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L'agrégation de lettres n'aura pas lieu

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
30 janvier 2011, 19:45   L'agrégation de lettres n'aura pas lieu
C'est entériné, le système éducatif français n'a plus besoin d'agrégés des lettres.

Nouveaux publics, littérature au service exclusif du débat démocratique, nécessité de faire des économies, volonté de supprimer les derniers bastions de l'élitisme à la française (corps des agrégés et classes préparatoires)... autant de bonnes raisons de ne pas ouvrir, cette année, le concours d'agrégation.
M'est avis que l'agrégation est, toutes disciplines confondues, vouée à disparaître à brève échéance.
Article
Je ne vois pas non plus l'agrégation de mathématiques...

Est-on bien certain que ce document représente une liste définitive ? ne peut-il s'agir d'une liste partielle, les autres programmes n'étant pas prêts ?
Utilisateur anonyme
30 janvier 2011, 20:13   Re : L'agrégation de lettres n'aura pas lieu
Le programme de l'agrégation de mathématiques, pour autant que je sache, ne change guère d'année en année...
Un programme qui ne change pas tous les ans, dans l'éducation nationale, ça n'existe pas.

D'autre part, pensez-vous que les programmes suivants changent chaque année ?


Éducation physique et sportive
Génie civil
Génie électrique
Génie mécanique
Mécanique
Utilisateur anonyme
30 janvier 2011, 20:21   Re : L'agrégation de lettres n'aura pas lieu
Je ne suis pas spécialiste, mais d'après mes camarades mathématiciens, les modifications se font essentiellement à la marge. Pour les autres matières, je ne sais.
En tant que certifié de lettres qui comptait préparer l'agrégation interne lors de la prochaine session, je suis quelque peu alerté, mais il y a une chose qui me fait penser à un oubli possible ou à un retard, à savoir le fait que le programme dudit concours (tant interne qu'externe) était traditionnellement publié plus tard dans l'année, c'est-à-dire aux alentours des mois d'avril ou de mai. Or nous ne sommes qu'en janvier... Je croise les doigts, car en effet l'agrégation représente pour les certifiés la seule véritable prime au mérite que l'on puisse décrocher dans sa carrière...

Le site du ministère publie une note qui va dans le sens d'un retard, ou tout du moins d'une publication échelonnée des programmes : "Les notes fixant les programmes de la session 2012 citées ci-dessous concernent uniquement certaines sections des concours (BO n° 43 du 25 novembre 2010 et BO spécial n° 1 du 27 janvier 2011). D'autres programmes seront publiés ultérieurement au BO."

[www.education.gouv.fr]

Moralité : toujours varier les sources, et ne jamais céder à la panique.
Utilisateur anonyme
30 janvier 2011, 21:52   Re : L'agrégation de lettres n'aura pas lieu
Dont acte.
Il n'empêche que le concours d'agrégation, qui sera lui aussi "mastérisé" tôt ou tard, paraît menacé à moyen terme.
Pour quelle raison, au fait, une mesure simple, qui serait la suivante, n'est-elle jamais proposée ?

- un agrégé enseigne au lycée ou dans le cycle supérieur, exclusivement ;

- un certifié enseigne au collège, et au lycée s'il n'y a pas assez de postes d'agrégés (lesquels agrégés étant affectés automatiquement aux classes supérieures, c'est à dire en mathématiques l'agrégé en terminale et le certifié en seconde) ?

Trouvez-vous normal qu'un agrégé de lettres classiques donne des cours en sixième ?
Utilisateur anonyme
30 janvier 2011, 23:06   Re : L'agrégation de lettres n'aura pas lieu
Les raisons sont nombreuses, cher Jean-Marc.

Tout d'abord, la distinction certifiés / agrégés n'est plus vraiment de mise, de nos jours. Les agrégés sont tenus d'être modestes, car « on est tous dans le même bateau », après tout. Le fait qu'ils soient payés plus pour moins d'heure de cours est déjà une honte en soi ; on ne va tout de même pas leur donner les meilleures classes par dessus le marché ! Dans les collèges et les lycées, il y a une sorte d'égalitarisme de fait sur ces questions.

