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La Seine, vulgaire couloir de métro

Envoyé par Mathieu 
Ça commence à faire beaucoup, non ? Pour rappel, les rives de la Seine sont classées au patrimoine mondial de l'Unesco. Même l'Italie, pionnière de ces chantiers sponsorisés, va supprimer les publicités géantes.
Jusqu'où aller pour financer les restaurations ?

Le Louvre


Le Musée d'Orsay


La Conciergerie


En bonus, l'Opéra cet hiver
04 avril 2011, 14:10   J'adore Dior
Sans oublier (l'année dernière) :


Et que penser aussi de cette récente mode des cadenas attachés aux balustrades qui donnent à n'importe quel pont cet inimitable côté pouilleux et "décharge" ?

Ou dans un autre genre le mur de JR, avec l'exposition "Women Are Heroes" :


Où est passé Paris ma rose ?

Paris sur Seine la bouclée ?

Sont partis emportant la clé

Les nonchalants du long des quais

Paris ma rose

Où sont-ils passée Villon et ses filles ?

Où est-il passé Jenin l'Avenu ?

Et le chemin vert, qu'est-il devenu

Lui qui serpentait près de la Bastille ?

Où est passé Paris la grise ?

Paris sur brume, la mouillée ?

L'est partie Paris l'oubliée

Partie sur la pointe des pieds

Paris la grise

Où sont-ils passés ceux qui fraternisent

Avec les murailles et les graffitis ?

Ces soleils de craie où sont-ils partis

Qui faisaient l'amour au mur des églises ?

Où est passée Paris la rouge ?

La Commune des sans-souliers ?

S'est perdue vers Aubervillers

Où vers Nanterre l'embourbée

Paris la rouge

Où est-il passé Clément des cerises ?

Est-elle fermée la longue douleur

Du temps où les gars avaient si grand coeur

Qu'on n'voyait que lui au trou des chemises ?

Où est passé Paris que j'aime

Paris que j'aime et qui n'est plus.

Henri Gougaud
04 avril 2011, 18:50   Seconde vue
Sont partis emportant la clé
Les nonchalants du long des quais


Eh oui. Les cadenas.
Qui n'a pas vu le jour se lever sur la Seine
Ignore ce que c'est que ce déchirement
Quand prise sur le fait la nuit qui se dément
Se défend se défait les yeux rouges obscène
Et Notre-Dame sort des eaux comme un aimant

(...)

C'est un pont que je vois si je clos mes paupières
La Seine y tourne avec ses tragiques totons
Ô noyés dans ses bras noueux comment dort-on
C'est un pont qui s'en va dans les loges de pierre
Des repos arrondis en forment les festons

Louis Aragon
Le paysan de Paris chante
Je fais le plein d'essence
Je pense aux vacances
Je fais la gueule
Et je ne suis pas le seul

Le ciel est gris
Les gens aigris
Je suis pressé
Je suis stressé

J'aime plus Paris
On court partout ça m'ennuie
Je vois trop de gens
Je m'en fous de leur vie
Je n'ai pas le temps
Je suis si bien dans mon lit

Prépare une arche
Delanoë
Tu vois bien
Qu'on veut se barrer

Même plaqué or
Paris est mort
Il est 5 or
Paris s'endort

Je sens que j'étouffe
Je manque de souffle
Je suis tout pale
Sur un petit pouf

J'aime plus Paris
Non mais on se prend pour qui
Je veux voir personne
Coupez mon téléphone
Vivre comme les nonnes
Je ne parle pas de John

J'aime plus Paris...

Passé le périph
Les pauvres hères
N'ont pas le bon goût
D'être millionnaire

Pour ces parias
La ville lumière
C'est tout au bout
Du RER

Il n'y a plus de titi
Mais des minets
Paris sous cloche
Ça me gavroche

Il est fini
Le Paris d'Audiard
Venez aujourd'hui
Voir celui d'Hédiar

J'irais bien voir la mer
Ecouter les gens se taire
J'irais bien boire une bière
Faire le tour de la terre

Pourtant Paris
C'est toute ma vie
C'est la plus belle
J'en fais le pari
Il n'y a qu'elle
C'est bien l'ennui

