Le site du parti de l'In-nocence

Paysan à l'ancienne

Envoyé par Gérard Rogemi 
26 février 2011, 12:29   Paysan à l'ancienne
Le rire joyeux d'un authentique paysan

Jean-Bernard Huon, paysan à Riec-sur-Belon, n'a ni tracteur, ni salle de traite. Chez lui, le temps semble comme arrêté. C'est un choix de vie. Avec 15 hectares, une dizaine de vaches et des cochons, il est heureux en semant et labourant à l'ancienne.



video: [video.voila.fr]
26 février 2011, 13:25   Re : Paysan à l'ancienne
Merci, Rogemi. Cet homme est extraordinaire ! "La vie n'est pas une course ; j'ai tout mon temps !"
26 février 2011, 14:05   Re : Paysan à l'ancienne
Voilà un vrai témoin de notre civilisation.
26 février 2011, 16:42   Re : Paysan à l'ancienne
Mouais... Ce genre de vestige nostalgique ne me touche ni ne m'éblouit. Outre que j'ai toujours l'impression qu'il s'agit d'une présentation flatteuse ( ce type achète ses ruminants ( qu'il met sous le joug de façon hasardeuse) avec sa pension si j'ai bien compris ), j'aime le progrès et je n'ai toujours pas compris pourquoi la vertu serait indéfectiblement liée à old fashion way of life.
26 février 2011, 17:12   Re : Paysan à l'ancienne
Ce paysan ne considère pas les autres (les utilisateurs de tracteurs et autres machines) de haut, il a simplement décidé de suivre sa propre voie. Il me paraît très modeste, dans les deux sens du terme, et ne revendiquer nullement le monopole de la vertu. Quant à sa manière "hasardeuse" de mettre le joug, là je me garderai bien d'en juger (m'est avis qu'il doit savoir ce qu'il fait, qu'il n'est pas au Puy du Fou, qu'il ne s'agit pas d'une reconstitution "Métiers d'autrefois" au parc Astérix). Bien sûr, le reportage est complaisant, ce n'est pas du Depardon, et je conçois que l'attendrissement de la caméra, le parti pris de ne montrer que le bon côté des choses, puisse vous agacer, Eric Veron. Mais je conçois aussi fort bien que ce genre de choses fasse éclore en beaucoup d'entre nous (surtout ceux qui comme moi sont nés tardivement) une sorte de nostalgie, dont je ne vois pas pourquoi il faudrait se défendre. Cet homme n'est en effet qu'un vestige.
26 février 2011, 17:22   Re : Paysan à l'ancienne
J'ai plaisir à vous lire, cher Stéphane et comprends tout à fait votre point de vue. Passez un bon week-end.
Vous n'êtes pas né tardivement, cher ami (neuf mois comme tout le monde je suppose ). Vous avez la chance d'être né, vous êtes né à votre heure et c'est un bonheur pour nous tous que vous soyez là.
26 février 2011, 17:32   Re : Paysan à l'ancienne
Ouh là ! c'est que je ne vais plus savoir où me mettre, moi... Allez, passez un bon week-end, de même (bon début de fin d'après-midi de début de week-end, devrais-je dire) (et j'aime quand vous apportez la contradiction ; ça réveille). J'apprécie le forum, le samedi quad il pleut, il n'y a personne, c'est un peu comme si on arpentait un grand boulevard vide, où de loin en loin on croise amis et connaissances. Sans doute connaissez-vous :


Le menuisier

Le menuisier du vieux savoir
Fait des cercles et des carrés,
Tenacement, pour démontrer
Comment l'âme doit concevoir
Les lois indubitables et fécondes
Qui sont la règle et la clarté du monde.

A son enseigne, au coin du bourg, là-bas,
Les branches d'or d'un grand compas
- Comme un blason, sur sa maison -
Semblent deux rais pris au soleil.

Le menuisier construit ses appareils
- Tas d'algèbres en des ténèbres -
Avec des mains prestes et nettes
Et des regards, sous ses lunettes,
Aigus et droits, sur son travail
Tout en détails.

Ses fenêtres à gros barreaux
Ne voient le ciel que par petits carreaux ;
Et sa boutique, autant que lui,
Est vieille et vit d'ennui.

Il est l'homme de l'habitude
Qu'en son cerveau tissa l'étude,
Au long des temps de ses cent ans
Monotones et végétants.

Grâce à de pauvres mécaniques
Et des signes talismaniques
Et des cônes de bois et des segments de cuivre
Et le texte d'un pieux livre
Traçant, la croix, par au travers,
Le menuisier dit l'univers.

Matin et soir, il a peiné
Les yeux vieillots, l'esprit cerné,
Imaginant des coins et des annexes
Et des ressorts malicieux
A son travail chinoisement complexe,
Où, sur le faîte, il dressa Dieu.

Il rabote ses arguments
Et taille en deux toutes répliques
Et ses raisons hyperboliques
Trouent la nuit d'or des firmaments.

Il explique, par des sentences,
Le problème des existences
Et discute sur la substance.

Il s'éblouit du grand mystère,
Lui donne un nom complémentaire
Et croit avoir instruit la terre.

Il est le maître en controverses,
L'esprit humain qu'il bouleverse,
Il l'a coupé en facultés adverses,
Et fourre l'homme qu'il étrique,
A coups de preuves excentriques,
En son système symétrique.

Le menuisier a pour voisins
Le curé et le médecin
Qui ramassent, en ses travaux pourtant irréductibles,
Chacun pour soi, des arguments incompatibles.

Ses scrupules n'ont rien laissé
D'impossible, qu'il n'ait casé,
D'après un morne rigorisme,
En ses tiroirs de syllogismes.

Ses plus graves et assidus clients ?
Les gens branlants, les gens bêlants
Qui achètent leur viatique,
Pour quelques sous, dans sa boutique.

Il vit de son enseigne, au coin du bourg,
- Biseaux dorés et compas lourd -
Et n'écoute que l'aigre serinette,
A sa porte, de la sonnette.

Il a taillé, limé, sculpté
Une science d'entêté,
Une science de paroisse,
ans lumière, ni sans angoisse.

Si bien qu'au jour qu'il s'en ira
Son appareil se cassera ;
Et ses enfants feront leur jouet,
De cette éternité qu'il avait faite,
A coups d'équerre et de réglette.

Émile Vehaeren, Les Villages illusoires.
26 février 2011, 19:09   Re : Paysan à l'ancienne
Je me rappelle très bien, quand j'étais enfant, la façon de faire des paysans des années soixante.

J'essaierai de faire des copies de publicités parues dans "La Dépêche" de cette période, mais je ne résiste pas au plaisir de joindre, pour les plus anciens, un buvard à la gloire du "Totaliment", qui faisait pousser les poulets en un clin d'oeil (je ne vous parle pas du goût des poulets en question).

[www.collection-agricole.fr]

Je me souviens aussi du veau qui était tellement fondant qu'il fondait sous vos yeux dans la poêle, une grande escalope se transformant en un instant en un étonnant mélange "eau + petit rond de viande".
27 février 2011, 15:39   Re : Paysan à l'ancienne
Henri Eschbach: Agriculture et industrie (1992)

Texte de M. Henri Eschbach (Lettre de la Chambre de Commerce du Jura, Editorial du Président)

"Les racines de la civilisation gréco-romaine dont nous sommes issus, c'est la terre, la société paysanne chantée par Virgile, et chacun sait que la poésie est la mémoire des hommes. Si le marché industriel est né avec la révolution industrielle du 19e siècle, le marché agricole est une création du Moyen Age qui choyait ses paysans. Il était à l'époque destiné à l’approvisionnement des villes au moindre coût. L'agriculture vivait en autarcie, assurant ses besoins essentiels et ne vendant que ses surplus (au prix coûtant). Cette société médiévale était fondée sur le service réciproque.

On a voulu faire de l'agriculture une industrie, en faisant jouer là aussi la concurrence parfaite des économistes, car on considère l'agriculture comme une industrie semblable aux autres, mais liée à l'alimentation, et en lui déniant tout caractère spécifique. Malgré le décuplement de sa productivité, l'agriculture voit son travail le plus mal rétribué de tous, et la technique moderne finit par chasser les hommes de la terre. Le paysan libre et maître de ses terres n’est plus qu'un prolétaire non salarié. Qu'on ne s'étonne donc pas des scènes de désordre que nous connaissons. Le plan Armand-Rueff (1958) a imposé, par volonté politique délibérée, un mécanisme des prix entraînant un niveau de vie sensiblement inférieur. La communauté européenne, qui devait être une protection, est devenue une passoire.

Nous vivons un mécanisme pervers basé sur un marché déséquilibré, dont les dés sont pipés : le marché agricole porte sur des biens primaires, le marché industriel sur des produits manufacturés, le marché agricole est représenté par des produits impersonnels, tels que lait, céréales, porc... alors que le marché industriel présente des produits personnalisés, les automobiles X, les lunettes Y... le marché agricole est loin des débouchés concrets, ses prix sont souvent connus a posteriori. C’est une production aveugle d'une extrême sensibilité. Les prix en industrie connaissent une remarquable stabilité : le cacao peut chuter de 70 %, la tablette de chocolat ne perd pas un centime. Dans l'industrie, la machine travaille toute l'année, dans l'agriculture quelques jours par an. Et l'on peut continuer le parallèle.

La volonté de notre Chambre (commerce-industrie, métiers de l’agriculture) c'est de représenter un corps vivant, dont les différentes composantes se vivifient l'une l'autre. On ne peut faire cohabiter des parties vivantes et des parties moribondes. La terre est faite pour nourrir les gens du pays avec les produits du pays, c'est à dire pour assurer l'autosuffisance alimentaire. Un gel généralisé serait suicidaire. Et l'insolvabilité de l'agriculture ne peut qu'ébranler toute l'économie. Si l'on ne veut plus que notre société fabrique des exclus, il faut revenir à la ferme de polyculture qui entretenait naturellement l’environnement par l'assolement et l'association culture-élevage, petite entreprise familiale qui crée plus d'emplois que la grande. C'est vraiment un comble de voir l’agriculture devenir une nuisance. Les solutions ne peuvent être que multiples et variées. Selon les régions et les latitudes, il faut encourager les productions sous contrat, les productions liées à la clientèle de proximité, l'agriculture biologique, etc.

