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Armes françaises pour le Liban

Envoyé par Ostinato 
19 décembre 2010, 16:59   Armes françaises pour le Liban
Analyse de France Israël Marseille :

Communiqué du 19 décembre



La France annonce la livraison de missiles antichars sophistiqués au Liban

L'information vient d'être confirmée à la fois à Paris et à Beyrouth. La France va livrer à l'armée libanaise 100 exemplaires du missile HOT, un missile antichar ultra sophistiqué.



La première question qui vient à l'esprit est celle de l'utilisation: des missiles antichars contre qui ? Le Liban n'a que deux voisins partageant ses frontières, Israël et la Syrie. Cette dernière exerçant de fait un protectorat sur ce pays (qu'elle espère gober comme un œuf dès que les circonstances le permettront), la cible ne peut être qu'Israël, justement le pays qui utilise pour sa défense des armes blindées. La France livre donc au Liban une classe de missiles dont le seul usage possible est la destruction de blindés israéliens.



La seconde question porte sur la consistance véritable de l'armée libanaise. On sait que le Hezbollah a imposé son droit de bloquer toute décision gouvernementale qui lui déplairait au Liban, qu'il contrôle l'espace aérien libanais, et surtout qu'il a pénétré l'armée au point de pouvoir réduire toute résistance de sa part en quelques heures. C'est ainsi qu'il a réarmé puissamment le Sud-Liban, ce que la résolution 1701 de 2006 de l'ONU lui interdisait absolument. L'ombre d'armée dite "nationale libanaise" n'a ni voulu ni pu s'opposer à cette violation (pas plus que la très passive FINUL). Le Hezbollah a même mené des répétitions de prise de pouvoir en quelques heures pour décourager l'ONU de l'assigner pour son implication dans le meurtre de Rafic Hariri. C'est à cette armée-là que le président Sarkozy a décidé de livrer des armes de pointe parmi les plus périlleuses qui soient pour l'armée israélienne. Le risque que le vrai destinataire soit le Hezbollah est une évidence que l'Elysée ne peut pas méconnaître. Le Parti chiite pourrait ainsi compléter ses capacités balistiques par des capacités tactiques très améliorées. Merci M. Sarkozy !



La France prend ainsi la très lourde responsabilité de modifier le rapport de force au Sud-Liban au détriment d'Israël et au bénéfice du Hezbollah, au détriment d'une démocratie et au bénéfice du groupe terroriste le plus redoutable au monde. C'est un véritable scandale, d'autant que le Hezbollah est un vieil ennemi de la France ! Il est l'outil de la poussée iranienne en Méditerranée, une menace que les hautes sphères du pouvoir ont dénoncée avec cette fermeté verbale dont Paris a le secret. Une fois encore le plus haut niveau de l'état fait preuve d'une inconséquence et d'une légèreté surprenantes. Ce même aveuglement stratégique conduisait naguère Jacques Chirac à livrer un réacteur nucléaire à Saddam Hussein, et à tenter de le remplacer après sa destruction par Israël. Si la France veut trouver un rôle d'acteur ou de médiateur au Proche-Orient, elle s'y emploie bien mal, faisant preuve d'une cécité politique maladive. Le Hezbollah a déjà fait savoir à la France qui il était, tuant 57 de nos parachutistes en 1983 dans l'immeuble Drakkar à Beyrouth et séquestrant cruellement des journalistes français pris en otage un peu plus tard.



France-Israël Marseille réprouve radicalement une livraison d'armes destinée à tuer des soldats israéliens. Plus que coupable, cette initiative donne la mesure de l'amitié pour Israël proclamée au sommet de l'État.
Citation
La France livre donc au Liban une classe de missiles dont le seul usage possible est la destruction de blindés israéliens.

Pauvre et méprisable Sarkozy !
Comme peut-on livrer de telles armes dans un pays en décomposition complète depuis des décennies et où l'armée ne peut rien sans l'accord du Hezbollah à la botte de l'Iran.

Le pharisianisme de la France et des Etats européens est écoeurant. Ils font comme si le Liban était un pays normal avec des forces de defense opérant de manière classique.
Il serait bon de ne pas se précipiter.

Le missile HOT est très fréquemment vendu, notamment à l'Arabie Saoudite, au Koweit et au Liban. La dernière livraison au Liban remonte à 2007.

Le missile HOT est, en fait, anti-véhicules. Idéalement, et dans la configuration de l'armée libanaise, il est tiré à partir des hélicoptères Gazelle.

Cette arme ne peut être utilisée à l'épaule, elle peut être tirée en revanche à partir d'un engin au sol spécial.

