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Sauf à oublier

Envoyé par Thomas Rhotomago 
21 janvier 2011, 13:17   Sauf à oublier
Sauf à oublier que la France a une langue officielle - le français -, établie sur un socle très varié de langues régionales, il n'est ni souhaitable ni heureux que certains de ses habitants ne renoncent pas à échanger entre eux des propos dans des langues totalement étrangères au français et cela sur les lieux mêmes où ils travaillent, d'autant plus si ces lieux sont destinés à accueillir le public, tels que magasins, musées, administrations.

En outre, faire mine d'assimiler les-dites langues étrangères aux langues régionales traditionnellement présentes en France ne relèverait que de la pure et simple jobardise si cela ne trahissait la volonté pernicieuse de semer la confusion dans les esprits, au détriment des Français sincères, qu'ils soient de souche ancienne ou de récent rameau.
21 janvier 2011, 14:18   Re : Sauf à oublier
Pensez-vous que des Français de souche basque ancienne qui s'exprimeraient en basque devant des usagers (même question avec les souches alsaciennes et corses) devraient faire l'objet du même souhait ?
21 janvier 2011, 14:35   Re : Sauf à oublier
Mais cher Jean-Marc, à moins de n'avoir rien compris (ce qui serait bien possible dans mon cas aujourd'hui), il me semble qu'Orimont expose une claire distinction entre les langues régionales, ces dernières étant reconnues comme faisant partie du patrimoine culturel français, des langues qui sont parfaitement étrangères à notre histoire.

En outre, ne pensez-vous pas utile, sinon urgent en ces temps de Grande Déculturation, de revaloriser la langue française partout où c'est possible (à commencer par son apprentissage à l'école évidemment, mais pas seulement...) ?
21 janvier 2011, 14:38   Re : Sauf à oublier
Merci à Orimont Bolacre pour ce projet de communiqué, que j'approuve presque entièrement. Je pense seulement qu'il faut distinguer les Administrations d'Etat ou même locales des autres lieux destinés à accueillir le public : car l'article 2 de
la Constitution ("La langue de la République est le français") s'y applique pleinement. L'objection de Jean-Marc est précisément l'une de celles que m'a opposée(s) la direction de l'Etablissement public auprès duquel j'ai protesté. Elle ne tient pas la route. M. Francis Marche en a fait justice dans une intervention aigue, brillante et convaincante dont il a le secret (voir fil de discussion "Miss Pays de Loire").
21 janvier 2011, 14:39   Re : Sauf à oublier
Phénarète,


Si j'étais en voyage en Alsace, je trouverais aussi choquant que des fonctionnaires derrière le guichet entament une conversation en alsacien alors que je demande un renseignement que s'ils le faisaient en wolof.

En revanche, si un usager âgé se présentait au guichet et s'adressait en alsacien aux agents, je ne verrais que des avantages à ce que ceux-ci lui répondissent dans sa langue d'usage.

Il s'agit d'un problème non de langue, mais de service rendu et de politesse.
21 janvier 2011, 14:41   Re : Sauf à oublier
L'école, le lycée, l'université ne remplissent plus leurs missions. Par ci, par là, quelques professeurs passionnés arrivent à transmettre l'amour du français et de la littérature mais c'est trop peu. Comment compenser ce déficit ? En créant des clubs, des écoles de perfectionnement où on ne viendrait pas chercher des diplômes mais apprendre pour le plaisir ?
Si la littérature française redevient attrayante, la tentation de régresser vers des langues ancestrales étrangères sera moins grande.
21 janvier 2011, 15:23   Re : Sauf à
Qu’on veuille bien me pardonner de n’intervenir que sur une question de forme ! L’expression « sauf à + inf. » semble connaître un succès de plus en plus vif comme équivalent de « à moins de ». Pourtant, ni le dictionnaire de l’Académie française (huitième édition) ni le TLFi ne relèvent cet emploi. Pour ceux-ci, sauf à + inf. signifie sous la réserve de, quitte à, en se réservant la possibilité de, etc.
Exemple : Il s’agit d’échapper à ce savant le plus vite possible, sauf à le retrouver plus tard (Sand, Homme de neige, t. I, p. 109)
Il est vrai que l’erreur, si l’on peut encore considérer que c’en est une, est commise par tant de gens, et de si honorables, dont Renaud Camus lui-même, et qu’il n’est, d’autre part, presque personne pour l’employer aujourd’hui selon la définition des dictionnaires, qu’on doit sans doute se résoudre à voir remplacée l’ancienne définition, bien pratique pourtant, si l’on considère, chose étrange, que quitte à est noté comme familier dans les deux ouvrages de référence que j’ai nommés.
21 janvier 2011, 15:35   Re : Sauf à oublier
Buena Vista, la Constitution s'applique partout, c'est exact, mais pas forcément à toutes les situations. Si, par exemple, Francis et moi discutons en chinois, c'est notre problème, pas le vôtre, dès lors que ni Francis, ni moi ne sommes engagés dans une relation contractuelle ou de service avec vous.