Nos pays se prêtent bien aussi à l'alternance des tâches par un travail mi agricole, mi industriel, où nos PME et nos artisans peuvent jouer un rôle essentiel de relais sans déracinement. Si nous voulons défendre la préférence communautaire contre un mondialisme qui est une idée fausse, il faut conserver à l'Europe ses originalités, ses particularismes, ses " pays ", avec leur incomparable qualité de vie. Une civilisation est aussi la rencontre entre un peuplement et un territoire. En face d'une trop grande concentration urbaine, nous avons besoin d'une meilleure irrigation géographique. Alors, l'économie, de maîtresse, deviendra servante. Nos Capétiens n'étaient-ils pas des paysans rassembleurs de terres et faiseurs d'enfants ? "

Henri Eschbach

Lettre n° 111 de la Chambre de commerce du Jura – 2e trimestre 1992.

Ce texte a été publié dans le numéro 308 du Bulletin de l'Action Familiale et Scolaire (janvier-février 2010).
27 février 2011, 15:41   Re : Paysan à l'ancienne
Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France, et les véritables mines et trésors du Pérou.

Maximilien de Béthune, duc de Sully

Nous avons souvent évoqué l'agriculture sur ce blog, que ce soit à travers des réflexions personnelles ou à travers la pensée d'auteurs comme Bonald.

Nous rappellerons simplement que la politique de la ploutocratie mondialiste ne se contente pas de vouloir détruire l'agriculture vivrière au profit de l'agriculture industrielle et de l'agriculture d'exportation, et de chasser les paysans des campagnes qu'ils ont cultivées depuis des millénaires pour amasser les hommes dans de monstrueuses mégapoles. Elle veut aussi éradiquer la race même des paysans (nous parlons ici des vrais paysans, pas des industriels ou des spéculateurs de l'agriculture), et ceci pour les raisons suivantes:

- Ils ont souvent beaucoup d'enfants.
- Ils cultivent la terre pour se nourrir et pour nourrir les populations locales, selon des méthodes ancestrales. Ils ont donc, en principe, l'indépendance alimentaire.
- Ils ont des traditions.
- Ils savent souvent se passer d'argent dans leurs échanges économiques.
- Ils lisent peu les journaux, regardent peu la télévision (quand ils l'ont) et sont peu influencés par les médias.
- Ils ont du bon sens.
- Ils vivent au contact de la nature et se soumettent à ses lois.
- Ils vivent à l'heure solaire et non à l'heure artificielle des villes
- Leur vie est saine, leur environnement est beau.
- Leur métier est utile et honorable.
- Exerçant leur corps et sachant manier les outils et les armes, ils ont toujours été des soldats en puissance, comme les héroïques Vendéens l'ont montré.
- Ils occupent et connaissent le terrain, s'identifient avec lui et savent donc défendre leur pays.

Toutes choses inadmissibles pour la ploutocratie mondialiste. Mais ce qui éclate surtout dans la politique du "petit peuple", c'est son mépris, sa haine même des paysans et de tous ceux qui vivent directement de la terre (ou de la mer). Haine meurtrière que l'on a vue dans toutes les révolutions qu'ils ont suscitées, comme l'a parfaitement démontré Igor Chafarévitch dans son livre "La Russophobie" (1993).

Les ploutocrates et les révolutionaires sont les pires ennemis des paysans car ce sont les ennemis de la liberté.

C'est pour cette raison que la politique de presque tous ceux qui sont au pouvoir actuellement est une politique citadine. L'homme n'est plus conçu comme rural mais comme citadin, c'est-à-dire comme destiné à naître, vivre et mourir dans un environnement urbain, entièrement artificiel. Voir à ce sujet le journal d'information de la région d'Ile de France (dont M. Jean-Paul Huchon est le président), très caractéristique à ce sujet. La nature, l'agriculture traditionnelle, les parcs naturels sont utilisés comme des cosmétiques, des faire-valoir, des activités ou des espaces de loisir.

Le fait que, dans beaucoup de pays, la majorité des habitants vivent désormais dans les villes (si l'on peut encore appeler villes les mégapoles de 1 million ou de 10 millions d'habitants où personne ne se connaît) n'est pas la cause de cette politique, comme on voudrait le faire croire, mais elle en est la conséquence.

Béthune de Pitunilla
27 février 2011, 17:05   Re : Paysan à l'ancienne
Tout est faux dans ce texte. Chacun de ses énoncés doit être retourné comme le doigt d'un gant pour restituer la vérité. D'abord les instances internationales font tout, depuis un revirement politique intervenu il y a bien quinze ans maintenant, pour fixer les populations rurales et les motiver à entretenir les terroirs (qui se disent "paysages" dans la parlance onusienne actuelle), et stopper l'exode rural. La négation des énoncés des "raisons" invoquées par des lignes précédées d'un tiret dans ce texte donne une image assez exacte de la réalité et de sa prise de conscience, qui fonde en partie cette nouvelle politique des puissances:

- Ils ont souvent beaucoup d'enfants ==> moins que les populations désoeuvrées des mégalopoles du tiers monde
- Ils cultivent la terre pour se nourrir et pour nourrir les populations locales, selon des méthodes ancestrales. Ils ont donc, en principe, l'indépendance alimentaire. ===> Les paysans, les vrais, ne désirent qu'une chose: sortir de leur condition peu enviable car foncièrement pauvre et pratiquer les cultures spéculatives (en Amérique, en Afrique, l'initiative de brûler les forêts ou d'infiltrer les réserves naturelles pour y aménager des plantations de caféiers et de cacaoyers n'a pas attendu le signal des "industriels" mais émane spontanément de nos bons paysans)
- Ils ont des traditions. ===> qu'ils sont, sans organisation collective impulsée de l'extérieur, bien incapables de préserver face "au modernisme", et ce plus particulièrement s'agissant des "savoirs traditionnels"
- Ils savent souvent se passer d'argent dans leurs échanges économiques ===> quand ils n'ont pas le choix, oui, en effet, mais toujours en dernier recours; le troc, dans les sociétés paysannes est un mode méprisé de l'échange
- Ils lisent peu les journaux, regardent peu la télévision (quand ils l'ont) et sont peu influencés par les médias (sans commentaires, si ce n'est que l'on retiendra que les plus gros contingents de fanatiques recrutés par l'Angkra au Cambodge étaient fournis par ces "gens peu influençables" )
- Ils ont du bon sens ===> Ils sont en vérité obtus, matois, ignorants, filous et très largement incapables de concevoir leur intérêt au-delà de la barrière de leur lopin (que l'auteur s'interroge sur l'origine de la présence de mines anti-personnel dans l'espace rural de pays comme le Cambodge et il comprendra mieux ce dont je veux parler -- les militaires n'avait pas le monopole du coeur, en la matière...).
- Ils vivent au contact de la nature et se soumettent à ses lois ===> la nature, depuis deux décennies au moins, leur joue des tours pendables contre lesquels ils sont très largement démunis
- Ils vivent à l'heure solaire et non à l'heure artificielle des villes ===> ah oui, la joie saine de se coucher comme les poules et de se lever avec le chant du coq (à trois heures et demie du matin)!
- Leur vie est saine, leur environnement est beau. ===> l'incidence de cancers (de la peau, des voies respiratoires) et d'allergies est nettement supérieur en milieu rural qu'en milieu urbain dans les pays du Nord; dans les pays du Sud, ça vient.
- Leur métier est utile et honorable. ===> Paysan n'est pas un métier, c'est un état. Un métier s'acquiert, un état, on peut naître dedans et y demeurer sans avoir acquis l'intelligence des gestes qui le composent mais surtout, et par voie de conséquence, en demeurant totalement incapable de s'adapter aux changements induits par le monde extérieur.
- Exerçant leur corps et sachant manier les outils et les armes, ils ont toujours été des soldats en puissance, comme les héroïques Vendéens l'ont montré. ===> (sans commentaires, pur fantasme, et qui de toute façon va à l'encontre de tout ce que l'on sait de ces ordres depuis les travaux de Dumézil)
- Ils occupent et connaissent le terrain, s'identifient avec lui et savent donc défendre leur pays ===> oui, tout comme l'instituteur, le médecin, le gendarme, le curé ou le châtelain d'autrefois. Mais en vérité non: la paysannerie collabore spontanément avec l'occupant, pour préserver ses biens, son "outil de travail" et de subsistance qui fait corps avec le territoire occupé. Attaché à ses possessions, et sans mobilité, le paysan est souvent la première victime d'une occupation militaire du territoire, et quand il cesse d'en être la victime, il devient vite un privilégié car, si l'on en croit les prémices de cet auteur, il bénéficie d'une subsistance et d'une autonomie alimentaire dont le citadin est privé; il s'emploie alors à préserver ce privilège en collaborant.
27 février 2011, 17:16   Re : Paysan à l'ancienne
Francis,


Je pense qu'il faut distinguer le paysan propriétaire de ses valets.

Prenez l'Odyssée, et les textes grecs, et aussi l'histoire romaine. On voit que le paysan PROPRIETAIRE est la base de ces régimes. Cela ne veut nullement dire que la masse rurale le soit.
27 février 2011, 18:28   Re : Paysan à l'ancienne
Mise au point réaliste et salutaire à la Marche. J'y souscris en tout point. Elle correspond à la réalité agricole que je fréquente depuis plusieurs décennies en plusieurs lieux. Les exceptions n'y changent rien.
Je suis bien aise de partager le point de vue de Francis sur la campagne. Dommage qu'il veuille y planter des éoliennes.
27 février 2011, 18:39   Re : Paysan à l'ancienne
Ils sont en vérité obtus, matois, ignorants, filous et très largement incapables de concevoir leur intérêt au-delà de la barrière de leur lopin


Cela (et le fait que le paysan propriétaire soit l'idéal de la république Rad-Soc et des conservateurs pour une fois d'accord) explique un trait important de la culture française : la nullité en géographie et en langues étrangères, car cela n'intéressait pas les Français, attachés à un monde rural fantasmé et dont on se dit originaire, même quand on l'a quitté depuis huit générations.
27 février 2011, 20:18   Re : Paysan à l'ancienne
Citation
Ils sont en vérité obtus, matois, ignorants, filous et très largement incapables de concevoir leur intérêt au-delà de la barrière de leur lopin

On se régale à lire de telles insanités qui correspondent exactement à l'image épouvantable des paysans dans la France des années soixante et soixante-dix. Rappellez-vous Fernand Raynaud et son célèbre sketche Ç'a eut payé, Crésus.

