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Ce 21 janvier-là

Envoyé par Phil Steanby 
21 janvier 2011, 20:05   Ce 21 janvier-là
Je me suis permis, Didier Goux, de citer votre très beau petit texte ici. Je vous suis reconnaissant de m'avoir rappelé qu'aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres.


Ce 21 janvier-là, nous étions nombreux sur l'échafaud

Le 21 janvier est depuis 218 ans un jour funeste. Plus exactement, c'est un jour triste parce qu'il lui arriva d'être funeste voilà 218 ans. Il se trouve encore aujourd'hui quelques décérébrés à cocarde pour se réjouir de l'idée que, sur la future place de la Concorde, à 10 h 22, tombait la tête du roi Louis XVI dans le panier de la guillotine. C'est que cette tête, en chutant, leur a fait perdre l'esprit, et durablement.

Cette décollation matinale a rendu possibles, pensables, les dizaines de milliers qui allaient bientôt suivre, dans ce nouveau massacre des innocents perpétré par les Conventionnels de Robespierre. Elle allait surtout rendre inenvisageable toute réconciliation française, tout pardon, tout oubli ; et faire le lit des impostures haineuses qui se sont succédé à la tête de ce pays, pour le mener au tombeau lui aussi – nous sommes à la grille du cimetière, le chemin ne sera plus très long.

Et c'est pourquoi être habité par un certain sentiment de deuil, tous les 21 janvier qui surviennent, ne relève pas entièrement de je ne sais quel folklore royaliste, ni de la grande kermesse de la France d'avant. C'est prendre acte, une année après l'autre, du crime qui a été commis ; c'est aussi et surtout apprendre à le voir comme un lent et irréversible suicide, solennel malgré le ricanement des carmagnoles.



[didiergouxbis.blogspot.com]
Utilisateur anonyme
21 janvier 2011, 20:44   Re : Ce 21 janvier-là
21 janvier 2011, 20:45   Re : Ce 21 janvier-là
En effet, c'est très juste et très beau.
21 janvier 2011, 21:49   Re : Ce 21 janvier-là
Citation
Elle allait surtout rendre inenvisageable toute réconciliation française, tout pardon, tout oubli ; et faire le lit des impostures haineuses qui se sont succédé à la tête de ce pays, pour le mener au tombeau lui aussi – nous sommes à la grille du cimetière, le chemin ne sera plus très long.

Hélas trop vrai car depuis 1789 la haine a pris notre pays dans ses griffes et nous vivons dans un état de guerre civile permanente.
21 janvier 2011, 23:03   Re : Ce 21 janvier-là
Citation
Des gens comme ça, on n'en fera plus jamais, je vous le dis.

C'ètait un Roi chrétien qui aimait vraiment ses sujets. Nous ne reverrons jamais un tel homme car comme le dit si bien Jean Raspail "Pas de Dieu Pas de Roi"
21 janvier 2011, 23:15   Re : Ce 21 janvier-là
Il fut malheureusement très mal entouré. Voyez, Rogemi, la tentative qui échoua à Varennes : une bonne idée au départ ; un désastre dans l'exécution, et ce par la faute des personnes qui auraient dû organiser cela.
21 janvier 2011, 23:19   Re : Ce 21 janvier-là
La République pourra-t-elle supporter la béatification de Louis XVI ? Ce n'est pas sûr et c'est dommage.
21 janvier 2011, 23:27   à Florentin
A propos de Varennes, lire la "sotie nostradamique" de Georges Dumézil sur le sujet : "...le moyne noir en gris dedans Varennes..." (les guillemets sont dans le titre de l'ouvrage).

