, de la médiocrité quotidienne et la veulerie en touches légères ont leur mérite pour qui tient à durer en société. Les leçons d'abnégation et de maintien dans le contraste à soi-même, parce qu'elles vont à rebours des manières du temps, ne sont pas sans grandeur ni même sans mystère.

C'est remarquable. Je crois voir dans la première phrase un résumé de l'Éducation sentimentale.
14 décembre 2010, 18:35   Re : "A droite toute"
Ah bon ? J'ai lu l'Education sentimentale il y a trente quatre ans, si je compte bien. Il était au programme des premières. Je crois me souvenir que je m'y étais ennuyé ferme comme dans cette phrase, jusqu'au cri Il héritait ! A vingt ans, on héritait, vous vous rendez compte ! Flaubert est un auteur assez difficile à aimer, somme toute. La réussite de son style étouffe et irrite comme un sirop expectorant. Il se lit très bien à l'étranger, comme une potion restructurante de la langue, un remède, comme on disait autrefois dans l'expression remède à l'amour.
14 décembre 2010, 18:53   Re : "A droite toute"
Salammbô, peut-être ?
14 décembre 2010, 19:04   Re : "A droite toute"
Je ne comprends pas qu'on puisse faire étudier un tel livre en première, par des gens qui n'ont pas vécu...

Votre première phrase s'applique assez bien à Frédéric... il est peut-être d'ailleurs l'ancêtre des gauchistes, souvenez-vous du passage où il refuse de voir les déprédations du Peuple...

Votre remède à l'amour me fait penser à une dame que nous avions nommée Remedios, par allusion à Dolores (Marie des remèdes, Marie des douleurs) tant son physique était un remède à l'amour.
14 décembre 2010, 19:14   Re : "A droite toute"
Alors là, Jean-Marc, je suis en totale communion; le vécu d'un élève de première, fille ou garçon, est quasi nul. Leur donner du Flaubert, c'est franchement les dégoûter à vie. Pour ma part j'avais planché sans broncher sur la Chartreuse de Parme mais la relecture quelques années plus tard fut un grand moment de bonheur.
14 décembre 2010, 19:19   Re : "A droite toute"
Oui, si on veut. Le côté Cecil B. De Mille rattrape un peu la sauce, en effet. Flaubert est un auteur envers qui on se sent le droit d'être injuste. (Je note que Cecil B. DeMille était né moins d'un an après la mort de Flaubert en 1880 -- Flaubert aurait-il été à l'origine du péplum ? Belle continuité tout de même. Mort un siècle plus tard, Flaubert eût fait carrière de cinéaste, l'écriture ne le portait pas, c'est le goût de la chose achevée qui portait cette oeuvre, davantage que l'amour de l'écriture)
14 décembre 2010, 19:25   Re : "A droite toute"
Remède à l'amour fait désormais partie de ces milliers d'expressions familières, imagées, plaisantes, etc. dont on n'est plus tout à fait sûr qu'elles soient encore entendues par une majorité les jeunes gens ordinaires, non racailleux, âgés de moins de 30 ans en France. Paradoxalement, certaines restent encore entendues en Afrique sub-saharienne, et donc pour une part, chez les communautés issues de ce continent installées en France, enfin, chez les plus de 18 ans, disons.
14 décembre 2010, 19:28   Re : "A droite toute"
Il y a quelques semaines, je prenais comme exemple de grand bâtisseur l'entreprise Bouygues, lors d'une conversation avec un jeune homme. Celui-ci me demanda pourquoi je mêlais les téléphones aux routes.
Utilisateur anonyme
14 décembre 2010, 19:35   Re : "A droite toute"
Mais oui, Jean-Marc, pourquoi ?
14 décembre 2010, 20:20   Flaubert à 16 ans, oui
Il est certain que Flaubert, sur ce seul titre de L'éducation sentimentale, a probablement fait vendre une extraordinaire quantité d'exemplaires faits pour décevoir un juvénile lectorat aux prises avec les premières émotions amoureuses et qui pensaient y trouver quelque bonne recette. Ce malentendu m'a toujours amusé.

