Il n y a vraisemblablement pas de zone érogène. La seule zone érogène, et encore, bien difficile à circonscrire, est la disposition de la personne à s'érotiser. Je pense cela après avoir toute une longue partie de ma vie considéré que toute zone du corps était érogène, toute sauf une: le coude, cependant que la saignée du bras l'est. Le coude ne vaut rien en amour, strictement rien.
Je ne pensais pas que l'os du coude puisse être considéré comme zone érogène, cela vraisemblablement à cause de l'os olécrâne, qui en bloque l'articulation, jusqu'à hier soir où j'ai vu une danseuse cambodgienne faire saillir la saignée du bras comme une bosse, violant ainsi la rigidité de l'olécrâne. Le coude ainsi, par ce miracle de contorsion anatomique, prit les qualités de la saignée qui lui est normalement antéposée et devint érotique comme le pli de la cuisse. Le corps, rendu circonvolu comme un cerveau, érotise ses coins les plus rebutants, transforme ses coins saillants en recoins convieurs, imite la pensée.
(Les coudes parasitent les ébats sexuels; ils les gâchent presque en ne servant à rien d'autre qu'à menacer, gêner les flancs de la ou du partenaire, à la différence de leur écho noble bien qu'inférieur, le rond et caressant genou, que les ébats démultiplient pour le bénéfice du plaisir général des sens et la stimulation visuelle en particulier)