L'histoire est d'abord irrationnelle, les hommes, en l'écrivant, en la jouant, la meublent de motifs.
21 janvier 2011, 23:35   Re : Ce 21 janvier-là
Excellent livre, cher Francis, merci de le citer.
21 janvier 2011, 23:40   Re : Ce 21 janvier-là
Rogemi : je cite : "Pas de Dieu Pas de Roi" "
Que nenni mon cher ! À mon avis, "le droit divin" est la couronne d'épine de tout l'Occident. Nous savons (ou pas) que depuis l'empereur (romain — princeps, imperator et pontife) Julien l'Apostat, il ne faut surtout pas mélanger les dieux, les peuples et les rois. Je vous aurai prévenu hein ! Un vrai roi n'aime pas ses sujets, il les sert. (oui, je sais, c'est très quantique et donc déroutant cette vision de l'Histoire, mais ça implique un petit côté chevaleresque, scout et "immanent" pas piqué des vers)
En tout cas, moi j'aime et je le partage...
21 janvier 2011, 23:58   Re : Ce 21 janvier-là
Et rat homme : "la couronne d'épine" mériterait un "s" final (in cauda venenum comme disait le Serpent au vert Adam — qui s'en brossait visiblement)
Utilisateur anonyme
22 janvier 2011, 02:34   Re : Ce 21 janvier-là
Citation
Martin-Lothar
Notre bonhomme Louis XVI, succédant à ce titre, au pire des rois de France, (le n° 15)

Ah oui et en quoi?
22 janvier 2011, 08:48   Re : Ce 21 janvier-là
Citation
Martin-Lothar
Notre bonhomme Louis XVI, succédant à ce titre, au pire des rois de France, (le n° 15) ; ce roi de France qui ne voulait pas l'être et qui mourut "roi des français ! — la honte" ; cet excellent prince, mal aimé, mal conseillé, mal marié, mal servi, bref, mal entouré d'une compagnie de nazes à chier d'urgence, ce roi, cet homme, eut pourtant une dernière pensée, cette ultime angoisse impériale pour... [QUIZZ !] Des gens comme ça, on n'en fera plus jamais, je vous le dis.

Pour Jean-François de Galaup, comte de la Pérouse, et son équipage.
Utilisateur anonyme
22 janvier 2011, 17:17   Et les Suisses?
Les Suisses se sont fait massacrer pour défendre un palais vide.

Beau symbole d'un roi qui aura déserté la monarchie. Le sens de l'honneur et de la fidélité était du côté des Suisses et pas du côté du Roi. Les commémore-t-on ?

Casanova dans l'Histoire de ma vie a des mots assez durs sur la démission de Louis XVIème.
22 janvier 2011, 18:34   Re : Et les Suisses?
Louis XVI a démissionné le jour où, montant sur le trône, il a rétabli les Parlements, sous prétexte de montrer qu'il n'entendait pas être un tyran, redonnant ainsi aux robins le pouvoir de bloquer toutes les réformes. Puis il n'a jamais cessé, jusqu'à la fin, de balancer entre le coup de force velléitaire et l'abandon véritable, à l'égard des opposants, de la reine, des États généraux. C'était un homme bon dit-on, et il y a tout lieu de le croire, mais il a été un roi calamiteux, un vrai désastre, pour la couronne bien sûr mais aussi, et c'est pire, pour le pays.
22 janvier 2011, 18:37   Re : Ce 21 janvier-là
Citation
William König
Citation
Martin-Lothar

Pour Jean-François de Galaup, comte de la Pérouse, et son équipage.

William König : bingo ! Bravo. Ave Wilhelmus Rex ! Effectivement, la dernière préoccupation de ce roi maudit, amateur de cartes et d'estampes "aurait été" d'avoir des nouvelles de l'expédition de la Pérouse qu'il envoya aux Antipodes — sans doute pour trouver les "bons sauvages" de Rousseau, qu'il connaissait par choeur et par coeur.
Vae victis, dirait notre Brunet Latin qui a ma réponse concernant son interrogation — ci-dessus — pour ce qui concerne Louis XV. Mais comme je n'aime pas tirer, cracher ou pisser sur les tombes des morts — fussent-ils rois — je reconnais que le n°15 avait du style et surtout, la gageure de succéder (en titre, et en numérotation) au dernier des vrais rois du monde.
22 janvier 2011, 18:55   Re : Ce 21 janvier-là
Marcel Meyer : je l'ai écrit plus haut : les pires ennemis de Louis XVI furent de son entourage. Les pires ! Son meilleur conseiller et son meilleur ennemi dans la foulée, fut sans doute la Fayette (pour vous dire qu'il était seul cet homme, sur son Titanic...)
22 janvier 2011, 19:41   Re : Ce 21 janvier-là
Les révolutionnaires ont fait une chose importante pour la France : raccourcir bon nombre de robins ; il est dommage qu'ils n'aient pas poussé davantage dans cette direction.

