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L'Amérique notre destin

Envoyé par Michel Le Floch 
21 décembre 2010, 16:19   L'Amérique notre destin
On goûtera la chute finale : "La diversité c'est la suite de l'Histoire" et l'aveu de l'américanisation sociale de la France en matière de gestion des minorités ethniques : une bourgeoisie restreinte, créée à force de discrimination positive et de haldisme, inféodée à l'Etat et dédié à l'encadrement, avec l'aide si besoin de l'opium religieux, d'un sous-prolétariat majoritaire. Nous y sommes à ceci près que la gestion du problème en France, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis, risque, compte tenu des réalités démographiques et géopolitiques du bassin méditerranéen, de s'avérer très très problématique.
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Bilan en demi-teinte de l'intégration des immigrés et de leurs enfants

Le Monde du 21 décembre 2010

S'il est un sujet qui préoccupe les exécutifs européens - Angela Merkel en Allemagne, David Cameron au Royaume-Uni - et dont se nourrit l'extrême droite, notamment en France, c'est celui de l'intégration des immigrés et de leurs enfants. Un sujet dont le bilan, par essence, est délicat à établir. Les études françaises produites sur le sujet ces dernières années permettent toutefois d'en dresser un tableau en demi-teinte.
Des chiffres inquiétants Le taux de chômage des immigrés est de 1,5 à deux fois supérieur à celui des natifs français. Cet écart se retrouve dans d'autres pays européens. Mais, en valeur absolue - plus de 12 % des immigrés étaient au chômage en 2008, en France - c'est l'un des plus élevés des Etats membres de l'Organisation de coopération et développement économiques (OCDE). La crise a toutes les chances de l'avoir aggravé. Ces résultats ne sont pas meilleurs pour la deuxième génération. Alors que l'écart des taux de chômage des primo-arrivants était de 5 à 7 points supérieur à celui des natifs en 2008, selon les derniers chiffres de l'OCDE, pour leurs enfants, il était de 10 points.

Ce constat se retrouve aussi en matière d'éducation. D'après la dernière enquête PISA menée auprès de jeunes de 15 ans dans les pays de l'OCDE, les élèves issus de l'immigration ont au moins deux fois plus de risques d'être parmi les " peu performants ". Une situation comparable à celle de l'Autriche ou de la Suède, mais près de trois fois moins bonne qu'au Canada ou en Australie.

Les populations d'origine africaine en décrochage Avec l'essor des études fondées sur des statistiques ethniques, on sait désormais qu'il y a des différences importantes d'intégration selon le pays d'origine des immigrés. D'après une enquête de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) du 16 novembre, les descendants d'immigrés maghrébins sont ceux qui connaissent le plus de difficultés sur le marché du travail. Entre 2005 et 2009, leur écart de taux d'emploi avec les natifs français était de 20 points - contre 6 points pour ceux originaires d'Europe de l'Est.

Un élément qui se retrouve dans les enquêtes sur les dépenses sociales. D'après un travail mené en 2006 par Didier Gelot, secrétaire général de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, en collaboration avec Claude Minni, statisticien, les immigrés du Maghreb et d'Afrique subsaharienne représentaient pour chaque minimum social 11 à 13 % des allocataires, " soit environ trois fois plus que leur poids dans la population des 25-64 ans ". Une tendance qui se confirmait pour leurs descendants, contrairement à d'autres pays où la deuxième génération était " moins présente que les Français d'origine ".

Une analyse partagée des chercheurs Ces chiffres relativement sombres suscitent des analyses pessimistes de certains chercheurs. Ainsi de Pap Ndiaye, historien et maître de conférence à l'école des hautes études en sciences sociales (EHESS), qui voit en France une évolution " à l'américaine ".

Trois groupes se forment, selon lui. D'un côté, " une élite qui s'en sort plutôt bien - avec ou sans les mécanismes de type discrimination positive ". Au milieu, " un groupe moyen qui flotte et évolue en fonction de la conjoncture économique " : sociologiquement proche des " classes populaires françaises ", il est composé d'employés et d'ouvriers qualifiés. Enfin, un " groupe qui décroche ", et que l'on retrouve en partie en banlieue.

Patrick Simon, socio-démographe à l'Institut national d'études démographiques (INED), rejoint cette analyse de " décrochage " et s'inquiète en particulier du sort des populations d'origine algérienne. " En théorie, ce devrait être les plus assimilées, note-t-il. Elles sont peu organisées en association, maintiennent peu de lien avec leur pays d'origine et pourtant, pour elles, c'est comme si tout fonctionnait à l'inverse. " Une situation qui serait le résultat de discriminations plus fortes pour elles que pour les autres, notamment du fait de la " couleur de peau ". D'après M. Simon, les politiques publiques d'aide aux défavorisés devraient être plus " ciblées ".