Il est très douteux que le HOT soit adapté à une éventuelle confrontation entre l'armée libanaise et l'IDF (qui dispose de la suprématie aérienne et dont les engins au sol ont un blindage spécial). En revanche, le HOT est très adapté contre un ennemi mobile, disposant de véhicules moyens et dépourvu d'aviation, ce qui est la description des milices du Hezbollah.
19 décembre 2010, 18:27   Re : Armes françaises pour le Liban
Le président syrien était à Paris récemment, il serait bon de relire les communiqués.
Ostinato,

Cela confirme exactement ce que je disais : le HOT est prévu pour les hélicoptère gazelle et son installation sur d'autres supports est très problématique.

La réaction israélienne est très mesurée, et fort bien venue. En effet, si l'armée libanaise achète des missiles, c'est forcément contre Israël. Après, s'ils servent contre le Hezbollah, hé bien le gouvernement libanais n'y peut rien...

Notez que les chars libanais sont des M60 Patton, qui ne sont pas de fabrication locale, mais bien américains...

Je vous suggère la chose suivante : notre ami Alain, à Jérusalem, doit bien connaître un ou plusieurs officiers de l'IDF...

S'il pouvait leur demander s'ils considèrent M. Sarkozy comme un soutien d'Israël ou comme un valet du Hezbollah, et s'il pouvait demander si armer l'armée libanaise contre le Hezbollah est une mauvaise chose, cela nous éclairerait tous...

Reconnaissez que ma proposition est honnête.
19 décembre 2010, 20:44   Re : Armes françaises pour le Liban
Tout à fait honnête.
20 décembre 2010, 20:10   Pschhh pschhh....
Des gazelles passent...
(J'en toucherai un mot à l'ami Tzvi, authentique colonel de la division "analyses" d'AMAN (le renseignement militaire), qui n'a bien entendu rien à me cacher...)
20 décembre 2010, 21:37   Re : Armes françaises pour le Liban
En attendant le point de vue de militaires, l'analyse de Richard Prasquier Président du CRIF

Editorial

La France se soucie de renforcer la crédibilité de l’armée libanaise, notoirement sous-équipée. Contre qui ?
20/12/10


Il y a deux ans, en mai 2008, les autorités libanaises avaient tenté de reprendre le contrôle sécuritaire de l’aéroport de Beyrouth. Décision malencontreuse; le Hezbollah avait occupé les quartiers sunnites de Beyrouth ; la guerre civile s’était soldée par sa victoire complète. L’armée libanaise, à large majorité chiite, n’avait pas participé aux combats: décision malencontreuse; le Hezbollah avait occupé les quartiers sunnites de Beyrouth ; la guerre civile s’était soldée par sa victoire complète. L’armée libanaise, à large majorité chiite, n’avait pas participé aux combats. Le ferait-elle aujourd’hui ? ...

[www.crif.org]
Liban : un geste minable de la France
(info # 012112/10) [Analyse]

Par Guy Millière © Metula News Agency

La France n’est plus ce qu’elle était. Depuis longtemps. Je l’écris sans aucune joie ni émotion particulière. Je me contente d’établir un constat. Au temps du général de Gaulle, la France avait adopté une succession de postures anti-américaines et anti-israéliennes qui tutoyaient parfois l’antisémitisme : souvenez-vous du discours de de Gaulle sur le peuple « sûr de lui et dominateur ».

Ce penchant fâcheux s’est poursuivi bien après la retraite du général, au nom de la « politique arabe » que celui-ci avait enclenchée. Cela avait semblé s’atténuer un peu, du temps de la présidence de François Mitterrand (je le concède, bien que je n’aie qu’une sympathie très limitée pour le personnage).

La même acrimonie aux effluences racistes fut particulièrement flagrante durant la période où Jacques Chirac occupait l’Elysée, Dominique de Villepin le ministère des Affaires Etrangères et Saddam Hussein ses nombreux palais à Bagdad. 

D’aucuns ont pensé qu’avec Nicolas Sarkozy un changement allait s’amorcer. Mais quand des tendances enracinées sont à l’œuvre, elles ne s’interrompent pas aussi facilement ; et quand on est une petite puissance endettée et appauvrie, on peut donner de la voix quelquefois, mais pas davantage.

Voici quelques mois, Nicolas Sarkozy avait décidé que la France vendrait des vaisseaux militaires à la Russie, ce qui n’avait pas dérangé Obama, que rien de ce qui est nuisible à la puissance américaine ne dérange. Il en avait néanmoins résulté une certaine irritation dans les cercles militaires américains.