D'autre part, beaucoup de Français du peuple étaient à la fois pour la révolution et pour la famille royale. La Fayette était le garant, il ne pouvait aider le Roi dans l'affaire de Varennes. Imaginez un Lefebvre s'occupant de la chose à la place de nobles poudrés, et la famille royale est en sûreté en deux temps, trois mouvements, et les Drouet potentiels au bout d'une corde.
Utilisateur anonyme
22 janvier 2011, 22:22   Re : Et les Suisses?
Tous les rois ont quitté Paris chaque fois que ça commençait à sentir le roussi.

Tous sauf un. Et quand il le fit, il le fit mal et trop tard.
22 janvier 2011, 22:38   Re : Ce 21 janvier-là
Brunet Latin : nous sommes d'accords en fait et à présent (ce gens-là sont tous morts) Cela étant, quand Louis XVI partit pour Varennes (et pas plus loin, comme disait Bonaparte, avec une larme à l'œil, d'ailleurs) il n'était déjà plus roi de France. Point barre (comme rugissait Raymond le Lyonnais)
Utilisateur anonyme
23 janvier 2011, 00:49   Re : Ce 21 janvier-là
Point barre?
23 janvier 2011, 01:45   Re : Ce 21 janvier-là
Oui, adieu.
Utilisateur anonyme
23 janvier 2011, 02:58   Re : Ce 21 janvier-là
Alors bon vent.
23 janvier 2011, 22:54   Re : Ce 21 janvier-là
Citation

 [...] je reconnais que le n°15 avait du style [...] 

Je tiens le bureau du roi Louis XV pour l'une des toutes plus belles réalisations humaines.

23 janvier 2011, 23:10   Re : Ce 21 janvier-là
Tout le génie français se retrouve dans cette efficacité d'apparence légère.
23 janvier 2011, 23:13   Re : Ce 21 janvier-là
C'est très exactement comme vous le dites, cher Florentin. Que la nuit vous soit douce.
23 janvier 2011, 23:13   Re : Ce 21 janvier-là
C'est (pas) simple ; c'est beau ; c'est grand ; c'est tout.
24 janvier 2011, 01:52   N'importe quoi
(Il y a aussi un je ne sais quoi de nippon dans le déjeté nonchalant et un peu salace du pied...)
24 janvier 2011, 10:40   Re : Ce 21 janvier-là
Tout le génie se tient là, cher Alain. Cette courbe ( votre déjeté ) élégante et naturelle est en réalité droite en gaine ( fig.6 ), ce qui n'apparait pas à première vue ( si ce n'est de trois quart pour l'oeil averti ). Qu'elle ne le soit plus, ne fût-ce que de peu, et l'ensemble perd son charme et devient vulgaire.
24 janvier 2011, 10:52   Re : Ce 21 janvier-là
Des styles antérieurs au style Louis XV, ce qu'on sent c'est l'emprise des femmes, du goût féminin sur toute chose. Témoin la courbe si élégante dont vous parlez.
24 janvier 2011, 12:40   Re : Ce 21 janvier-là
Sans doute voulez-vous parler des styles postérieurs au style Louis XV, le Louis XVI est encore admirable ( ah! certains bonheurs du jour...) mais bien plus féminin que le précèdent. Avant Louis XV, nous sommes encore dans le symétrique superbe mais bien raide. Je n'ai pas le temps de développer ( et peut-être n'est-ce pas le lieu ) mais en raccourcissant à l'excès, on pourrait dire que l'histoire du style, liée par nature à l'histoire politique, n'est qu'une évolution vers la sécurité, la féminisation puis la décadence.
24 janvier 2011, 13:50   Re : Ce 21 janvier-là
Martin-Lothar,

Vous nous dites :

C'est (pas) simple ; c'est beau ; c'est grand ; c'est tout.