Parmi les chercheurs, il en est toutefois qui font un bilan de l'intégration à la française un peu plus optimiste. Ainsi Patrick Weil, historien, chercheur au CNRS, et professeur associé à l'université de Yale (Etats-Unis). " Les immigrés et leurs enfants ne s'intègrent pas si mal que ça si on regarde le contexte de chômage qui sévit depuis 1975, dit-il. On est obsédé parce que l'on voit - comme les violences dans les banlieues - mais on ne s'intéresse pas à ce que l'on ne voit pas et on manipule l'opinion comme ça ! " Pour M. Weil, il suffit notamment de " faire une recherche dans les pages jaunes des grandes villes de France ". En regardant les noms de ceux qui exercent des professions libérales (médecin ou avocat), " on se rend vite compte du grand nombre à consonance étrangère ".

M. Weil rejoint ainsi Claudine Attias-Donfut, directrice de recherche à la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) et coauteur du Destin des enfants d'immigrés (Stock, 2009). Pour elle, " l'intégration fonctionne en général, il y a simplement des problèmes de politique urbaine ". D'après Mme Attias-Donfut, quand on compare les parcours entre immigrés et natifs " à caractère socio-démographique égal ", les choses se " lissent ".

Selon ses travaux, " il y a plus de cadres chez les enfants d'ouvriers immigrés que chez les enfants d'ouvriers français d'origine ". Les premiers feraient également des études plus longues que les seconds. Si leur insertion sur le marché de l'emploi est compliquée, ce serait en partie du fait d'un manque de " réseau ", leur présence en France étant plus courte que la population majoritaire.

L'émergence d'une classe moyenne Selon Mme Attias-Donfut une " classe moyenne " issue de l'immigration a aujourd'hui émergé. Un groupe de plus en plus qualifié " avec les codes sociaux qui vont avec ", renchérit Soumia Belaidi Malinbaum, présidente de l'Association française des managers de la diversité (AFMD). Mais " une classe moyenne silencieuse et qui le restera ". D'après elle, les entreprises du CAC 40 l'ont déjà compris et ont un rôle moteur. " Certes, pour deux millions d'entreprises, on est encore loin du sujet. Mais beaucoup ont vu que cela pouvait avoir un impact positif pour le développement à l'étranger ou dans la compréhension des marchés, par exemple en cosmétiques chez L'Oréal. "

S'il demeure un " plafond de -verre " pour les jeunes issus de l'immigration, d'après Mme Belaidi Malinbaum, c'est en partie parce qu'ils " s'autostigmatisent ". Pour elle, " les politiques ont un train de retard dans les discours qu'ils tiennent à l'opinion publique ". La diversité c'est la " suite de l'histoire ".

Elise Vincent
21 décembre 2010, 16:39   Re : L'Amérique notre destin
Selon ses travaux, " il y a plus de cadres chez les enfants d'ouvriers immigrés que chez les enfants d'ouvriers français d'origine ".

Ben ça alors...
21 décembre 2010, 16:42   Re : L'Amérique notre destin
...de quoi se plaignent-ils ?
21 décembre 2010, 16:48   Re : L'Amérique notre destin
De quoi ? Parmi les cadres, il y a encore trop de Français fils d'ouvriers d'origine française. Les Français ont naguère montré qu'ils pouvaient être tolérants. Ils doivent maintenant montrer qu'ils souhaitent vraiment disparaître, que ce qu'ils ont fait, ce n'était pas du flan.
21 décembre 2010, 19:02   Statistiques éthiques
Avec l'essor des études fondées sur des statistiques ethniques, on sait désormais qu'il y a des différences importantes d'intégration selon le pays d'origine des immigrés.

Ah bon, euh, mais, je croyais que... ?
21 décembre 2010, 19:07   Re : L'Amérique notre destin
" Pour M. Weil, il suffit notamment de " faire une recherche dans les pages jaunes des grandes villes de France ". En regardant les noms de ceux qui exercent des professions libérales (médecin ou avocat), " on se rend vite compte du grand nombre à consonance étrangère ".

Oh là là...
Utilisateur anonyme
21 décembre 2010, 19:15   Re : Statistiques éthiques
La diversité c'est la " suite de l'histoire ".

Parfait exemple de ce que Gramsci nommait la "persuasion permanente". - J'sais pas vous mais moi je vois d'ici la "suite de la diversité"...
Cela correspond assez bien à ce que j'observe : une minorité qui prend son destin en main et qui réussit très correctement, une majorité qui est encouragé par les refrains gauchistes et qui se laisse subventionner en développant des discours victimaires.

Je ne crois pas du tout que cette "bourgeoisie restreinte" soit issue de la discrimination positive ou du haldisme. Il y a des gens très bien qui n'ont pas besoin de ça et qui ont horreur de ça, pour tout dire, et qui n'aiment pas être suspectés d'avoir fait l'objet de favoritisme.

