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Sociologie.

Envoyé par Kiran Wilson 
04 avril 2011, 10:04   Sociologie.
"Le Monde" : agression d'un jeune à la sortie du RER. Citation.
"Pour des sociologues, ce nouveau fait divers, après des rixes entre des bandes d'Asnières et de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, s'apparente à un nouvel épisode de rivalités entre jeunes de cités de la banlieue parisienne. "Il y a une identité de territoire très forte (...) en Ile-de-France car dans cette région, il n'y a pas d'identité régionale comme on peut en trouver à Marseille. Il y a donc une identité de quartier qui est surévaluée", dit le sociologue Marwan Mohammed. "Il y a toujours une rivalité entre cités, quelles que soient les cités, a expliqué une source policière. Mais avant il y avait des motifs bien précis, maintenant c'est pour n'importe quoi."
04 avril 2011, 10:29   Re : Sociologie.
Voici ce que ce Monsieur des Lumières de la Sociologie déclarait à Libération en février 2006 au sujet de l'enlèvement (suivi de tortures et de mise à mort) d'Ilan Halimi par le "gang des Barbares"



Marwan Mohammed, sociologue, spécialiste des bandes : «La pratique de la séquestration est ancienne et fréquente»
par Jacky DURAND
QUOTIDIEN : samedi 18 février 2006

Marwan Mohammed est chercheur-doctorant au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip). Il achève une thèse de sociologie sur les bandes de jeunes.


Qu'est-ce qu'une bande ?
A la base, ce sont des groupes de pairs liés par l'amitié. Il y a dans les quartiers populaires plusieurs pôles de sociabilité, plusieurs types de vie et on peut les distinguer soit par la nature de leurs activités, soit par un rapport à la norme. Les jeunes disent : «On n'a pas tous le même délire.» Il y a plein de groupes qui se distinguent par un rapport assez distant à la norme et à la loi. Les bandes sont des groupes qui oeuvrent dans cet espace de pratiques déviantes. Il y a des degrés de gravité dans ce qu'elles peuvent faire. Ce qui différencie celui qui va entrer dans la bande de celui qui ne le fait pas, c'est l'expérience scolaire, personnelle. C'est ça qui fabrique les parcours, le rapport à la norme, à la loi. Les échecs scolaires sont déterminants dans l'engagement d'une logique de déviance, de contestation. Quand on ne peut pas se projeter dans l'avenir, la bande devient le seul lieu de gratification, de solidarité. Il faut accepter un principe de diversité entre les bandes. Il y a les préados avec une violence endémique et les jeunes majeurs avec une violence plus structurée. Il y a une distinction entre la bande informelle, la délinquance amateur de la bande et la délinquance organisée.

Comment faire la distinction ?
Dans les quartiers populaires, il y a une scission claire. Entre la délinquance amateur et la délinquance organisée, il y a un sas, une période charnière qui se situe un peu après la majorité du jeune. C'est une période assez critique. Les jeunes qui ont passé leur adolescence dans la bande voient resurgir des questions qu'ils avaient repoussées à demain : leur avenir, leur formation... La pression sociale et familiale est encore plus forte. C'est là que la question de la sortie de bande est fondamentale. Un certain nombre de jeunes quittent la bande, d'autres n'y arrivent pas. Ils sont dans une phase de fuite en avant. Et là il y a un passage qui peut se faire entre la logique de bande et la criminalité organisée. Je pense que l'affaire de Bagneux relève de ce phénomène. On est dans un sas, on tente un gros coup. On est en difficulté d'insertion ou, pour certains, d'après mes informations, on est inséré, mais on tente le gros coup pour se faire un maximum d'argent. Ça évite de se confronter à la concurrence du trafic de stupéfiants. Cela relève de la même perception que le braquage. Sauf que l'enlèvement est beaucoup plus complexe que le braquage.

Est-ce fréquent ?
La pratique de la séquestration est ancienne et fréquente. Ça peut toucher quelqu'un avec qui on est en affaire, que l'on veut rançonner, quelqu'un qui vous a fait souffrir quand vous étiez enfant. Dans un quartier où j'ai travaillé plusieurs années, c'est quelque chose qui est revenu plusieurs fois. Mais on a beau dire que l'affaire de Bagneux était organisée, elle relève de l'amateurisme, car elle s'appuie sur des personnes qui n'étaient pas fiables. Une photo est diffusée dans la presse, on va se dénoncer, on balance tout le monde.

Comment s'impose le leader de la bande ?
Le leadership est lié à la répartition des positions, des réputations. Une concurrence implicite, une hiérarchisation s'opèrent dans le groupe. Dans la bande, celui qui est charismatique est celui qui en fait plus que les autres. Ça peut passer par le courage, la virilité mais aussi la capacité à surenchérir dans la violence.

Même en torturant un homme ?
Il y a toujours quelqu'un qui se fait passer pour le «ouf» de service. Le rôle du dangereux est classique dans les bandes. Il y a toujours le fou qui est dans une surenchère, qui marque sa domination en faisant mal.

Personne ne s'y oppose ?
Les modes de valorisation dans la bande ne prennent pas en compte les attitudes de modération. Dès que l'on est dans la concurrence des statuts, on va dans le sens de la surenchère. C'est ça qui est dangereux dans le groupe.
04 avril 2011, 12:51   Re : Sociologie.
"Très peu connu des services de police" ("Le Figaro") : à propos du jeune homme agressé. Quelqu'un pourrait traduire ?
Les réactions des lecteurs sont quasi unanimes.

Dans le monde orwellien où nous sommes, être "très peu connu des services de police" doit plus ou moins correspondre à un certificat de bonnes moeurs. De même qu'une nuit où quelques voitures seulement ont été brûlées, quelques policiers caillassés, quelques malheureux noctambules dépouillés est "une nuit calme". My God !
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