Je complèterais :

C'est (pas) simple ; c'est beau ; c'est grand ; c'est tout ; c'est français ; c'est presque gaulliste.
24 janvier 2011, 13:52   Re : Ce 21 janvier-là
Que reprochez-vous au style Empire, Éric ? je ne le dirais pas raide, mais majestueux (de la même façon que ne dirais pas le Louis XV tordu, mais gracieux).
24 janvier 2011, 17:31   Re : Ce 21 janvier-là
Oui, bien sûr, Eric Veron, c'est ce que je voulais dire ; ma phrase prêtait en effet à confusion. Le Louis XVI est inégalé dans la finesse, l'art de dire beaucoup avec presque rien, dans l'épure délicate, dans la sobriété raffinée sans lourdeur ni ostentation. Aucune virilité, foin d'austérité. Mais parfois de quoi donner la nostalgie des bonnes vieilles armoires Louis XIII en bois noir et lourdes, solides comme des troncs d'arbres...
24 janvier 2011, 18:01   Re : Ce 21 janvier-là
Oui, Stéphane, l'emblème même de Kivahalacha'chs...
24 janvier 2011, 21:29   Re : Ce 21 janvier-là
Cher Jean-Marc, je ne peux plus faire que de brèves incursions sur mon forum préféré et crains toujours d'avoir manqué un chaînon. Votre question mériterait pourtant développement ( comme tant d'autres venant de vous mais je ne veux pas me laisser piéger par le fameux lascar que vous faites )
Or donc, le style Empire pourrait être une illustration du cœur du sujet autour duquel nous tournons ici et je ne serais pas trop étonné que nous nous retrouvions sur mon ébauche de raisonnement. Je ne reproche rien à la production de style Empire, les pièces souvent me séduisent. Comment n'en serait-il pas ainsi puisque le style Empire s'abreuve au bonnes sources, le fameux retour à l'antique ? Mais là gît la question. L'époque d'alors n'est plus à l'antique et le style se coupe irrémédiablement de l'histoire, de son temps et de son peuple ; ce n'est plus un style à proprement parler, c'est le désir de certains, c'est une vue de l'esprit. De même certaines réalisations de Majorelle me mettent en joie comme nulles autres mais elles ne font pas un style, c'est déjà le temps des imposteurs, des designers. Voyez-vous, cher Jean-Marc nous partageons ici, comment dire, le regret de certaines valeurs, d'un certain art de vivre dans un certain temps passé. Je me permets pourtant de penser que la nostalgie est un vilain défaut et que le piège funeste qu'elle nous tend et de croire à la facilité de répliquer ce qui fut. Non, je crois que pour être fidèle à la tradition il faut s'y abreuver mais avoir le courage de créer autre chose qui correspondent à l'attente de l'époque et au besoin du peuple, attente et besoin fallacieusement comblés par une facilité moderne.
J'ai été un peu plus long qu'à l'accoutumé, c'est risqué, surtout ce soir.
24 janvier 2011, 22:01   Re : Ce 21 janvier-là
Eric, vos messages vespéraux ont quelque chose d'inquiétant, le "risque" du soir...

On dirait que le chien des Baskerville rôde sur votre lande à la nuit tombée, prêt à vous "engouliner", en patois languedocien...

Je vous dirai donc :

A solelh colc, los ases son a l'ombra.
24 janvier 2011, 22:19   Re : Ce 21 janvier-là
Bonsoir, bien cher Jean-Marc.
24 janvier 2011, 22:48   Re : Ce 21 janvier-là
Dites plutôt, cher Éric, que vous avez délicatement posé sur l'oreiller des liseurs une petite cookie's question, de quoi faire sa nuit : le style d'une époque peut-il n'être pas de son époque ?
24 janvier 2011, 22:51   Re : Ce 21 janvier-là
Toutes les époques ont-elles un style ?
24 janvier 2011, 23:06   Re : Ce 21 janvier-là
Oui, cher Billy, belle pièce ( les Lapis doivent valoir un coup d'œil de prés ) que vous nous présentez :

« Bonheur du jour de style Louis XVI en bois de placage de loupe d'amboine et acajou. Estampillé par Henry Dasson, XIXeme siècle. La partie supérieure est structurée, de chaque côté, par deux colonnes en Lapis lazuli à chapiteau corinthien en bronze doré, surmontée d'un plateau de marbre brocatelle encastré, et souligné par une galerie ajourée elle aussi en bronze doré.