Permettez-moi cependant de n'être pas de l'avis de ceux qui trouvent mal venue à 16 ans la lecture de Flaubert, Stendhal ou autres "classiques". Qui sait si le bonheur de relecture, évoqué par Florentin, ne tient pas à une première lecture prématurée ? Il me parait indispensable de lire des auteurs à un âge où, en effet, nous manquons d'expérience pour nous identifier aux protagonistes mais en avons suffisamment pour comprendre... que nous ne comprenons pas tout. Peut-être même, obscurément, cette incapacité où nous sommes de tout saisir nous rend-elle plus sensibles au style lui-même.

Hélas, c'est une approche du tout au tout opposée qui s'est peu à peu imposée à l'école : partir du connu (comme avec les idiots d'Edouard Seguin au milieu du XIXème siècle), se mettre à la portée, parler de "choses qui intéressent les gamins", ne pas leur "prendre la tête" avec des phrases trop longues etc, on connait la chanson. L'extraordinaire succès de la "littérature jeunesse" témoigne de cette tendance malheureuse.
14 décembre 2010, 20:41   Re : "A droite toute"
Merci, Orimont. J'étais indigné mais n'avais pas le temps de répondre.
14 décembre 2010, 20:57   Re : "A droite toute"
Orimont,

Je pense qu'on ne peut pas considérer toutes les oeuvres classiques de la même façon. Vous même semblez d'accord pour dire que l'Éducation sentimentale est difficile pour des jeunes gens.

Un certain nombre d'ouvrages nécessitent (faut-il un pluriel ?) une grande habitude de la lecture et une importante préparation, ou alors une extrême précocité. Je ne vois pas comment un jeune lecteur hispanophone peut lire "Tlön, Uqbar, Orbis Tertius", ou un Anglais de seize ans "Ulysses".

Vouloir trop forcer les choses, comme vous nous le dites, et comme et Francis et Florentin en témoignent avec moi, conduit à dégoûter le lecteur en devenir.
14 décembre 2010, 20:58   Re : "A droite toute"
Citation
L'extraordinaire succès de la "littérature jeunesse" témoigne de cette tendance malheureuse.

Et aux USA il y a même des librairies réservées exclusivement aux enfants et aux adolescents.
14 décembre 2010, 21:04   Re : "A droite toute"
C'est bien dommage, Rogemi.

Ceci dit, vous vous souviendrez que la troisième République fit étudier par des générations de collégiens le "De viris", compilé à leur intention par l'abbé Lhomond. Salluste ou Tacite ne peuvent être étudiés "dans le texte" par des personnes trop jeunes, et si cette troisième République dont le système éducatif correspond assez largement au sens général de ce qu'on lit ici a procédé ainsi, pourquoi ne pas faire pareil procéder de même ?
14 décembre 2010, 21:16   Re : "A droite toute"
Citation
Stéphane Bily
Il y a une sorte de panache à refuser d'émettre quelque avis que ce soit sur les sujets les plus futiles. Regardez, le pays croule, la France s'efface pour ne devenir plus qu'un mot, qu'une froide convention, et les Français ne sachant plus qui ils furent ne savent plus qui ils sont ni quel avenir sera le leur, l'Europe se coupe les veines en guettant les regards approbateurs de ceux d'en face, et vous voudriez que je vous parle... de quoi, déjà ? du bridage des voitures ?

Je trouve cela très caractéristique de nos sociétés modernes : le niveau scolaire s'effondre, l'islamisation explose, les banlieues s'enflamment, la haine de l'Occident s'affiche de plus en plus ostensiblement, mais on trouve toujours le temps quand il s'agit de parler des vrais problèmes, à savoir, par exemple, s'il faut, oui ou non, retirer de la vente les tapis-puzzle pour bébés...

Remarquez, c'était déjà le cas à Byzance, où on s'interrogeait sur le sexe des anges alors que les Turcs s'apprêtaient à dévaster la ville...
14 décembre 2010, 21:23   Re : "A droite toute"
Félix,

Mais c'est un vrai problème ! quand votre souris aura été empoisonnée par les émanations du tapis-puzzle, comment ferez-vous pour venir discuter sur ce forum ?
14 décembre 2010, 21:48   Re : "A droite toute"
Je trouve la remarque d'Orimont très pertinente, il faut prévoir les relectures, le faire avec art; certains professeurs en sont capables, ils nous prêtent leur maturité le temps d'une oeuvre, De tels enseignements ne se perdent pas.
14 décembre 2010, 22:10   Re : "A droite toute"
Effectivement, Florentin et Orimont, je vous rejoins au sujet de la relecture.