Avec une telle image on comprend que les fils et filles de paysans aient préféré devenir postier ou fonctionnaire des finances et aller habiter des HLM et manger du poulet aux hormones.

Si le texte de ce Maximilien de Béthune, duc de Sully est un tissu de conneries la réponse de notre champion est son exact pendant mais dans le sens inverse.

Je métonne que personne n'ait fait la moindre remarque sur le texte de Monsieur Eschbach qui est d'un tout autre calibre que celui du dit Duc de Sully.
Utilisateur anonyme
27 février 2011, 23:19   Re : Paysan à l'ancienne
Les contre-exemples pris par Francis dans le Tiers-Monde ne sont pas valables pour la France. Le contre-exemple pris dans l'Histoire (la société tripartite de Dumézil) n'est plus d'actualité.

L'article d'Henri Eschbach est tout à fait dans le vrai. Il n'y aura pas d'avenir sans ré-enracinement, sans retour à la terre.
28 février 2011, 05:39   Re : Paysan à l'ancienne
J'ai oublié d'ajouter, à ces qualificatifs dont je ne retirerai aucun, que le paysan dit "traditionnel" (voir le titre du présent fil) ne pense qu'à l'argent, que seul compte le fric dans son imaginaire -- son illettrisme nourrit chez lui les pires goûts de luxe et de possession, il compense son absence de divertissement et le vide de sa vie spirituelle par un goût de posséder qui lui fait un exutoire à son ennui. Il y a dans tout paysan un requin capitaliste qui sommeille, vide de tout scrupule ou de toute humanité. Les pires capitalistes "industriels" et financiers, sur tous les continents, de Wall Street à Pékin, sont tous fils, petit-fils ou arrière-petit-fils de paysan, cependant qu'il n'y a pas de fils d'instituteur, de médecin, de policier, qui devienne spéculateur, chevalier d'industrie aussi facilement que le fils de paysan. Tout le grand capitalisme que certains, dont vous me semble-t-il, disent honnir, connut son essor au XIX siècle en Occident par un transfert direct de la ruse et de la spéculation paysannes à la ruse et à l'exploitation capitalistes. Et tous les discours qui ont alimenté la critique du capitalisme pendant deux siècles en imputant ses maux à "la juiverie apatride" n'ont existé que pour masquer le fait que je viens de vous dire.
Foutus péquenots, quand même...
Tu l'as dit bouffi ...
Utilisateur anonyme
28 février 2011, 10:39   Re : Paysan à l'ancienne
Citation
Et tous les discours qui ont alimenté la critique du capitalisme pendant deux siècles en imputant ses maux à "la juiverie apatride" n'ont existé que pour masquer le fait que je viens de vous dire.

Bernard Madoff, Soros, Rockefeller, JP Morgan, Rothschild, que des fils de paysans, j'vous l'dis moi !
28 février 2011, 11:25   Re : Paysan à l'ancienne
Citation
Francis Marche
J'ai oublié d'ajouter, à ces qualificatifs dont je ne retirerai aucun, que le paysan dit "traditionnel" (voir le titre du présent fil) ne pense qu'à l'argent, que seul compte le fric dans son imaginaire -- son illettrisme nourrit chez lui les pires goûts de luxe et de possession, il compense son absence de divertissement et le vide de sa vie spirituelle par un goût de posséder qui lui fait un exutoire à son ennui. Il y a dans tout paysan un requin capitaliste qui sommeille, vide de tout scrupule ou de toute humanité. Les pires capitalistes "industriels" et financiers, sur tous les continents, de Wall Street à Pékin, sont tous fils, petit-fils ou arrière-petit-fils de paysan, cependant qu'il n'y a pas de fils d'instituteur, de médecin, de policier, qui devienne spéculateur, chevalier d'industrie aussi facilement que le fils de paysan. Tout le grand capitalisme que certains, dont vous me semble-t-il, disent honnir, connut son essor au XIX siècle en Occident par un transfert direct de la ruse et de la spéculation paysannes à la ruse et à l'exploitation capitalistes. Et tous les discours qui ont alimenté la critique du capitalisme pendant deux siècles en imputant ses maux à "la juiverie apatride" n'ont existé que pour masquer le fait que je viens de vous dire.

Il y a toujours un moment dans les envolées de Francis où il se grise lui-même de son propre souffle, et où il finit par dépasser la mesure ; dommage. Mais c'est comme ça qu'on l'aime.
28 février 2011, 12:06   Re : Paysan à l'ancienne
Citation
à ces qualificatifs dont je ne retirerai aucun
Citation
Et tous les discours qui ont alimenté la critique du capitalisme pendant deux siècles en imputant ses maux à \"la juiverie apatride\" n'ont existé que pour masquer le fait que je viens de vous dire."

Comme toujours quand notre champion déraisonne il persiste et signe.

J'applaudis à tout rompre ...
28 février 2011, 21:19   Re : Paysan à l'ancienne
Bolacre, vous m'avez fait plier en deux...
06 mars 2011, 00:59   Re : Paysan à l'ancienne
On ne comprend rien, et du reste, nos théoriciens marxistes et weberiens n'y comprennent rien, au phénoménal essor du capitalisme industriel de ces vingt dernières années en Extrême Orient -- Chine et Thaïlande par exemple -- si l'on continue de considérer comme déterminants des facteurs qui ni furent que contingents et adjuvants à l'essor du capitalisme européen au 19e siècle: "l'éthique protestante", les intérêts juifs, etc.

Le moteur éthique du capitalisme industriel n'est pas à chercher en dehors de ce qui, par la naissance du capitalisme, en vient à périr; les causes et l'essence d'un phénomène sont à rechercher et à déceler là où, par l'apparition dudit , s'observe une fin, une mutation délétère qui affecte un état si ancien que l'on avait fini par le croire permanent: c'est la paysannerie qui a enfanté et qui enfante ici, en Orient, le capitalisme industriel, et dans et par ce processus, la paysannerie, et le paysage qu'elle avait entretenu, meurent en couche. Les théoriciens européens ne furent théoriciens et penseurs que du capitalisme européen, soit un nain face au monstre à la naissance duquel l'on assiste aujourd'hui. Les penseurs occidentaux des premiers âges de l'industrie ne disposaient pas de données de "l'expérience naturelle" (soit, en science, une expérience que l'on ne peut reproduire par des dispositifs artificiels, autrement dit l'expérience humaine et historique qu'il serait contraire à l'éthique de vouloir reconstituer en laboratoire) et leurs conclusions sur cette genèse en furent hâtives et faussées.

Je le répète (mais ne le répéterai plus): le capitalisme industriel naît de la paysannerie; il est animé de sa mentalité (à défaut d'esprit); il n'y a pas de "révolution bourgeoise", seulement des mutations par lesquelles cette mentalité est translatée du monde paysan à l'activité industrielle; aucun Madoff, aucun Rotschild en Thaïlande, aucune "juiverie apatride" à l'oeuvre, mais une mutation rapide, trop rapide, qui entraîne des crises violentes (Chemises Jaunes contre Chemises Rouges en 2009-2010, conflit auquel nos observateurs occidentaux weberiens n'entravent que couic et pour cause) entre brutalité paysanne et bon enfant et nouvelle brutalité impatiente et citadine, expression de la vie paysanne dans l'industrie. Ces crises (qui peuvent avoir des issues tragiques) sont celles qui affectent les plongeurs qui remontent vers la surface trop vite et sans respecter les paliers de décompression. La plaine de Bangkok, en moins de trois décennies, est passée d'un paysage rural où dominait l'exploitation familiale rizicole en une sorte de Ruhr telle qu'elle se donnait à voir dans les années 1970, et ce sans l'intervention d'aucuns "capitaux juifs" ni d'aucune "éthique protestante", mais avec celle, déterminante, des banques thaïlandaises, au premier rang desquelles la Thai Farmers' Bank
Non, Francis, vous avez tort : il faut au contraire répéter cela, parce que c'est vrai. Il faut aussi parler du rapport du paysan à l'argent.

Le paysan qui épargne est le capitaliste fondamental. On notera d'ailleurs, dans la France ancienne, que le paysan n'était pas que paysan, il avait souvent aussi une autre activité pendant la morte saison.

Un de mes arrière-grand-pères Tarnais exploitait ses propres terres avec un valet, en louait d'autres à un fermier, avait un berger à temps partiel pour un troupeau de mouton (il allait lui même les voir avant l'aube de temps en temps, car la confiance doit être vérifiée) et avait une petite entreprise de couture/tailleur. Il plaçait son argent, et investit dans l'entreprise d'un de ses frères plus aventureux.

Circa 1925, ma grand'mère, mariée au grand-père militaire dont je parle de temps en temps, s'était établie dans le secteur et avait déjà "fait des études". Elle vit un jour un petit chien, dans une ferme, et le jugea adorable. Elle en parla à son père. Quelques jours plus tard, elle vit arriver son père, porteur du chien. Elle lui dit quelque chose du style "Oh ! ils vous l'ont offert !" et mon arrière-grand-père lui répondit : "Comment ? non ! j'ai coupé du bois pour eux". Une autre fois, après la guerre, elle descendit à la cave et vit son père ronger la couenne qui servait à graisser les scies. Elle lui dit "Papa, si on vous voyait !". A quoi il lui répondit : "Maria, tu avais laissé trop de gras".

Cet homme, de sa vie, n'eut jamais à obéir à quiconque, sauf lors du service militaire. Il ne demanda de service gratuit à personne, ne roula pas sur l'or mais fut "maître en son château". Il était de droite, mais fut un authentique républicain. Il donna un de ses fils, prêtre et lieutenant d'infanterie, à la France, le 8 septembre 1917.