Il ouvre, en façade, à un abattant .orné, en son centre d une belle huile sur panneau de forme ovale, représentant l'Allégorie de la Sculpture un intérieur à une étagère. Il ouvre en ceinture à un tiroir découvrant quatre petits tiroirs secrets.

Il repose sur quatre montants balustre (inversés) fuselés, à cannelures saillantes en bronze doré, se terminant par des pieds toupie cannelés, réunis par une tablette d'entrejambe à galerie ajourée en bronze doré, recouverte d'un plateau lui aussi en marbre brocatelle.

Très belle ornementation de bronzes ciselés et dorés au mercure tels que rangs de perles, motifs de graines et feuilles d'acanthe, astragale moulurée, rangs de feuilles d'acanthe perlées, grattoirs et sabots.

Henry DASSON est l'un des plus importants fabricants de meubles et d'objets d'art de la deuxième moitié du XIXème siècle.

Il est particulièrement réputé pour l'extrême finesse de ciselure de ses bronzes et leur très belle dorure au mercure. Il perpétue la tradition de qualité de Charles-Guillaume Winckelsen dont il reprend l'affaire à son décès en 1896.

Installé au 106, rue Vieille du Temple, il excelle dans la réalisation de meubles et d'objets souvent inspirés des styles Louis XIV, Louis XV et Louis XVI.

Il est particulièrement remarqué à l'exposition Universelle de 1878, à Paris ou Louis Gonse le célèbre en ses termes : "Henry Dasson s'est rapidement créé par la perfection de ses œuvres une très haute situation à laquelle nous applaudissons chaleureusement".

Il continue à exposer avec succès (Grand Prix Artistique, Légion d'honneur à jusqu'à la cessation de son activité en 1894.»
24 janvier 2011, 23:08   Re : Ce 21 janvier-là
Celui-ci est bien plus authentique.

24 janvier 2011, 23:09   Re : Ce 21 janvier-là
Et, enfin, pour Jean-Marc

24 janvier 2011, 23:14   Re : Ce 21 janvier-là
Celui-ci est bien plus authentique.

Ah, oui, en effet. Vous autres artisans goûtez mieux les choses et connaissez leur véritable valeur parce que vous savez les nommer. Comme les vrais amateurs de vin.
24 janvier 2011, 23:18   Re : Ce 21 janvier-là
Nous nous sommes compris, cher Alain.
Oui, bien sûr, cher Stéphane, toutes les époques peuvent avoir un style mais, j'insiste, un style est d'abord l'émanation (à longue maturation) d'une époque et d'un peuple. Il faut bien longtemps pour qu'un style de meubles passe de la cour en province. La volonté politique (le meuble, à cette époque, rentrait en ligne de compte dans le commerce extérieur), le pognon, l'intelligence que l'on mettait à cette industrie se sont déplacés. Cherchez où l'on place la volonté politique, le pognon et l'intelligence aujourd'hui et vous trouverez peut-être le style contemporain, cher Stéphane.

Sur ce, chers amis, que la nuit vous soit douce et que le café croissant d'Alain soit bien chaud.
24 janvier 2011, 23:19   Re : Ce 21 janvier-là
Citation
Stéphane Bily
Toutes les époques ont-elles un style ?