Cela étant, se mettre à la portée, est-ce condamnable en soi ? tout dépend de la façon de faire.

Si "se mettre à la portée" c'est progresser du facile vers le difficile, cela me paraît logique : en mathématiques, on apprend à compter dans l'enseignement primaire, et on étudie la topologie dans l'enseignement supérieur. De même, il ne semble pas anormal de commencer par des auteurs accessibles et de terminer par des oeuvres difficiles. Dans l'enseignement ancien, l'élève latiniste abordait d'ailleurs les auteurs dans un certain ordre.

Si "se mettre à la portée" c'est ne jamais demander d'efforts, ne jamais "élever le niveau" et toujours rester calé sur l'échelon le plus bas, alors non.
14 décembre 2010, 22:13   Re : "A droite toute"
Je suis stupéfait de la tournure majeure que prend cette conversation. Je ne voudrais pas encore une fois ramener ma petite expérience mais elle m'a donné la conviction que la première jeunesse et l'adolescence constituent la période bénie pour s'immerger dans la littérature, les grands textes, je dirais presque toute la littérature. La« littérature jeunesse» pour moi n'existe pas et penser que l'on fera passer les enfants de l'une à l'autre est un leurre. On me rétorquera peut-être encore que l'environnement fait l'apprentissage et que l'ambiance familiale n'est pas comparable à la contrainte scolaire et ne pourrais qu'être d'accord mais c'est fou l'appétit que de tout jeunes gens peuvent avoir pour Tristan et Iseult, Tolstoï, Joyce, Flaubert et tous les autres. De surcroît, j'ai remarqué que parvenus à la fin de leur scolarité ou au début des études supérieures, les jeunes avaient bien moins de temps disponible à consacrer à la lecture. Celle-ci alors leur manque et ils conservent toujours le projet d'une vie d'adulte où la lecture ait sa place.
14 décembre 2010, 22:22   Re : "A droite toute"
Éric, je ne crois pas non plus à une "littérature jeunesse", je crois plutôt à des auteurs et à des oeuvres plus ou moins adaptés à un niveau de maturité donné. Pourquoi ce qui est vrai en sciences, et que personne ne conteste, ne serait-il pas vrai en littérature ?

Le Cid peut être expliqué et étudié au collège ; le Soulier de satin, non. De même, je pense qu'il vaut mieux étudier Ronsard avant Baudelaire et Baudelaire avant Mallarmé, qui serait d'une difficulté à mon avis insurmontable s'il était le premier poète réellement étudié.

L'épreuve anticipée de français est passée en fin de première. On ne me fera pas croire qu'on ne découvre pas (ne serait-ce que par la relecture) bien des merveilles littéraires bien plus tard.

Le débat, en tout cas, me semble intéressant, ne serait-ce que pour aider à définir quel pourrait être le programme de littérature d'un enseignement In-nocent.
14 décembre 2010, 22:38   Re : "A droite toute"
De façon incidente, et cherchant quel pouvait être le programme actuel, voici sur quoi je tombe : une comparaison au programme du baccalauréat entre les Liaisons dangereuses de Laclos... et le film de Stephen Frears !

[www.zerodeconduite.net]

Je saisis l'occasion pour rappeler que Boris Vian joua dans la première adaptation des Liaisons, celle de Vadim, qui est un redoutable navet malgré Gérard Philipe, Jeanne Moreau et Jean-Louis Trintignant.
14 décembre 2010, 22:41   La fureur de lire
"Je pense qu'on ne peut pas considérer toutes les oeuvres classiques de la même façon. Vous même semblez d'accord pour dire que l'Éducation sentimentale est difficile pour des jeunes gens."