Je n'ai jamais emprunté un centime, ni dû un sou à personne. A Castres, on ne m'a jamais demandé de chèque de banque, de chèque certifié ou de caution.
06 mars 2011, 01:42   Re : Paysan à l'ancienne
Si, comme vous l’écrivez, le paysan qui épargne est le capitaliste fondamental, je ne comprends pas que vous me disiez deux lignes plus haut que j’ai tort. Vous devez m’avoir lu trop vite ou j’ai dû mal m’exprimer. J’ai tort selon vous mais votre message illustre exactement mon propos. Je n’y comprends plus rien, pas même notre malentendu.
Vous avez tort de dire que vous ne le répéterez plus.

Vous nous écrivez :


Je le répète (mais ne le répéterai plus): le capitalisme industriel naît de la paysannerie

Et je vous dis :

Non, Francis, vous avez tort : il faut au contraire répéter cela, parce que c'est vrai. Il faut aussi parler du rapport du paysan à l'argent.
06 mars 2011, 01:51   Re : Paysan à l'ancienne
Oui, Jean-Marc, pardon. Je deviens dur du neurone, comme d'autres de la feuille.
06 mars 2011, 01:53   Re : Paysan à l'ancienne
Quel malentendu !
Utilisateur anonyme
06 mars 2011, 08:06   Re : Paysan à l'ancienne
Citation
Francis Marche
J'ai oublié d'ajouter, à ces qualificatifs dont je ne retirerai aucun, que le paysan dit "traditionnel" (voir le titre du présent fil) ne pense qu'à l'argent, que seul compte le fric dans son imaginaire -- son illettrisme nourrit chez lui les pires goûts de luxe et de possession, il compense son absence de divertissement et le vide de sa vie spirituelle par un goût de posséder qui lui fait un exutoire à son ennui. Il y a dans tout paysan un requin capitaliste qui sommeille, vide de tout scrupule ou de toute humanité. Les pires capitalistes "industriels" et financiers, sur tous les continents, de Wall Street à Pékin, sont tous fils, petit-fils ou arrière-petit-fils de paysan, cependant qu'il n'y a pas de fils d'instituteur, de médecin, de policier, qui devienne spéculateur, chevalier d'industrie aussi facilement que le fils de paysan. Tout le grand capitalisme que certains, dont vous me semble-t-il, disent honnir, connut son essor au XIX siècle en Occident par un transfert direct de la ruse et de la spéculation paysannes à la ruse et à l'exploitation capitalistes. Et tous les discours qui ont alimenté la critique du capitalisme pendant deux siècles en imputant ses maux à "la juiverie apatride" n'ont existé que pour masquer le fait que je viens de vous dire.

Certes, mais nous pouvons nuancer le propos en rappelant qu'il y a aussi - peut-être davantage ?- des arrière-petits-fils, des petits-fils et des fils de paysans qui sont devenus instituteurs. Quant à savoir ce que pourraient devenir les fils de ces derniers ?
Chansonnette narquoise mise à part, je suis entièrement de l'avis de Francis. Relisons Balzac et passons une après-midi avec le bonhomme Grandet, pour voir.
06 mars 2011, 09:29   La culture: foi au rabais
Le fils qui chez les paysans « faisait l’instituteur » était souvent le deuxième ou le troisième, qui rompait les rangs, le rang, le ban: il laissait les terres à l’aîné. La terre, celle qui recouvre tous les mensonges, n’aime pas se partager. Le fils instituteur chez les petits paysans occupait la place de celui qui, chez les plus gros, mieux dotés au foncier, se faisait curé, ou moine ou missionnaire chez les sauvages. L’instituteur dans une famille rurale était le valeureux missionnaire des à-peine-plus-pauvres-que-soi, un missionnaire au rabais : les missionnaires des familles aisées progageaient la foi chez les très-pauvres et les grands exotiques, lui seulement la culture, chez les voisins du village, mais cette culture était celle qui serait, presque en même temps, l'indispensable instrument donnée à la paysannerie pour sortir d'elle-même et entamer sa mutation dans et par l'industrie et plus tard grossir les rangs de la petite-bourgeoisie, classe immuable, morainique, uniforme.


En écho à Orimont : Les Paysans de Balzac, plus fort encore qu’Eugénie Grandet (Balzac qui peignait d’un même pinceau, et pour cause, la paysannerie et les bourgeois). Et chez Zola, tout de même : La Terre où l’on est loin, très loin de George Sand.
Citation
Chansonnette narquoise mise à part, je suis entièrement de l'avis de Francis. Relisons Balzac et passons une après-midi avec le bonhomme Grandet, pour voir.

Restons marxiste ! "L'air de la ville rend libre"

Le génie du capitalisme au 19 ème siècle ce fut de forger une idéologie dénoncant la vie à la campagne pour amener la population paysanne à quitter la terre en masse pour aller travailler dans les usines.

150 ans après des niais s'y laissent encore prendre.

De la même manière les sectionnaires et leurs descendants les républicains laiques nous ont présenté depuis 200 ans l'ancien régime comme un totalitarisme foulant toutes les libertés au pied.

On a vu le résultat avec Lénine, Staline, Hitler, Mao et consorts.
07 mars 2011, 22:35   Re : Paysan à l'ancienne
Vous devez tous être contents de manger des poulets de 2 mois piqués à l'hormone et à la graisse, élevés en batteries et servis avec les œufs des poules débecquées, élevées en cage, sans avoir jamais vu le soleil. Le tout avec des petits pois carottes aux pesticides venant de boites de conserves au bisphénol?

Quelle myopie intellectuelle vous afflige! L'industrie agricole productiviste actuelle est née du massacre des paysans au front, et de la reconversion des produits chimiques de l'armement en pesticides et engrais.

Ne sortez vous donc jamais de vos villes pour voir d'où vient votre nourriture? QUI vous nourrira quand tout le monde aura hérité de votre mépris du travail du sol? Dieu? Balzac?
07 mars 2011, 22:39   Re : Paysan à l'ancienne
Vous avez raison, les paysans ont bon dos, tant qu'ils nous nourrissent..
07 mars 2011, 22:41   Re : Paysan à l'ancienne
Vous méritez tous un bon régime.
07 mars 2011, 22:51   Re : Paysan à l'ancienne
Est-il possible d'avoir un régime de faveur ?
Bien à vous.
07 mars 2011, 23:03   La terre est basse
"QUI vous nourrira quand tout le monde aura hérité de votre mépris du travail du sol? Dieu? Balzac?"

Qui parle de mépris du travail de la terre ? Le travail de la terre n'est pas à mes yeux méprisable maisil est très ingrat, c'est le plus ingrat de tous, pour ceux qui y sont attachés, et ceux qui y sont attachés n'ont jamais rêvé, dans leur écrasante majorité, que d'y échapper ou de le rendre moins pénible, moins dépendant des aléas climatiques ou des maladies. Vous n'avez pas tort quand vous évoquez la Grande Guerre pour expliquer le fauchage de la paysannerie française mais quant aux engrais et à la mécanisation, ils auraient été accueillis de la même façon, fussent-ils sortis d'un siècle de paix.
07 mars 2011, 23:23   Re : Paysan à l'ancienne
"Vous méritez tous un bon régime."

Comment le savez-vous ?
07 mars 2011, 23:37   Re : Paysan à l'ancienne
"Vous méritez tous un bon régime."
Irréfutable.
Chorba pour tous, voici notre régime !
08 mars 2011, 01:26   Re : Paysan à l'ancienne
Noémie, allez donc lire le petit conte de Maupassant intitulé l'Aveu, dans Les Contes du jour et de la nuit, et revenez nous voir. Je suis né et j'ai grandi à la campagne, c'est à dire dans les pesticides et dans un environnement peuplé de gens qui, comme tous les paysans producteurs du monde, se réservaient une nourriture saine pour expédier à la ville et chez les estrangers les produits empoisonnés, comme ils le font aujourd'hui internationalement (la Chine ainsi, empoisonne les populations japonaises). La terre, qui ment, est empoisonnée et empoisonne les idiots de citadins que vous semblez déterminée ici à représenter.
08 mars 2011, 09:34   Re : Paysan à l'ancienne
Francis Marche,

puisque vous êtes d'humeur à échanger les références, je vous invite à voir Solutions locales pour un désordre global, film documentaire réalisé par Coline Serreau, qui a le mérite de jeter un œil encore vivant sur le monde agricole actuel, ainsi, quand je reviendrai de ma lecture de Maupassant, nous pourrons discuter de ce que vous aurez découvert :

Des gens amoureux de leur terre, qui ne comprennent pas que l'on puisse nourrir des enfants avec des fruits recouverts par 25 traitements chimiques. Des gens qui n'ont pas envie de s'arracher à leur condition, et qui arrivent à rendre vie à des terres polluées, désertifiées. Des gens qui ne sont pas aliénés par leur condition d'agriculteur.

J'ai beaucoup de respect pour l'expérience de vos jeunes années, mais vous ne semblez pas avoir vécu auprès des agriculteurs les plus soucieux qui soient.
Permettez moi donc de mettre en parallèle mes propres jeunes années, car je les passe comme journalière dans des exploitations bio. Je travail, j'effectue cette tâche la "plus ingrate de toutes", ce non-métier selon vous, contre nourriture et logement, passant d'une exploitation à l'autre avec mon sac et mon expérience sur le dos.

J'ai offert mon travail à des gens qui se tuaient sur leur légumes magnifiques, 6 à 7h par jour, pour les livrer en panier aux petites têtes blondes accompagnant leurs parents à l'AMAP, pour tout juste se payer 500€ par mois.

Et inversement, je reviens tout juste d'un mois passé dans une exploitation de poules pondeuses bio (il y avait 500 poules environ).
Mes hôtes auraient aimé se payer plus que 600€ par mois, mais étaient tout de même assez satisfaits de bénéficier du net et de la télé HD dans leur coin de montagne perdue au milieu de nul part, contre les 2h de travail journalier que demande leur activité.