Hier, le même Nicolas Sarkozy a décidé que la France vendrait des missiles antichars HOT, destinés à être utilisés depuis des hélicoptères Gazelle [1], à l’armée libanaise. Le gouvernement israélien a fait part de sa préoccupation et y a vu un geste hostile. On a, à Paris, feint, en toute lâcheté, de ne pas comprendre.

L’armée libanaise, dit-on à Paris, n’est pas en guerre avec Israël. Et elle n’a, c’est évident, aucun rapport avec le Hezbollah.

On pourrait dire aux gens qui tiennent ce discours, que le Hezbollah a profondément infiltré l’armée libanaise, et que les éléments de l’armée libanaise qui ne sont pas infiltrés par le Hezbollah craignent le Hezbollah et sont prêts à plier devant lui si la situation l’exige.

On pourrait ajouter que l’indépendance du gouvernement libanais relativement au Hezbollah ressemble chaque mois davantage à une fiction.

On pourrait souligner que le Hezbollah ne se considère, lui, pas seulement en guerre avec Israël, mais se donne pour finalité de détruire l’Etat Hébreu.

On pourrait aussi chasser tout cela comme on chasse une mouche en prenant un air de dérision et en disant que le Hezbollah n’a, de toute façon, pas besoin des missiles français : il dispose de missiles russes plus performants que lui a fournis la Syrie et qui ont été payés par l’Iran d’Ahmadinejad. Pourquoi utiliser du matériel médiocre quand on a mieux sous la main ?

On pourrait esquisser un sourire condescendant, en se disant que les hélicoptères Gazelle sont eux-mêmes trop peu efficaces pour être dangereux pour l’armée israélienne, et gager que, si nécessaire, celle-ci les abattrait au sol ou sitôt qu’ils quitteraient celui-ci.

On pourrait regarder un dirigeant français dans les yeux et lui demander si ce sont les gerçures dues au froid qui l’empêchent de sourire. La France sait tout ce qui concerne l’armée libanaise et le gouvernement libanais, le Hezbollah et les armes dont celui-ci dispose. Elle possède des agents sur place et des soldats dans les troupes de la FINUL, stationnées au sud Liban et qui font preuve de la remarquable efficacité que l’on sait. 

Pourquoi une décision de ce genre a-t-elle été prise ? Pour feindre que la France croit encore à l’indépendance du Liban ? Pour plaire au Hezbollah et à ses commanditaires ? Pour empocher une partie de l’argent que l’administration Obama a donné au Liban voici quelques semaines pour faire quelques emplettes ?

On ne saura pas. C’est un geste sans grande portée, sans grand danger, mais minable. Sans courage. Sans droiture. Sans une once résiduelle de grandeur.

Un ami français m’a dit qu’il était déçu par ce geste. Je lui ai demandé comment la France pouvait encore le décevoir. Il m’a dit qu’il voterait blanc aux prochaines élections présidentielles. Si je suis encore en France à ce moment, je ne ferai pas comme lui : je ne voterai pas du tout. Ce sera plus simple.

Une petite puissance endettée et appauvrie prend des décisions dignes de sa propre indignité. Ces décisions n’ont pas à susciter la déception. Elles n’ont pas à susciter la surprise ou la colère.  Elles n’ont pas à être accueillies avec de gros titres dans la presse. Leur place serait dans les petites annonces.

« Pays nécessiteux et sans principes, prêt à vendre matériel de guerre un peu défectueux. Prix soldé. Efficacité du matériel non garantie. Si intéressé, écrire à l’Elysée qui fera suivre ».

En rédigeant le texte de l’annonce imaginaire, je ne pouvais m’empêcher de penser au texte d’autres annonces imaginaires, publiées aux Etats-Unis après les discours lyriques de Villepin, à l’automne 2002 : « A vendre : fusils de l’armée française. Jamais utilisés sur le champ de bataille. Jetés au sol une fois, au moment où les soldats qui les portaient se livraient à l’ennemi sans combattre ». Ou encore : « A céder : char d’assaut français, équipé seulement d’un levier de vitesse permettant la marche arrière ».

Notes (Jean Tsadik) :

[1] Le missile HOT peut également être tiré depuis un poste de tir au sol ou un VAB (Véhicule de l’Avant Blindé).
La milice du Hezbollah, qui menace de renverser le gouvernement légal libanais, ne disposant d’aucun char d’assaut, force est de déduire de cette livraison de missiles français, qu’ils ne peuvent être employés que contre les Merkava de Tsahal. Soit par les Forces Armées Libanaises, soit par la milice chiite, une fois qu’elle aura officiellement pris le pouvoir à Beyrouth.

    
Pour ma part, j'attends la rencontre d'Alain avec Amos Yadlin.
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