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Mme Clinton et le double langage du feminisme

Envoyé par Francis Marche 
Mme Clinton a perdu la course. Elle a obtenu 18 millions de voix. Dix-huit millions de craquelure dans le "plafond de verre", dit-elle vous savez, celui qui empeche les femmes d'acceder aux postes de pouvoir dans la societe.

Le feminisme, c'est l'art de retomber sur ses pieds en finesse, jamais sur ses fesses. Quand une femme reussit ce qu'elle entreprend, c'est grace a son travail, ses competences, son immense talent, son aptitude generale, sa perseverance, etc. Quand elle echoue, c'est toujours avec toutes ces merveilleuses qualites en main, tout ce haut merite d'avoir fait tout bien et d'etre parfaite, quand elle echoue, c'est que la societe est machiste et n'aime pas les femmes. Royal nous a fait le coup. Une femme ne peut pas rater une election parce qu'elle a des defauts, des faiblesses, des rates de strategie, ou parce qu'elle est nullite politique, non. Elle rate son election parce qu'on n'aime pas les femmes.
Sauf que Royal est une nullité politique, et Hillary Clinton, non.
Utilisateur anonyme
09 juin 2008, 09:01   Re : Mme Clinton et le double langage du feminisme
L'amusant paradoxe c'est que d'un côté les néoféministes veulent revendiquer la féminité comme on revendique la négritude, et de l'autre, elles déclarent que cette spécificité est un mythe créé par l'oppression des mâles et que la différence des sexes a été grossièrement surévaluée (si elles sont si différentes, il est donc tout naturel qu'elles soient considérées différemment; si elles sont en tout semblables aux hommes, alors pourquoi se réfugier dans ce discours victimaire ?, car les hommes étant ce qu'ils sont, ils ne se ménagent pas non plus entre eux... (?)).

Il s'agit donc de savoir si, une fois pour toutes, les femmes veulent être identiques aux hommes ou si elles veulent affirmer leur caractère propre dans le sens de leurs aspirations.

Si l'homme n'est pas le modèle de la femme - ce qui va de soi -, quelle image spécifique d'elles-mêmes les femmes modernes (les "battantes") veulent-elles donner ? Telle est, à mon sens, la seule question fondamentale.



Entièrement d'accord avec la remarque de M. Chaouat.
Mme Royal, une nullité politique? Pourquoi politique?
Vous etes a deux doigts de tout comprendre Pascal: quand une femme reussit quelque chose ce n'est JAMAIS grace a son charisme feminin (ne surtout pas employer le mot "charme" ici)mais bien par le seul effet de son incomparable talent et son gros travail de battante toute dediee a la reussite et a l'exploit sportif et venerable d'egaler les hommes; quand elle echoue, c'est a cause qu'elle est une femme et qu'on ne lui a pas pardonne. Resume: la femme ne reussit jamais grace a quelque facilite que lui procurerait sa nature feminine; mais une femme echoue toujours a cause de la damnation que lui vaut cette meme nature. Cette remarquable asymetrie du raisonnement feminisme continue de le faire claudiquer jusqu'en ce premier quart du 21 siecle, et continue d'en berner beaucoup:la femme est un etre parfait; elle n'echoue jamais par incompetence ou carence; elle est trahie seulement, generalement par ses consoeurs, jalouses, renegates, manipulees par les hommes.
Le féminisme n'a pas forcément un double langage. Ne pas confondre le féminisme avec le discours idéologique au services d'exigences indues. Il y a bien deux tendances dans le féminisme, mais ces tendances sont en opposition car contradictoires. La revendication de droits égaux en référence à l'égalité "les hommes naissent et meurent libres et égaux en droit" : les femmes sont des hommes, le terme recouvrant les deux genres . Et il y a la tendance "communautaire" qui développe le différentialisme et les études fondées sur le genre dont le développement a d'abord eu lieu aux Etats-Unis et qui conduit souvent à demander des droits spécifiques et à analyser toute situation à travers le prisme du genre.

Mais présenter des justifications fictives à des échecs réels en invoquant une discrimination inexistante ne me paraît pas une caractéristique du féminisme en tant que tel, loin de là et surtout pour la première catégorie...
Merci ostinato de ce recadrage utile. Il y a effectivement deux feminismes, l'un syndical (egalite de traitement entre tous les hommes dont les femmes, qui sont des hommes comme les autres) et un autre, qui glorifie la feminite dans une exaltation ideologico-ontologique tres particuliere. La git la troublante asymetrie evoquee ici: cette exaltation est contrecarree, neantisee par cette assymetrie de consideration du fait feminin qui est la denegation du pouvoir charismatique propre a ce dernier, pouvoir qui agit sur tous, dont les femmes - c'est un charisme transgendre, dont certains beaux exemples nous sont donnes dans certaines carrieres politiques dramatiques, epiphenomenales - Benazir Buttho, Imelda Marcos, Marie-Madeleine, Sainte-Therese, Louise Michel. Le syndicalisme feministe jette sur ce charisme un pal tres sombre, une violente censure puritaine: la femme n'existe pas, elle est sans charisme, elle n'a que des droits, aucun pouvoir propre ni particulier sur les etres ordinaires, tous genres confondus, que nous sommes.

La schizophrenie de cette assymetrie n'est jamais suffisamment relevee: la femme ne doit de ses reussites, conquetes, rien a sa nature mais tout a ses combats; en revanche, a cette meme nature elle doit toutes les barrieres, contraintes et tous les echecs qu'elle rencontre dans le social. La git le double langage, la fulgurante hypocrisie qui passe partout inapercue. Si la feminite est une si grande tare a porter, comment se fait-il que les memes qui denoncent ces tares en fassent un si fort objet d'exaltation et de gloire pour elles-memes, pour leur camp exclusif, pour leur fors interieur et guerrier (leur fort interieur) ?

J'ai soupcon que les feministes (et on vient de voir comment l'ecole syndicaliste nie la puissance charismatique et creatrice du feminin) sont affectees de ce que l'on pourrait appeler une dichotomie schizophrenique: au subjectif, la feminite est superieure et desirable, cependant qu'au social elle est une tare qu'il faut nier, combattre. Il n'y a rien dans le feminin de desirable pour autrui. Le feminin est une vertu desirable dans l'en-soi seulement. Pour tout le reste, il est une damnation, une garantie d'echec.

Celle qui echoue, echoue parce qu'elle est une femme, toujours, et sans jamais envisager la contrepartie qu'elle, ou que d'autres femmes qu'elle, puissent miraculeusement reussir au social, a la promotion et a travers le plafond de verre syndical, precisement par son fait feminin. Hypocrisie. Double langage, mauvaise foi et invraisemblance donc que cette assymetrie d'appreciation du fait feminin.

Certes oui, ostinato, en cette mauvaise foi politique-la, les femmes ne se distinguent guere encore des hommes, qui agissent ainsi mais sur d'autres plans, plus vastes et plus complexes, et en usant d'autres moyens dont ils disposent encore, enfin, pour ceux, de plus en plus rares, qui ne sont pas encore RIEN.
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