Dans mes pérégrinations je n'ai jamais encore rencontré d'agriculteur frustré, picsou avare en recherche de richesses toujours plus grandes, empoisonnant consciencieusement ses clients. Quant à cela, je crois que vous rêvez cher Francis : les plus fervents défenseurs du Roundup ne se privent pas pour manger leurs légumes polués en toute confiance.

Enfin, je trouve tout de même attristant que vous soyez bloqué sur les écrits de Maupassant pour juger vos contemporains, et espère que les membres du PI ne partagent pas votre vision des choses : vous perdriez bien des voies en snobant le salon de l'agriculture.
08 mars 2011, 10:36   Re : Paysan à l'ancienne
Travailler un mois dans une exploitation de poules pondeuses bio, faut l'faire, et cela suscite mon admiration, sans ironie.
J'ai travaillé une fois une demi-journée dans l'étable d'un kibboutz, et les pauvres bêtes en furent tellement effarées qu'on ne me reprit pas.
Noémie,

Ce n'est que d'aujourd'hui qu'existent des paysans tels que ceux avec qui vous avez travaillé. Ce sont des militants et, si leur action est non seulement respectable mais digne d'être hautement encouragée, cela ne suffit pas, à mon avis, à disqualifier le point de vue de Francis.
Utilisateur anonyme
08 mars 2011, 12:23   Re : Paysan à l'ancienne
Je rejoins Orimont sur ce dernier point, car j'ai dans mes connaissances un jeune éleveur, fils d'éleveur, qui a repris l'exploitation de son père mais en souhaitant la "convertir" en "bio". Il y est aujourd'hui parvenu, mais son père n'a cessé de critiquer ces "nouvelles méthodes" qu'il juge contre-productives et dont il n'est toujours pas convaincu, attaché qu'il est au rendement et surtout à la rentabilité (la notion de développement durable ou le principe d'une production moins quantitative mais plus qualitative lui sont totalement étrangers).
Ce n'est pas un cas isolé, la grande majorité des "exploitants agricoles" de la génération de ce monsieur ont les mêmes réflexes, la même volonté de rentabilité avant tout et à tout prix.
Utilisateur anonyme
08 mars 2011, 12:36   Re : Paysan à l'ancienne
La grande majorité des exploitants agricoles a été formée par le Ministère de l'Agriculture à l'utilisation des engrais industriels, des semences industrielles, des engins agricoles industriels. Elle ne connaît pas d'autre agriculture que l'intensive et la polluante.

À la suite de Noémie, je conseillerais un film que j'ai trouvé plus profond et plus beau que celui de Coline Serreau. Il s'agit de "Le temps des Grâces", de Dominique Marchais, Éd Capricci.

[capricci.fr]
08 mars 2011, 12:45   Re : Paysan à l'ancienne
C'est vrai, mais c'est récent. Dans les années soixante, les autorités ont dû batailler longuement pour amener la paysannerie française à adopter cette mentalité productiviste et moderniste. Le remembrement, la destruction des haies en pays bocager, l'emploi des pesticides, l'élevage industriel, etc. se heurtaient à des résistances souvent farouches des vieux et il a fallu qu'une nouvelle génération d'agriculteurs (agriculteurs plutôt que paysans), formés dans les lycées agricoles et pris dans la mentalité globale des années soixante, confiante dans la technique, populationniste, optimiste, pour que tout cela se généralise.

Aujourd'hui on observe un phénomène étonnant : le milieu de l'agriculture "bio" est un curieux et invraisemblable agrégat de vieux dinosaures paysans ayant survécu on ne sait comment à ce raz-de-marée moderniste, de hippies presque aussi dinosauresques et de jeunes gens hypermodernes.
08 mars 2011, 12:46   Re : Paysan à l'ancienne
Messages croisés.
Utilisateur anonyme
08 mars 2011, 12:51   Re : Paysan à l'ancienne
Votre description est tout à fait juste, cher Marcel.
08 mars 2011, 13:38   Re : Paysan à l'ancienne
Est-on obligé de séparer de façon aussi basique le monde agricole entre méchants producteurs - les poches pleines de pesticides, d'OGM et de dollars - et gentils petits paysans "bio"qui massent tendrement leurs tomates au clair de lune ?
Le marché bio n'en reste pas moins un marché, et beaucoup savent très bien profiter de l'effet "hype" et ne se sont pas reconvertis au bio par philosophie ou écologie. Chacun essaie de gagner sa croûte, c'est tout.

Le vrai et grand drame de l'agriculture est selon moi le remembrement qui a détruit nos paysages à jamais (haies, talus, maillage des chemins, mares) et dont les effets secondaires sont dramatiques : inondations, écoulement des engrais jusqu'à la mer (marées vertes), pollution des nappes, disparition de la faune, etc.
Il n'a pas été voulu, théorisé et promu par les paysans mais par le ministère qui s'est occupé de faire raser les campagnes pour sa politique agricole.
08 mars 2011, 14:03   Re : Paysan à l'ancienne
Très juste, Mathieu.
08 mars 2011, 14:29   Re : Paysan à l'ancienne
Citation
Il n'a pas été voulu, théorisé et promu par les paysans mais par le ministère qui s'est occupé de faire raser les campagnes pour sa politique agricole.

Le billet de Marcel Meyer est excellent et celui de Mathieu aussi.

Je refuse de diaboliser la paysannerie francaise. Pourquoi ?

Tout simplement parce qu'elle a été la classe sociale qui a payé dans son sang et dans sa chair le prix le plus élevé dans le processus de modernisation forcée que la France a subi depuis 150 ans mais surtout depuis les années cinquante.

Un seul exemple_
On leur a volé (payé à bas prix) leurs terres pour construire des infrastuctures touristiques dont ils ne furent que dans des cas très rares les bénéficiaires. La plupart des stations de ski alpines ont toutes été projetées dans le silence des cabinets d'architectures et d'urbanisme parisiens et financées par des consortiums bancaires et la paysannerie locale (en Savoie, Isère, Pyrénées) n'en a recueilli que des miettes.
08 mars 2011, 15:18   Re : Paysan à l'ancienne
Noémie,

Dans ma jeunesse, il n'y avait pas d'agriculteur bobo, non plus que bio. Les gens naissaient dans un état, qui leur était légué par leur père, et qui s'appelait "cultivateur", car le mot paysan déplaisait; l'appellation "agriculteur" était à peine utilisée. Ces gens n'avaient aucune notion de ce qu'ils faisaient en ce sens qu'ils n'avaient nullement acquis ce métier, que par conséquent, y étant nés, ils ne pratiquaient cet état, ne travaillaient la terre, non par goût ou par choix, mais parce que cela satisfaisait à une vieille logique que vous ne pouvez pas connaître étant née tardivement dans ce monde aujourd'hui remis en question; cette logique pouvait s'énoncer très simplement: tu vivras où tu naîtras, tu feras ce que tes pères faisaient, tu reproduiras leurs gestes. Vous rendez-vous bien compte que cette logique-là, ancestrale, n'était nullement une particularité des travailleurs de la terre, propriétaires ou non, mais qu'elle touchait de multiples états ? Par exemple, mineur de fond. On était mineur de fond parce le père avait été mineur de fond, et souvent itou de notaire, médecin, tapissier, etc. L'ambitieux, dans un tel monde, commençait par devenir un paria emmie les siens, sa dérive, alors, n'avait plus de fond, et il devenait ainsi artiste à Paris, chercheur d'or au Paraguay, ce qui était, pour les gens n'ayant pas quitté l'univers statique que je vous dis, sensiblement la même chose.

A partir des années 60, tout ça a commencé à frémir. Les baby boomeurs n'ont rien inventé. La génération qui a révolutionné ce monde est celle qui abordait les années 60 pré-trentenaires, né dans le tout début des années 30. Les baby-boumeurs ne sont, par rapport à eux, qui ont véritablement osé tout bousculer, qui se sont émancipés de l'univers statique des "états", que des merdeux suivistes, égocentriques et inutilement remuants. La fin de la paysannerie a commencé là, par cette génération qui s'émancipait par le salariat, l'industrie, l'exode vers le tertiaire, mais cette fin ne fut point seulement celle de la paysannerie -- elle sonna le glas général des états. Vous faites du "poulet bio", dites-vous ? Très bien, dans cinq ans vous ferez autre chose qui vous passionnera, dans dix ans encore autre chose, et mille autres choses dans votre future longue vie. Vous ne comprenez pas ce que je vous dis parce que vous appartenez à une autre humanité que celle dont je vous parle. Vous ne savez absolument pas ce qu'est la paysannerie. Tant mieux pour vous.
08 mars 2011, 15:26   Re : Paysan à l'ancienne
En effet, j'ai souvenance qu'enfant, La SAFER était un autre nom du diable. Je confondais LA SAFER et Lucifer. Personne ne s'en rendit compte, ni moi non plus, presque jusqu'à l'adolescence.
Il me semble que dès le lendemain de la guerre, il y a deux agricultures en France :

- les "betteraviers et céréaliers" chers à Georges Marchais, et représentant l'agriculture industrielle ;

- les "petits paysans".

Le rôle du remembrement est bien décrit, et la SAFER sévissait effectivement partout.

Il faut tout de même ajouter qu'au-delà des cris traditionnels que le monde paysan sait fort bien pousser, le remembrement et surtout les échanges parcellaires furent en général bien acceptés, pour deux raisons : les travaux connexes étaient financés par la puissance publique ; surtout, les échanges étaient exonérés de droits de mutation. Cela permettait de "s'arrondir" sans frais.

Il est vrai que le remembrement se passa mieux dans la partie nord du pays que dans le sud.
08 mars 2011, 15:39   Re : Paysan à l'ancienne
Il faut tout de même ajouter qu'au-delà des cris traditionnels que le monde paysan sait fort bien pousser, le remembrement et surtout les échanges parcellaires furent en général bien acceptés, pour deux raisons : les travaux connexes étaient financés par la puissance publique ; surtout, les échanges étaient exonérés de droits de mutation. Cela permettait de "s'arrondir" sans frais.

Très juste.

En matière agricole, le pays connaissait une forte dichotomie, voire un antagonisme, entre son nord et son sud dans ces années 60/70, ce que l'on a un peu oublié aujourd'hui.
08 mars 2011, 17:54   Re : Paysan à l'ancienne
Cher Francis, je vous crois sincèrement.

