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Bakou, Ho Chi Minh Ville, Kaboul

Envoyé par Francis Marche 
Vu cet après-midi, à des portes d’embarquement mitoyennes dans l’aéroport de Bangkok, deux noms de destinations : Ho Chi Minh Ville, Bakou. Nous sommes en 2011. Si l’on avait endormi un témoin de son époque en 1975 pour le réveiller aujourd’hui, et qu’on l’amenât sur sa chaise roulante dans l’aéroport de Bangkok et qu’il vît cela, ces deux noms de liaisons aériennes avec Bangkok, jadis bastion du monde libre en Extrême-Orient, il se fut écrié: c’est fait ! le Communisme a gagné. Le monde a basculé dans le communisme. La Thaïlande est tombée elle aussi, la Thaïlande est asservie. Lénine avait raison ! Or le communisme a perdu, c’est le monde libre qui a gagné. Et l’on ne voit personne pour fêter cela, danser dans la rue, comme ce pauvre fou sur sa chaise roulante à qui l’on raconterait l’histoire du triomphe du monde libre, de 1975 à aujourd’hui, en le rassurant, en lui exposant par le menu que la défaite du Mal est possible, que la défaite du Mal est advenue, que ce n'est pas la Thaïlande qui a versé dans le camp des pays communistes mais que ce sont ces derniers qui ont cessé d’être communistes, avant qu’il ne laisse libre cours à sa pauvre joie. Le monde contemporain, en rien différent de l’homme contemporain, est absurde de ne pas se réjouir de ses triomphes. Que notre monde se souvienne qu’il s’est battu, que la capitulation de Bakou, de Ho Chi Ming Ville, où le communisme a fini par être enterré, est le fruit d’un combat qui, en dépit de toutes les défaites encaissées (Diem Bien Phu, Saïgon), a fini en une souple, silencieuse, discrète, pacifique victoire que nos soldats s’étaient acharnés, s’était entêtés à préparer, à rendre possible, y compris à travers leurs héroïques défaites et les funestes abandons qu’ils eurent à subir.

Il faut considérer Kaboul comme le Ho Chi Minh Ville de demain. Dans quelques années, 20 ans, 30 ans, nous nous en voudrons de n’avoir jamais organisé la moindre manifestation de soutien à nos soldats, de ne pas avoir exigé de ce gouvernement qu’il rende les honneurs à nos soldats d’Afghanistan tombés pour que le monde libre ne tombe pas, afin que leurs familles sachent que leur mort ne fut pas vaine et qu’avant de mourir ils avaient œuvré à l’avènement d’un monde débarrassé de la peur et de la crainte de son anéantissement, ô combien justifiées.

Nos soldats qui combattent en Afghanistan devraient être nos authentiques héros ; le moindre d’entre eux vaut Stéphane Hessel. Nous devrions exiger des autorités l’organisation d’une cérémonie où serait chanté le Chant des Partisans par les enfants des écoles. S’il faut encore répondre à ce vieux faiseur de Stéphane Hessel, voilà la seule réponse qui vaille !
Les malheureux soldats français, dont certains perdent la vie sans aucune reconnaissance officielle de l'Etat français qui les a exposés à pareil sort, en combattant une internationale de barbares laquelle, dans vingt pays, attache des ceintures d’explosifs à la taille de jeunes femmes et à celle d’enfants parfois âgés de douze ans à peine, sont nos partisans de 2011 !
Le Monde Libre est ouvert à tous, même aux enfants battus qui viennent y perpétuer leurs modèles. Le Monde Libre est menacé d'un atavisme universel qui remet en cause la vie sur Terre.
Je note d'ailleurs que les habitants de HCMC s'obstinent à l'appeler Saïgon.

