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Relativisme

Envoyé par Mathieu 
07 février 2011, 21:39   Re : Relativisme
Excellent argument, cher Bruno ; mais tant qu'on n'a pas encore gagné la partie, de façon définitive, et solidement édifié le Règne millénaire, qui rendra effectif le passage des anciennes lois naturelles en vigueur au nouvel ordre des choses, celles-là continuent de valoir aux yeux des autres, et il est nécessaire de masquer ce que l'on fait pour y arriver.
Cela ne procède pas nécessairement d'un sentiment de culpabilité ou d'une conscience malheureuse, mais d'un principe de précaution utile. Cela dit, vous avez raison, il y eut sans aucun doute des hommes lucides parmi les hauts dignitaires nazis, qui avaient pleinement conscience de ce que cela représentait en fait ; mais de là à considérer cette conscience comme "malheureuse", j'ai toujours un doute...
07 février 2011, 21:53   Re : Relativisme
Citation
Rogemi
Cher Alain,

Là vous jetez le bouchon un peu trop loin ...

Une grosse légume nazie comme Himmler, de qui nous avons encore des discours enregistrés, savait que ce qu'il demandait à ses troupes SS étaient dur à appliquer et qu'il fallait les aider à surmonter leurs scrupules en les endoctrinant ou en éradiquant leur mauvaise conscience.

Lors des éxécutions de masse seuls quelques soldats soigneusement choisis pour leur indifférence ou leur dureté étaient chargés d'achever les blessés d'une balle dans la nuque.

Certainement, cher Rogemi, mais j'ai bien parlé des nazis convaincus, des rouages essentiels de la machine, et dans une certaine mesure de ses concepteurs même...
07 février 2011, 22:06   Re : Relativisme
Ah mais le fait est que c'est fort intéressant, cher Éric : d'abord parce que nos "normes" ne sont jamais mieux surlignées que par l'éclairage de ce qui s'en est évidemment aberré ; ensuite, il est passionnant d'essayer de s'imaginer ce qui peut bien se passer dans la tête d'un chat, par exemple, surtout si celui-ci est un homme...
08 février 2011, 02:33   Re : Relativisme
Il est possible, en effet, que les décideurs de la Shoah n'aient plus rien eu à tuer en eux-mêmes quand la "solution finale" fut engagée, quitte à ce que la phrase de Goebbels proche de la fin -- "nous entrerons dans l'histoire comme les plus grands criminels de tous les temps" -- prennent, confrontée à cette thèse, un tour bien énigmatique...

Mais je voulais insister sur ce fait que les mains ensanglantées des exécutants avaient eu un énorme travail à fournir, que pour tuer et massacrer, et conduire à la mort femmes, vieillards et enfants, elles avaient d'abord, ou dans un même mouvement "d'inflation" du meurtre, dû tuer la civilisation, des Lumières et du Christianisme et de l'humaniste pensée -- civilisation jusque là interprétée quasi uniformément par les pères et grand-pères et instituteurs, sachant que sur les bancs de la communale, par exemple, le petit Wittgenstein avait usé ses fonds de culotte à côté du petit Adolph Hitler... L'Allemagne et l'Autriche sont au coeur du continent humaniste et de la pensée scrupuleuse et exigeante. Les procédés oratoires du petit moustachu agité étaient-ils donc si puissants qu'ils pussent seuls balayer la civilisation enracinée -- qui avait produit Brahms et Rilke -- dans ce continent ? Permettez-moi d'en douter. Le massacre sans limite, l'amok systématique dans la masse innocente furent les armes requises pour tuer en soi la civilisation, pour tuer deux fois.