Si votre femme de ménage lit le Herald Tribune pendant sa pause, c'est son problème.

Si votre agent de sécurité en bas d'immeuble fait les mots croisés du Helsingin Sanomat au lieu de surveiller, c'est la même chose que s'il faisait ceux du télégramme de Brest.

La Constitution ne dit pas : le français est la seule langue qui sera parlée ou lue sur le territoire de la République (à moins, ce qui est possible, que je ne comprenne pas le français).

Si vous êtes à ce point gêné par les langues étrangères, alors laissez tranquilles les personnes à l'apparence africaine (car c'est d'elles dont vous nous parlez) et allez purifier par le feu les réclames en franglais, et allez mettre à bas les signalisations bilingues, et allez faire la chasse aux termes anglais dont nous parsemons tous nos paroles et nos écrits. Une fois que ce nettoyage des écuries domestiques aura été fait, alors vous pourrez, de bonne foi, vous attaquer aux pauvres.
22 janvier 2011, 08:30   Re : Sauf à oublier
"Pensez-vous que des Français de souche basque ancienne qui s'exprimeraient en basque devant des usagers (même question avec les souches alsaciennes et corses) devraient faire l'objet du même souhait ?"

Bien sûr, le jour où l'on aura l'occasion d'entendre le basque, l'alsacien ou le corse autant que l'arabe, c'est-à-dire, quotidiennement et partout. Dites, Jean-Marc, vous faites l'imbécile par désoeuvrement ou malice ou bien c'est une seconde nature qui vous est venue à force de "consulting" ?
22 janvier 2011, 12:11   Re : Sauf à oublier
Non, cela m'est venu en discutant avec vous.

Je vous explique, en deux mots. Dans ce genre d'affaire, avec ce genre de message, on fait monter la mayonnaise, on excite les passions, à partir d'un évènement qui n'en est pas un. Je peux vous dire qu'il y a trente ans j'avais été exaspéré par des Alsaciens qui, afin que je ne les comprenne pas, parlaient ce langage entre eux alors que j'étais en conversation avec eux (le caractère volontaire de leurs propos étant évident à la lumière de ce qu'ils disaient) ; je leur avais alors declaré, au bout d'un certain temps, et en allemand, que j'appréciais beaucoup la culture allemande, et que nous pouvions continuer dans cette langue.

Qu'on s'élève contre des agissements qui vous nuise (du style parler de vous dans une langue étrangère), je le conçois. Qu'on accumule les petites choses (qui sont des choses privées) pour diaboliser systématiquement l'étranger, de préférence quand il est noir ou quand il est musulman, je trouve cela identique au discours qui veut qu'il soit adoré de façon absolue.
22 janvier 2011, 13:04   Re : Sauf à oublier
Je vais apporter une précision :

A Castres, ou à Toulouse, dans mon enfance, on trouvait sur les marchés beaucoup de dames d'origine espagnole ou portugaise qui parlaient une sorte de sabir, et nul ne s'en formalisait. Dans le même temps, le Gouvernement ne faisait pas donner des cours d'espagnol ou de portugais, et la ville de Toulouse ne lançait pas des semaines de l'ibéritude (hommage à qui vous savez).

Le problème n'est pas que des gens du peuple parlent la langue dans laquelle ils ont été élevés lorsqu'ils parlent entre eux, le problème est que la vulgate prétend qu'il faut faire perdurer cela. Ne tapez pas sur ces gens, tapez ("cognez", comme j'ai lu) sur ceux qui propagent les idées de cette vulgate, tapez sur RESF tant que vous voulez, mais laissez les pauvres gens tranquilles, sinon les Français ne vous suivront pas et vous trouveront odieux.
22 janvier 2011, 18:03   Re : Sauf à oublier
Jean-Marc, permettez-moi de diverger quelque peu et de déceler dans vos propos ce qui risque fort d'être une confusion: Paris, par exemple, est une ville polyglotte depuis très longtemps, des siècles, depuis toujours en fait, et point seulement dans les conversations privées: des radios y émettent en portugais, en arabe, et dans d'autres langues, au moins partiellement, dont l'anglais; pendant des décennies le Herald Tribune y a été imprimé (et peut-être est-ce encore le cas); on y trouve des journaux en turc, en russe, etc. Et c'est tant mieux!