Difficile, sans doute ou peut-être (et notez bien que Francis n'évoquait pas la difficulté du texte mais l'ennui... jusqu'à l'héritage !), mais en aucun cas inintelligible à un lecteur de 16 ans, ni inintelligible ni impénétrable. On ne peut raisonnablement comparer ce roman à Ulysses de Joyce.

Quant au lecteur en devenir, il est indégoûtable, s'il est en devenir. Et s'il ne l'est pas, rien ne le mettra en appétit, ou, pire, à vouloir sans cesse le mettre en appétit, il est bien possible qu'en effet, plus tard, il lise et même fasse vivre par ses achat un certain nombre d'écrivains, à la condition toutefois que ceux-ci continuent à ne pas "lui prendre la tête", que les couvertures soient toujours plus affriolantes et les caractères toujours plus gros, que les "quatrièmes" "donnent envie", tant est si bien qu'insensiblement ce qui devrait être considéré comme une grosse nouvelle s'appelle désormais "roman" et que la littérature sans âge s'aligne tranquillement sur le patron de la "littérature jeunesse". C'est à se demander si ce n'est pas au lecteur que l'on a pas "dégoûté" que l'on doit l'évolution de l'édition en France et ailleurs.

Le cas d'Amélie Nothomb est en cela exemplaire et, croyez-le bien, je n'ai rien contre cet auteur, bien loin d'être aussi idéologiquement sournois que d'autres. Or, on peut observer que les romans d'Amélie Nothomb sont écrits en caractères de plus en plus gros et dans un style de plus en plus enfantin. Les derniers de ses livres, il y a seulement quelques décennies de cela, eussent été, précisément, rangés dans la catégorie "jeunesse".

Plus généralement, que l'on songe à éduquer, à exercer l'esprit critique et la faculté de raisonnement des enfants, ce serait bien sûr une très louable ambition, mais pourquoi diable tiendrait-on à ce point que tout le monde attrape la "fureur de lire" ?
14 décembre 2010, 22:43   La méthode du taureau
Je préconise aussi dans certains cas la méthode brutale : très tôt je vins à me colleter, vanité et hasard, avec Le monde comme représentation et vouloir-vivre, aux pages duquel je ne pigeai au début que dalle. Cela non seulement m'agaça, me vexa, mais me mit littéralement en rogne ; je donnai de grands coups de pied dans la porte, des coups de tête aussi, puis brusquement elle s'ouvrit avec un grand bruit de déchirement des méninges. Je crois ne pas exagérer en disant que tout à coup la compréhension se fit, tout du moins en eus-je la lumineuse impression.
14 décembre 2010, 22:50   Re : "A droite toute"
Orimont,

De mon point de vue, un jeune homme s'ennuie en lisant l'Éducation sentimentale parce qu'il n'y trouve pas ce qu'il y cherche, et ce n'est que plus âgé qu'il aimera cette oeuvre. C'est une oeuvre, comment dire, déroutante. Madame Bovary est beaucoup plus accessible, comme quoi ce n'est pas forcément une question d'auteur.

Un sujet de réflexion, Orimont : prenez les auteurs qui ont commencé à écrire entre 1945 et 1960. Comparez-les aux auteurs qui ont écrit entre 1920 et 1940. Qu'en pensez-vous ?
14 décembre 2010, 22:56   Re : "A droite toute"
Alain,

Pensez-vous qu'on puisse lire Schopenhauer sans avoir acquis certaines connaissances sur Kant ?

C'est sans doute déplacé, mais mais figurez-vous que j'ai trouvé votre message à propos de Schopenhauer juste en revenant de me laver les dents.
14 décembre 2010, 23:21   Re : "A droite toute"
Cher Jean-Marc, oui, Schopenhauer est suffisamment explicite sur ce qu'il doit à Kant.