Il faut toujours garder en tête que le corps enseignant est essentiellement féminin. D'où un nombre incroyable de mamans agrégées qui demandent à rester en collège pour pouvoir se consacrer à leurs enfants. Il y aussi des hommes agrégés qui font la même demande pour n'avoir que peu de travail, et ainsi consacrer tout leur temps libre à se cultiver (mais ceux-là sont beaucoup plus rares).

L'avancement dans l'éducation nationale se fait à l'ancienneté, selon un barème parfois obscur. Etre marié et faire des enfants rapporte beaucoup plus de points qu'être agrégé. Voilà pourquoi on trouve maints jeunes agrégés célibataires dans les pires collèges, et des certifiés féconds dans les classes de lycée.
(cela dit, vu le niveau actuel du bac, je ne pense même pas qu'être agrégé ait la moindre importance, s'agissant de préparer les élèves à cette aimable plaisanterie).

Il n'y a que dans les classes préparatoires où l'agrégation est exigée, et où le recrutement se fait sur profil et non selon le barème.
31 janvier 2011, 08:58   Classes préparatoires
... raison pour laquelle ils n'auront de cesse qu'ils ne les aient mises à terre.
Jack,

Compte-tenu de ce que vous dites, on peut légitimement s'interroger sur l'intérêt de conserver l'agrégation...
Utilisateur anonyme
31 janvier 2011, 10:31   Re : L'agrégation de lettres n'aura pas lieu
L'agrégation était pertinente quand le baccalauréat était exigeant. Mais il n'y a guère besoin d'être agrégé pour faire de la garderie culturelle, hormis dans les quelques lycées où l'on travaille encore sérieusement (ils sont de moins en moins nombreux).

Plus généralement, l'agrégation est vue comme un petit "privilège" dans cet univers férocement égalitariste qu'est l'Education Nationale. Il devient de plus en plus inadmissible.
Au risque de me répéter, c'est la seule prime au mérite qui existe pour les professeurs certifiés. Cet aspect-ci ajouté au fait que certains voudraient la supprimer par égalitarisme évidemment mâtiné de ressentiment à l'égard de toute forme d'excellence devrait rendre son maintien inconditionnel pour tout in-nocent.

Qu'il soit nécessaire de rendre l'accès au lycée plus aisé aux agrégés (devant lesquels passent souvent en effet les certifiés mariés et chargés de famille) est évident. Mais ce n'est pas parce que la situation actuelle est pour ainsi dire une perversion de ce qui était initialement prévu qu'il faut baisser les bras, et jeter le bébé avec l'eau du bain.

Par ailleurs, il me semble tout à fait légitime que des agrégés puissent préférer enseigner en collège par goût personnel, parce qu'ils ont une haute idée de son travail qui les amènent à penser qu'un élève de 6ème a aussi le droit de bénéficier de l'enseignement d'un professeur lettré et brillant, ou parce qu'ils ont le souhait respectable de conserver une certaine qualité de vie leur permettant de trouver tout le temps qu'ils désirent pour continuer de lire et de se cultiver (ce qui est bien difficile lorsqu'on a à sa charge des classes de lycée uniquement).

L'idéal serait un système à l'allemande ou à la belge (modèles du Gymnasium ou de l'athénée), les professeurs intervenant autant face aux petites classes qu'aux grandes, ce qui leur permet de proposer des cours approfondis à celles-ci et de souffler un peu avec celles-là...
Franchement, je ne vois pas pourquoi un concours aurait comme effet simultané d'augmenter la rémunération et de diminuer l'obligation de service, sans autre incidence. Dans tout le reste de la fonction publique, les concours ont pour effet d'uagmenter la rémunération, mais aussi la responsabilité.