Londres ne l'est pas moins. On dit qu'à Londres, près de trois cent langues et dialectes sont parlés ! Or allez visiter cette ville fascinante, pénétrez dans un bureau où est proposé un service public, et tendez l'oreille, au bureau des postes les préposés, à la Tate Gallery la gardienne de musée, les services de sécurité dans les bâtiments publics, les bibliothèques, les Citizen Advice Bureau: voilà des lieux où, par ces employés, "la diversité" est fortement représentée et où vous n'entendrez parler que l'anglais ! Pourquoi donc pareille différence entre Londres et Paris ? et bien parce que la diversité à la Française, en fait, n'en n'est pas une: elle fonctionne par regroupements ethniques cloisonnés qui font le contraire de brasser les individus et leurs origines et qui en opérant la coalescence ethnique ou nationale produit le résultat inverse du résultat londonien: les Africains entre eux parlent leur langue, ailleurs les Bengalis, ou les Turcs qui parlent la leur, etc..

Je vous propose comme groupe témoin de ce que j'avance -- l'hypothèse d'une cooptation ethnique officieuse dans le public et le parapublic en France -- ce qui se passe à Paris dans un sous-secteur du privé: la restauration, où la diversité des origines nationales couvre toute la planète. Le recrutement s'y effectue "au mérite", ou à l'expérience ou encore par la compétitivité à la baisse des tarifs horaires que sont prêts à accepter les intéressés: c'est ainsi que je connais un restaurant japonais dans le 1er arrondissement de la capitale qui emploie un Cinghalais, deux Chinoises, une Roumaine, un Turc et un Japonais (l'homme des sushis) et bien le résultat est là : tous communiquent entre eux, s'empoignent à l'occasion, nouent leurs complicités et amitiés éventuelles en français et dans nulle autre langue. C'est que l'origine ethnique n'a pas de prise sur le travail véritable, l'économie de marché la plus brute, et qu'à l'inverse, le marché de l'emploi du public et du parapublic s'ethnicise, se racialise, se nationifie et qu'il évolue ainsi paradoxalement sous le drapeau unitaire de la République.
22 janvier 2011, 19:49   Re : Sauf à oublier
Francis, ce que vous dites appelle réflexion, comme d'habitude.

Je répondrai ultérieurement sur le fond.

Votre exemple, relatif à la restauration, est excellent. Notons d'abord qu'il n'y a, dans l'équipe, aucun Français. Un Français, dans la restauration, a du mal avec la plonge et le poste de commis de cuisine et le poste de commis en salle (heureusement qu'il n'y a pas, en France, de Bus Boys).

Le Français, contrairement aux usages de cette profession, n'accepte pas de commencer "en bas". Bien des plongeurs sont Maliens !

Pourtant, et comme vous le dites, c'est un secteur très concurrentiel, et très rémunérateur pour peu qu'on apprenne et qu'on ne compte pas ses heures. Pour un jeune sans grande qualification, c'est une bonne base de départ.

Un de mes amis (rencontré quand il était serveur d'un mess quand il avait vingt ans, il y a de cela presque trente ans) n'avait pas une grande instruction : il s'est mis à la tâche, est parti à l'étranger à Londres, à Zurich, a appris un vrai métier, l'art de recevoir, l'art de la discrétion amicale ; il a maintenant presque cinquante ans, il exerce à Genève, dans le secteur très rémunérateur des organisations de séminaires de haut niveau, et de service pour les banques privées.

Il est évident que quand vous parlez de millions à table, vous faites attention à qui vous sert la soupe.

Je crois que nos amis Japonais ont fort bien compris cet aspect du service, attentif, discret.

Ce jeune homme (qui ne l'est plus) parle parfaitement l'anglais, l'allemand, est très psychologue et gagne plus de 100000 € par an.
22 janvier 2011, 19:51   Re : Sauf à oublier
Francis,


Sur les étrangers qui veulent s'en sortir par la restauration, cet intéressant article du New York Times :

[www.nytimes.com]
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