Le retour à la barbarie était assurément impossible en Occident par la seule action des Occidentaux, ou par l'action des Occidentaux seuls, comme l'a prouvé l'échec nazi: il y avait trop à tuer. Mais cet échec a laissé dans son sillage une grande faiblesse dans l'ensemble du continent à l'âme meurtrie, et qui ne trouve plus à rassembler ses forces pour faire face à la barbarie simple, qui, elle, ne procède pas par l'outre-meurtre, qui n'a rien de précieux à tuer en elle avant que d'instaurer son règne, et à qui la seule nocence peut suffire pour s'affirmer et s'imposer. C'est ainsi que France et l'Allemagne "se laissent faire", comme des malheureuses abattues par trop de violence et de viols. Le "barbare simple", opportuniste qui vient à passer, accomplit et recueille ainsi les fruits de la "revanche posthume" d'Adolphe Hitler, fait son miel, se renforce de la conscience malheureuse de ces pays, avec l'aide de toutes leurs officines "anti-racistes" conçues pour lui faciliter encore cette tâche, déjà facile; il trouve , le chanceux! ces officines toutes prêtes à l'aider à mieux cueillir le fruit mûr, coulant de sucs, de cette revanche posthume.
08 février 2011, 05:02   Re : Relativisme
Peut-être pas si énigmatique, si l'histoire qui juge est celle reconduite par l'échec nazi... Le succès aurait institué de tout autres instances d'évaluation.
D'accord avec vous sur la nécessité de tuer en soi la civilisation et le processus laborieux, sanglant du sang des autres, de la nécessaire mithridatisation ; mais le verbe de Hitler n'avait plus qu'à cueillir de sa nasse des populations totalement désorientées, après la boucherie de la guerre, la défaite, le Traité, l'instabilité politique quasi permanente de la République de Weimar, la désolation économique. Il fallait avoir la civilisation bien accrochée.
08 février 2011, 06:27   Re : Relativisme
A propos du nazisme et de sa postérité ou de son appréciation hors d'Europe, j'ai toujours été atterré (le mot est faible...) qu'en Inde Hitler soit considéré comme un grand personnage de l'Histoire. Il est fréquent de croiser dans les rues des jeunes gens portant un tee-shirt avec l'inscription "HH" - jeunes gens par ailleurs tout à fait pacifiques, et à peu près ignorants de ce que fut la Shoah. On peut trouver "Mein Kampf" dans n'importe quelle librairie ou presque, en anglais ou dans diverses traductions. Le Shiv Sena ("L'Armée de Shiva") de Bal Thackeray à Bombay est d'idéologie ouvertement néo-fasciste, pour ne pas dire néo-nazie, et le RSS (la "branche armée" du BJP, le parti traditionaliste hindou) n'en est pas loin. Il y a quelques années, j'étais avec un ami israélien dans l'aéroport de Bhopal. Une femme d'âge mûr et élégamment vêtue lisait "Mein Kampf" avec un intérêt visible, tout près de nous. Mon ami (dont une partie de la famille avait été exterminée) s'approcha, l'interrogea. Elle lui répondit dans un anglais excellent que Hitler était un des plus grands hommes du 20ème siècle, un vrai ami de l'Inde qui plus est, que le nazisme n'était pas la caricature qu'en avaient faite ses vainqueurs, et que la Shoah, dont elle avait un peu entendu parler, n'était au fond qu'un "détail", une des insignifiantes horreurs coutumières des guerres.

Mon ami, deux jours plus tard, reprit l'avion pour Israël, bien décidé à ne plus jamais remettre les pieds en Inde.

Le fait est d'autant plus surprenant que l'Inde est l'un des pays les moins antisémites qui soient ; que les voyageurs israéliens y sont très bien accueillis ; et qu'il y a dans divers endroits des communautés juives très anciennes comme celle de Cochin au Kerala, aujourd'hui fort réduite, dont la petite synagogue, dans le minuscule quartier de Jew Town à Mattanchery, est fort émouvante (Jean-Marc la connaît, je crois).

Ou faut-il croire que c'est justement parce que le monde indien n'a quasiment jamais été confronté à l'antisémitisme ou à la judéophobie que les horreurs du nazisme y passent inaperçues, ou sont incompréhensibles ?
08 février 2011, 11:30   Re : Relativisme
Citation
Bruno A.
Ils ne pouvaient pas ignorer le mal qu'ils faisaient pour qu'elle advienne.

Je ne pense pas.

Si vous avez le coeur bien accroché, je vous encourage à lire "Une saison de machettes" de Jean Hatzfeld, où sont rapportés des témoignages de tueurs hutus du génocide rwandais, condamnés pour leurs actes. Aucun ne sent coupable ni responsable. Les horreurs qu'ils ont commises, alors qu'ils n'y étaient pas réellement contraints, appartenaient au domaine du bien (nettoyage de la saleté, épuration), du travail (efficacité, talent à sa réalisation) mais en aucun cas au domaine du mal. Il n'y a même pas une once de haine chez ces tueurs, pas de plaisir, pas d'état d'âme, rien. Au mieux, les génocidaires regrettent l'échec de leur entreprise, mais ne comprennent pas qu'on ne veuille pas les pardonner et les laisser reprendre leur vie normale (comme la plupart des nazis après-guerre). De tous les criminels, le génocidaire est celui qui est le moins tourmenté.

Il est en effet prouvé qu'après chaque génocide, la culpabilité pèse plus du côté des survivants que des bourreaux. On peut également inclure les victimes de viols, de tueurs en série. Pourquoi moi ? Pourquoi ai-je survécu et pas mon voisin ? Le tueur ne se pose pas ces questions.
Car un détail est primordial : le regard. Une victime a vu son bourreau et se souviendra à tout jamais de celui-ci. Le tueur lui ne souffre pas de la culpabilité car il évite le regard de sa victime, regard qui le détruirait en lui révélant qui il est. C'est pour cette raison que les génocidaires tentent de chosifier leurs victimes, les mettre au rang d'animaux, plus exactement d'animaux nuisibles : rats, vermines, poux. Qui regarde dans les yeux un rat avant de le tuer ?
Cette déshumanisation et ce renversement des valeurs de bien et de mal (faire le bien en nettoyant, en purifiant) sont les conditions morales nécessaires au meurtre de masse.