Mon propos est qu'il existe aujourd'hui des agriculteurs, cultivateurs ou éleveurs, qui exercent un métier, par intérêt, par envie, ou par nécessité, persuadés que de nos jours il faut pouvoir produire sa propre nourriture.
Je suis étonnée par vos généralités à tendances universelles, toutes négatives, comme si vous étiez le premier à vouloir vous extirper et prendre autant de distances que possible avec ce milieu, cette origine.
Je tiens à vous rassurer, je n'ai nullement l'intention de me changer en moulin passionnel, passant d'une lubie à l'autre. J'ai déjà des passions qui m'occupent et qui risquent de durer. Merci de m'éclairer quant à mon ignorance, je suppose que vivre plusieurs mois auprès de paysans de toute la France ne comptera pas tant que je n'aurai pas 93 ans pour en parler en 20 pages.

Je doute tout de même de bénéficier d'une "longue vie", vu la liste des cancérigènes avérés, perturbateurs hormonaux et toxines que l'ont retrouve aujourd'hui presque partout.
Ceux qui ont pu devenir vieux, sont ceux qui sont nés avant la pollution intensive de l'assiette du consommateur. Qui vivra verra pour les autres...

Cher Orimont, je vous prierais de bien vouloir me relire, je n'ai nul part fait mention d'un quelconque militantisme. Cela n'a jamais été le cas chez aucun agriculteur que j'ai rencontré. Travailler en bio n'implique pas que l'on soit engagé, militant ou activiste, mais plutôt intelligent, sensible et connecté à la réalité.

Je jète l'éponge et vous laisse détruire entre vous la paysannerie et tous les gens qui font que chaque soir vous vous couchez sans vous masser les côtes en pleurant de faim.
Si l'on considère que nous disposons de quatre jours d'autonomie alimentaire, et que le coût des aliments issus de l'agriculture industrielle est indexé sur le prix du pétrole, on peut avoir la certitude que lorsque la crise s'appesantira et que la pénurie alimentaire sévira, les premiers à périr seront ceux qui insultent la paysannerie.
08 mars 2011, 20:37   Re : Paysan à l'ancienne
» Les penseurs occidentaux des premiers âges de l'industrie ne disposaient pas de données de "l'expérience naturelle" (soit, en science, une expérience que l'on ne peut reproduire par des dispositifs artificiels, autrement dit l'expérience humaine et historique qu'il serait contraire à l'éthique de vouloir reconstituer en laboratoire) et leurs conclusions sur cette genèse en furent hâtives et faussées.

Bien que les deux termes ne coïncident évidemment pas, il ne faut pas oublier que la théorisation du système économique sur lequel se fonde en partie le capitalisme, qu'on a appelé économie de marché, n'est pas une simple modélisation de quelque "donnée naturelle", elle se veut bien plus que cela : il s'agit du passage à un paradigme façonnant de nouvelles valeurs et créant son propre cadre conceptuel et pratique. Deux idées-maîtresses s'y font jour, liées par voie de cause à conséquence : la notion d'auto-organisation, coiffée par le terme de "main invisible", qui constitue le levier rendant possible le bien général par la libre poursuite de ce qui semble en constituer l'opposé, savoir les intérêts particuliers.
Or un tel dispositif suppose une condition qui est très éloignée de l'esprit paysan tel que vous le décrivez, qui confisque même le moyen le plus immédiat d'une thésaurisation sans frein et sans vergogne, car ce marché requiert qu'aucun acteur ne puisse "contrôler le contrôleur", c'est à dire être à même de fixer lui-même le prix de sa production à son plus grand avantage.
Cette médiatisation de l'intérêt personnel par la croyance en l'auto-régulation positive du jeu impersonnel de l'offre et de la demande constitue tout de même une sacré promotion, éthique, puisque qu'il s'agit encore, toujours et surtout du bien général considéré comme but, et intellectuelle, du péquenot profiteur et à la cervelle si étroite.
08 mars 2011, 20:57   Re : Paysan à l'ancienne
La "main invisible", qui régulera les marchés et la population mondiale, ressort des théories de Malthus.
Plus l'excés est important, plus la correction est brutale !
08 mars 2011, 21:17   Re : Paysan à l'ancienne
J'avais surtout en tête l'auteur de cette notion je crois, cher Pyrrhon, Adam Smith...
En cas de "pénurie alimentaire", bien malin qui peut se prononcer sur "les premiers à périr".

Que suppose exactement votre message, Alexandre ?

Que dans le cas d'une "pénurie alimentaire" certains périraient plus vite parce que les paysans se souviendraient de ceux qui les ont "insultés" et les traiteraient en conséquence ?

Ou que les "premiers à périr" connaitraient ce sort parce qu'ils ne sauraient rien tirer par eux-mêmes de la terre et que plus personne ne donnerait rien à plus personne ?

Ou bien que "les premiers à périr" ne donneraient le fruit de leurs plantations qu'à ceux qui savent les défendre ?

Pensez-vous que la "pénurie alimentaire" alimentera un retour à certaines formes de féodalité ?
08 mars 2011, 21:54   Re : Paysan à l'ancienne
Citation
Alain Eytan
J'avais surtout en tête l'auteur de cette notion je crois, cher Pyrrhon, Adam Smith...

J'utilisais ici ressortir au sens figuré : Apparaître en opposition frappante, saillante.

Malthus a publié Essai sur le principe de population (1798) sans nom d’auteur, parce qu’il savait que son livre allait à contre-courant de l’intelligentsia, de la « main invisible » d’Adam Smith, à l’époque, le pape de la théorie libérale. Et en effet il fut critiqué par la grande bourgeoisie et les personnalités politiques et culturelles. Karl Marx et tous les marxistes jusqu’à aujourd’hui dénigrèrent également Malthus, puisque la révolution prolétarienne ne peut germer que sur le terreau de la misère.
09 mars 2011, 07:19   Re : Paysan à l'ancienne
Chère Noémie, en deux mots car hélas je j'ai plus le temps de m'étendre sur ces sujets: l'agriculture bio ou "à l'ancienne", est possible; comme vous le savez, elle oblige à travailler de ses mains dix heures par jour six jours par semaine pour un revenu souvent très modeste. Certains la pratiquent par passion ou par "vocation", comme d'autres le violoncelle ou l'aquarelle. Généralement, il s'agit donc d'un choix de vie, de métier, souvent opéré par des personnes qui n'étaient pas d'extraction paysanne, comme un trader de Wall Street peut décider un beau matin de se faire ostréiculteur bio à Long Island; et ceux qui font un tel choix et s'y montrent fidèles en sont souvent heureux et s'en trouvent épanouis. Soit.

Je tiens cependant à vous dire que dans la population en général, ces personnes représentent une proportion infime, très inférieure à 1 pour cent. Ce qui a pour implication évidente qu'en aucun cas cette "vocation", ce "choix" ne peut nourrir la planète par le sacrifice de ceux qui s'y livrent avec un évident plaisir intrinsèque. Voilà. Quant aux autres, les paysans nés dans cet état ou cette condition, qui ne sont pas paysans par choix non plus que par plaisir, ils ont recours à la chimie à outrance afin d'augmenter les rendements et de ne pas avoir à multiplier les passes culturales dans leurs champs, car pour eux le travail de la terre est ingrat, pénible et peu motivant, et ils continueront d'agir ainsi, en gagnant le plus d'argent possible dans le but de s'extraire ou d'aider leurs enfants à s'extraire de cette difficile condition.
09 mars 2011, 08:20   Re : Paysan à l'ancienne
Je crois que vous sous-estimez un peu l'ampleur du mouvement, dans lequel la France a, il est vrai, du retard par rapport à ses voisins, même méditerranéens, ce qui l'oblige a importer beaucoup de produits "bios", cher Francis.

Par ailleurs, toutes les formes d'agriculture "biologique" (que ce terme est idiot !) n'impliquent pas un surcroît de travail. Ainsi, l'élevage extensif sur prairies permanentes demande au contraire plutôt moins d'heures de travail par tête de bétail que l'élevage intensif industriel. Et le résultat est infiniment supérieur en termes de qualité de la viande produite comme en termes de paysages engendrés, tout en étant parfaitement rentable dans les conditions actuelles du marché qui permettent de vendre cette viande plus cher (et facilement). Il y faut en revanche davantage d'espace, c'est pourquoi il est difficilement compatible avec l'explosion démographique.
09 mars 2011, 11:35   Re : Paysan à l'ancienne
Tout à fait d'accord avec vous Marcel Meyer.


Citation

Le marché bio n'en reste pas moins un marché, et beaucoup savent très bien profiter de l'effet "hype" et ne se sont pas reconvertis au bio par philosophie ou écologie. Chacun essaie de gagner sa croûte, c'est tout.

Non. Les enseignes qui achètent du bio pour en revendre savent faire ce genre de "com hype", mais croyez bien qu'un maraîcher qui a les mains dans ses légumes 5h par jour et vend sa production à l'AMAP locale ne surf sur aucun slogan ou aucune vague bobo-bien-être-hypie. Ne pas mettre dans le même sac producteur et distributeur. Sans oublier le consommateur et les médias qui font souvent une apologie du bio assez déconnectée de la réalité.