J'aime plus Paris

Thomas Dutronc
04 avril 2011, 20:17   METRO 1925
De métriques vagins me conçurent. Je puis,
moi, Proserpin, prôner plus d'un amour de puits.
Sur la montagne des virages vient, gobée,
la crispante balance où s'embrase une baie.
De rectitude, puis, dévoré, je parcours
mes tubulures pullulant de jupons courts,
de bustes clairs, rythmés par les feux de la voûte
où l'homme me gémit dans le chaud qui l'envoûte.
Le coin nocturne des correspondances, dont
l'odeur est celle du choix même qu'un lardon
fait de son sexe dans la truite qui l'accueille,
tourne vers moi sa tête exquise. Un bruit de feuille
accouple, sur mes flancs, merles et baleineaux
quand, plus fier que le fiel hors des pâles canaux,
ailé de noirs buccins, lourd d'ampoules en grappes,
je surgis de Barbès pour éblouir les frappes.
04 avril 2011, 20:35   Correspondances
J'aurais bien cité Baudelaire et son pauvre cygne, avec ses captifs et ses vaincus, mais je me suis dit...

("...merles et baleineaux..." Francis Marche, je cale, là...)
04 avril 2011, 23:22   Re : Correspondances
C'est tiré du recueil de poésies de Jacques Audiberti paru en 1937, Race des hommes.

On y trouve aussi ceci:

Si je meurs

Si je meurs, qu'aille ma veuve
à Javel près de Citron.
Dans un bistrot elle y trouve,
à l'enseigne du Beau Brun,

trois musicos de fortune
qui lui joueront --- mi, ré, mi ---
l'air de la petite Tane
qui m'aurait peut-être aimé

puisqu'elle n'offrait qu'une ombre
sur le rail des violons.
Mon épouse, ô ma novembre
sous terre les jours sont lents.
Mon épouse, ô ma novembre
sous terre les jours sont lents.



Ces deux derniers vers sont très beaux.
De mémoire (très enfouie et peut-être parfaitement erronée) :

"Ta présence à ma hanche élabore l'espace....."


(Rien d'autre) (c'est ça ?)
Les bords de Seine, vulgaire couloir de métro ? Ca tombe bien, maintenant qu'il y a un métro fluvial...



[www.paris.fr]
Connaissez-vous l’île
Au cœur de la ville
Où tout est tranquille
Eternellement

L’ombre souveraine
En silence y traîne
Comme une sirène
Avec son amant

La Seine profonde
Dans ses bras de blonde
Au milieu du monde
L’enserre en rêvant

Enfants fous et tendres
Ou flâneurs de cendres
Venez-y entendre
Comment meurt le vent

La nuit s’y allonge
Tout doucement ronge
Ses ongles ses songes
Tandis que chantant


Un air dans le soir
Est venu s’asseoir
Au fond des mémoires
Pour passer le temps
PARIS
à Georges Meyzargues

O vaisseau endormi
qui m'attends
loin de moi, ô Paris
mon honneur et ma fête,
mon secret réchauffé
dans tes yeux.

O ma Seine arrimée
dans tes eaux printanières,
ô charniers innocents
de mémoire, ô ma vie
trépassée qui verdoies,
plus comblée que tes jours
quand ils luirent.

O ta neige en mon âme
et mes fleurs, ô manteau
pour briller dans l'hiver
de mon âge,
mes blessures
sont couleur de ton ciel.

O Paris, tes arènes
pour combattre mes bêtes,
mes taureaux blanchissant
par la nuit, et ma mort
piétinée et mon sang
qui surgit dans leurs yeux
et mon rire.

O Paris, tes ponts-neufs
pour passer mes abîmes.
tes deux îles mes yeux
oscillant sur le flux,
tes fenêtres du soir
mes attentes lointaines
et tes portes d'hôtel
mes entrées du mystère.

O Montmartre, ta proue
et tes tours pour hausser
mes refus, tes rosaces
pour mirer la beauté
et les Halles au matin
et les cris du jardin,
la tendresse du jour.

O Paris, mon amande
bleue amère,
ma réserve songeuse,
jusqu'aux pierres
de ton sein
mes douces graminées,
tes marchands de couleurs
arbres de ma voix vive
et ton ciel pourrissant,
ô mon heaume enchanté.

André Frénaud, "Il n'y a pas de paradis".
La France est femme et Paris un sérail.
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