Donc un concours qui aboutit à faire passer l'obligation de service de 18 à 14 heures (je me trompe peut être) sans que les élèves en voient la conséquence n'a plus de raison d'être.
Le service passe de 18 à 15 heures. La rémunération augmente mais aussi les responsabilités et la somme de travail : même à l'époque décadente qui est la nôtre, être professeur de lycée, corriger des dissertations et préparer des études de texte est une tâche autrement plus difficile et épuisante que d'enseigner en collège, corriger une dictée ou préparer un cours sur le complément d'objet à l'attention d'une classe de 6ème.

Au fond, ce qui est surtout choquant à mes yeux, c'est le fait que les certifiés travaillant en lycée gagnent autant que leurs collègues en collège.
William,

Il me semble voir une contradiction entre les paragraphes :


La rémunération augmente mais aussi les responsabilités et la somme de travail : même à l'époque décadente qui est la nôtre, être professeur de lycée, corriger des dissertations et préparer des études de texte est une tâche autrement plus difficile et épuisante que d'enseigner en collège, corriger une dictée ou préparer un cours sur le complément d'objet à l'attention d'une classe de 6ème.

Et :

Par ailleurs, il me semble tout à fait légitime que des agrégés puissent préférer enseigner en collège par goût personnel, parce qu'ils ont une haute idée de son travail qui les amènent à penser qu'un élève de 6ème a aussi le droit de bénéficier de l'enseignement d'un professeur lettré et brillant, ou parce qu'ils ont le souhait respectable de conserver une certaine qualité de vie leur permettant de trouver tout le temps qu'ils désirent pour continuer de lire et de se cultiver (ce qui est bien difficile lorsqu'on a à sa charge des classes de lycée uniquement).
Contradiction apparente, qui tient en effet au fait qu'il y a des agrégés en collège. Je précise ma pensée.

En fait, je suis, en l'état actuel, pour une rémunération à trois niveaux :
- un traitement de base pour les certifiés en collège ;
- un traitement amélioré pour les certifiés enseignant en lycée, équivalent à celui des agrégés enseignant au même niveau ;
- un traitement encore amélioré pour les agrégés enseignant en lycée.

Un système pareil me paraît à la fois récompenser le mérite de gens ayant passé un concours exigeant et celui de gens ayant une charge de travail conséquente tout au long de l'année.
Nous n'avons pas la même conception des choses.

Pour moi, passer un concours exigeant, et l'avoir, ne suppose pas une récompense mais donne :

- un avantage matériel (par une hausse de la rémunération significative, c'est la règle générale, ou par une plus grande liberté dans l'organisation de son travail, que je veux bien admettre comme une diminution de l'obligation de service dans ce monde hors du monde qu'est l'éducation nationale) ;

- une obligation de responsabilité : le travail devient plus difficile.

Ma conception du concours est donc la suivante : non point donner un César pour l'ensemble de la carrière, mais sélectionner les meilleurs pour qu'ensuite ils travaillent le mieux et soient payés en conséquence.
Je comprends votre conception des choses. Elle correspond en fait à la situation idéale et originelle qui voulait que les certifiés ne fussent qu'en collège et les agrégés qu'en lycée. Hélas, les choses n'ont pas tourné ainsi, pour toutes les raisons données par Jack.
On voit là les merveilles de la cogestion avec les syndicats.
C'est comme ça depuis longtemps. Dans les collèges de jadis enseignaient non pas des professeurs certifiés mais des PEGC (professeurs d'enseignement général des collèges) qui étaient souvent d'anciens instituteurs ayant pris du galon. La répartition premier cycles des lycées puis collèges pour les certifiés et second cycle pour les agrégés, qui aurait été conforme à la logique et à la morale, n'a jamais été une réalité, en tout cas pas depuis le milieu du siècle dernier.
Marcel,

Cela était surtout le cas des CEG et des CES qui n'étaient pas rattachés à un lycée. A Castres, on distinguait très bien le lycée et ses classes du premier cycle (où il n'y avait pas de PEGC) et les CES.

Evidemment, la règle est à moduler : un agrégé d'allemand, dans un lycée de province, doit pouvoir enseigner en collège, car j'imagine qu'il n'aurait pas assez d'heures avec les classes de lycée.
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