Vous souvenez-vous de l'époque où la jeunesse des écoles sautait en l'air sur le slogan "Ho, ho, Ho Chi Minh, Che, Che, Che Guevara ?"
Ce sont les mêmes, un peu voûtés, la vue basse désormais, mais portant toujours le même jean douteux et le pull-over à trous, qui font la promo, à pleins médias, mais aussi souterrainement, en "prescripteurs", des pamphlets manipulateurs de Stéphane Hessel.
"Nos soldats qui combattent en Afghanistan devraient être nos authentiques héros ; le moindre d’entre eux vaut Stéphane Hessel. Nous devrions exiger des autorités l’organisation d’une cérémonie où serait chanté le Chant des Partisans par les enfants des écoles. S’il faut encore répondre à ce vieux faiseur de Stéphane Hessel, voilà la seule réponse qui vaille !
Les malheureux soldats français, dont certains perdent la vie sans aucune reconnaissance officielle de l'Etat français qui les a exposés à pareil sort, en combattant une internationale de barbares laquelle, dans vingt pays, attache des ceintures d’explosifs à la taille de jeunes femmes et à celle d’enfants parfois âgés de douze ans à peine, sont nos partisans de 2011"

Cher Francis, merci ! Vous exposez bien mieux que je ne l'ai fait, une idée qui m'est chère. Merci pour ces pauvres Français tombés au "champ d'honneur", comme on ne dit plus depuis que l'honneur consiste, dans ce monde orwellien, à cracher sans risque sur les siens. Ces héros sont enterrés deux fois : dan leur tombe et par le silence gêné qui entoure leur mort comme si ceux qui les envoient au casse-pipe ne croyaient plus eux-mêmes aux valeurs pour lesquelles il les exposent à se faire tuer !
Utilisateur anonyme
10 mars 2011, 17:22   Re : Bakou, Ho Chi Ming Ville, Kaboul
Francis Marche a raison (comme souvent, même quand il a tort) ; mais ce ne seront pas "nous" qui aurons honte, mais nos enfants. Il y a gros à parier qu'ils ne vont guère "nous" aimer.
Ce que je voudrais faire entendre, mais je n'y parviens guère parce que moi-même je ne l'entends hélas qu'incomplètement: que le Mal peut perdre la guerre en dépit de toutes ses inlassables victoires remportées presque à chacune des batailles qu'on lui livre. Le Mal peut être vaincu, tenu en échec, et l'humanité en triompher. C'est ce qui est arrivé avec la Communisme; le salafisme qui gagne du terrain et remporte des victoires militaires en Afghanistan peut, malgré ces batailles provisoirement remportées sur nous, être encore défait. Que ceux qui le combattent les armes à la main, et que l'Histoire sacrifie ainsi à cette formule de guerre qui ne se gagne qu'à l'issue de batailles livrées en apparence en pure perte, ne soient pas des oubliés alors même que la bataille fait encore rage. Certaines batailles, quitte à être perdues, quitte à ce que la victoire emprunte un jour des voies autres que le défi militaire, doivent être menées jusqu'au bout car l'abandon du combat militaire, lorsqu'il a été engagé, signalerait une déroute idéologique irréversible contre un ennemi tel que celui-là, qui se veut la jeunesse pour alliée, qui valorise les vertus martiales, etc., et cet abandon aurait pour effet de retarder de plusieurs décennies encore l'avènement d'un monde débarrassé de la menace barbare.

L'Islam djihadiste est né, s'est renforcé, a pris son essor, ne l'oublions pas, à partir de ses victoires militaires sur l'URSS en Afghanistan il y a trois décennies. Sa défaite militaire, même relative, sur ce même théâtre, pourrait encore aider à changer la donne, à faire vaciller les esprits qu'il fanatise de ses prétendus exploits.
Utilisateur anonyme
10 mars 2011, 18:09   Re : Bakou, Ho Chi Ming Ville, Kaboul
Les analogies de l'islam et du communisme méritent sans aucun doute d'être creusées. Il y a des stratégies voisines, comme par exemple "le communisme à la française", à rapprocher de "l'islam" français. On était tenus de distinguer les communistes des staliniens, comme aujourd'hui les musulmans des islamistes. L'absence de solution de continuité entre le système et ses extrêmes était niée.

Le point commun des deux est certainement la détestation des États-Unis, contre lesquels il ne pouvait pas être gardé de mesure ou d'objectivité. Or les Américains, la mentalité américaine, la politique américaine forment un ensemble complexe de bonnes et de mauvaises raisons pour les admirer, les aimer ou les haïr. Il est très difficile de se faire une idée claire et durable des Etats-Unis, sitôt qu'on se prend à leur trouver des vertus, ils s'attachent à nous démentir, et quand on les prend en grippe, ils nous surprennent agréablement.

Aux temps anciens de Pinochet, ils me semblait qu'ils n'avaient aucune excuse pour ce qui était un crime majeur. Avec la distance des années, et compte tenu de leur victoire finale contre le bolchevisme, le politique basculant dans l'histoire, mon opinion a changé, et si je ne les absous pas, je leur trouve des raisons. La partie d'échec où se jouait la liberté n'était hélas pas à fleurets mouchetés.

Ce que Francis propose, je pense, c'est de mettre provisoirement de côté une vision politique (à chaud) pour un regard historique sur les événements. Mais peut-on parvenir à doser les deux dans un approche équilibrée des choses ?
Le minimum serait de passer à l'offensive, or il nous est quasiment interdit de nous défendre.
Si, si cher Francis je comprends très bien ce que vous voulez dire ! la Grèce vaincue n'avait-elle pas aussi vaincu son
vainqueur ?
Je m'en veux un peu d'avoir écrit ici il y a quelques jours que "les Indiens (Peaux-Rouges) eux, se sont battus". Les nôtres se battent aussi, en Afghanistan, et comme ces Indiens, ils ne semblent pas avoir le dessus. Il faut les soutenir, les honorer, réinvestir leur combat de tout le sens qui est le sien.
Francis,

Je partage totalement votre point de vue, et j'espère que, contrairement au passé, ce forum utilisera tout moyen de soutenir nos soldats et évitera soigneusement toute critique à leur égard.
11 mars 2011, 00:40   Sors de ce corps
» L'Islam djihadiste est né, s'est renforcé, a pris son essor, ne l'oublions pas, à partir de ses victoires militaires sur l'URSS en Afghanistan il y a trois décennies.

C'est curieux, parce qu'il ressort un peu de la façon dont vous présentez la chose qu'il n'y eut en fait pas de bataille réelle, et encore moins de victoires, entre ces deux "maux" que sont le communisme et l'islam djihadiste, mais seulement une sorte de course de relais où le Mal n'a fait que passer le témoin, changeant d'hôte après que le corps de l'un s'est presque naturellement épuisé et rendu, lors d'une confrontation symbolique, à l'autre.
11 mars 2011, 06:57   Re : Sors de ce corps
C'est ce que j'ai toujours pensé cher Alain. Je l'avais proposé à la réflexion dans ces colonnes je ne sais absolument plus quand, il y a peut-être deux ou trois ans. L'Afghanistan, au coeur du continent eurasien est le thymus de ce corps, où s'accumulent et se régénèrent les affrontements du futur qui essaimeront sur la planète -- comme se concentrent dans le thymus, pour diffuser dans tout le corps, là plutôt qu'ailleurs et sans raisons apparentes autre que la centralité, l'hormone thymique et la production de leucocytes. C'est une terre-prétexte au manichéisme en acte, un pays qui ne semble avoir été créé ou n'exister que pour cela. Mani y prêcha -- à Khorassan, dans l'actuel Iran mais à deux pas de la frontière avec l'Afghanistan -- probablement pas par le fait du hasard.

(Tentant vainement de retrouver la discussion précédente où j'avais avancé cette idée, je suis tombé sur ceci [www.in-nocence.org]. On rigolait bien, sur ce forum, en novembre 2008)
12 mars 2011, 21:41   Re : Sors de ce corps
(J'ai survolé le fil dont vous donnez le lien, en effet, on s'amusait, dommage que les trois quarts des intervenants soient partis, enfin...

Je vous trouve quand même très sévère avec Dawkins, parce qu'après tout le fait que sa vie spirituelle soit aussi plate qu'un pneu crevé (enfin, que vous dites !), ou qu'il se passionne pour le trou du cul des fourmis, écoutez, chacun ses hobbies. Non, la seule question que je crois pertinente en la matière est de savoir si dans sa spécialité il put forger de nouveaux outils de connaissance, des concepts permettant de rendre compte de façon plus affinée et innovante des phénomènes étudiés.
Or, bien que je ne sois certes pas un spécialiste, je crois que oui, et cela rejoint le débat sur le mode de réplication autonome des modes de vie qu'on ne fit qu'effleurer naguère : son concept de mémétique, comme science étudiant les modes de transmission, de réplication et d'évolution des schèmes culturels, avec à la base le postulat que ceux-ci sont calqués sur le modèle génétique, me semble mériter qu'on y jette un coup d'œil, et même qu'on s'y appesantisse un peu.)
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