Cette bourgeoisie n'a pas pour vocation d'encadrer les populations que vous décrivez.
21 décembre 2010, 22:06   Re : L'Amérique notre destin
Cela devient difficile de tenir le GROS MENSONGE de l'immigration source d'une pluralité de bienfaits et de merveilles. Les menteurs s'embrouillent de plus en plus dans leurs propres contradictions. Tout va mal mais tout va bien. Tout va de mal en pis, donc tout va mieux. Ils couvrent le tableau de formules obscures, toutes aussi fantasques les unes que les autres, et terminent leur démonstration loufoque par un grand "= l'immigration est divine". Et tout le monde applaudit.
Utilisateur anonyme
21 décembre 2010, 22:29   Re : L'Amérique notre destin
Oui Cher Olivier mais une illusion, ou un "gros mensonge", tenu pour vrai, agit comme une réalité. Beaucoup d'hommes se passent de vérités, combien se passeraient d'illusions ? Reconnaissons que pour l'instant le vilain gros mensonge retombe presque toujours sur ses pattes, hélas.
21 décembre 2010, 22:37   Re : L'Amérique notre destin
Totalement d'accord avec vous.
Vrai... cependant, comme le souligne H. Arendt dans Vérité et politique, "Où tout le monde ment sur tout ce qui est important, le diseur de vérité, qu'il le sache ou non, a commencé d'agir ; lui aussi s'est engagé dans le travail politique, car, dans le cas improbable où il survit, il a fait un premier pas vers le changement du monde."

(Elle dit aussi, ailleurs dans ce même essai, ceci qui me paraît essentiel : "La liberté d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l'objet du débat. En d'autres termes la vérité de fait fournit des informations à la pensée politique tout comme la vérité rationnelle fournit les siennes à la spéculation philosophique.")
Utilisateur anonyme
21 décembre 2010, 23:07   Re : L'Amérique notre destin
« Beaucoup d'hommes se passent de vérités, combien se passeraient d'illusions ? »

Celle là, je la garde !
Merci, cher Monsieur K.
Utilisateur anonyme
22 décembre 2010, 08:30   Re : L'Amérique notre destin
(Message supprimé à la demande de son auteur)
22 décembre 2010, 10:15   Re : L'Amérique notre destin
Dans les vaudevilles, les femmes adultères commencent , quand le mari cocu est sur le point de découvrir le pot aux roses, par cacher l'amant dans le placard, puis ,quand le mari ouvre le placard, feignent de s'étonner bruyamment d'y découvrit un homme et, pour finir, affirment qu'il doit s'agir d'un voisin victime de la mystérieuse épidémie de somnambulisme qui sévit dans le pays ou quelque autre explication du même genre. Nos faiseurs d'opinion, sociologues en tête, font, depuis trente ans, subir au réel le même traitement pour empêcher le peuple de se rendre compte qu'il est, comme le mari des vaudevilles : cocu.

Mais de même que les grosses ficelles du vaudeville ont fini par s'user et lasser, celles qu'utilisent les Amis du désastre n'abusent plus grand monde.
Utilisateur anonyme
22 décembre 2010, 11:27   Re : L'Amérique notre destin
Mais de même que les grosses ficelles du vaudeville ont fini par s'user et lasser, celles qu'utilisent les Amis du désastre n'abusent plus grand monde.

Je ne parviens pas vraiment à me l'expliquer mais j'ai comme l'impression que ce gros mensonge pourrait continuer de se déverser indéfiniment, et justement en tant que gros mensonge auto-proclamé : "Je mens pour votre bien".
22 décembre 2010, 11:46   Re : L'Amérique notre destin
Il est exact que les menteurs sont imperméables aux démentis que la réalité leur inflige. Aussi n'est-ce pas leurs yeux "grand fermés" qu'il s'agit d'ouvrir mais ceux du peuple qu'ils abusent et à la disparition duquel ils travaillent.
22 décembre 2010, 12:09   Re : L'Amérique notre destin
Je rejoins Monsieur K sur ce point, "le mensonge pourrait bien continuer à se déverser indéfiniment" sur nous, jusqu'à plus soif. Il nous suffit de tourner le bouton de la radio ou de la télévision pour jauger l'immense puissance de feu dont disposent encore les Amis du Désastre.
22 décembre 2010, 12:25   Re : L'Amérique notre destin
Pour une fois, je serais moins pessimiste : que le mensonge continue de se déverser et même plus que jamais,sans doute, mais, il y a désormais un tel décalage avec la réalité vécue par nos compatriotes et l'énormité du mensonge que celui-ci n'apparaît plus à une majorité d'entre eux que ce qu'il est : la contre vérité à l'état pur.
Oui, Cassandre, ça ne prend plus. C'est dans ces conditions-là qu'un discours mesuré comme celui de Renaud Camus a toute son importance.
22 décembre 2010, 14:29   Re : L'Amérique notre destin
Le chemin est encore long et cahoteux mes amis.
22 décembre 2010, 14:42   Re : L'Amérique notre destin
Oh que oui et l'issue est très incertaine ...
Utilisateur anonyme
22 décembre 2010, 14:46   Re : L'Amérique notre destin
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
22 décembre 2010, 15:34   Re : L'Amérique notre destin
Oui Didier, c'est pourquoi c'est si fun... Si le pessimisme, c'est l'incapacité à percevoir de nouvelles perspectives, et donc de nouvelles tâches, alors oui, il faut s'y opposer de toutes nos forces. Mais de là à être BCJMiste... Finalement, mon idéal serait le pessimisme actif.
22 décembre 2010, 15:46   Re : L'Amérique notre destin
"Je n'ai pas besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer."
Utilisateur anonyme
22 décembre 2010, 15:50   Re : L'Amérique notre destin
Pas mal comme ça aussi : "Je n'ai pas besoin d'entreprendre pour espérer ni de persévérer pour réussir."
Utilisateur anonyme
22 décembre 2010, 16:11   Re : L'Amérique notre destin
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
22 décembre 2010, 16:30   Re : L'Amérique notre destin
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
22 décembre 2010, 18:11   Re : L'Amérique notre destin
Tout va mal mais tout va bien. Tout va de mal en pis, donc tout va mieux.