Je vais me les laver de ce pas, mais hélas, comme vous savez probablement, on perd quand même beaucoup de ces fougues d'autrefois, ce qui permet éventuellement d'écourter ses ablutions...
14 décembre 2010, 23:33   Re : "A droite toute"
Une jeune fille de seize ans peut poser la main puis le regard sur Ulysse qui traînait là et en être fascinée au point qu'il devienne le livre de sa vie. Je crois avec vous qu'il est important que la rencontre avec l'œuvre ait lieu sans obligation..
14 décembre 2010, 23:38   Re : "A droite toute"
Je pense surtout qu'il n'y a pas de règle... Il ne sert pas à grand chose de préconiser ceci ou cela, chaque lecteur est un cas ; malheureusement, le nombre de cas, lui, diminue d'heure en heure. Et toutes ces bonnes considérations n'y changeront rigoureusement rien.
14 décembre 2010, 23:41   Les âmes du Purgatoire...
"Un sujet de réflexion" ? Cher Jean-Marc, hélas, cette perche tendue me donne surtout la nostalgie des conversations, des vraies conversations, vous savez, avec timbres de voix, gestes, manières, joutes verbales, digressions, toasts portés, livres cherchés dans un rayon. Comme d'autres, je me suis fait à cet échange d'écran, mais je ne me sens pas de me lancer, au clavier, dans une conversation à bâtons rompus sur la littérature. Veuillez m'en excuser.
14 décembre 2010, 23:47   Re : "A droite toute"
Je pense sincèrement que la confrontation de ces points de vue peut aider le Parti à affiner son programme relatif à l'enseignement. Nous avons des idées différentes autour d'un projet commun, nous pouvons essayer d'en tirer le meilleur.
15 décembre 2010, 04:04   Re : "A droite toute"
A l'époque de mes seize ans, les réalités françaises étaient diverses; par exemple, je fus fasciné par les Trois contes, Un Coeur simple m'avait subjugué, le personnage central, le patronage paroissial, la petite province, la description des processions pieuses dans les rues du village, la procession de la Fête-Dieu, le fait provincial, "l'endimmanchement mélancolique de triste fête" (Loti) et de la messe; il n'y avait pas pour moi, à cet âge et dans ce temps, "tout Flaubert", ou "tout Balzac", chez Balzac, c'est la lecture des Paysans, qui me bouleversa, comme chez Zola, la Terre. Le monde était si divers que d'un auteur, un seul livre suffisait. Je me serais ennuyé dans certaines études de moeurs de Balzac quand ces moeurs, à seize ans, ne m'étaient pas perceptibles, comme tout est aujourd'hui perceptible et représentable à tous par les médias télévisuels.

Je tiens à dire d'autre part qu'à seize ans, comme le chantait Léo Ferré, on a l'expérience des parents, qui ont déjà donné beaucoup à observer, et que par conséquent, notre expérience de la vie ne peut être qualifiée de "quasi nulle".
15 décembre 2010, 09:36   Re : "A droite toute"
Permettez-moi cependant de n'être pas de l'avis de ceux qui trouvent mal venue à seize ans la lecture de Flaubert, Stendhal ou autres "classiques" (Orimont Bolacre).

Tout à fait d'accord ; j'ai moi-même eu beaucoup à pâtir de la so called littérature pour la jeunesse (M. Véron, vous avez bien de la chance de ne pas savoir ce que c'est) qui m'a fait subir un retard énorme dont vous n'imaginez pas l'importance. Finkielkraut disait la dernière fois, dans l'une de ses émissions, qu'il était bon pour un enfant de n'avoir pas des lectures de son âge. Mes premières lectures véritables furent tardives ; en revanche c'était la boulimie.
15 décembre 2010, 09:49   Re : "A droite toute"
Je me demande pourquoi Loti, qui écrit si bien et des choses si intéressantes (sur l'Orient notamment) est tombé dans une telle disgrâce.
15 décembre 2010, 10:47   Re : "A droite toute"
Il est tombé en disgrâce avec la turquerie. La turquerie, c'est à dire l'exotisme, dénoncé par tous, de Segalen à Nizan en passant par Michaux et les surréalistes. Le pauvre Loti n'a pas résisté à cette vague de dénonciation, qu'il méritait -- l'époque alors, infligeait ce qu'elle méritait de châtiment à l'époque qui lui avait succédé. En fait, Loti, qui a son effigie au sommet d'un style dans les aîtres d'un temple shitoïste de Nagasaki, était un traducteur, pas un reporter sur le vif, pas un "engagé", il était un bel infidèle, un faiseur de contes, pas un bourlingueur, un damné qui ne revient pas de ses voyages ou qui en revient autre (Segalen, Gauguin, Rimbaud). Il a été puni par "l'existentialisme" (comme dit Orimont) qui le lui devait bien et auquel il s'offrait en proie facile.
15 décembre 2010, 13:21   Re : "A droite toute"
Oui, Jean-Marc et Francis, j'aime beaucoup Loti moi aussi, et son oubli est très injuste. Son "Inde sans les Anglais" est bien sûr un récit de voyage un peu désuet, mais où il y a des choses admirables (ses pages sur Pondichéry par exemple, ou même sur Bénarès). L'ouvrage a été republié par les éditions Kailash, dont les locaux sont à 50 mètres de chez moi.
15 décembre 2010, 13:37   Re : "A droite toute"
Je vous conseille, Kiran, "Fantôme d'Orient" et "La Turquie agonisante", qui permettent de comprendre bien des choses.
15 décembre 2010, 13:44   Re : "A droite toute"
Cet oubli de Loti m'amène à parler d'un ouvrage qui eut un grand retentissement, et qui était souvent utilisé par les maîtres d'école. Il s'agit du remarquable "Maria Chapdelaine", de Louis Hémon.