Je pense en effet que l'on peut séparer les "gros méchants utilisateurs de Roundup" et les autres. Je ne vois pas quel crédit, quelle bénédiction vous pouvez donner à des gens qui sont obligés de s'habiller comme des astronautes en sortie sur le lune pour manipuler les produits ultra-toxiques qu'ils répandent sur les produits qui vont finir dans l'assiette de consommateurs du monde entier.
Savez vous que le saumon que vous vous êtes offert à Noël contenait très certainement des traces d'arsenic, de DDT et d'insecticides? On en trouve dans tous les poissons gras, du monde entier, et même les bio, alors que le DDT est interdit depuis 40 ans. Bon appétit.
09 mars 2011, 14:53   Re : Paysan à l'ancienne
Noémie, je conçois que vous êtes à fleur de peau sur ce sujet mais ne soyez pas péremptoire. Entre "l'astronaute du roundup" et le gentil maraîcher, il y a une immense majorité d'agriculteurs qui essaie de gagner sa vie en vendant des produits en quantité et/ou en qualité, selon une stratégie commerciale et les possibilités offertes. Dans tous les cas, ceux-ci sont sous la coupe du marché, de Bruxelles et de ses quotas. Comme l'a dit Marcel Meyer, il doit encore exister quelques cultivateurs passionnés (dinosaures ou hippies), et c'est apparemment chez eux que vous avez travaillé, mais ceux-ci ne représentent pas l'ensemble de leur métier. De là à dire que le reste n'est que du poison en vente libre, vous abusez.
Le recours au bio tel qu'il est vanté depuis quelques années est un luxe de riche bien-pensant. Je pense que les Amap, que vous citez, sont un excellent exemple de solidaro-écolo-boboïsme. De tout temps, les produits vendus en local ou au marché hebdomadaire ont évidemment été meilleurs que leurs homologues vendus sous sachet au supermarché. Il n'y a pas besoin de coller une étiquette bio ou pas pour le savoir, ni d'adopter une posture citoyenne pour s'en rendre compte.
Mais à Noël prochain, si vous voulez m'apporter dans votre glacière un saumon sauvage que vous aurez pêché à la ligne en Islande, vous serez la bienvenue, et je pense sans nul doute qu'il sera bien meilleur que tout ce que j'aurais pu acheter.

Vous n'y accorderez certainement aucun crédit car vous avez la foi, mais je mets tout de même, pour ceux qui sont intéressés, le lien d'un petit dossier clair et bien sourcé sur le bio réalisé par la sceptique "Association pour l'information scientifique", éditeur de la revue "Sciences et pseudo-sciences" : [www.pseudo-sciences.org]
Il répond à dix questions : l’agriculture biologique est-elle une innovation, les produits biologiques sont-ils plus sains pour les consommateurs, les produits biologiques contiennent-ils moins de pesticides, les produits biologiques sont-ils moins à l’origine de cancers, les produits biologiques ont-ils un meilleur goût, les fertilisants organiques sont-ils préférables, l’agriculture biologique a-t-elle des rendements suffisants, l’agriculture biologique est-elle naturelle, l’agriculture biologique est-elle une nouvelle religion, quel est l’avenir de l’agriculture biologique ?
09 mars 2011, 20:56   Re : Paysan à l'ancienne
Vous êtes dans la lune mon cher ami. Déconnecté de la réalité. Mais tant mieux pour vous, on en reparlera dans quelques années. Bon courage.
Mathieu,

Savez-vous que le nombre de cancers de l'estomac s'est effondré en France, car on mange beaucoup moins de viande salée ou fumée ?
09 mars 2011, 21:32   Consensus
On reparlera de tout, dans quelques années, Noémie. Assez curieusement, il est devenu très fréquent de s'en remettre aux bons soins du futur comme à une sorte de "jugement de Dieu", pour trancher les positions irréconciliables. Cela s'applique à peu près à toutes les occasions de controverses. Changement climatique ? On en reparlera dans quelques années si vous ne me croyez pas ! Islamisation ? On en reparlera dans quelques années. Tripatouillages du vivant ? On en reparlera dans quelques années ! Et ainsi de suite, quelle que soit la position défendue. Chacun rêve que le futur mette tout le monde d'accord, qu'il accouche de lui-même et enfin d'une réalité impossible à nier et qui délivre enfin ce dernier mot après lequel chacun court.
09 mars 2011, 21:33   Re : Paysan à l'ancienne
Je ne partage vraiment pas certains avis négatifs sur la paysanerie (ou sur le bio).

Les paysans sont certe facilement influençables :
- par l'argent facile, quand souvent ils doivent suer corps et âme pour cultiver la terre,
- par l'idée de progrés, à travers le productivisme et les technologies qui s'y rattachent,
- par le bobo-isme, en leur donnant l'illusion de s'évader de leur condition de vie qui est souvent spartiate,
- ...

On peut "justifier" et déployer cette liste avec toujours les mêmes ressorts :
- la promesse d'améliorer leur statut social, dans le but d'échapper à leur sort misérable (et que celui qui pense autrement aille s'installer en milieu rural, on en reparle dans 10 ou 20 ans...),
- leur laisser les miettes à ramasser, pendant que le reste de la société récoltera leurs fruits sans tendre un bras ("la vie pas chère" à la Edouard).
- et in fine, en s'assurant que le mauvais rôle leur reviendra (vilainerie, agriculture intensive, snobisme !?)

C'est ainsi qu'ils se retrouvent injuriés :
- rustres,
- exploiteurs,
- irresponsables,
-...

J'arrête là.





Débat sur le qualificatif.


Lui :
"Parfois la réalité ne peut nous échapper.
Et on se prend à avoir un peu de compassion pour les petits."


Moi :
"Mais les gros ?
Les gros exploitants agricoles, ces céréaliés du nord par exemple ?"


Lui :
"Alors là non, pas de pitié pour eux !
Ils sont ... (assez de persiflages.)"


Moi :
"Et les gros producteurs du monde de l'image, et les gros présentateurs de l'audiovisuel, et les gros industiels, et les gros banquiers, et les gros spéculateurs, et les gros politiques, ...
En vérité, ce sont eux qui roulent dans des voitures de luxe, ont de belles et grandes villas, sont inutiles quand ils ne sont pas nuisibles ..."


Lui :
"Mais on ne les appelle pas ainsi !!!
Ce sont des talentueux producteurs, d'excellents présentateurs, des capitaines d'industrie, des banquiers influants, des spéculateurs opportunistes, des grands hommes politiques..."


Moi :
"As-tu compris maintenant ?
Et préféres-tu devenir un gros ou un grand, si en plus dans un cas tu dois trimer, et dans l'autre tu seras adulé, nourri, logé et peut-être au château ?"


Lui :
"Assûrement grand.
Mais tu ne me convaincs pas, on dit que le meilleur sourit au gens bien, et les agriculteurs n'en sont pas."


Moi :
"Tu es indécrotable (normal, tu n'as pas de terre aux pieds, ou l'inverse ?).
Continue ainsi tant que la gamelle est pleine, tant que les gros t'adulent et se crêvent pour toi.
Puisse pour toi que celà dure le plus longtemps possible..."






Comme vous l'avez compris, mes sentiments vont à la paysanerie, qui comme je l'ai déjà dit, à bon dos.
Et mes sentiments se partageront d'eux-mêmes avec le temps...
(car il faut du temps pour accepter les idées qu'on refuse)
09 mars 2011, 21:53   Re : Paysan à l'ancienne
Une de Télérama aujourd'hui : Manger tue...

Pyrrhon, vous avez raison et il me semble que j'essaie justement de soutenir les paysans, en refusant qu'on les traite abusivement d'empoisonneurs de masse.
Je n'ai concrètement rien contre le bio à part tout le foin qu'on en fait depuis quelques années, alors que cela n'a rien de nouveau. Comme tout le monde, je préférerais respecter au maximum la nature et manger plus sain, mais ce n'est pas en soi une position idéologique.
Mais avoir un avis neutre, mesuré ou simplement indifférent est difficile à tenir de nos jours sur des sujets aussi sensibles que le bio, les ogm, le réchauffement climatique, ou par exemple les attentats du onze septembre 2001.
09 mars 2011, 22:22   Re : Paysan à l'ancienne
A propos du bio.


Je reconnais que le bio, aujourd'hui, n'est pas arrivé à sa maturité.
On voit les dérives du bio bobo, du bio à 1€ (quid de la qualité ?), du bio new-age, du bio made-in-china, ect...

Alors oui, c'est nouveau (et avant, on faisait comment !?), et comme tout ce qui est nouveau, on en abuse (on nous abuse !?)

Mais enfin, c'est le seul système d'agriculture qui repose sur l'aspect qualitatif au détriment du quantitatif, et n'est-ce pas le fond de la pensée du parti de l'in-nocence ??

C'est un systéme qui prendra son essort.
Et lorsque ce systéme aura acquis sa vitesse de croisière, malgrés les résistances légitimes, il balayera l'agriculture extrème qui sévit depuis 60 ans.

En somme, le bio est une vision à avoir du rapport que l'on veut entretenir avec la nature, càd naturel.
09 mars 2011, 23:02   Re : Paysan à l'ancienne
Sur les OGM.


Je suis partisan du développement de la recherche à grande échelle pour modifier les organismes vivants servant à notre alimentation.
Jusqu'ici, les greffes jouaient se rôle.
La génétique est une greffe moderne reposant sur la science.

De deux cas :
- soit nous refusons la génétique comme moyen moderne de faire une greffe, laissant cette affaire aux mains de personnes ou d'entreprises mal intentionnées comme celà se passe actuellement,
- soit nous accompagnons ce développement, nous l'organisons selon nos attentes, nous l'adaptons en nous l'appropriant, et alors nous le contrôlerons comme nous contrôlons les greffes "classiques".

Il va de soi que ma préférence va à la deuxième solution, ne serait-ce que parce que l'actuelle ne me convient pas.
Tout de même, on notera que ce siècle productiviste a vu la chute des cancers de l'estomac, déjà cités, la fin du botulisme, le très net recul du typhus et de la typhoïde, dus aux aliments souillés. Pensez aussi aux canalisations de plomb...

Allez rendre un visite à un médecin âgé de, mettons, quatre-vingts ans. Il vous dira ce qui se passait dans les années cinquante, et les horreurs que ses professeurs lui ont racontées à propos de l'avant-guerre. Parlez à un vieux dentiste, et il vous narrera les "édentés complets" de cinquante ans.

Autrefois, on mangeait des produits peut-être non trafiqués, mais on en mourait tout autant;

D'ailleurs, si la nourriture, l'air, tout était aussi mortellement pollué, si tout allait en s'aggravant, comment expliquer la hausse de l'espérance de vie et surtout celle de l'espérance de vie en bonne santé ?
09 mars 2011, 23:29   Re : Paysan à l'ancienne
Citation
D'ailleurs, si la nourriture, l'air, tout était aussi mortellement pollué, si tout allait en s'aggravant, comment expliquer la hausse de l'espérance de vie et surtout celle de l'espérance de vie en bonne santé ?