C'est que la météo elle aussi rudoie le bon sens et prépare les esprits : Des hivers plus froids parce qu'il fait plus chaud
22 décembre 2010, 18:41   Re : L'Amérique notre destin
"Aux climato-sceptiques qui y voient la preuve que le changement climatique n'existe pas"

Les climato-sceptiques (sérieux) ne nient évidemment pas le changement climatique. Bien au contraire, ils ne cessent de rappeler que les climats de la terre ne cessent de changer et que ce que l'on a observé au XXe siècle en matière d'élévation de température n'a rien d'inédit ni par son ampleur, ni par sa rapidité, et que l'activité humaine n'a, très probablement, qu'une influence marginale sur cette évolution.

Encore un exemple de désinformation dont on ne sait si elle est due à l'incompétence ou à la mauvaise foi.
22 décembre 2010, 18:43   Re : L'Amérique notre destin
Le problème de toutes les études concernant l'intégration est qu'elles partent toutes de l'hypothèse selon laquelle les différentes populations immigrées ont les mêmes capacités à s'intégrer. Par conséquent, la conclusion est que si certaines populations sont moins bien représentées dans certaines milieux socio-professionnels, c'est forcément parce que la société discrimine. L'obsession de la lutte contre les discriminations a permis, dans le discours dominant, de transférer la problématique de l'intégration sur celle de la discrimination. Par la même occasion, on transfère les responsabilités : ce n'est plus la faute des gens issus de l'immigration s'ils n'arrivent pas à s'intégrer, mais c'est la faute de la France. Par conséquent, ce n'est plus aux gens "de la diversité" de faire l'effort de s'intégrer, mais c'est à la société de s'adapter à eux et de leur accorder les places en utilisant divers passe-droits (discrimination positive à l'embauche, admissions préférentielles aux grandes écoles, etc.)

Si on regarde la réalité en face, il est évident que ce sont des facteurs culturels (et qui diffèrent d'une culture à l'autre) et donc l'attitude des individus qui empêchent (ou non) l'intégration, bien plus que les soi-disant discriminations (je ne nie pas qu'elles existent, mais je pense qu'elles sont très largement sur-évaluées ou mal évaluées dans le discours dominant).

Pour appuyer mon propos, voici un petit reportage de la télévision allemande et qui compare l'intégration des Turcs à celles des Vietnamiens :