Question assez difficile, d'autant qu'elle demande un approfondissement et une clarification de ce mot, "style", lesquels pourraient ce faisant insuffler au signifiant le sens qu'ils ne voulaient qu'épingler ; je serais quand même tenté de répondre que oui, même s'il ne s'est trouvé aucun génie qui pût en extraire la quintessence et la manifester dans une forme tangible.
Il y a un passage dans les Essais d'iconologie de Panofsky que je trouve éclairant à cet égard, mais il faudrait d'abord que je retrouve le livre, ensuite de quoi le passage, ce qui est rien moins qu'évident...
24 janvier 2011, 23:26   Re : Ce 21 janvier-là
Que le croissant café d'Allah soit bien chaud. C'est ce que j'avais lu, en grand paranoïaque.
25 janvier 2011, 00:30   Re : Ce 21 janvier-là
Oui, c'était vraiment bien amené ; ouh, il faut se méfier d'Éric !...
Utilisateur anonyme
25 janvier 2011, 07:28   Re : Ce 21 janvier-là
(Message supprimé à la demande de son auteur)
25 janvier 2011, 08:45   Re : Ce 21 janvier-là
Toutes les époques ont un style, ce qui ne veut pas dire que chaque époque ait du style.
Utilisateur anonyme
26 janvier 2011, 20:21   Re : Ce 21 janvier-là
Bonsoir, chers in-nocents.

Depuis le temps que je vous lis, je me décide à apporter ma pierre à vos échanges.

Soit dit en passant, j'ai été grandement surpris qu'on m'annonce que je pourrais participer après que le modérateur ait validé mon inscription.

Mais tel n'est pas l'objet de mon message.

J'ai aimé le joli petit texte du dénommé Didier Goux et j'ai eu l'envie de le transcrire en vers. Je vous livre donc le résultat de mon effort.

Le vingt-et-un janvier, depuis deux cent vingt ans,
Est un jour pernicieux, ou, plus exactement,
Une triste journée. Le matin de ce jour,
Il y a deux cent vingt ans, c’était la fête autour
D’un échafaud, office du bourreau Samson.
Une tête, en tombant, au milieu des chansons,
Dans un panier, permettait à tant de milliers
De tomber à leur tour dans tant d’autres paniers.
C’était sur la place dite de la Concorde
Qu’on fit ce qui livrait la France à la discorde :
Ni pardon, ni oubli, ni réconciliation
Mais la guerre, l’empire et la spoliation
Seraient depuis ce jour le destin d’une France
Engoncée de principes –vertu, tolérance,
Liberté, égalité et fraternité-
Qu’on se hâte de violer, sitôt proclamés,
Si peu que cela flatte un caprice, une haine.
Ainsi va la République, ivre d’elle-même,
Ivre de liberté, orgueilleuse et binaire,
Ainsi se rend-elle à son propre cimetière.
Nous sommes à la grille, il n’y a plus longtemps
A attendre la tombe. Et donc, voilà pourquoi,
Le vingt-et-un janvier, je suis en deuil, ma foi,
Car un crime commis au nom de la justice,
S’est avéré -l’histoire le prouve- l’esquisse
D’un lent et triste et irréversible suicide.
Le vingt-et-un janvier, pleurons le régicide.

Bien à vous,
26 janvier 2011, 21:31   Re : Ce 21 janvier-là
Bienvenue, cher François. Vous n'avez pas choisi la facilité, le sujet est difficile et vous vous en tirez honorablement. Je vous encourage à cultiver l'alexandrin dans sa forme la plus stricte. Plus la forme est contraignante, plus le poète se dépasse.
27 janvier 2011, 08:50   Re : Ce 21 janvier-là
Cher Éric, lorsqu'on se permet des formulations qui sont reprises par le Secrétaire général, on pourrait avoir la correction minimum d'accorder le verbe avec le sujet. « [...] autre chose qui correspondent corresponde » Avec mes excuses.
27 janvier 2011, 11:45   Re : Ce 21 janvier-là
C'est la première fois qu'on me versifie : ému je suis…
27 janvier 2011, 11:55   Re : Ce 21 janvier-là
Oui, c'est fort bien troussé, comme on dit...
Utilisateur anonyme
29 janvier 2011, 00:08   Re : Ce 21 janvier-là
Merci beaucoup de vos encouragements. L'émotion de l'auteur du texte-source me comble.
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