Juste mais il faut aussi dire que les gens il y a encore 30 ans mourraient souvent pour des peccadilles comme ceux qui après une simple opération de l'appendice decédaient dans leur lit d'hôpital parce qu'un caillot bloquait une artère. Le sang a tendance aprés une intervention chirurgicale à s'épaissir.

La science médicale ayant fait des progrés on donne aujourd'hui aux patients des anticoagulants et on leur fait des piqures d'héparine.
09 mars 2011, 23:42   Re : Paysan à l'ancienne
Cher Jean-Marc,

je suis ravi de vous lire.

Effectivement, la science peut nous être profitable, surtout si nous la contrôlons (cf ci-dessus à propos des OGM).

Mais, en ce qui concerne l'agro-chimie, elle n'existait pas lorsque ceux qui sont en fin de vie aujourd'hui étaient jeunes (càd quand l'organisme est en plein développement, donc beaucoup plus vulnérable).

Dernièrement, nous apprenions que l'espérance de vie aux Etats-Unis avait baissé.
Ainsi la génération suivante, qui est née avec l'agro-chimie, n'est-elle pas contaminée mortellement par cette dernière ?

PS : pour vos problèmes de dents, il faut arrêter les sucreries (heureusement les anciens en consommaient peu, pensez-vous qu'ils agissaient ainsi car il n'y avait pas de soins adaptés ?!)
10 mars 2011, 00:18   Re : Paysan à l'ancienne
Citation
Pyrrhon
Effectivement, la science peut nous être profitable, surtout si nous la contrôlons )
Encore un mot bien galvaudé que "la science" non ?
Si nous voulons parler aujourd'hui d'un tel truc, mieux vaut écrire "ingénierie" surtout si nous visons la qualité, le contrôle, le contrôle-qualité, la responsabilité enfin.
J'ai entendu dire que l'astrologie et la politique étaient des sciences : GIGALOL ! MDR PTDR (^^) etc
10 mars 2011, 00:34   Re : Paysan à l'ancienne
Cher Martin-Lothar,

je suis heureux de vous lire.

A l'époque de Pyrrhon, la science avait une connotation positive.
De nos jours, vous avez raison, le mot "science" est vague et flou, et j'utiliserai donc le terme "ingénierie" que vous proposez à juste titre, et puisque celà ne retranche rien à mes propos.

Je vous remercie de votre bienveillance.
10 mars 2011, 09:06   Re : Consensus
Citation
Orimont Bolacre
On reparlera de tout, dans quelques années, Noémie. Assez curieusement, il est devenu très fréquent de s'en remettre aux bons soins du futur comme à une sorte de "jugement de Dieu", pour trancher les positions irréconciliables. Cela s'applique à peu près à toutes les occasions de controverses.

Oh, non, ne vous inquiétez pas, je ne m'en remets pas aux bons soins du hasard et d'Allah. Je me suis peut être mal exprimée, mais je tenais simplement à abandonner. Je n'ai plus envie de faire part de la discussion par lassitude. On ne change pas l'avis des gens dans un forum, et pour convertir des pro-OGM à mon point de vue, il y a trop de travail.
Je fais donc confiance au temps pour apporter des arguments plus convaincants que les miens. En fait, convaincre ici ne m'intéresse pas et me semble impossible.

Citation

Il va de soi que ma préférence va à la deuxième solution, ne serait-ce que parceque l'actuelle ne me convient pas.

Et jamais, bien sur, la solution d'arrêter les OGM, et de continuer comme avant, comme ce qui fonctionne depuis 10 000 ans, ne vous viens pas à l'esprit?
Il y a eu les progrès de l'hygiène et de la médecine, il y a eu aussi les progrès de l'alimentation. On se lave les dents, c'est vrai. Dans le même temps, les procédés de conservation des aliments se sont améliorés.

Il y a quatre ou cinq ans, je discutais dans la montagne du Tarn, des questions de charcuteries produites dans les temps anciens. Une vieille dame me racontait le nombre de jambons gâtés dans le système "pendaison au plafond près de la cheminée", et de la vermine qui s'y mettait.

Il faut aussi voir qu'il y a cinquante ans, en certaines saisons, il n'y avait pas de légumes verts, et qu'on mangeait pendant des semaines des conserves (souvent dans des bocaux avec une sorte de caoutchouc comme isolant, je ne sais si vous en voyez la forme exacte) de produits récoltés à la bonne saison. Ces conserves étaient de qualité aléatoire (je me souviens de haricots verts, assez gros, servis en soupe, qui faisaient mon désespoir).

D'autre part, l'espérance de vie augmente aux Etats-unis.

[www.google.com]
10 mars 2011, 09:11   Re : Paysan à l'ancienne
Citation
Jean-Marc
D'autre part, l'espérance de vie augmente aux Etats-unis.

Moins que l'obésité morbide. Quand tous les obèses commenceront à faire des AVC, les USA auront assez de place pour accueillir toute l'Afrique du Nord et nous sauver de l'immigration.
Ce n'est pas vrai, ça ne fonctionne pas depuis 10000 ans, l'homme a toujours produit des hybrides. J'avais des pommiers "traditionnels". Leurs pommes étaient immangeables et servaient juste pour une sorte de cidre (à titre documentaire, ce type de pommier est nocif pour les vaches).

La science de l'agriculteur est l'hybridation, qui permet d'avoir des produits meilleurs et plus productif.

C'est comme les races pures : c'est très fragile.
On n'a pas attendu l'obésité pour faire des AVC. Ce n'est pas une question d'agriculture, c'est une question de choix de produits et d'activité physique. Si on se nourrit de sucreries et qu'on ne fait cent mètres qu'en voiture, il ne faut pas s'étonner si on fait un AVC.
10 mars 2011, 09:44   Re : Paysan à l'ancienne
Noémie, pouvez-vous m'expliquer la relation directe entre bio et ogm ? En quoi critiquer le "tout bio" que vous prônez fait-il de vous un pro-ogm ? Franchement, je ne vois pas le rapport, et Pyrrhon par exemple défend les deux. Je pense que les ogm sont un formidable moyen de se passer des pesticides, justement.

Il ne faut pas s'enfermer dans une posture pour ou contre, je pointe seulement les limites du discours "le bio ou la mort". Cela m'évoque les ONG qui veulent soigner les malades du sida en Afrique avec de l'homéopathie. Il ne s'agit pas d'être pour ou contre l'homéopathie, elle peut être très bien, mais on peut signaler que sa généralisation dans des cas aussi extrêmes est un (grave) abus.
10 mars 2011, 10:05   Re : Paysan à l'ancienne
L'espérance de vie est en baisse aux Etats Unis.

D'après une récente étude, l'espérance de vie des Américains est passée de 77,9 ans à 77,8 ans entre 2007 et 2008. Petit accroc passager ou début d'une longue descente aux Enfers ?

L'espérance de vie des Américains a diminué d'un peu plus d'un mois, de 77,9 à 77,8 ans (80,3 ans pour les femmes et 75,3 ans pour les hommes), selon une étude publiée le 9 décembre par le Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Une première depuis 25 ans. Et ce, malgré une baisse de la mortalité infantile, qui atteint un minimum historique. La différence d'espérance de vie entre les populations blanche et noire est de 4,6 ans, soit une baisse de 0,2 an. Depuis 1970, l'espérance de vie des Américains augmentait en moyenne de 2,6 mois par an.

Les maladies cardiaques (dûes notamment à l'obésité) et le cancer, qui sont les deux principales causes de décès aux États-Unis, représentaient 48% des décès en 2008. Le taux de mortalité a sensiblement augmenté notamment à cause des maladies respiratoires et de la maladie d'Alzheimer (en hausse de 7,5%), de la grippe et de la pneumonie (en hausse de 4,9%), de l'hypertension (+4,1%), des suicides (+2,7%), et des maladies rénales (+2,1%).

En conclusion, l'étude insiste sur le fait que les Etats-Unis sont bel et bien confrontés à une dégradation générale de l'état de santé de leur population. Et l'avenir n'est pas rose, car tant que les autorités oublieront de se pencher sur les causes des maladies, celles-ci continueront de se développer. Une autre étude publiée hier affirme d'ailleurs qu'en 1998, un homme de 20 ans pouvait espérer vivre encore 45 ans à l'abri d'une maladie grave (maladies cardiaques, cancer ou diabète). Ce nombre est tombé à 43,8 en 2006. Soit une baisse de 1,2 année... en 8 ans !
10 mars 2011, 10:18   Re : Paysan à l'ancienne
L'espérance de vie n'est plus un très bon indicateur à l'heure où on peut maintenir en vie des légumes pendant des mois. De plus, elle dépend de trop de facteurs différents pour dégager une cause significative de son augmentation ou de sa réduction. Enfin, elle ne peut, par définition, augmenter à l'infini, il faut bien qu'elle se stabilise un jour.

Un mode d'évaluation plus pertinent est désormais proposé : "l'espérance de vie en bonne santé", ou "espérance de vie corrigée de l'incapacité". En France, elle est de 62 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes. Les Etats-Unis qui sont en sixième position en espérance de vie ne sont alors plus que vingt-quatrièmes !
Ce sont des choses qu'il faut regarder sur une assez longue période.

Une variation sur une année n'est pas significative.

Prenez ce tableau :

[www.insee.fr]

Vous y verrez que l'espérance de vie à la naissance des femmes en France est passée de 83.1 ans en 2002 à 83.0 en 2003 puis à 83.9 en 2004 pour être à 84.8 en 2010.

Il vaut mieux regarder l'allure générale des courbes.

Pour les maladies graves, comme vous dites, une des raisons pour laquelle on en meurt davantage est qu'on ne meurt pas d'autre chose avant.

Prenez les accidents de la route.

Ils tuaient 17000 personnes il y a quarante ans, moins de 4000 je pense aujourd'hui. Ces morts épargnées ont conduit à des décès pour autre cause. De même, les progrès des traitements des maladies infectieuses font que les maladies de l'usure prennent la première place.

Une choses est importante à considérer : nous ne sommes pas immortels, et nous mourrons de quelque chose.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter