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Réaction et réflexion de Dominique Venner (lettre du Père de Pommerol)

Envoyé par Santamaria 
Relativisme et ethno-diffentalisme.

Je transmets la réaction de Dominique Venner, directeur de la brillante et courageuse NRH.
Les thèses anti-occidentalistes (fort respectables mais à combattre à mon sens) de cet auteur se fondent sur un relativisme culturel .
Leurs conséquences pratiques, politiques:le retrait de nos troupes d'Afghanistan.
Pour deux motifs:1-nous n'avons pas à exporter nos valeurs à ces pays
2-nous nous faisons, via l'OTAN, les supplétifs des USA ,ennemi de l'Europe.
Concrètement nous n'avons pas à nous indigner du traitement des femmes par les autochtones afghans (source de l'indignation de nos soldats et du Père de Pommerol).
Ce raisonnement semble logique à première vue.
Ces indigènes afghans souhaitent conserver leurs coutumes comme nous autres Européens souhaitons le faire sur nos territoires historiques.
Cela me semble une position angélique.
J'en fais la remarque ici car parfois certains participants aux fora de l'In-nocence , fort éloignés par ailleurs de Dominique Venner, me semblent verser dans le même travers. Je pense aux débats récents sur la Shoah, le passé colonial,l'esclavagisme etc, tout ce qui renvoie à la trop connue auto-culpabilisation et haine de soi dont on commence seulement à se défaire.
La position "centriste", modérée, apparement logique, consistant à dire:nous autres Européens avons commis nous aussi en notre temps d'immenses massacres, des invasions ,des ethnocides. Le pan-Islamisme ne fait que nous imiter. La solution inter-civilisationnelle seraitt d'accorder le Droit des Gens aux Droits de l'homme.
Cette position semble rationnelle et cependant d'ailleurs aussi conforme au sens commun ("Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées").
Malheureusement cette thèse ne semble pas tenir compte du réel. .A savoir que, quand une civilisation, c'est à dire des peuples vivant sur une aire, par exemple pour ce qui nous concerne, les Européens hier, aujourd'hui les Occidentaux, bref, quand une civilisation se "sent bien" elle tend à répandre ses valeurs et en même temps les hommes qui les portent.
L'Occident n'a jamais été aussi" bien" qu'en deux périodes: celle des croisades, celle des Nations et des démocraties. Deux périodes qu'abhorent d'ailleurs la Nouvelle Droite (païenne, anti-jacobine et anti-démocrate). C'est pour cela que l'Occident a essaimé aux quatre coins du monde avec un pic (selon Huttington) dans les années 1920 avec un contrôle de 52% des terres émergées.
Ce n'est pas moral, en tous cas notre amour évangélique ou kantien s'accorde mal à la violence des conquistadors, mais cela fait partie des aspérités, des contradictions du réel. Que nous devons peut être combattre, c'est un problème mais ce problème est idiotique:seul l'homo-occidentalis se le pose. Mais force est de consater que le réel ne régule pas au moyen terme. Dès que l'Occident s'est retiré de certains territoires c'est pour être envahi à son tour.
Les positions modéres sont rarement tenables (Saint louis peut être? et la Croisade?). Nos saints laiques, que je porte intellectuellement et éthiquement aux nues, ont développé des positions intenables pratiquement. Ils ont eu ensuite des réaction tardives et ont du enregistrer les victoires d'un camp éthiquement intolérables pour eux. Je pense à Ortega y Gasset, à Raymond Aron (qui a vu ses positions modérées déboucher sur la victoire du FLN) ou Albert Camus qui dans l'impuissance au début a finalement soutenu la sécession du territoire algérien, position d'ailleurs défendue deux ans plus tard dans l'Ouarsenis par les derniers commandos OAS)
L'intervention de D.Venner suite au père de Pommerol se voulait une pierre au débat, excusez moi d'avoir rajouté la mienne...



Début du texte de D. Venner
Jullien de Pommerol s’indigne du fait que les militaires français envoyés dans la République islamique d’Afghanistan doivent fermer les yeux sur des coutumes et mœurs locales choquantes pour un esprit européen. Fermer les yeux, entre autres, sur certains comportements des hommes à l’égard des femmes : « sous prétexte qu’ils sont “chez eux”… Ce qui est mauvais ici devient-il bon 7000 km plus loin ? »

Ce n’est évidemment pas une question de distance géographique, mais de distance de « civilisation ». En effet, ce qui est mauvais pour nous, “chez nous”, en Europe, sera considéré comme bon ailleurs, en Asie, en Afrique ou autre part.
Je comprends et je partage l’indignation du “Padre” devant les scènes qu’il décrit. Mais j’interroge : quelle est la mission de nos troupes en Afghanistan ? Est-ce de faire la guerre (irrégulière) ou de convertir à nos mœurs des populations qui nous sont étrangères, comme à l’époque de la colonisation française si décriée ? Ces deux missions ne sont certainement pas compatibles. Certaines coutumes musulmanes sont inacceptables “chez nous”. C’est un fait. Mais ce sont “leurs” coutumes, “chez eux”. Il s’agit de “leurs” affaires et non des nôtres.


“Cette brève réflexion en introduit aussitôt une autre, plus large. Au risque de scandaliser, je ne crois pas que les hommes et les peuples soient semblables. Tout ce que l’histoire et l’expérience vécue m’ont appris c’est qu’ils sont différents. Et leurs différences, aussi choquantes soient-elles, constituent leur humanité. Autrement dit, les hommes d’autres peuples ne sont pas mes frères. Ils sont autres et je respecte par principe leurs différences. Même si cela dégoûte et révolte mes sentiments d’Européen, je ne me reconnais aucun droit de dicter aux autres leur conduite “chez eux”. Qu’ils forniquent ou se maltraitent comme ils l’entendent, ce n’est pas mon affaire. On nous l’a suffisamment rappelé depuis qu’en 1962 les Européens ont été chassés d’Algérie !

Reste la question totalement différente de la présence militaire française en Afghanistan et la façon d’exécuter cette mission en tant que supplétifs des forces américaines. Je renvoie sur ce point au dossier de la NRH n° 49, L’Afghanistan, un sacré piège.

Restent enfin deux questions parallèles évoquées par Jullien de Pommerol. Celle, tout d’abord, des obsèques de militaires français tués au combat. Que de telles cérémonies se déroulent en présence d’Afghans arrogants ou goguenards, c’est scandaleux et intolérable. La dernière question concerne les jeunes femmes militaires françaises en Afghanistan, quasiment contraintes de se voiler. Quelle idée aberrante de les envoyer dans un pays islamique ! C’est la certitude que ces femmes seront humiliées, ce qui est révoltant. C’est aussi la certitude de nous déconsidérer, ce qui est honteux et stupide.

Encore une fois bravo à Jullien de Pommerol d’avoir mis les pieds dans le plat et d’avoir favorisé notre réflexion sur quelques sujets essentiels !

DominiqueVenner.fr
Citation
Deux périodes qu'abhorent d'ailleurs la Nouvelle Droite (païenne, anti-jacobine et anti-démocrate).

Le plus caustique c'est qu'en dépit d'une haine rabique du catholicisme la nouvelle droite (Venner, de Benoist et compagnie) va de préférence ratisser sur les plates-bandes des tradis en faisant tout pour faire oublier leur paganisme et leur dégout du christianisme, cette religion qu'il méprise au plus haut point et qu'à leurs yeux il faut combattre par tous les moyens.

Chèr(e) Santamaria,

Excellent billet. Weiter so ...
Citation
Rogemi
Le plus caustique c'est qu'en dépit d'une haine rabique du catholicisme la nouvelle droite (Venner, de Benoist et compagnie) va de préférence ratisser sur les plates-bandes des tradis en faisant tout pour faire oublier leur paganisme et leur dégout du christianisme, cette religion qu'il méprise au plus haut point et qu'à leurs yeux il faut combattre par tous les moyens.

Tout comme certains militants et intellectuels d'extrême gauche qui mettent au placard leur athéisme viscéral pour des rapprochement de circonstance avec les islamistes (voir l’affaire de la candidate voilée du NPA).
Paris vaut bien une messe...
Précisions:
Si le creuset idéologique est commun entre la Nouvelle Droite et Dominique Venner l'honnêteté intellectuelle pousse à reconnaître que les divergences entre eux,notamment sur le plan pratique sont importantes. Sur la question de l'Islamisme D.Venner est sans concessions avec lui alors qu'Alain de Benoist toujours dans sa logique de crédibilité vis à vis de la gauche (qui semble être la hantise initiale de son oeuvre par ailleurs riche et pleine de sens) est plus porté aux dérives soraliennes. Toujours, le dégoût pour le monde "soft" des bourgeois et la fascination pour les moeurs simples et rudes des bédouins , fascination criante chez les dirigeants du troisième Reich.
On peut partager comme Baudelaire, Flaubert et bien d'autres sinon la haine du moins le mépris pour la platitude mercantile et matérialiste sans verser pour autant dans la fascination pour l'Autre civilisationnel.
De plus, la pensée et la praxis occidentales ont toujours été ambiguës, paradoxales, distanciées et réflexives (au moins pour la pensée). La notion d'identité doit nous amener sinon à aimer du moins à ressentir un certain attendrissement pour toute notre histoire y compris les idéologies qui constituent la dernière mouture de nos croyances, celles de l'homme d'Occident. Nous pouvons être des adversaires ou des critiques, rétro-actifs le cas échéant, du fascisme, du communisme, du libéralisme ou du politiquement correct mais force est d'admettre que ces idéologies sont nées sur notre aire civilisationnelle. Le creuset qui a fondu Saint Thomas, Lizt ou Van Gogh est le même que celui qui a forgé Trotski, Ricardo ou Rosenberg. En tous cas toutes ces croyances ont constitué des tentations de l'Occident. Cela ne veut pas dire à nouveau qu'elles ne doivent pas être critiquées et combattues;j'ai mentionné d'ailleurs plus haut que la critique, la mise en perspective faisait partie du jeu même de l'être au monde occidental, de notre identité. Par contre le soutien à l'ennemi - aujourd'hui l'Islam- au nom d'un des camps internes à l'Occident est une trahison de notre identité. Mais cette trahison n'est pas chez nous un phénomène nouveau . D'Alcibiade (soutenant Sparte au nom des intétrêts de l'aristocratie athénienne) au communiste gardien de camp viet Boudarel (au nom du soutien à la "juste cause du peuple indochinois") ou aux ex-SS entraînant le FLN en Tunisie (au nom de l'antisémitisme partagé).
Dominique Venner se situe donc davantage à proximité de Bernard Lugan. Leurs combats passés, tout à leur honneur, pour l'Algérie française ou une Afrique blanche ne les empêche pas anachroniquement de jeter un regard critique sur ce même passé. Ils reprennent l'antienne en vogue aujourd'hui dans le courant identitaire radical: "Heureusement que l'Algérie n'est pas restée française, on aurait été submergé!" L'analyse de l'actuelle situation en Europe nous pousse à sourire. D'autre part théoriquement c'est jeter un regard anachronique sur notre passé. Car l'intégration du style Mai 1958 avec les musulmannes brûlant leurs haiks sur le forum d'Alger ou l'apport de l'idéal de la république par Jules Ferry ont été des éléments constitutifs de notre imaginaire instituant et doivent être défendus comme tels face à l'ennemi (pas de repentance sur le passé colonial à l'extérieur). Historiquement la Droite française a toujours été l'adversaire des aventures coloniales et aujourd'hui le repli frileux de ce courant sur l'Europe voire l'hexagone indique la persistance d'une idéologie de droite qui n'est qu'une parcelle du tout de notre identité (Ortega y Gasset disait qu'être de droite ou de gauche c'était comme n'utiliser qu'un des hémisphères de notre cerveau). Ces références idéologiques persistent par exemple au Bloc Identitaire. Celui-ci est pour le retrait de nos troupes d'Afghanistan comme il est l'auteur du slogan "L'Europe est un continent blanc comme l'Afrique est le continent noir" (je faisais référence au début au "Chacun chez soi et les vaches...").
Je termine donc en bouclant sur ma première intervention : le réel est plus complexe, moins "moral", il indique (l'Histoire indique) que l'Afrique n'est pas plus noire ou Arabe qu'elle ne fut européenne mais comme tout territoire elle peut basculer dans les mains d'un envahisseur et que ces flux varient en fonction de ce que j'ai appelé, faute de mieux, la bonne santé des peuples et la santé n'est pas forcément morale même si elle se travaille au nom d'une éthique.
Toutes ces critiques fraternelles ne m'empêchent pas de compter D.Venner,B.Lugan ou F.Robert comme des alliés dans la lutte contre la colonisation afro-asiatique.
Jean-Baptiste Santamaria
Ce que ne comprennent pas ces gens -là c'est que ces bédouins ne rêvent que d'être des bourgeois et que lorsqu'ils le sont, ils le sont bien plus que nous ! N'oublions pas que Mahomet a été un marchand. et que cette profession est jugée noble par l'islam. D'ailleurs ils ne connaissent pas vraiment. les bédouins . Il faudrait que je retrouve ce qu'en dit Durrell dans le " Quatuor d'Alexandrie" qui démolit passablement le mythe. De plus les moeurs bédouines sont conditionnées par la vie dans le désert. Or la grande majorité des musulmans ne vit plus dans le désert ! j Bref, je trouve cette admiration indigne de gens intelligents.
Pour une analyse très fine de "l'âme arabe" et ces pulsions cycliques vers le fondamentalisme qui équivaut à un retour au nomadisme (contre le mode de vie urbain) qu'opèrent les grandes crispations islamiques type Almohade ont peut lire les belles pages d'Ortega y Gasset sur l'historien Ibn-Khaldun.
Le creuset qui a fondu Saint Thomas, Lizt ou Van Gogh est le même que celui qui a forgé Trotski, Ricardo ou Rosenberg. En tous cas toutes ces croyances ont constitué des tentations de l'Occident. Cela ne veut pas dire à nouveau qu'elles ne doivent pas être critiquées et combattues;j'ai mentionné d'ailleurs plus haut que la critique, la mise en perspective faisait partie du jeu même de l'être au monde occidental, de notre identité.

Je souhaite abonder a ce qui est dit ici par M. Santamaria et qui me parait fondamental (s'il devait y avoir un fondamentalisme occidental, il faudrait le batir sur ce constat). Comment illustrer ce fait occidental si gigantesque, et passablement inconnu du reste du monde ? Je me souviens, il y a une vingtaine d'annees d'une Chinoise, issue d'une famille d'intellectuels de Shanghai et qui decouvrant la France et l'Europe (elle etait francophone et francophile) declara qu'elle comprenait qu'elle se trouvait, en Europe, dans les annees 1980, au sommet de la plus grande civilisation de tous les temps, qui depassait, en spiritualite, en richesse, en noblesse, en hauteur de pensee et en creativite esthetique, tout ce que le civilisation chinoise avait pu produire en 40 siecles. Il est temps que nous osions nous declarer en accord avec constat. Merci a M. Santamaria de commencer ainsi a le faire.

(pardon pour l'absence d'accents dans message, redige sur un clavier de rencontre)
"...déclara qu'elle comprenait qu'elle se trouvait, en Europe, dans les années 1980, au sommet de la plus grande civilisation de tous les temps, qui dépassait, en spiritualité, en richesse, en noblesse, en hauteur de pensée et en créativité esthétique, tout ce que le civilisation chinoise avait pu produire en 40 siècles."

Comme j'aurais de mal à croire une personne qui me dirait cela ! Je croirais d'abord qu'elle ironise. Mais après tout, peut-être cette femme dont vous parlez a-t-elle raison ? Revenu de ma surprise, je lui dirais : "Et encore, si vous aviez vu ce qu'étaient nos pères, ce qu'autrefois nous étions..."
Je pense qu'elle avait raison. Les générations futures lui donneront raison. Ce qui était encore visible, encore vivant, qui commençait à peine à mourir, à périr ou à s'adultérer, en 1988, du passé lointain, du passé récent et de l'actualité de cette civilisation, méritait ce commentaire.
Entre 1988 et aujourd'hui : la Révolution européenne, accélération furieuse de tout ce qui était latent a opéré ses ravages.
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