...et une analyse de la présidente de l'Association des jeunes professionnels maghrébins du Québec :
[www.mediamosaique.com]
22 décembre 2010, 19:07   Re : L'Amérique notre destin
Je trouve particulièrement probante la deuxième vidéo proposée par Didier. Je ne peux m'empêcher de la mettre en rapport avec le sujet abordé dans la discussion Transparence. Les musulmans ne lâcheront rien, grignotent tout et pèsent de plus en plus.
Utilisateur anonyme
22 décembre 2010, 19:25   Re : L'Amérique notre destin
Martine ne le dit pas mais elle le pense tellement fort : les revers que la civilisation occidentale subit aujourd'hui adviennent en punition de ses fautes passées. Elle paie pour son orgueil, pour sa richesse, pour sa puissance, pour ses conquêtes. Les Barbares qui la mettront à sac lui feront expier les souffrances du Tiers-monde, les ambitions frustrées et l'humiliation des mal doués. Derrière le plus insignifiant des discours de gauche, toujours cette même interprétation moralisante de la société, de l'histoire.
22 décembre 2010, 19:28   Re : L'Amérique notre destin
Martine croit qu'elle embobine son public, c'est fou !
22 décembre 2010, 19:42   Re : L'Amérique notre destin
Du moment que nous ne posons pas de bombes, que nous n'obligeons pas vos femmes à porter le tchador ou la burka ni à rester cloîtrées chez elles, que nous ne vous obligeons pas à ne pas boire d'alcool ni à ne pas manger de porc où est le problème ? Laissez-nous vivre à notre guise !
Cette opinion qu'on devine répandue chez les musulmans est sans doute partagée par un certain nombre de nos compatriotes, même si ce nombre va en diminuant. C'est que les uns et les autres ne connaissent pas ce qui les attend : la rue arabe.
En occident, et tout particulièrement en France, la rue citadine, a toujours été un lieu d'étonnements et de découvertes, un lieu de plaisir et de spectacle, un lieu d'échanges et de mélanges où hommes et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres, compatriotes et étrangers, sont heureux de se côtoyer et le font paisiblement , bref, un lieu civilisateur par excellence. La rue arabe, hormis aux heures de marché, est tout le contraire : un désert, un patibulaire désert d'hommes (que les messieurs du forum m'excusent). Un désert d'hommes où ceux-ci ne semblent être là que pour patrouiller, imposer une sorte de sinistre couvre-feu, comme si le pays était en guerre. Et de fait il l'est, en guerre : contre tout ce qui est "autre", différent, nouveau. Dans la ville, dans la rue arabe soumise à cette sorte d'étrange couvre-feu, la femme, l'étranger, le non musulman , le handicapé sont , au mieux des intrus tolérés, au pire des coupables, coupables de ne pas être homme, de ne pas être musulman, de ne pas être fort, et comme tous les coupables, ils ne s'aventurent à l'extérieur qu'à leurs risques et périls, en rasant les murs et, pour les femmes, cachées sous leurs voiles. Quant aux patrouilleurs faute, d'avoir, pour délier la langue et l'esprit, un peu de vin et de cet autre alcool inconnu en terre musulmane: la liberté de penser, ainsi que de droit au flirt avec l'un ou l'autre sexe, ils n'ont rien à se dire, rien à échanger que des rodomontades, le plus souvent sexuelles, précisément, rien sur quoi s'exciter en dehors des injustices prétendument subies par les musulmans à travers le monde, et seule la traque de la moindre transgression à l'ordre islamique établi les tire de leur léthargie. La rue arabe, à l'image de l'islam, n'est pas un lieu d'échanges civilisateurs mais un lieu de rapports de forces insidieux, permanents et mortifères où les très jeunes mâles aiguisent leur virilité et trompent leur ennui en démolissant ce qui peut être démoli, en insultant tous ceux et toutes celles qui peuvent être insultés sous le regard indifférent des adultes

Bien sûr ils ne se font jamais prendre la main dans le sac . Ils ne mettent pas d'écriteaux de mise en garde menaçante dans les rues, ni ne menacent avec des armes . Alors que leur reprocherait-on ? s'inquiètent-ils la main sur le coeur. Les intolérants c'est nous, pas eux ! En attendant c'est un des aspects les plus aimables de notre notre civilisation qui risque de disparaître. Et le plus fort, c'est que la jeunesse maghrèbine quitte ses pays d'origine pour fuir, entre autres, ce monument d'ennui qu'est la rue arabe dans laquelle ils vont finir par se retrouver aussi, chez nous, sans avoir, eux-mêmes, rien compris ni vu venir !
Les Le Pen père et fille ont un excellent moyen pour aider à cette expiation : c'est de continuer à avantager la gauche à chacune des élections passées, présentes et à venir. Proclamant sans cesse qu'il y a une sorte de vaste UMPS englobant tout le centre et la gauche, ils poussent les Français à choisir entre la révolte et l'abattement, deux attitudes qui ne conduisent à rien de bon.

Soyez conscient d'une chose, K : une majorité de Français ne voudra jamais des Le Pen, père, fille et Saint-esprit.

Alors soit la droite nationale met ses vieux fantômes au placard, et essaie, ces fantômes enfermés, de chercher des solutions pratiques aux problèmes rencontrés, en accord avec la droite modérée, soit elle se condamne à la seule fonction tribunicienne, jouissant littéralement de voir arriver les catastrophes pour dire "je l'avais bien dit".
22 décembre 2010, 19:56   Re : L'Amérique notre destin
A lire les descriptions de Cassandre, et en extrapolant un peu, on se dit que la sexualité de ces populations est plus angoissante qu'épanouissante.
22 décembre 2010, 20:06   Re : L'Amérique notre destin
Citation
Soyez conscient d'une chose, K : une majorité de Français ne voudra jamais des Le Pen, père, fille et Saint-esprit.

La question ne se pose même pas car jamais un candidat du FN ne sera en mesure de gagner une élection présidentielle.

Mais Marine Le Pen peut très bien coaguler sur son nom le désespoir de millions de francais qui ne voient pas d'autre alternative que de voter pour elle dans le but d'exprimer à la classe politique son écoeurement devant les dévastations qu'entraine le grand remplacement.
22 décembre 2010, 20:09   Re : L'Amérique notre destin
Citation
En occident, et tout particulièrement en France, la rue citadine, a toujours été un lieu d'étonnements et de découvertes, un lieu de plaisir et de spectacle, un lieu d'échanges et de mélanges où hommes et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres, compatriotes et étrangers, sont heureux de se côtoyer et le font paisiblement , bref, un lieu civilisateur par excellence.