Ce livre pourrait être un excellent symbole de l'In-nocence.
Utilisateur anonyme
15 décembre 2010, 19:44   Re : Rappel : Jacques Drillon et la musique
Je me permets de vous rappeler que la reproduction intégrale d'un article sans l'autorisation de son auteur est interdite par la loi, que cette loi s'applique à tous (ce «tous» ne serait-il qu'un seul, comme il semble à première lecture de ce fil), et même aux petits partis in-nocents.
Jacques Drillon, virgulologue.
En effet, Monsieur, vous avez raison : veuillez nous excuser.

J'ai enlevé l'article et l'ai remplacé par un lien.
15 décembre 2010, 20:32   Re : "A droite toute"
15 décembre 2010, 22:03   Ce qui dégoûte
Extrait de notes prises par une lycéenne de seconde, en cours de français :

"Pour analyser la focalisation :

1 - Etudier le statut du narrateur

2 - S'il est externe (est-il simple témoin ou omniscient ?)

3 - S'il est externe omniscient seulement, se poser la question des focalisations (zéro ou omniscient, interne, externe)"

(Il y en a comme cela plusieurs pages. La vulgarisation du structuralisme est à l'enseignement de la littérature ce que la vulgarisation de la psychanalyse est aux échanges humains.)
15 décembre 2010, 23:02   Re : Ce qui dégoûte
A vous dégoûter à jamais de la littérature !
15 décembre 2010, 23:21   Re : "A droite toute"
Cassandre,


Je crois que notre vrai problème est le nombre extraordinaire de cinglés et de masturbateurs intellectuels qui s'occupent de ces questions d'éducation.

Comment voulez-vous que les élèves comprennent quelque chose à des âneries pareilles ? pendant des siècles on a lu et bien lu sans se poser ces questions à la noix, et maintenant on se pose et se re-pose ces questions, mais on ne sait plus lire.
16 décembre 2010, 03:12   Re : "A droite toute"
Merci pour ces conseils de lectures lotiennes, Jean-Marc. Je relis actuellement Huysmans, les romans de la conversion ("En route", "L'Oblat"et "La Cathédrale"), et c'est franchement très fort !
16 décembre 2010, 09:19   Re : "A droite toute"
Ah, oui, En route, un grand souvenir...
16 décembre 2010, 10:20   Re : "A droite toute"
Huymans à mon très humble avis enfonce largement Zola. Je ne pense pas seulement à "A rebours" mais à "En rade" et surtout "Là-bas". Quand je passe devant l'église Saint-Sulpice, j'ai toujours une pieuse pensée pour l'abbé Carhaix et Mme Chantelouve.
16 décembre 2010, 11:49   Re : "A droite toute"
Je ne sais pas ce qu'eût pensé le cher Carhaix des échaffaudages qui depuis un an (au moins ?) enveloppent la tour nord, sans compter, en ces jours d'hiver, le fatal marché de Noël sonorisé...
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