A partir de là, n'importe quel humain peut se transformer en tueur, sans être pervers ou psychopathe. On peut citer Hannah Arendt sur la banalité du mal : « il eut été réconfortant de croire qu’Eichmann était un monstre ». Pourtant, beaucoup comme lui étaient « ni pervers, ni sadiques ». Ces gens étaient « effroyablement normaux ».
Utilisateur anonyme
08 février 2011, 12:25   Re : Relativisme
Vous nous dites, Mathieu, que ces gens commettaient le mal sans le tenir pour tel ; et je me demande ce qui est pire, de tuer sans avoir conscience de ce que l'on fait ou au contraire en pleine lucidité — "La conscience dans le mal" de l'Irrémédiable

Mais Eric Véron a peut-être raison, et c'est sans doute beaucoup trop de temps passé dans la tête des bourreaux.
08 février 2011, 12:50   Re : Relativisme
Bien sûr ! Cette attitude est impardonnable, et ces tueurs sont coupables. De même, le concept de banalité du mal ne disculpe pas les auteurs de crimes. Au contraire je pense qu'il n'y a pas d'attitudes meurtrières moins pires que d'autres, comme il n'y a pas d'horreur plus horrible qu'une autre.

Je ne trouve pas cette discussion inintéressante car le temps passé dans la tête des bourreaux, c'est le temps passé dans la nôtre. Là est justement la clef.
08 février 2011, 13:44   Légion Freies Indien
C'est l'anti-colonialisme qui était présent dans la rhétorique hitlérienne anglophobe qui avait séduit un temps, en Inde, dans l'Inde sous l'Empire britannique: Hitler allait les délivrer du joug impérial, et c'est ainsi que des "patriotes" indiens, voire des esprits éclairés, trouvèrent que ce Monsieur Hitler parlait fort bien, disait des choses justes, était de bon aloi.

Vous savez que certains de ces "patriotes" indiens n'hésitèrent pas à s'engager par bataillons entiers dans la Waffen SS. Tenez, pour en savoir plus, ce lien Wikipédia, pas si mal fait:
I C I
08 février 2011, 13:51   Re : Légion Freies Indien
C'est la première fois que je vois cette Métapédia et je ne comprends pas bien son rapport avec Wikipédia. Quelqu'un aurait-il des informations là-dessus ?
08 février 2011, 15:20   Re : Relativisme
Métapédia est un wiki poltique, comme anarchopédia, ékopédia ou wikilibéral.

Pour leur approche, je vous laisse juge en lisant la définition du mot racisme :

Le racisme est un mot-valise confondant deux réalités différentes : la haine raciale et le racialisme, confusion aboutissant à faire croire que toute constatation de différences raciales est mue par la haine et est totalement irraisonnée. Le racialisme aboutit généralement à critiquer la promiscuité ethnique, facteur de tensions, de jalousie, de revendications, voire de guerre civile, et à prôner l'homogénéité ethnique et culturelle, à l'image de Malcolm X. La haine raciale est, au contraire, généralement le fruit de la promiscuité forcée, suivant l'adage : "sociétés multi-ethniques, sociétés multi-racistes". Par extension, et corruption de son sens originel, le racisme est généralement considéré comme une attitude d'exclusion d'un groupe humain en raison de ses appartenances biologiques et/ou culturelles, soit pour l'assimiler à un modèle anthropologique et culturel réputé normatif, soit pour l'inférioriser.
Le racisme se développe avec le cosmopolitisme, souvent en réaction devant les conséquences de l' immigrationnisme forcené. Idéologiquement, il peut être une réaction épidermique à l'égalitarisme ou au terrorisme intellectuel qui prend l' anti-racisme pour alibi, celui, par exemple, des doctrines des droits de l'homme. En prônant un mélange ethnique universel, en voulant conformer toutes les cultures au modèle occidental, on dénie implicitement aux hommes et aux peuples leur spécificité biologique et culturelle. En niant le fait racial, on méprise la race des autres, on ravale le fait humain à un fait individuel. Il faut donc renvoyer dos à dos le racisme d'exclusion et le racisme d'assimilation, qui l'un et l'autre entendent ramener la diversité humaine - qui fait la richesse de l'espèce - à une modèle unique. A noter que la Bible est un texte très imprégné de racisme, et les exemples qu'on y trouve comptent parmi les pires qui soient.
La lutte anti-raciste sert d'alibi à tous les viols de conscience, le racisme étant traité comme un sentiment intime irraisonné mais que l'Etat doit combattre en le criminalisant. Cet alibi permet également de criminaliser toute opposition ou critique de la politique immigrationniste incitative.
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