Et cela est particulièrment vrai de Paris d'avant 1960, ville de civilisation comme l'histoire de l'humanité en a peu vu.
Je suis d'accord, mais cela mène où ?

Une fois ces voix bloquées, cela déplace la campagne électorale au centre-gauche, c'est tout le résultat.
22 décembre 2010, 20:35   Re : L'Amérique notre destin
Félix, Martine sait qu'elle n'embobine pas son public. Les procédures qui aboutissent à l'élection démocratique sont plus perverses. Dans ce genre de réunion (fin de la vidéo), le public se moque de savoir ce qu'elle pense vraiment, et elle sait qu'il s'en moque . Il sait qu'elle le sait, il considère qu'elle pense qu'elle veut simplement être réélue, il écoute ce qu'elle pense qu'il faut dire pour l'être . Professionnelle de la politique politicienne, elle pense donc que, le vent soufflant d'où il souffle, il est payant de dire : « 35 pour cent de maghrebins, eh ben, c'est génial, moi je m'emm. dans des villes où est tous pareils, voilà.» Phrase de langue française, fût-elle orale, aussi triste dans la forme - pour quelqu'un qui ne sort probablemnt pas du collège unique - que sur le fond ; double allégeance : à la déculturation et au Grand Remplacement . Et le public de trouver, quoique sans franche illusion, que Martine avalant correctement les couleuvres fera suffisamment l'affaire.
J'imagine le froid qu'aurait jeté la description ( excellente !) de la rue arabe par Cassandre?
Utilisateur anonyme
22 décembre 2010, 20:37   Re : L'Amérique notre destin
Le problème ne vient pas de MLP (on se demande d'ailleurs ce qu'elle vient faire sur ce fil mon cher BCJM... ?)), mais de cette droite molle qui, n'ayant aucune stratégie, ne tire jamais les leçons de ses erreurs - et dieu sait qu'elles sont nombreuses ! Au contraire, elle cherche toujours à se justifier et réserve ses critiques à ceux qui tentent de déterminer le véritable enchaînement des causes et des effets, quand elle ne singe pas la gauche pour mieux se faire excuser.
Il se trouve, K, qu'elle est créditée d'un fort score par les sondages, et que son père avait obtenu de très bons résultats. En conséquence, son poids sur le second tour de l'élection est évident.

Pour moi, Marine et Martine sont des alliés objectifs.
22 décembre 2010, 20:46   Re : L'Amérique notre destin
Bonne analyse de Johannus Marcus. Et à la fin, c'est l'islam qui gagne.
22 décembre 2010, 20:50   Re : L'Amérique notre destin
Citation

La question ne se pose même pas car jamais un candidat du FN ne sera en mesure de gagner une élection présidentielle.

Je serais moins affirmatif que vous, cher Rogemi, je redoute que cela soit possible.
22 décembre 2010, 22:09   Re : L'Amérique notre destin
» Soyez conscient d'une chose, K : une majorité de Français ne voudra jamais des Le Pen, père, fille et Saint-esprit.

J'en suis moi aussi de moins en moins sûr, cher Jean-Marc...
22 décembre 2010, 22:57   Re : L'Amérique notre destin
Citation
J'en suis moi aussi de moins en moins sûr, cher Jean-Marc...

No way !

Par contre seule une interdiction des prières dans la rue Myhra et venelles adjacentes pourrait empêcher Marine Le Pen d'arriver en tête au premier tour des présidentielles de 2012.

Je doute que N. S. ait le courage de prendre une telle décision mais un tel acte rétablissant la souveraineté de l'Etat sur son territoire lui permettrait de limiter les dégats.
Utilisateur anonyme
22 décembre 2010, 23:07   Re : L'Amérique notre destin
Sarkozy ou Aubry, quelle différence du point de vue du communautarisme musulman ?
23 décembre 2010, 00:40   Re : L'Amérique notre destin
Citation
Rogemi
Citation
J'en suis moi aussi de moins en moins sûr, cher Jean-Marc...

No way !

Par contre seule une interdiction des prières dans la rue Myhra et venelles adjacentes pourrait empêcher Marine Le Pen d'arriver en tête au premier tour des présidentielles de 2012.

Je doute que N. S. ait le courage de prendre une telle décision mais un tel acte rétablissant la souveraineté de l'Etat sur son territoire lui permettrait de limiter les dégats.

Mais vous semblez vous situer toujours dans un même système de pensée, de paradigme sociétal et axiologique accepté ; or ceux-ci finissent bien par évoluer à un moment ou à un autre, et de tels basculements sont des phénomènes assez récurrents du cours de l'histoire. Les idéologies anti-racistes et droits-de-l'hommistes radicales constituent indiscutablement l'un de ces paradigmes, un cadre de pensée, mais rien de plus en somme, et comme tels ils sont ô combien remplaçables, si tant est que leur fonction première d'accommodement avec le réel à moindre frais n'opère plus. Si le Grand Remplacement est un fait aussi avéré, général et d'ampleur telle que nous le réputons, alors les barrages idéologiques finiront par sauter : que soit intériorisé dans une proportion allant croissant de la population le caractère inéluctable du très éloquent tableau de la "rue arabe" brossé par Cassandre, par exemple, avec comme en-tête le térébrant clignotant : « Voici ce qui vous attend chez vous, à plus ou moins brève échéance », mais vraiment intériorisé et considéré d'emblée comme un fait prochain, et l'on ne peut répondre de rien à mon avis...
Autrement dit je crois les consciences et mentalités bien plus poreuses et labiles, et aucun système de pensée ne pourra résister longtemps aux coups de boutoir que leur infligeront la rue, l'habitat, l'insécurité, le changement des habitudes alimentaires, qui sont tout de même ce qu'il y a de plus patent et visible, pour ne rien dire de la culture en général...
23 décembre 2010, 01:00   Re : L'Amérique notre destin
J'ai compris, en assistant aux "Assises", que quelque chose était en train de se passer, quelque chose dont on n'avait pas encore totalement mesuré l'ampleur, au sein du peuple français. Il est vrai que ce "quelque chose", s'il doit s'exprimer dans les urnes, entraînera le passage de Marine Le Pen au second tour.
23 décembre 2010, 07:30   Re : L'Amérique notre destin
Cher Alain,
En disant que
Citation
ceux-ci finissent bien par évoluer à un moment ou à un autre, et de tels basculements sont des phénomènes assez récurrents du cours de l'histoire.
vous avez tout a fait raison.

Cependant il faut prendre en considération les agents en place cad les faiseurs d'opinion et les instruments d'exposition qui sont totalement en leur possession.

Comme la représentation du réel est entièrement entre les mains de ceux qui maintiennent la chape de plomb il est pratiquement impossible de médiatiser le chambardement majeur en cours depuis plus d'une génération en France et en Europe.

Seule une crise économique gravissime ou un début de guerre civile pourra faire éclater la machinerie bien huilée mise en place et dans laquelle il fut jusqu'à présent quasiment impossible d'introduire le plus petit grain de sable.
Utilisateur anonyme
23 décembre 2010, 07:32   Re : L'Amérique notre destin
(Message supprimé à la demande de son auteur)
23 décembre 2010, 07:55   Re : L'Amérique notre destin
Citation
Deux et deux vont avoir irrésistiblement tendance à refaire quatre...

Bien dit, cher Didier, mais vous reconnaitrez que les agents de la chape ont su jusqu'à présent cacher avec maestria les enjeux en cours avec les attaques contre des pays appartenant à la zone euro.

Je ne vous cache pas que l'dée d'une dislocation de l'euro m'angoisse car celle-ci aura des conséquences funestes, à court terme en tout cas, pour nos économies.

En clair je vois mal comment un passage aux anciennes monnaies pourra se faire sans entrainer un chaos indescriptible. Il faudra fermer les bourses au moins pendant une semaine mais on ne pourra pas fermer celles situées hors de l'UE.

Conséquences immédiates: ré-évaluation féroce du d-mark et effondrement immédiat du franc, de la lire, etc...
23 décembre 2010, 09:49   Re : L'Amérique notre destin
Entendu sur France Info il y a un quart d'heure, Luc Ferry préfère Marine à Besancenot parce qu'elle est démocrate. Il faudrait retrouver l'émission dont était extraite la citation.
Utilisateur anonyme
23 décembre 2010, 09:52   Re : L'Amérique notre destin
(Message supprimé à la demande de son auteur)
J'ignorais totalement le sens du mot pagure.
23 décembre 2010, 11:44   Re : L'Amérique notre destin
Le Monde diplomatique du mois de décembre vient de réaliser un reportage intéressant sur Alger. Il confirme en tout point ce que dit Cassandre. Sous la pression des islamistes, les autorités ferment un à un les cafés, les lieux de rencontre et les cinémas. La capitale algérienne est en train de devenir une sorte de désert parsemé, il est vrai, des quelques oasis réservées aux tartuffes de la nomenklatura sous la forme de boites de nuit et autres lieux de perdition. En outre, le patrimoine architectural de la ville (hérité de la régence turque et de la colonisation française) tombe en ruines. L'état des lieux est tellement sinistre qu'une de mes amies, qui a quitté Alger au commencement de la guerre civile, vient de décider de ne plus jamais y retourner. Cela dit, elle pourra se consoler avec le XVIIIe arrondissement. Elle habite à quelques rues de la Goutte-d'Or et voit avec effarement s'établir dans son quartier ce qu'elle a fui il y a vingt ans.
23 décembre 2010, 12:13   Le Pagure
Le mollusque est un être – presque une – qualité. Il n’a pas besoin de charpente mais seulement d’un rempart, quelque chose comme la couleur dans le tube.
La nature renonce ici à la présentation du plasma en forme. Elle montre seulement qu’elle y tient en l’abritant soigneusement, dans un écrin dont la face intérieure est la plus belle.
Ce n’est donc pas un simple crachat, mais une réalité des plus précieuses.
Le mollusque est doué d’une énergie puissante à se renfermer. Ce n’est à vrai dire qu’un muscle, un gond, un blount et sa porte.
Le blount ayant sécrété la porte. Deux portes légèrement concaves constituent sa demeure entière.
Première et dernière demeure. Il y loge jusqu’après sa mort.
Rien à faire pour l’en tirer vivant.
La moindre cellule du corps de l’homme tient ainsi, et avec cette force, à la parole, – et réciproquement.
Mais parfois un autre être vient violer ce tombeau, lorsqu’il est bien fait, et s’y fixer à la place du constructeur défunt.
C’est le cas du pagure.

Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942.
Utilisateur anonyme
23 décembre 2010, 12:30   Re : Le Pagure
23 décembre 2010, 15:42   Re : Le Pagure
Toutes mes excuses : je n'ai pas fait exprès de mettre deux fois le même message à propos de "la rue arabe"sur deux fils différents. L'ayant posté la veille au soir, et ne l'ayant pas retrouvé le lendemain, faute d'avoir cherché sur le bon fil, j'ai cru avoir oublié de cliquer sur la fonction "envoyer" et qu'il avait disparu. J'ai donc recommencé .
23 décembre 2010, 16:08   Re : Le Pagure
" Sous la pression des islamistes, les autorités ferment un à un les cafés, les lieux de rencontre et les cinémas. La capitale algérienne est en train de devenir une sorte de désert parsemé, il est vrai, des quelques oasis réservées aux tartuffes de la nomenklatura sous la forme de boites de nuit et autres lieux de perdition."

le problème est plus compliqué.

A l'indépendance, j'ai vu en quelques mois, ou plutôt, disons, en deux ou trois ans, en tous cas presque à vue d'oeil, Blida qui était une ville européenne très animée et très gaie, se transformer en ce que j'ai décrit ci-dessus. Et pourtant à l'époque il n'y avait pas encore de pression islamiste. Personne ne parlait d'intégrisme ou de fondamentalisme . C'était la pression de l'islam ordinaire, de l'islam tout court, de celui qu'on appelle modéré; Cela s'est fait sans violences, sans intimidations visibles d'aucune autorité politico-religieuse, tout culturellement, en somme, comme on dit tout naturellement.

Nos amis et connaissances du petit peuple, tout fort braves gens et musulmans modérés qu'ils fussent, ont participé à ce changement sans même s'en rendre compte, étant même les premiers, parfois à s'en étonner et à le déplorer. C'est cela qui à moi, me semble préoccupant., parce que beaucoup plus insaisissable que l'islamisme.
23 décembre 2010, 23:03   La Crevette
Et voici, cher Stéphane, les signes de ponctuation, aussi capricieux qu'est inamovible l'accrochement bivalve de l'homme et de la parole :


« Plusieurs qualités ou circonstances font l'un des objets les plus pudiques au monde, et peut-être le plus farouche gibier de contemplation, d'un petit animal qu'il importe sans doute moins de nommer d'abord que d'évoquer avec précision, de laisser s'engager de son mouvement propre dans le conduit des circonvolutions, d'atteindre enfin par la parole au point dialectique où le situent sa forme et son milieu, sa condition muette et l'exercice de sa profession juste.
Admettons-le d'abord, parfois il arrive qu'un homme à la vue troublée par la fièvre, la faim ou simplement la fatigue, subisse une passagère et sans doute bénigne hallucination : par bonds vifs, saccadés, successifs, rétrogrades suivis de lents retours, il aperçoit d'un endroit à l'autre de l'étendue de sa vision remuer d'une façon particulière une sorte de petits signes, assez peu marqués, translucides, à formes de bâtonnets, de virgules, peut-être d'autres signes de ponctuation, qui, sans lui cacher du tout le monde l'oblitèrent en quelque façon, s'y déplacent en surimpression, enfin donnent envie de se frotter les yeux afin de re-jouir par leur éviction d'une vision plus nette.
Or, dans le monde des représentations extérieures, parfois un phénomène analogue se produit : la crevette, au sein des flots qu'elle habite, ne bondit pas d'une façon différente, et comme les taches dont je parlais tout à l'heure étaient l'effet d'un trouble de la vue, ce petit être semble d'abord fonction de la confusion marine. Il se montre d'ailleurs le plus fréquemment aux endroits où même par temps sereins cette confusion est toujours à son comble : aux creux des roches, où les ondulations liquides sans cesse se contredisent, parmi lesquelles l'œil, dans une épaisseur de pur qui se distingue mal de l'encre, malgré toutes ses peines n'aperçoit jamais rien de sûr. Une diaphanéité utile autant que ses bonds y ôte enfin à sa présence même immobile sous les regards toute continuité...»

Francis Ponge, Le Parti pris des choses
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